[3,686] (Ἀθηναῖος) Οὐκοῦν καὶ τὸ βεβαίως οἴεσθαι ταῦθ' ἕξειν εἰκὸς (686a) αὐτοὺς
καὶ χρόνον τιν' ἂν πολὺν μένειν, ἅτε κεκοινωνηκότας μὲν πολλῶν πόνων καὶ
κινδύνων ἀλλήλοις, ὑπὸ γένους δὲ ἑνὸς τῶν βασιλέων ἀδελφῶν ὄντων
διακεκοσμῆσθαι, πρὸς τούτοις δ' ἔτι καὶ πολλοῖς μάντεσι κεχρημένους εἶναι τοῖς
τε ἄλλοις καὶ τῷ Δελφικῷ Ἀπόλλωνι;
(Μέγιλλος) Πῶς δ' οὐκ εἰκός; (Ἀθηναῖος) Ταῦτα δὴ τὰ μεγάλα οὕτως
προσδοκώμενα διέπτατο, ὡς ἔοικε, τότε ταχύ, πλὴν ὅπερ εἴπομεν νυνδὴ σμικροῦ
(686b) μέρους τοῦ περὶ τὸν ὑμέτερον τόπον, καὶ τοῦτο δὴ πρὸς τὰ δύο μέρη
πολεμοῦν οὐ πώποτε πέπαυται μέχρι τὰ νῦν· ἐπεὶ γενομένη γε ἡ τότε διάνοια καὶ
συμφωνήσασα εἰς ἕν, ἀνυπόστατον ἄν τινα δύναμιν ἔσχε κατὰ πόλεμον.
(Μέγιλλος) Πῶς γὰρ οὔ;
Chap.VII. (Ἀθηναῖος) Πῶς οὖν καὶ πῇ διώλετο; ἆρ' οὐκ ἄξιον
ἐπισκοπεῖν τηλικοῦτον καὶ τοιοῦτον σύστημα ἥτις ποτὲ τύχη διέφθειρε;
(Μέγιλλος) Σχολῇ γὰρ οὖν δή τις ἂν ἄλλο σκοπῶν, ἢ νόμους (686c) ἢ πολιτείας
ἄλλας θεάσαιτο σῳζούσας καλὰ καὶ μεγάλα πράγματα ἢ καὶ τοὐναντίον
διαφθειρούσας τὸ παράπαν, εἰ ἀμελήσειε τούτων. (Ἀθηναῖος) Τοῦτο μὲν ἄρα, ὡς
ἔοικεν, εὐτυχῶς πως ἐμβεβήκαμέν γε εἴς τινα σκέψιν ἱκανήν. (Μέγιλλος) Πάνυ
μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Ἆρ' οὖν, ὦ θαυμάσιε, λελήθαμεν ἄνθρωποι πάντες, καὶ τὰ
νῦν δὴ ἡμεῖς, οἰόμενοι μὲν ἑκάστοτέ τι καλὸν ὁρᾶν πρᾶγμα γενόμενον καὶ
θαυμαστὰ ἂν ἐργασάμενον, εἴ τις ἄρα (686d) ἠπιστήθη καλῶς αὐτῷ χρῆσθαι
κατά τινα τρόπον, τὸ δὲ νῦν γε ἡμεῖς τάχ' ἂν ἴσως περὶ τοῦτο αὐτὸ οὔτ' ὀρθῶς
διανοοίμεθα οὔτε κατὰ φύσιν, καὶ δὴ καὶ περὶ τὰ ἄλλα πάντες πάντα, περὶ ὧν ἂν
οὕτω διανοηθῶσιν; (Μέγιλλος) Λέγεις δὲ δὴ τί, καὶ περὶ τίνος σοι φῶμεν μάλιστ'
εἰρῆσθαι τοῦτον τὸν λόγον; (Ἀθηναῖος) Ὠγαθέ, καὶ αὐτὸς ἐμαυτοῦ νυνδὴ
κατεγέλασα. ἀποβλέψας γὰρ πρὸς τοῦτον τὸν στόλον οὗ πέρι διαλεγόμεθα,
ἔδοξέ μοι πάγκαλός τε εἶναι καὶ θαυμαστὸν κτῆμα παραπεσεῖν τοῖς Ἕλλησιν,
ὅπερ εἶπον, εἴ τις ἄρα αὐτῷ τότε (686e) καλῶς ἐχρήσατο. (Μέγιλλος) Οὐκοῦν εὖ καὶ
ἐχόντως νοῦν σύ τε πάντα εἶπες καὶ ἐπῃνέσαμεν ἡμεῖς; (Ἀθηναῖος) Ἴσως· ἐννοῶ
γε μὴν ὡς πᾶς, ὃς ἂν ἴδῃ τι μέγα καὶ δύναμιν ἔχον πολλὴν καὶ ῥώμην, εὐθὺς
ἔπαθε τοῦτο, ὡς εἴπερ ἐπίσταιτο ὁ κεκτημένος αὐτῷ χρῆσθαι τοιούτῳ τε ὄντι καὶ
τηλικούτῳ, θαυμάστ' ἂν καὶ πολλὰ κατεργασάμενος εὐδαιμονοῖ.
| [3,686] (L'ATHÉNIEN)
N'était-il pas aussi naturel qu'ils crussent que ce nouvel établissement serait
stable et durerait longtemps, vu qu'ils avaient affronté ensemble beaucoup de
travaux et de dangers, que leurs États avaient été répartis par des rois du même
sang et frères, et qu'enfin ils avaient usé des mêmes devins, et notamment
d'Apollon delphien.
(MÉGILLOS) Tout à fait naturel.
(L'ATHÉNIEN)
Cependant cette puissance sur laquelle ils comptaient si fort se dissipa,
semble-t-il, rapidement, hormis la petite partie dont nous parlions tout à
l'heure, celle que forme votre pays, et celle-ci n'a pas cessé jusqu'à présent
de faire la guerre aux deux autres, au lieu que, s'ils avaient persévéré dans
les mêmes dispositions et le même accord, ils auraient été invincibles à la guerre.
(MÉGILLOS) Sans aucun doute.
Chap. VII. (L'ATHÉNIEN)
Comment donc et par où perdirent-ils leur puissance ? N'y a-t-il pas lieu de
rechercher par quelle fatalité fut dissoute une coalition si forte et si puissante ?
(MÉGILLOS)
On aurait en effet de la peine, si, portant ses regards ailleurs, on négligeait
ces événements, à connaître les lois ou les constitutions politiques qui
conservent les grands et beaux États, ou qui, au contraire, les ruinent totalement.
(L'ATHÉNIEN)
C'est donc, semble-t-il, une heureuse chance qui nous a conduits à une question
si bien appropriée à nos recherches.
(MÉGILLOS) Certainement.
(L'ATHÉNIEN)
N'est-il pas vrai, mon admirable ami, que tout le monde, et nous-mêmes en ce
moment, chaque fois que nous voyons un État bien organisé, nous nous imaginons
sans réflexion qu'il aurait exécuté d'admirables prouesses, s'il avait bien su
user de sa puissance comme il convenait. Il se peut, au contraire, que, sur ce
point même, notre jugement ne soit ni droit ni conforme à la nature et qu'il en
soit de même de tous les hommes dans tous les cas où ils se forment cette opinion.
(MÉGILLOS)
Que veux-tu dire, et à quel propos dois-je dire que cette réflexion t'est venue
à l'esprit ?
(L'ATHÉNIEN)
Moi aussi, mon bon ami, je ne puis m'empêcher de rire de moi-même, de ce que, en
considérant l'armée en question, il m'a paru qu'elle était parfaitement belle et
qu'elle aurait été, comme je l'ai dit, pour les Grecs une admirable acquisition,
si on avait su alors en faire un bon usage.
(MÉGILLOS)
Il y avait donc peu de sens et de raison dans tout ce que tu as dit, et nous
avons eu tort de l'approuver ?
(L'ATHÉNIEN)
C'est possible. Je pense néanmoins que tout homme qui voit quelque chose de
grand, de très puissant et de très fort, s'imagine aussitôt que, si celui qui en
est le maître, savait user d'un si beau et si grand avantage, il ferait une
infinité de choses admirables et serait heureux.
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