HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Ion (dialogue complet)

Page 535

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[535] ταῦτα ἐνδεικνύμενος θεὸς ἐξεπίτηδες διὰ τοῦ φαυλοτάτου (535a) ποιητοῦ τὸ κάλλιστον μέλος ᾖσεν, οὐ δοκῶ σοι ἀληθῆ λέγειν, Ἴων; 68. (Ἴων) ναὶ μὰ τὸν Δία, ἔμοιγε, ἅπτει γάρ πώς μου τοῖς λόγοις τῆς ψυχῆς, Σώκρατες, καί μοι δοκοῦσι θείᾳ μοίρᾳ ἡμῖν παρὰ τῶν θεῶν ταῦτα οἱ ἀγαθοὶ ποιηταὶ ἑρμηνεύειν. 69. (Σωκράτης) οὐκοῦν ὑμεῖς αὖ οἱ ῥαψῳδοὶ τὰ τῶν ποιητῶν ἑρμηνεύετε; 70. (Ἴων) καὶ τοῦτο ἀληθὲς λέγεις. 71. (Σωκράτης) οὐκοῦν ἑρμηνέων ἑρμηνῆς γίγνεσθε; 72. (Ἴων) παντάπασί γε. 73. (535b) (Σωκράτης) ἔχε δή μοι τόδε εἰπέ, Ἴων, καὶ μὴ ἀποκρύψῃ ὅτι ἄν σε ἔρωμαι, ὅταν εὖ εἴπῃς ἔπη καὶ ἐκπλήξῃς μάλιστα τοὺς θεωμένους, τὸν Ὀδυσσέα ὅταν ἐπὶ τὸν οὐδὸν ἐφαλλόμενον ᾄδῃς, ἐκφανῆ γιγνόμενον τοῖς μνηστῆρσι καὶ ἐκχέοντα τοὺς ὀιστοὺς πρὸ τῶν ποδῶν, Ἀχιλλέα ἐπὶ τὸν Ἕκτορα ὁρμῶντα, καὶ τῶν περὶ Ἀνδρομάχην ἐλεινῶν τι περὶ Ἑκάβην περὶ Πρίαμον, τότε πότερον ἔμφρων εἶ ἔξω (535c) σαυτοῦ γίγνῃ καὶ παρὰ τοῖς πράγμασιν οἴεταί σου εἶναι ψυχὴ οἷς λέγεις ἐνθουσιάζουσα, ἐν Ἰθάκῃ οὖσιν ἐν Τροίᾳ ὅπως ἂν καὶ τὰ ἔπη ἔχῃ; 74. (Ἴων) ὡς ἐναργές μοι τοῦτο, Σώκρατες, τὸ τεκμήριον εἶπες, οὐ γάρ σε ἀποκρυψάμενος ἐρῶ. ἐγὼ γὰρ ὅταν ἐλεινόν τι λέγω, δακρύων ἐμπίμπλανταί μου οἱ ὀφθαλμοί, ὅταν τε φοβερὸν δεινόν, ὀρθαὶ αἱ τρίχες ἵστανται ὑπὸ φόβου καὶ καρδία πηδᾷ. 75. (535d) (Σωκράτης) τί οὖν; φῶμεν, Ἴων, ἔμφρονα εἶναι τότε τοῦτον τὸν ἄνθρωπον, ὃς ἂν κεκοσμημένος ἐσθῆτι ποικίλῃ καὶ χρυσοῖσι στεφάνοις κλάῃ τ' ἐν θυσίαις καὶ ἑορταῖς, μηδὲν ἀπολωλεκὼς τούτων, φοβῆται πλέον ἐν δισμυρίοις ἀνθρώποις ἑστηκὼς φιλίοις, μηδενὸς ἀποδύοντος μηδὲ ἀδικοῦντος; 76. (Ἴων) οὐ μὰ τὸν Δία, οὐ πάνυ, Σώκρατες, ὥς γε τἀληθὲς εἰρῆσθαι. 77. (Σωκράτης) οἶσθα οὖν ὅτι καὶ τῶν θεατῶν τοὺς πολλοὺς ταὐτὰ ταῦτα ὑμεῖς ἐργάζεσθε; 78. (535e) (Ἴων) καὶ μάλα καλῶς οἶδα, καθορῶ γὰρ ἑκάστοτε αὐτοὺς ἄνωθεν ἀπὸ τοῦ βήματος κλάοντάς τε καὶ δεινὸν ἐμβλέποντας καὶ συνθαμβοῦντας τοῖς λεγομένοις. δεῖ γάρ με καὶ σφόδρ' αὐτοῖς τὸν νοῦν προσέχειν, ὡς ἐὰν μὲν κλάοντας αὐτοὺς καθίσω, αὐτὸς γελάσομαι ἀργύριον λαμβάνων, ἐὰν δὲ γελῶντας, αὐτὸς κλαύσομαι ἀργύριον ἀπολλύς. 79. (Σωκράτης) οἶσθα οὖν ὅτι οὗτός ἐστιν θεατὴς τῶν δακτυλίων ἔσχατος, ὧν ἐγὼ ἔλεγον ὑπὸ τῆς Ἡρακλειώτιδος λίθου ἀπ' ἀλλήλων τὴν δύναμιν λαμβάνειν; [535] Pour faire cette démonstration le dieu a inspiré à dessein au plus mauvais des poètes la meilleure des poésies. Ne te semble-t-il pas Ion que je dis la vérité ? (Ion) Oui, par Zeus, je le crois, tu atteins pour ainsi dire mon âme avec tes discours, Socrate, et il me semble qu’un don de la divinité permet aux poètes de nous interpréter ces ouvrages qu’ils tiennent des dieux. (Socrate) N’interprétez-vous pas à votre tour les œuvres des poètes, vous les rhapsodes ? (Ion) Tu as également raison. (Socrate) N’êtes-vous donc pas des interprètes d’interprètes ? (Ion) Absolument, certes. (Socrate) Eh bien, dis-moi donc ceci, Ion, et ne me cache rien de ce que je demanderai. Lorsque tu déclames habilement l’épopée et que tu frappes au plus haut point les spectateurs, soit quand tu chantes Ulysse qui bondit sur le seuil, apparaît aux prétendants et verse toutes ses flèches devant ses pieds, ou Achille s’élançant à la poursuite d’Hector, ou l’un des passages touchants qui concernent Andromaque, Hécube ou Priam, as-tu donc alors ta raison, ou bien es-tu hors de toi-même et ton âme ne croit-elle pas, dans son enthousiasme, assister aux événements dont tu parles qu’ils se passent à Ithaque ou à Troie ou n’importe quel endroit ? (Ion) Comme il est clair, l’exemple que tu m’as donné, Socrate ! Je te répondrai sans te rien cacher. Quand je déclame un passage qui excite la pitié, mes yeux se remplissent de larmes ; quand c’est un passage effrayant ou terrible, la peur fait dresser mes cheveux tout droits sur ma tête et mon cœur palpite. (Socrate) Quoi donc ? Dirons-nous, Ion, qu’il a sa raison, l’homme qui, paré d’un vêtement magnifique et de couronnes d’or, pleure au milieu des sacrifices et des fêtes sans avoir rien perdu de sa parure, ou prend peur au milieu de plus de vingt mille hommes, ses amis, bien que personne ne le dépouille ni ne lui fasse du mal ? (Ion) Non, par Zeus, il n’en est rien, Socrate, à vrai dire. (Socrate) Sais-tu donc que vous créez les mêmes émotions chez la plupart des spectateurs ? (Ion) Je le sais fort bien, car je les vois d’en haut, de mon tréteau, qui pleurent, jettent des regards terribles et répondent par leur effroi à mes paroles. Il faut même que je fasse bien attention à ce qu’ils éprouvent, car, si je les fait pleurer, je serai content de l’argent que je recevrai, au lieu que, si je les fais rire, je serai malheureux et privé d’argent. (Socrate) Sais-tu donc que le spectateur est le dernier des anneaux qui, comme je le disais, reçoivent leur force les uns des autres grâce à la pierre d’Héraclée ?


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Dernière mise à jour : 24/05/2007