[541] 153. (541a) (Σωκράτης)
πῶς; οὐδὲν λέγεις διαφέρειν; μίαν λέγεις τέχνην εἶναι τὴν
ῥαψῳδικὴν καὶ τὴν στρατηγικὴν ἢ δύο;
154. (Ἴων) μία ἔμοιγε δοκεῖ.
155. (Σωκράτης)
ὅστις ἄρα ἀγαθὸς ῥαψῳδός ἐστιν, οὗτος καὶ ἀγαθὸς στρατηγὸς
τυγχάνει ὤν;
156. (Ἴων) μάλιστα, ὦ Σώκρατες.
157. (Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ ὅστις ἀγαθὸς στρατηγὸς τυγχάνει ὤν, ἀγαθὸς καὶ
ῥαψῳδός ἐστιν.
158. (Ἴων) οὐκ αὖ μοι δοκεῖ τοῦτο.
159. (Σωκράτης)
ἀλλ' ἐκεῖνο μὴν δοκεῖ σοι, ὅστις γε ἀγαθὸς (541b) ῥαψῳδός, καὶ
στρατηγὸς ἀγαθὸς εἶναι;
160. (Ἴων) πάνυ γε.
161. (Σωκράτης)
οὐκοῦν σὺ τῶν Ἑλλήνων ἄριστος ῥαψῳδὸς εἶ;
162. (Ἴων)
πολύ γε, ὦ Σώκρατες.
163. (Σωκράτης)
ἦ καὶ στρατηγός, ὦ Ἴων, τῶν Ἑλλήνων ἄριστος εἶ;
164. (Ἴων)
εὖ ἴσθι, ὦ Σώκρατες, καὶ ταῦτά γε ἐκ τῶν Ὁμήρου μαθών.
165. (Σωκράτης)
τί δή ποτ' οὖν πρὸς τῶν θεῶν, ὦ Ἴων, ἀμφότερα ἄριστος ὢν τῶν
Ἑλλήνων, καὶ στρατηγὸς καὶ ῥαψῳδός, ῥαψῳδεῖς μὲν περιιὼν
τοῖς Ἕλλησι, στρατηγεῖς δ' οὔ; ἢ (541c) ῥαψῳδοῦ μὲν δοκεῖ σοι
χρυσῷ στεφάνῳ ἐστεφανωμένου πολλὴ χρεία εἶναι τοῖς
Ἕλλησι, στρατηγοῦ δὲ οὐδεμία;
166. (Ἴων)
ἡ μὲν γὰρ ἡμετέρα, ὦ Σώκρατες, πόλις ἄρχεται ὑπὸ ὑμῶν καὶ
στρατηγεῖται καὶ οὐδὲν δεῖται στρατηγοῦ, ἡ δὲ ὑμετέρα καὶ ἡ
Λακεδαιμονίων οὐκ ἄν με ἕλοιτο στρατηγόν, αὐτοὶ γὰρ οἴεσθε
ἱκανοὶ εἶναι.
167. (Σωκράτης)
ὦ βέλτιστε Ἴων, Ἀπολλόδωρον οὐ γιγνώσκεις τὸν Κυζικηνόν;
168. (Ἴων)
ποῖον τοῦτον;
169. (Σωκράτης)
ὃν Ἀθηναῖοι πολλάκις ἑαυτῶν στρατηγὸν ᾕρηνται (541d) ξένον
ὄντα, καὶ Φανοσθένη τὸν Ἄνδριον καὶ Ἡρακλείδην τὸν
Κλαζομένιον, οὓς ἥδε ἡ πόλις ξένους ὄντας, ἐνδειξαμένους ὅτι
ἄξιοι λόγου εἰσί, καὶ εἰς στρατηγίας καὶ εἰς τὰς ἄλλας ἀρχὰς
ἄγει, (Ἴων)α δ' ἄρα τὸν Ἐφέσιον οὐχ αἱρήσεται στρατηγὸν καὶ
τιμήσει, ἐὰν δοκῇ ἄξιος λόγου εἶναι; τί δέ; οὐκ Ἀθηναῖοι μέν
ἐστε οἱ Ἐφέσιοι τὸ ἀρχαῖον, καὶ ἡ Ἔφεσος (541e) οὐδεμιᾶς
ἐλάττων πόλεως; ἀλλὰ γὰρ σύ, ὦ Ἴων, εἰ μὲν ἀληθῆ λέγεις ὡς
τέχνῃ καὶ ἐπιστήμῃ οἷός τε εἶ Ὅμηρον ἐπαινεῖν, ἀδικεῖς, ὅστις
ἐμοὶ ὑποσχόμενος ὡς πολλὰ καὶ καλὰ περὶ Ὁμήρου ἐπίστασαι
καὶ φάσκων ἐπιδείξειν, ἐξαπατᾷς με καὶ πολλοῦ δεῖς ἐπιδεῖξαι,
ὅς γε οὐδὲ ἅττα ἐστὶ ταῦτα περὶ ὧν δεινὸς εἶ ἐθέλεις εἰπεῖν,
πάλαι ἐμοῦ λιπαροῦντος, ἀλλὰ ἀτεχνῶς ὥσπερ ὁ Πρωτεὺς
παντοδαπὸς γίγνῃ στρεφόμενος ἄνω καὶ κάτω, ἕως τελευτῶν
διαφυγών με στρατηγὸς ἀνεφάνης,
| [541] (Socrate)
En quel sens dis-tu que c’est la même chose ? Dis-tu que l’art du rhapsode et l’art du
général ne font qu’un ou qu’ils sont différents ?
(Ion)
Un à mon avis.
(Socrate)
Quiconque est un bon rhapsode se trouve donc par là-même un bon général ?
(Ion)
Absolument Socrate).
(Socrate)
Ainsi quiconque est bon général est aussi par là-même un bon rhapsode ?
(Ion)
La réciproque ne me semble pas vraie.
(Socrate)
Mais il te semble que quiconque est bon rhapsode est aussi bon général.
(Ion)
Absolument.
(Socrate)
N’es-tu pas le meilleur des rhapsodes grecs ?
(Ion)
Oui et de beaucoup, Socrate.
(Socrate)
N’es-tu pas aussi le meilleur des généraux grecs, Ion ?
(Ion)
Ne l’oublie pas, Socrate ; et même c’est d’Homère que je tiens cette science.
(Socrate)
Comment donc, Ion, au nom des dieux étant le meilleur des grecs à la fois comme
rhapsode et comme général, parcours-tu la Grèce comme rhapsode et n’es-tu pas général ?
Penses-tu par hasard que les grecs ont grandement besoin d’un rhapsode couronné
d’une couronne d’or et nullement d’un général ?
(Ion)
C’est que notre cité, Socrate, est gouvernée par vos magistrats et vos généraux et n’a
pas besoin de général, tandis que la vôtre ou celle des Lacédémoniens ne me prendrait
pas pour général ; car vous croyez vous suffire à vous seuls.
(Socrate)
O mon cher Ion, ne connais-tu pas Apollodore de Cyzique ?
(Ion)
Quel est cet homme ?
(Socrate)
Celui que les Athéniens ont souvent choisi pour leur général, bien qu’étranger.
Ajoute Phanosthène d’Andros ainsi qu’Héraclide de Clazomènes, que cette ville,
bien qu’ils fussent étrangers a élevé à la charge de généraux et aux autres magistratures
lorsqu’ils eurent montré leur valeur. Et Ion d’Ephèse ne sera pas choisi comme général,
ne sera pas honoré par Athènes s’il paraît avoir de la valeur ? Eh quoi ? N’êtes-vous pas
Athéniens de toute antiquité, vous les Ephésiens ? Ephèse le cède-t-elle à aucune cité ?
mais en vérité, Ion, si tu as raison de prétendre que tu es capable de louer Homère en
vertu d’un art et d’une science, tu me frustres, toi, qui après m’avoir promis de savoir
beaucoup de belles choses sur Homère et avoir prétendu me donner une preuve de ton
savoir, me trompes en ne me donnant pas à beaucoup près cette preuve. Car tu ne
consens même pas à me dire le sujet sur lequel tu es habile, malgré mon insistance,
mais comme un vrai Protée, tu prends toutes les formes en te retournant dans tous les
sens, jusqu’à ce qu’enfin pour m’échapper tu te révèles général,
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