[539] 120. (539a) δαιμόνιοι, τί κακὸν τόδε πάσχετε; νυκτὶ μὲν ὑμέων
εἰλύαται κεφαλαί τε πρόσωπά τε νέρθε τε γυῖα,
οἰμωγὴ δὲ δέδηε, δεδάκρυνται δὲ παρειαί,
εἰδώλων τε πλέον πρόθυρον, πλείη δὲ καὶ αὐλὴ
ἱεμένων ἔρεβόσδε ὑπὸ ζόφον, ἠέλιος δὲ
(539b) οὐρανοῦ ἐξαπόλωλε, κακὴ δ' ἐπιδέδρομεν ἀχλύς,
πολλαχοῦ δὲ καὶ ἐν Ἰλιάδι, οἷον καὶ ἐπὶ τειχομαχίᾳ, λέγει γὰρ
καὶ ἐνταῦθα -
ὄρνις γάρ σφιν ἐπῆλθε περησέμεναι μεμαῶσιν,
αἰετὸς ὑψιπέτης, ἐπ' ἀριστερὰ λαὸν ἐέργων,
(539c) φοινήεντα δράκοντα φέρων ὀνύχεσσι πέλωρον,
ζῷον, ἔτ' ἀσπαίροντα, καὶ οὔπω λήθετο χάρμης.
κόψε γὰρ αὐτὸν ἔχοντα κατὰ στῆθος παρὰ δειρὴν
ἰδνωθεὶς ὀπίσω, ὁ δ' ἀπὸ ἕθεν ἧκε χαμᾶζε
ἀλγήσας ὀδύνῃσι, μέσῳ δ' ἐνὶ κάββαλ' ὁμίλῳ,
(539d) αὐτὸς δὲ κλάγξας πέτετο πνοιῇς ἀνέμοιο.
ταῦτα φήσω καὶ τὰ τοιαῦτα τῷ μάντει προσήκειν καὶ σκοπεῖν
καὶ κρίνειν.
(Ἴων)
ἀληθῆ γε σὺ λέγων, ὦ Σώκρατες.
121. (Σωκράτης)
καὶ σύ γε, ὦ Ἴων, ἀληθῆ ταῦτα λέγεις. ἴθι δὴ καὶ σὺ ἐμοί, ὥσπερ
ἐγὼ σοὶ ἐξέλεξα καὶ ἐξ Ὀδυσσείας καὶ ἐξ Ἰλιάδος ὁποῖα τοῦ
μάντεώς ἐστι καὶ ὁποῖα τοῦ ἰατροῦ καὶ (539e) ὁποῖα τοῦ ἁλιέως,
οὕτω καὶ σὺ ἐμοὶ ἔκλεξον, ἐπειδὴ καὶ ἐμπειρότερος εἶ ἐμοῦ τῶν
Ὁμήρου, ὁποῖα τοῦ ῥαψῳδοῦ ἐστιν, ὦ Ἴων, καὶ τῆς τέχνης τῆς
ῥαψῳδικῆς, ἃ τῷ ῥαψῳδῷ προσήκει καὶ σκοπεῖσθαι καὶ
διακρίνειν παρὰ τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους.
122. (Ἴων)
ἐγὼ μέν φημι, ὦ Σώκρατες, ἅπαντα.
123. (Σωκράτης)
οὐ σύ γε φῄς, ὦ Ἴων, ἅπαντα, ἢ οὕτως ἐπιλήσμων εἶ; καίτοι οὐκ
ἂν πρέποι γε ἐπιλήσμονα εἶναι ῥαψῳδὸν ἄνδρα.
| [539] «Malheureux, quel est ce mal dont vous souffrez ? La nuit enveloppe et vos têtes
et vos visages et vos membres inférieurs ; un gémissement éclate, et vos joues sont
couvertes de larmes. Plein est le vestibule, et pleine est la cour de fantômes
qui marchent vers l’Erèbe au sein de l’obscurité. le soleil a disparu du ciel, partout s’est
étendu un brouillard funeste. » Souvent aussi il en parle dans l’Iliade, par exemple
dans le combat près des murs. Car il dit aussi dans cet endroit :
« Un présage se présenta à eux au moment où ils s’élançaient pour franchir le fossé.
C’était un aigle au vol élevé, il repoussait l’armée vers la gauche, et portait dans ses serres
un dragon sanglant et monstrueux encore vivant et palpitant, qui n’oubliait pas la lutte.
Car il mordit l’oiseau qui le tenait à la poitrine près de la gorge en se rejetant en arrière,
et l’autre le jeta à terre loin de lui à cause de sa douleur violente, et il le précipita au milieu
de la foule, tandis que lui-même poussant un cri, suivit les souffles du vent. » Je
déclarerais qu’il appartient au devin d’examiner et de juger ces passages et d’autres semblables.
(Ion)
Et tu auras bien raison, (Socrate) !
(Socrate)
Toi, aussi, assurément, Ion, tu as raison. Va donc, et fais pour moi ce que j’ai fait pour
toi. J’ai extrait et de l’Odyssée et de l’Iliade, ce qui concerne le devin, le médecin et le
pêcheur. Fais de même pour moi. Extrais, puisque tu as pratiqué plus que moi les poèmes
d’Homère ce qui appartient au rhapsode, Ion, et à l’art du rhapsode, ce que le rhapsode
doit examiner et juger plus que tout autre homme.
(Ion)
Pour moi, Socrate, je déclare que c’est Homère tout entier.
(Socrate)
Tout entier, Ion, ce n’est pas toi qui parle ainsi. Es-tu oublieux à ce point ? pourtant il
ne conviendrait guère qu’un rhapsode fut oublieux.
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