[367] ἢ ὁ (367a) ἀμαθὴς εἰς λογισμοὺς δύναιτ' ἂν σοῦ μᾶλλον ψεύδεσθαι
βουλομένου; ἢ ὁ μὲν ἀμαθὴς πολλάκις ἂν βουλόμενος ψευδῆ λέγειν
τἀληθῆ ἂν εἴποι ἄκων, εἰ τύχοι, διὰ τὸ μὴ εἰδέναι, σὺ δὲ ὁ σοφός,
εἴπερ βούλοιο ψεύδεσθαι, ἀεὶ ἂν κατὰ τὰ αὐτὰ ψεύδοιο;
(Ἱππίας)
ναί, οὕτως ἔχει ὡς σὺ λέγεις.
(Σωκράτης)
ὁ ψευδὴς οὖν πότερον περὶ μὲν τἆλλα ψευδής ἐστιν, οὐ μέντοι περὶ
ἀριθμόν, οὐδὲ ἀριθμῶν ἂν ψεύσαιτο;
(Ἱππίας)
καὶ ναὶ μὰ Δία περὶ ἀριθμόν.
(Σωκράτης)
θῶμεν ἄρα καὶ τοῦτο, ὦ Ἱππία, περὶ λογισμόν τε καὶ ἀριθμὸν εἶναί
τινα (367b) ἄνθρωπον ψευδῆ;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
τίς οὖν ἂν εἴη οὗτος; οὐχὶ δεῖ ὑπάρχειν αὐτῷ, εἴπερ μέλλει ψευδὴς
ἔσεσθαι, ὡς σὺ ἄρτι ὡμολόγεις, δυνατὸν εἶναι ψεύδεσθαι; ὁ γὰρ
ἀδύνατος ψεύδεσθαι, εἰ μέμνησαι, ὑπὸ σοῦ ἐλέγετο ὅτι οὐκ ἄν ποτε
ψευδὴς γένοιτο.
(Ἱππίας)
ἀλλὰ μέμνημαι καὶ ἐλέχθη οὕτως.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ἄρτι ἐφάνης σὺ δυνατώτατος ὢν ψεύδεσθαι περὶ λογισμῶν;
(Ἱππίας)
ναί, ἐλέχθη γέ τοι καὶ τοῦτο.
(367c) (Σωκράτης)
ἆρ' οὖν καὶ δυνατώτατος εἶ ἀληθῆ λέγειν περὶ λογισμῶν;
(Ἱππίας)
πάνυ γε.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ὁ αὐτὸς ψευδῆ καὶ ἀληθῆ λέγειν περὶ λογισμῶν δυνατώτατος,
οὗτος δ' ἐστὶν ὁ ἀγαθὸς περὶ τούτων, ὁ λογιστικός.
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
τίς οὖν ψευδὴς περὶ λογισμὸν γίγνεται, ὦ Ἱππία, ἄλλος ἢ ὁ ἀγαθός; ὁ
αὐτὸς γὰρ καὶ δυνατός, οὗτος δὲ καὶ ἀληθής.
(Ἱππίας)
φαίνεται.
(Σωκράτης)
ὁρᾷς οὖν ὅτι ὁ αὐτὸς ψευδής τε καὶ ἀληθὴς περὶ τούτων, καὶ οὐδὲν
ἀμείνων ὁ ἀληθὴς τοῦ ψευδοῦς;
(367d) ὁ αὐτὸς γὰρ δήπου ἐστὶ καὶ οὐκ ἐναντιώτατα ἔχει, ὥσπερ σὺ
ᾤου ἄρτι.
(Ἱππίας)
οὐ φαίνεται ἐνταῦθά γε.
(Σωκράτης)
βούλει οὖν σκεψώμεθα καὶ ἄλλοθι;
(Ἱππίας)
εἰ {ἄλλως} γε σὺ βούλει.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ γεωμετρίας ἔμπειρος εἶ;
(Ἱππίας)
ἔγωγε.
(Σωκράτης)
τί οὖν; οὐ καὶ ἐν γεωμετρίᾳ οὕτως ἔχει, ὁ αὐτὸς δυνατώτατος
ψεύδεσθαι καὶ ἀληθῆ λέγειν περὶ τῶν διαγραμμάτων, ὁ γεωμετρικός;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
περὶ ταῦτα οὖν (367e) ἀγαθὸς ἄλλος τις ἢ οὗτος;
(Ἱππίας)
οὐκ ἄλλος.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ὁ ἀγαθὸς καὶ σοφὸς γεωμέτρης δυνατώτατός γε ἀμφότερα;
καὶ εἴπερ τις ἄλλος ψευδὴς περὶ διαγράμματα, οὗτος ἂν εἴη, ὁ
ἀγαθός; οὗτος γὰρ δυνατός, ὁ δὲ κακὸς ἀδύνατος ἦν ψεύδεσθαι, ὥστε
οὐκ ἂν γένοιτο ψευδὴς ὁ μὴ δυνάμενος ψεύδεσθαι, ὡς ὡμολόγηται.
(Ἱππίας)
ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
ἔτι τοίνυν καὶ τὸν τρίτον ἐπισκεψώμεθα, τὸν ἀστρονόμον,
| [367] ou est-ce l’ignorant en calcul qui pourrait mentir mieux que toi, au cas où tu le
voudrais ? N’est-il pas vrai que l’ignorant, tout en voulant mentir, dirait
parfois la vérité sans le vouloir et par hasard, faute de savoir, tandis que
toi, le savant, si tu voulais mentir, tu mentirais toujours également bien ?
(HIPPIAS)
Oui, c’est vrai ; tu as raison.
(SOCRATE)
Maintenant, le menteur est-il menteur en tout le reste, sans l’être pourtant en
calcul, et ne saurait-il mentir en comptant ?
(HIPPIAS)
Il est, par Zeus, menteur en calcul aussi.
(SOCRATE)
VIII. — Admettons donc aussi, Hippias, qu’en calcul et en arithmétique il y a
des menteurs.
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Maintenant quelle sorte d’hommes peuvent être ces trompeurs ? Ne faut-il pas
qu’ils aient, s’ils doivent être menteurs, ce dont tu convenais tout à l’heure,
la capacité de mentir ? car celui qui est incapable de mentir, tu as déclaré, si
tu t’en souviens, qu’il ne saurait jamais être menteur.
(HIPPIAS)
Oui, je m’en souviens, je l’ai bien déclaré.
(SOCRATE)
N’as-tu pas proclamé tout à l’heure que tu étais l’homme le plus capable de
mentir en matière de calcul ?
(HIPPIAS)
Oui, cela aussi, je l’ai dit.
(SOCRATE)
Cela étant, es-tu aussi le plus capable de dire la vérité en matière de calcul ?
(HIPPIAS)
Certainement.
(SOCRATE)
Alors, le même homme est capable de mentir et de dire la vérité en matière de
calcul, et celui-là, c’est l’homme qui s’y entend, le calculateur.
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Alors, Hippias, qui se rend menteur sur les nombres, sinon celui qui s’y entend ?
car c’est lui qui en est capable, et c’est lui aussi qui est véridique.
(HIPPIAS)
C’est évident.
(SOCRATE)
Tu vois donc qu’en cela le même est menteur et véridique et que l’homme
véridique n’est pas meilleur que le menteur ; car c’est le même, assurément, et
ils ne sont pas le contraire l’un de l’autre, comme tu le croyais tout à l’heure.
(HIPPIAS)
Il paraît que non, du moins en ce cas.
(SOCRATE)
Veux-tu que nous examinions la question à la lumière d’un autre exemple ?
(HIPPIAS)
Oui, si tu veux.
(SOCRATE)
IX. — N’es-tu pas expert en géométrie aussi ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
Eh bien, en géométrie, n’en est-il pas de même ? N’est-ce pas le même homme qui
est le plus capable de mentir et de dire la vérité sur les figures, le géomètre habile ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
En cette matière y en a-t-il quelque autre qui excelle ?
(HIPPIAS)
Il n’y en a pas d’autre.
(SOCRATE)
C’est donc le bon et savant géomètre qui est le plus capable de ces deux choses
et, s’il y a un homme qui mente sur les figures, c’est lui, le bon géomètre ;
car il est celui qui en est capable, tandis que l’ignorant, nous l’avons vu, est
incapable de mentir ; aussi l’on ne saurait devenir menteur, si l’on est
incapable de mentir, nous en sommes convenus.
(HIPPIAS)
En effet.
(SOCRATE)
Maintenant prenons encore un troisième exemple, l’astronomie.
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