[365] (365a) διογενὲς Λαερτιάδη, πολυμήχαν' Ὀδυσσεῦ,
χρὴ μὲν δὴ τὸν μῦθον ἀπηλεγέως ἀποειπεῖν,
ὥσπερ δὴ κρανέω τε καὶ ὡς τελέεσθαι ὀίω,
ἐχθρὸς γάρ μοι κεῖνος ὁμῶς Ἀίδαο πύλῃσιν,
(365b) ὅς χ' ἕτερον μὲν κεύθῃ ἐνὶ φρεσίν, ἄλλο δὲ εἴπῃ.
αὐτὰρ ἐγὼν ἐρέω, ὡς καὶ τετελεσμένον ἔσται.
(Σωκράτης)
νῦν ἤδη, ὦ Ἱππία, κινδυνεύω μανθάνειν ὃ λέγεις, τὸν πολύτροπον
ψευδῆ λέγεις, ὥς γε φαίνεται.
(365c) (Ἱππίας)
μάλιστα, ὦ Σώκρατες, τοιοῦτον γὰρ πεποίηκεν τὸν Ὀδυσσέα Ὅμηρος
πολλαχοῦ καὶ ἐν Ἰλιάδι καὶ ἐν Ὀδυσσείᾳ.
(Σωκράτης)
ἐδόκει ἄρα, ὡς ἔοικεν, Ὁμήρῳ ἕτερος μὲν εἶναι ἀνὴρ ἀληθής, ἕτερος
δὲ ψευδής, ἀλλ' οὐχ ὁ αὐτός.
(Ἱππίας)
πῶς γὰρ οὐ μέλλει, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
ἦ καὶ σοὶ δοκεῖ αὐτῷ, ὦ Ἱππία;
(Ἱππίας)
πάντων μάλιστα, καὶ γὰρ ἂν δεινὸν εἴη εἰ μή.
(Σωκράτης)
τὸν μὲν Ὅμηρον τοίνυν ἐάσωμεν, ἐπειδὴ καὶ
(365d) ἀδύνατον ἐπανερέσθαι τί ποτε νοῶν ταῦτα ἐποίησεν τὰ ἔπη,
σὺ δ' ἐπειδὴ φαίνῃ ἀναδεχόμενος τὴν αἰτίαν, καὶ σοὶ συνδοκεῖ ταῦτα
ἅπερ φῂς Ὅμηρον λέγειν, ἀπόκριναι κοινῇ ὑπὲρ Ὁμήρου τε καὶ σαυτοῦ.
(Ἱππίας)
ἔσται ταῦτα, ἀλλ' ἐρώτα ἔμβραχυ ὅτι βούλει.
(Σωκράτης)
τοὺς ψευδεῖς λέγεις οἷον ἀδυνάτους τι ποιεῖν, ὥσπερ τοὺς κάμνοντας,
ἢ δυνατούς τι ποιεῖν;
(Ἱππίας)
δυνατοὺς ἔγωγε καὶ μάλα σφόδρα ἄλλα τε πολλὰ καὶ ἐξαπατᾶν
ἀνθρώπους.
(365e) (Σωκράτης)
δυνατοὶ μὲν δή, ὡς ἔοικεν, εἰσὶ κατὰ τὸν σὸν λόγον καὶ πολύτροποι, ἦ γάρ;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
πολύτροποι δ' εἰσὶ καὶ ἀπατεῶνες ὑπὸ ἠλιθιότητος καὶ ἀφροσύνης, ἢ
ὑπὸ πανουργίας καὶ φρονήσεώς τινος;
(Ἱππίας)
ὑπὸ πανουργίας πάντων μάλιστα καὶ φρονήσεως.
(Σωκράτης)
φρόνιμοι μὲν ἄρα εἰσίν, ὡς ἔοικεν.
(Ἱππίας)
ναὶ μὰ Δία, λίαν γε.
(Σωκράτης)
φρόνιμοι δὲ ὄντες οὐκ ἐπίστανται ὅτι ποιοῦσιν, ἢ ἐπίστανται;
(Ἱππίας)
καὶ μάλα σφόδρα ἐπίστανται, διὰ ταῦτα καὶ κακουργοῦσιν.
(Σωκράτης)
ἐπιστάμενοι δὲ ταῦτα ἃ ἐπίστανται πότερον ἀμαθεῖς εἰσιν ἢ σοφοί;
| [365] « Fils de Laërte, issu de Zeus, ingénieux Ulysse, il faut te dire mon intention
sans détour, comme je l’exécuterai et comme je crois qu’elle s’accomplira ; car
je hais à l’égal des portes d’Hadès celui qui cache une chose dans son esprit et
en dit une autre. Pour moi, je vais dire ce qui sera accompli. »
Ces vers font voir le caractère de l’un et de l’autre, celui d’Achille,
véridique et simple, celui d’Ulysse, rusé et menteur ; car c’est Achille que le
poète fait ainsi parler à Ulysse.
(SOCRATE)
A présent, Hippias, il me semble que je comprends ta pensée. Tu appelles menteur
l’homme rusé, à ce qu’il paraît.
(HIPPIAS)
Justement, Socrate, car c’est ainsi qu’Homère a représenté Ulysse en maint
passage de l’Iliade et de l’Odyssée.
(SOCRATE)
Homère pensait donc, à ce qu’il semble, qu’un homme véridique est différent d’un
menteur et qu’on ne saurait les confondre.
(HIPPIAS)
Sans doute, Socrate.
(SOCRATE)
Est-ce aussi ton avis à toi, Hippias ?
(HIPPIAS)
Absolument ; il serait bien singulier que j’en eusse un autre.
(SOCRATE)
V. — Maintenant laissons de côté Homère, puisqu’il est impossible de
l’interroger sur ce qu’il avait dans l’esprit, quand il a composé ces vers, et
puisque apparemment tu te portes garant de son opinion et que tu partages le
sentiment que tu lui prêtes, réponds à la fois pour Homère et pour toi.
(HIPPIAS)
Je le ferai ; seulement demande-moi brièvement ce que tu veux.
(SOCRATE)
Les menteurs, selon toi, sont-ils, par exemple, incapables de faire quelque
chose, comme les malades, ou capables de faire quelque chose ?
(HIPPIAS)
Selon moi, ils sont capables, et même fort capables de faire beaucoup de choses
et en particulier de tromper les autres.
(SOCRATE)
Ils sont donc, à ce qu’il paraît d’après ce que tu dis, capables et rusés, n’est-ce pas ?
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Mais sont-ils rusés et trompeurs par sottise et manque de bon sens ou par
fourberie et par une sorte d’intelligence ?
(HIPPIAS)
Par fourberie avant tout et par intelligence.
(SOCRATE)
Ils sont donc intelligents, à ce qu’il paraît ?
(HIPPIAS)
Oui, par Zeus, ils ne le sont que trop.
(SOCRATE)
Mais avec leur intelligence ne savent-ils pas ce qu’ils font ou le savent-ils ?
(HIPPIAS)
Ils le savent et même fort bien. C’est pour cela qu’ils sont des coquins.
(SOCRATE)
Mais sachant ce qu’ils savent, sont-ce des ignorants ou des gens habiles ?
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