[373] πολὺ (373a) γάρ τοι μεῖζόν με ἀγαθὸν ἐργάσῃ ἀμαθίας παύσας τὴν
ψυχὴν ἢ νόσου τὸ σῶμα. μακρὸν μὲν οὖν λόγον εἰ 'θέλεις λέγειν, προλέγω
σοι ὅτι οὐκ ἄν με ἰάσαιο - οὐ γὰρ ἂν ἀκολουθήσαιμι - ὥσπερ δὲ ἄρτι εἰ
'θέλεις μοι ἀποκρίνεσθαι, πάνυ ὀνήσεις, οἶμαι δὲ οὐδ' αὐτὸν σὲ
βλαβήσεσθαι. δικαίως δ' ἂν καὶ σὲ παρακαλοίην, ὦ παῖ Ἀπημάντου,
σὺ γάρ με ἐπῆρας Ἱππίᾳ διαλέγεσθαι, καὶ νῦν, ἐὰν μή μοι ἐθέλῃ
Ἱππίας ἀποκρίνεσθαι, δέου αὐτοῦ ὑπὲρ ἐμοῦ.
(Εὔδικος)
ἀλλ', ὦ Σώκρατες, οἶμαι οὐδὲν δεήσεσθαι Ἱππίαν
(373b) τῆς ἡμετέρας δεήσεως, οὐ γὰρ τοιαῦτα αὐτῷ ἐστι τὰ
προειρημένα, ἀλλ' ὅτι οὐδενὸς ἂν φύγοι ἀνδρὸς ἐρώτησιν. ἦ γάρ, ὦ
Ἱππία; οὐ ταῦτα ἦν ἃ ἔλεγες;
(Ἱππίας)
ἔγωγε, ἀλλὰ Σωκράτης, ὦ Εὔδικε, ἀεὶ ταράττει ἐν τοῖς λόγοις καὶ
ἔοικεν ὥσπερ κακουργοῦντι.
(Σωκράτης)
ὦ βέλτιστε Ἱππία, οὔτι ἑκών γε ταῦτα ἐγὼ ποιῶ - σοφὸς γὰρ ἂν ἦ καὶ
δεινὸς κατὰ τὸν σὸν λόγον - ἀλλὰ ἄκων, ὥστε μοι συγγνώμην ἔχε,
φῂς γὰρ αὖ δεῖν, ὃς ἂν κακουργῇ ἄκων, συγγνώμην ἔχειν.
(373c) (Εὔδικος)
καὶ μηδαμῶς γε, ὦ Ἱππία, ἄλλως ποίει, ἀλλὰ καὶ ἡμῶν ἕνεκα καὶ τῶν
προειρημένων σοι λόγων ἀποκρίνου ἃ ἄν σε ἐρωτᾷ (Σωκράτης).
(Ἱππίας)
ἀλλ' ἀποκρινοῦμαι, σοῦ γε δεομένου. ἀλλ' ἐρώτα ὅτι βούλει.
(Σωκράτης)
καὶ μὴν σφόδρα γε ἐπιθυμῶ, ὦ Ἱππία, διασκέψασθαι τὸ νυνδὴ
λεγόμενον, πότεροί ποτε ἀμείνους, οἱ ἑκόντες ἢ οἱ ἄκοντες
ἁμαρτάνοντες. οἶμαι οὖν ἐπὶ τὴν σκέψιν ὀρθότατ' ἂν ὧδε ἐλθεῖν. ἀλλ'
ἀπόκριναι, καλεῖς τινα δρομέα ἀγαθόν;
(373d) (Ἱππίας) ἔγωγε.
(Σωκράτης)
καὶ κακόν;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ἀγαθὸς μὲν ὁ εὖ θέων, κακὸς δὲ ὁ κακῶς;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ὁ βραδέως θέων κακῶς θεῖ, ὁ δὲ ταχέως εὖ;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
ἐν δρόμῳ μὲν ἄρα καὶ τῷ θεῖν τάχος μὲν ἀγαθόν, βραδυτὴς δὲ κακόν;
(Ἱππίας)
ἀλλὰ τί μέλλει;
(Σωκράτης)
πότερος οὖν ἀμείνων δρομεύς, ὁ ἑκὼν βραδέως θέων ἢ ὁ ἄκων;
(Ἱππίας)
ὁ ἑκών.
(Σωκράτης)
ἆρ' οὖν οὐ ποιεῖν τί ἐστι τὸ θεῖν;
(Ἱππίας)
ποιεῖν μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
εἰ δὲ ποιεῖν, οὐ καὶ ἐργάζεσθαί
(373e) τι;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
ὁ κακῶς ἄρα θέων κακὸν καὶ αἰσχρὸν ἐν δρόμῳ τοῦτο ἐργάζεται;
(Ἱππίας)
κακόν, πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
κακῶς δὲ θεῖ ὁ βραδέως θέων;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν ὁ μὲν ἀγαθὸς δρομεὺς ἑκὼν τὸ κακὸν τοῦτο ἐργάζεται καὶ τὸ
αἰσχρόν, ὁ δὲ κακὸς ἄκων;
(Ἱππίας)
ἔοικέν γε.
| [373] car tu me rendras un bien plus grand service en guérissant mon
âme de son ignorance que mon corps d’une maladie. Mais si tu veux tenir un long
discours, je t’avertis que tu ne me guériras pas ; car je ne pourrai pas te
suivre ; si, au contraire, tu veux bien me répondre comme tout à l’heure, tu me
feras beaucoup de bien et je m’imagine que cela ne te nuira pas à toi non plus.
Et toi aussi, fils d’Apèmantos, j’aurais bien le droit de t’appeler à mon
secours ; car c’est toi qui m’as excité à entrer en conversation avec Hippias. A
présent, si Hippias se refuse à me répondre, prie-le pour moi.
(EUDICOS)
Je crois, Socrate, qu’Hippias n’a pas besoin que nous le priions, car il n’y a
rien dans ses déclarations qui le laisse supposer, puisqu’il a dit qu’il ne se
déroberait à aucune question. N’est-il pas vrai, Hippias ? N’est-ce pas cela que
tu as déclaré ?
(HIPPIAS)
Si ; mais Socrate, Eudicos, met toujours le trouble dans ce qu’on dit et l’on
croirait qu’il cherche à faire du mal.
(SOCRATE)
Ah ! excellent Hippias, ce n’est pas volontairement que j’agis ainsi ; car je
serais savant et habile, d’après ce que tu dis ; c’est involontaire chez moi.
Pardonne-moi donc, puisque, de ton côté, tu es d’avis qu’il faut pardonner à
celui qui fait le mal sans le vouloir.
(EUDICOS)
Ne le refuse pas, Hippias, mais par égard pour nous et pour être fidèle à tes
déclarations précédentes, réponds aux questions que Socrate pourra te poser.
(HIPPIAS)
Eh bien, je répondrai, puisque tu m’en pries. Allons, pose-moi les questions
qu’il te plaira.
(SOCRATE)
XVI. — Eh bien, Hippias, je désire vivement examiner à fond le sujet dont nous
traitions tout à l’heure, à savoir quels sont les meilleurs, ceux qui font le
mal volontairement ou ceux qui le font sans le vouloir. Voici, je crois, la
meilleure route à suivre pour cet examen. Voyons, réponds. Y a-t-il, selon toi,
de bons coureurs ?
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Et de mauvais ?
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Le bon coureur n’est-il pas celui qui court bien, et le mauvais, celui qui court mal ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
N’est-il pas vrai que celui qui court lentement court mal, et que celui qui
court vite court bien ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
Ainsi à la course et dans le fait de courir, ce qui est bien, c’est la vitesse,
et ce qui est mal, la lenteur ?
(HIPPIAS)
Sans doute.
(SOCRATE)
Alors, lequel des deux est le meilleur coureur, celui qui court lentement avec
intention ou celui qui court lentement malgré lui ?
(HIPPIAS)
Celui qui le fait avec intention.
(SOCRATE)
Est-ce que courir n’est pas faire quelque chose ?
(HIPPIAS)
C’est faire quelque chose certainement.
(SOCRATE)
Si c’est faire quelque chose, n’est-ce pas aussi faire un travail ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
Donc celui qui court mal exécute, en fait de course, un travail mauvais et honteux ?
(HIPPIAS)
Mauvais, forcément.
(SOCRATE)
Et celui qui court lentement court mal ?
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Alors le bon coureur fait volontairement ce travail mauvais et honteux, et le
mauvais le fait malgré lui.
(HIPPIAS)
Il semble.
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