[374] (Σωκράτης) ἐν δρόμῳ μὲν ἄρα πονηρότερος ὁ ἄκων κακὰ
ἐργαζόμενος (374a) ἢ ὁ ἑκών;
(Ἱππίας)
ἐν δρόμῳ γε.
(Σωκράτης)
τί δ' ἐν πάλῃ; πότερος παλαιστὴς ἀμείνων, ὁ ἑκὼν πίπτων ἢ ὁ ἄκων;
(Ἱππίας)
ὁ ἑκών, ὡς ἔοικεν.
(Σωκράτης)
πονηρότερον δὲ καὶ αἴσχιον ἐν πάλῃ τὸ πίπτειν ἢ τὸ καταβάλλειν;
(Ἱππίας)
τὸ πίπτειν.
(Σωκράτης)
καὶ ἐν πάλῃ ἄρα ὁ ἑκὼν τὰ πονηρὰ καὶ αἰσχρὰ ἐργαζόμενος βελτίων
παλαιστὴς ἢ ὁ ἄκων.
(Ἱππίας)
ἔοικεν.
(Σωκράτης)
τί δὲ ἐν τῇ ἄλλῃ πάσῃ τῇ τοῦ σώματος χρείᾳ; οὐχ ὁ βελτίων τὸ σῶμα
δύναται ἀμφότερα ἐργάζεσθαι, καὶ τὰ ἰσχυρὰ καὶ τὰ
(374b) ἀσθενῆ, καὶ τὰ αἰσχρὰ καὶ τὰ καλά, ὥστε ὅταν κατὰ τὸ σῶμα
πονηρὰ ἐργάζηται, ἑκὼν ἐργάζεται ὁ βελτίων τὸ σῶμα, ὁ δὲ
πονηρότερος ἄκων;
(Ἱππίας)
ἔοικεν καὶ τὰ κατὰ τὴν ἰσχὺν οὕτως ἔχειν.
(Σωκράτης)
τί δὲ κατ' εὐσχημοσύνην, ὦ Ἱππία; οὐ τοῦ βελτίονος σώματός ἐστιν
ἑκόντος τὰ αἰσχρὰ καὶ πονηρὰ σχήματα σχηματίζειν, τοῦ δὲ
πονηροτέρου ἄκοντος; ἢ πῶς σοι δοκεῖ;
(Ἱππίας) οὕτως.
(Σωκράτης)
καὶ ἀσχημοσύνη ἄρα ἡ μὲν ἑκούσιος
(374c) πρὸς ἀρετῆς ἐστιν, ἡ δὲ ἀκούσιος πρὸς πονηρίας σώματος.
(Ἱππίας)
φαίνεται.
(Σωκράτης)
τί δὲ φωνῆς πέρι λέγεις; ποτέραν φῂς εἶναι βελτίω, τὴν ἑκουσίως
ἀπᾴδουσαν ἢ τὴν ἀκουσίως;
(Ἱππίας)
τὴν ἑκουσίως.
(Σωκράτης)
μοχθηροτέραν δὲ τὴν ἀκουσίως;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
δέξαιο δ' ἂν πότερον τἀγαθὰ κεκτῆσθαι ἢ τὰ κακά;
(Ἱππίας)
τἀγαθά.
(Σωκράτης)
πότερον οὖν ἂν δέξαιο πόδας κεκτῆσθαι ἑκουσίως χωλαίνοντας ἢ
ἀκουσίως;
(374d) (Ἱππίας)
ἑκουσίως.
(Σωκράτης)
χωλεία δὲ ποδῶν οὐχὶ πονηρία καὶ ἀσχημοσύνη ἐστίν;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
τί δέ; ἀμβλυωπία οὐ πονηρία ὀφθαλμῶν;
(Ἱππίας) ναί.
(Σωκράτης)
ποτέρους οὖν ἂν βούλοιο ὀφθαλμοὺς κεκτῆσθαι καὶ ποτέροις
συνεῖναι; οἷς ἑκὼν ἄν τις ἀμβλυώττοι καὶ παρορῴη ἢ οἷς ἄκων;
(Ἱππίας)
οἷς ἑκών.
(Σωκράτης)
βελτίω ἄρα ἥγησαι τῶν σαυτοῦ τὰ ἑκουσίως πονηρὰ ἐργαζόμενα ἢ τὰ
ἀκουσίως;
(Ἱππίας)
τὰ γοῦν τοιαῦτα.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν πάντα, οἷον καὶ ὦτα καὶ ῥῖνας καὶ στόμα καὶ πάσας τὰς
αἰσθήσεις, εἷς λόγος συνέχει, τὰς μὲν ἀκόντως
(374e) κακὰ ἐργαζομένας ἀκτήτους εἶναι ὡς πονηρὰς οὔσας, τὰς δὲ
ἑκουσίως κτητὰς ὡς ἀγαθὰς οὔσας.
(Ἱππίας)
ἔμοιγε δοκεῖ.
(Σωκράτης)
τί δέ; ὀργάνων ποτέρων βελτίων ἡ κοινωνία, οἷς ἑκών τις κακὰ
ἐργάζεται ἢ οἷς ἄκων; οἷον πηδάλιον ᾧ ἄκων κακῶς τις κυβερνήσει
βέλτιον ἢ ᾧ ἑκών;
(Ἱππίας)
ὧι ἑκών.
(Σωκράτης)
οὐ καὶ τόξον ὡσαύτως καὶ λύρα καὶ αὐλοὶ καὶ τἆλλα σύμπαντα;
| [374] (SOCRATE)
Donc, à la course, celui qui fait un mauvais travail involontairement est moins
bon que celui qui le fait volontairement ?
(HIPPIAS)
En matière de course, oui.
(SOCRATE)
Et à la lutte, quel est le meilleur lutteur, celui qui tombe volontairement ou
involontairement ?
(HIPPIAS)
Involontairement, semble-t-il.
(SOCRATE)
Quel est le plus mauvais et le plus honteux, à la lutte, de tomber ou de
terrasser son adversaire ?
(HIPPIAS)
C’est de tomber.
(SOCRATE)
Ainsi à la lutte également celui qui fait volontairement un travail mauvais et
honteux est meilleur lutteur que celui qui le fait malgré lui ?
(HIPPIAS)
Il semble.
(SOCRATE)
Et dans tous les autres emplois du corps, n’est-ce pas celui dont le corps est
le mieux constitué qui peut exécuter les deux sortes de travaux, ceux du fort et
ceux du faible, ceux qui sont honteux et ceux qui sont honorables, de sorte que,
si mes deux hommes font un travail corporel mauvais, le mieux constitué le fait
volontairement et le plus débile malgré lui ?
(HIPPIAS)
Oui, dans les exercices de force également, il semble qu’il en est ainsi.
(SOCRATE)
Et pour la belle tenue, Hippias, n’appartient-il pas à celui qui est
physiquement le mieux conformé de prendre volontairement les attitudes laides et
mauvaises, et à celui qui est le plus mal conformé de les prendre sans le
vouloir ? Qu’en penses-tu ?
(HIPPIAS)
Que c’est exact.
(SOCRATE)
Ainsi la mauvaise tenue aussi, quand elle est volontaire, provient de la qualité
du corps et, quand elle est involontaire, de sa défectuosité ?
(HIPPIAS)
C’est évident.
(SOCRATE)
Et la voix, qu’en dis-tu ? Quelle est, selon toi, la meilleure, celle d’un homme
qui détonne volontairement ou d’un homme qui détonne sans le vouloir ?
(HIPPIAS)
Celle de l’homme qui détonne volontairement.
(SOCRATE)
Et la plus mauvaise est celle de l’homme qui détonne sans le vouloir ?
(HIPPIAS)
Oui.
(SOCRATE)
Or qu’aimerais-tu mieux avoir, des biens ou des maux ?
(HIPPIAS)
Des biens.
(SOCRATE)
Que préférerais-tu ? boiter volontairement ou involontairement ?
(HIPPIAS)
Volontairement.
(SOCRATE)
La claudication, en effet, n’est-elle pas un défaut et une difformité ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
Et la myopie n’est-elle pas un défaut des yeux ?
(HIPPIAS)
Si.
(SOCRATE)
Dès lors quels yeux voudrais-tu avoir à ton usage, ceux avec lesquels on voit
peu et mal volontairement, ou ceux avec lesquels on voit mal involontairement ?
(HIPPIAS)
Les premiers.
(SOCRATE)
A ce compte, tu juges que ceux de tes organes qui travaillent mal, quand tu le
veux, sont meilleurs que ceux qui travaillent mal contre ta volonté ?
(HIPPIAS)
Assurément, des organes comme les premiers sont meilleurs.
(SOCRATE)
On peut donc dire en un mot que tous nos organes, comme les oreilles, le nez, la
bouche et tous les sens, s’ils travaillent mal involontairement, sont
indésirables parce qu’ils sont mauvais, et, s’ils travaillent mal
volontairement, sont désirables parce qu’ils sont bons.
(HIPPIAS)
Il me semble que oui.
(SOCRATE)
XVII. — Et les instruments, quels sont ceux qu’il vaut le mieux employer, ceux
avec lesquels on travaille mal volontairement ou ceux avec lesquels on travaille
mal involontairement ? Par exemple, un gouvernail avec lequel on gouverne mal
involontairement est-il meilleur que celui avec lequel on le fait volontairement ?
(HIPPIAS)
Le dernier est meilleur.
(SOCRATE)
N’est-ce pas vrai aussi d’un arc, d’une lyre, d’une flûte et de tout en général ?
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