HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Hippias majeur

Page 301

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[301] (301a) οὐ καὶ ἑκάτερος; εἰ κεκμηκώς τι τετρωμένος πεπληγμένος ἄλλ' ὁτιοῦνν πεπονθὼς ἑκάτερος ἡμῶν εἴη, οὐ καὶ ἀμφότεροι αὖ ἂν τοῦτο πεπόνθοιμεν; Ἔτι τοίνυν εἰ χρυσοῖ ἀργυροῖ ἐλεφάντινοι, εἰ δὲ βούλει, γενναῖοι σοφοὶ τίμιοι γέροντές γε νέοι ἄλλο ὅτι βούλει τῶν ἐν ἀνθρώποις ἀμφότεροι τύχοιμεν ὄντες, ἆρ' οὐ μεγάλη ἀνάγκη καὶ ἑκάτερον ἡμῶν τοῦτο εἶναι; (301b) (Σωκράτης) Πάντως γε δήπου. (Ἱππίας) Ἀλλὰ γὰρ δὴ σύ, Σώκρατες, τὰ μὲν ὅλα τῶν πραγμάτων οὐ σκοπεῖς, οὐδ' ἐκεῖνοι οἷς σὺ εἴωθας διαλέγεσθαι, κρούετε δὲ ἀπολαμβάνοντες τὸ καλὸν καὶ ἕκαστον τῶν ὄντων ἐν τοῖς λόγοις κατατέμνοντες. Διὰ ταῦτα οὕτω μεγάλα ὑμᾶς λανθάνει καὶ διανεκῆ σώματα τῆς οὐσίας πεφυκότα. Καὶ νῦν τοσοῦτόν σε λέληθεν, ὥστε οἴει εἶναί τι πάθος οὐσίαν, περὶ μὲν ἀμφότερα ταῦτα ἔστιν ἅμα, (301c) περὶ δὲ ἑκάτερον οὔ, αὖ περὶ μὲν ἑκάτερον, περὶ δὲ ἀμφότερα οὔ· οὕτως ἀλογίστως καὶ ἀσκέπτως καὶ εὐήθως καὶ ἀδιανοήτως διάκεισθε. (Σωκράτης) Τοιαῦτα, Ἱππία, τὰ ἡμέτερά ἐστιν, οὐχ οἷα βούλεταί τις, φασὶν ἄνθρωποι ἑκάστοτε παροιμιαζόμενοι, ἀλλ' οἷα δύναται· ἀλλὰ σὺ ἡμᾶς ὀνίνης ἀεὶ νουθετῶν. Ἐπεὶ καὶ νῦν, πρὶν ὑπὸ σοῦ ταῦτα νουθετηθῆναι, ὡς εὐήθως διεκείμεθα, ἔτι σοι μᾶλλον ἐγὼ ἐπιδείξω εἰπὼν διενοούμεθα (301d) περὶ αὐτῶν, μὴ εἴπω; (Ἱππίας) Εἰδότι μὲν ἐρεῖς, Σώκρατες· οἶδα γὰρ ἑκάστους τῶν περὶ τοὺς λόγους ὡς διάκεινται. Ὅμως δ' εἴ τι σοὶ ἥδιον, λέγε. (Σωκράτης) Ἀλλὰ μὴν ἥδιόν γε. Ἡμεῖς γάρ, βέλτιστε, οὕτως ἀβέλτεροι ἦμεν, πρίν σε ταῦτ' εἰπεῖν, ὥστε δόξαν εἴχομεν περὶ ἐμοῦ τε καὶ σοῦ ὡς ἑκάτερος ἡμῶν εἷς ἐστι, τοῦτο δὲ ἑκάτερος ἡμῶν εἴη οὐκ ἄρα εἶμεν ἀμφότεροι - οὐ γὰρ εἷς ἐσμεν, ἀλλὰ δύο - οὕτως εὐηθικῶς εἴχομεν· νῦν δὲ παρὰ (301e) σοῦ ἤδη ἀνεδιδάχθημεν ὅτι εἰ μὲν δύο ἀμφότεροί ἐσμεν, δύο καὶ ἑκάτερον ἡμῶν ἀνάγκη εἶναι, εἰ δὲ εἷς ἑκάτερος, ἕνα καὶ ἀμφοτέρους ἀνάγκη· οὐ γὰρ οἷόν τε διανεκεῖ λόγῳ τῆς οὐσίας κατὰ Ἱππίαν ἄλλως ἔχειν, ἀλλ' ἂν ἀμφότερα , τοῦτο καὶ ἑκάτερον, καὶ ἑκάτερον, ἀμφότερα εἶναι. Πεπεισμένος δὴ νῦν ἐγὼ ὑπὸ σοῦ ἐνθάδε κάθημαι. Πρότερον μέντοι, Ἱππία, ὑπόμνησόν με· πότερον εἷς ἐσμεν ἐγώ τε καὶ σύ, σύ τε δύο εἶ κἀγὼ δύο; (Ἱππίας) Τί λέγεις, Σώκρατες; [301] chacun de nous ne se porterait-il pas bien ? (301a) Et si nous avions l’un et l’autre quelque maladie, quelque blessure, quelque contusion, ou tout autre mal semblable, ne l’aurions-nous pas tous les deux ? De même encore, si nous étions tous les deux d’or, d’argent, d’ivoire, ou, si tu aimes mieux, nobles, sages, considérés, vieux ou jeunes, ou doués de telle autre qualité qu’il te plaira, dont l’homme est capable, ne serait-ce pas une nécessité indispensable que chacun de nous fût tel ? (Socrate) Sans contredit. (301b) (Hippias) Ton défaut, Socrate, et le défaut de ceux avec qui tu converses d’ordinaire, est de ne point considérer les choses dans leur ensemble. Vous détachez le beau, vous découpez dans vos discours chacune des réalités pour en éprouver la qualité. De là vient que la grandeur et la continuité des choses concrètes vous échappent. Et maintenant tu es si éloigné du vrai, que tu t’imagines qu’il y a des qualités, soit accidentelles, soit essentielles, qui conviennent à deux êtres conjointement, et ne leur conviennent pas séparément ; ou qui conviennent à l’un et à l’autre en particulier, (301c) et nullement à tous les deux : tant vous êtes incapables de raison et de discernement, tant vos lumières sont courtes et vos réflexions bornées. (Socrate) Ainsi sommes-nous faits, Hippias ! On n’est pas ce qu’on voudrait être, mais ce qu’on peut, comme dit le proverbe. Mais tu nous rends service, en nous donnant sans cesse des avis. Je veux te faire connaître encore davantage jusqu’où allait notre stupidité, avant les conseils que nous venons de recevoir de toi, en t’exposant notre manière de penser sur le sujet qui nous occupe. Ne t’en ferai-je point part ? (301d) (Hippias) Tu ne me diras rien que je ne sache, Socrate; car je connais la disposition d’esprit de tous ceux qui se mêlent de disputer. Cependant, si cela te fait plaisir, parle. (Socrate) Hé bien, cela me fait plaisir. Nous étions donc tellement bornés, mon cher, avant ce que tu viens de nous dire, que nous pensions de toi et de moi que chacun de nous est un, et que ce que nous sommes séparément, nous ne le sommes pas conjointement ; car pris ensemble nous ne sommes pas un, mais deux : tant notre ignorance était profonde. A présent tu as réformé nos idées, en nous apprenant que, si nous sommes deux conjointement, c’est une nécessité que chacun de nous soit aussi deux ; (301e) et que si chacun de nous est un, il est également nécessaire que tous les deux nous ne soyons qu’un : l’essence des choses ne permettant pas, selon Hippias, qu’il en soit autrement ; que par conséquent, ce que tous les deux sont, chacun l’est, et ce que chacun est, tous les deux le sont. Je me rends à tes raisons. Cependant, Hippias, rappelle-moi auparavant si toi et moi ne sommes qu’un, ou si tu es deux et moi deux. (Hippias) Qu’est-ce que tu dis, Socrate?


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Dernière mise à jour : 12/04/2007