[299] καὶ ἀποστερεῖτε τοῦ (299a) καλὰς εἶναι; » Ὅτι, φήσομεν,
καταγελῴη ἂν ἡμῶν οὐδεὶς ὅστις οὔ, εἰ φαῖμεν μὴ ἡδὺ εἶναι φαγεῖν, ἀλλὰ
καλόν, καὶ ὄζειν ἡδὺ μὴ ἡδὺ ἀλλὰ καλόν· τὰ δέ που περὶ τὰ ἀφροδίσια πάντες
ἂν ἡμῖν μάχοιντο ὡς ἥδιστον ὄν, δεῖν δὲ αὐτό, ἐάν τις καὶ πράττῃ, οὕτω
πράττειν ὥστε μηδένα ὁρᾶν, ὡς αἴσχιστον ὂν ὁρᾶσθαι. Ταῦτα ἡμῶν λεγόντων, ὦ
Ἱππία, « μανθάνω », ἂν ἴσως φαίη, « καὶ ἐγὼ ὅτι πάλαι αἰσχύνεσθε ταύτας
τὰς ἡδονὰς φάναι καλὰς εἶναι, ὅτι οὐ δοκεῖ τοῖς (299b) ἀνθρώποις· ἀλλ' ἐγὼ
οὐ τοῦτο ἠρώτων, ὃ δοκεῖ τοῖς πολλοῖς καλὸν εἶναι, ἀλλ' ὅτι ἔστιν. »
Ἐροῦμεν δὴ οἶμαι ὅπερ ὑπεθέμεθα, ὅτι « τοῦθ' ἡμεῖς γέ φαμεν τὸ μέρος τοῦ
ἡδέος, τὸ ἐπὶ τῇ ὄψει τε καὶ ἀκοῇ γιγνόμενον, καλὸν εἶναι. Ἀλλὰ ἔχεις ἔτι
τι χρῆσθαι τῷ λόγῳ, ἤ τι καὶ ἄλλο ἐροῦμεν, ὦ Ἱππία;
(Ἱππίας)
Ἀνάγκη πρός γε τὰ εἰρημένα, ὦ Σώκρατες, μὴ ἄλλ' ἄττα ἢ ταῦτα λέγειν.
(Σωκράτης)
« Καλῶς δὴ λέγετε, » φήσει. « Οὐκοῦν εἴπερ τὸ (299c) δι' ὄψεως καὶ ἀκοῆς
ἡδὺ καλόν ἐστιν, ὃ μὴ τοῦτο τυγχάνει ὂν τῶν ἡδέων, δῆλον ὅτι οὐκ ἂν καλὸν
εἴη; » Ὁμολογήσομεν;
(Ἱππίας) Ναί.
(Σωκράτης)
« Ἦ οὖν τὸ δι' ὄψεως ἡδύ, » φήσει, « δι' ὄψεως καὶ ἀκοῆς ἐστιν ἡδύ, ἢ τὸ
δι' ἀκοῆς ἡδὺ δι' ἀκοῆς καὶ δι' ὄψεώς ἐστιν ἡδύ; » Οὐδαμῶς, φήσομεν, τὸ
διὰ τοῦ ἑτέρου ὂν τοῦτο δι' ἀμφοτέρων εἴη ἄν - τοῦτο γὰρ δοκεῖς ἡμῖν
λέγειν - ἀλλ' ἡμεῖς ἐλέγομεν ὅτι καὶ ἑκάτερον τούτων αὐτὸ καθ' αὑτὸ τῶν
ἡδέων καλὸν εἴη, καὶ ἀμφότερα. Οὐχ οὕτως ἀποκρινούμεθα;
(299d) (Ἱππίας) Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
« Ἆρ' οὖν, » φήσει, « ἡδὺ ἡδέος ὁτιοῦν ὁτουοῦν διαφέρει τούτῳ, τῷ ἡδὺ
εἶναι; Μὴ γὰρ εἰ μείζων τις ἡδονὴ ἢ ἐλάττων ἢ μᾶλλον ἢ ἧττόν ἐστιν, ἀλλ'
εἴ τις αὐτῷ τούτῳ διαφέρει, τῷ ἡ μὲν ἡδονὴ εἶναι, ἡ δὲ μὴ ἡδονή, τῶν
ἡδονῶν; » Οὐχ ἡμῖν γε δοκεῖ· οὐ γάρ;
(Ἱππίας) Οὐ γὰρ οὖν δοκεῖ.
(Σωκράτης)
« Οὐκοῦν, » φήσει, « δι' ἄλλο τι ἢ ὅτι ἡδοναί εἰσι προείλεσθε ταύτας τὰς
ἡδονὰς ἐκ τῶν ἄλλων ἡδονῶν, τοιοῦτόν (299e) τι ὁρῶντες ἐπ' ἀμφοῖν, ὅτι
ἔχουσί τι διάφορον τῶν ἄλλων, εἰς ὃ ἀποβλέποντες καλάς φατε αὐτὰς εἶναι;
Οὐ γάρ που διὰ τοῦτο καλή ἐστιν ἡδονὴ ἡ διὰ τῆς ὄψεως, ὅτι δι' ὄψεώς
ἐστιν· εἰ γὰρ τοῦτο αὐτῇ ἦν τὸ αἴτιον καλῇ εἶναι, οὐκ ἄν ποτε ἦν ἡ ἑτέρα,
ἡ διὰ τῆς ἀκοῆς, καλή· οὔκουν ἔστι γε δι' ὄψεως ἡδονή. » Ἀληθῆ λέγεις,
φήσομεν;
(Ἱππίας) Φήσομεν γάρ.
| [299] et les priver de cette qualité ? » (299a) C’est, dirons-nous, que tout le
monde se moquerait de nous si nous disions que manger n’est pas une chose
agréable, mais belle, et que sentir une odeur suave n’est point agréable, mais
beau ; qu’aux plaisirs de l’amour, tous soutiendraient qu’il n’y en a point de
plus agréables, et que cependant il faut les goûter de manière que
personne n’en soit témoin, parce que c’est la chose du monde la plus laide
à voir. A ce discours notre homme répondra peut-être que « c’est la honte
qui nous empêche depuis longtemps d’appeler beaux ces plaisirs, parce
qu’ils ne passent point pour tels dans l’esprit des hommes. (299b)
Cependant je ne vous demande pas ce qui est beau dans l’idée du vulgaire,
mais ce qui est beau en effet. » Nous lui ferons, ce me semble, la réponse
que nous lui avons déjà faite, a savoir que nous appelons beau cette
partie de l’agréable qui nous vient par la vue et l’ouïe. As-tu quelque
autre réponse à faire, et dirons-nous autre chose, Hippias ?
(Hippias)
Après ce qui a déjà été dit, c’est une nécessite, Socrate, de répondre de
la sorte.
(Socrate)
« Vous avez raison, répliquera-t-il. Si donc l’agréable qui naît de la vue
et de l’ouïe est beau, il est évident que toute espèce d’agréable venant
d’une autre source ne saurait être belle. » (299c) L’accorderons-nous ?
(Hippias) Oui.
(Socrate)
« Mais, dira-t-il, ce qui est agréable par la vue l’est-il tout à la fois
par la vue et par l’ouïe ? Et pareillement, ce qui est agréable par l’ouïe
l’est-il à la fois par l’ouïe et par la vue ? » Nous répondrons que ce qui
est agréable par l’un de ces sens ne l’est point par les deux, car
apparemment c’est là ce que tu veux savoir ; mais nous avons dit que l’une
ou l’autre de ces sensations, prise séparément, est belle, et qu’elles le
sont aussi toutes deux ensemble. N’est-ce pas là ce que nous répondrons ?
(Hippias) Absolument. (299d)
(Socrate)
« Une chose agréable, quelle qu’elle soit, objectera-t-il, diffère-t-elle
en tant qu’agréable de toute autre chose agréable ? Je ne vous demande
point, dira-t-il, si un plaisir est plus ou moins grand, plus ou moins vif
qu’un autre ; mais s’il y a des plaisirs qui diffèrent entre eux, en ce
que l’un est un plaisir et l’autre ne l’est pas. » Nous ne le pensons
point, n’est-il pas vrai ?
(Hippias) Non, sans doute.
(Socrate)
« Pour quel autre motif, dira-t-il, avez-vous donc distingué entre tous
les autres les plaisirs dont vous parlez ? Qu’avez-vous vu en eux de
différent des autres (299e) plaisirs, qui vous a déterminés à dire qu’ils
sont beaux ? Sans doute le plaisir qui naît de la vue n’est-il pas beau
précisément parce qu’il naît de la vue ; car si c’était là ce qui le rend
beau, l’autre plaisir, qui naît de l’ouïe, ne serait pas beau, puisque ce
n’est pas un plaisir qui ait sa source dans la vue. » Ne lui dirons-nous
pas qu’il a raison ?
(Hippias) Oui.
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