[298] (298a) οἵ τέ γέ που καλοὶ ἄνθρωποι, ὦ Ἱππία, καὶ τὰ ποικίλματα πάντα καὶ
τὰ ζωγραφήματα καὶ τὰ πλάσματα τέρπει ἡμᾶς ὁρῶντας, ἃ ἂν καλὰ ᾖ· καὶ οἱ
φθόγγοι οἱ καλοὶ καὶ ἡ μουσικὴ σύμπασα καὶ οἱ λόγοι καὶ αἱ μυθολογίαι
ταὐτὸν τοῦτο ἐργάζονται, ὥστ' εἰ ἀποκριναίμεθα τῷ θρασεῖ ἐκείνῳ ἀνθρώπῳ
ὅτι ὦ γενναῖε, τὸ καλόν ἐστι τὸ δι' ἀκοῆς τε καὶ δι' ὄψεως ἡδύ, οὐκ ἂν
οἴει αὐτὸν τοῦ θράσους ἐπίσχοιμεν;
(Ἱππίας)
Ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ νῦν γε, ὦ Σώκρατες, εὖ λέγεσθαι (298b) τὸ καλὸν ὃ ἔστιν.
(Σωκράτης)
Τί δ'; Ἆρα τὰ ἐπιτηδεύματα τὰ καλὰ καὶ τοὺς νόμους, ὦ Ἱππία, δι' ἀκοῆς ἢ
δι' ὄψεως φήσομεν ἡδέα ὄντα καλὰ εἶναι, ἢ ἄλλο τι εἶδος ἔχειν;
(Ἱππίας) Ταῦτα δ' ἴσως, ὦ Σώκρατες, κἂν παραλάθοι τὸν ἄνθρωπον.
(Σωκράτης)
Μὰ τὸν κύνα, ὦ Ἱππία, οὐχ ὅν γ' ἂν ἐγὼ μάλιστα αἰσχυνοίμην ληρῶν καὶ
προσποιούμενός τι λέγειν μηδὲν λέγων.
(Ἱππίας) Τίνα τοῦτον;
(Σωκράτης)
Τὸν Σωφρονίσκου, ὃς ἐμοὶ οὐδὲν ἂν μᾶλλον ταῦτα (298c) ἐπιτρέποι ἀνερεύνητα
ὄντα ῥᾳδίως λέγειν ἢ ὡς εἰδότα ἃ μὴ οἶδα.
(Ἱππίας)
Ἀλλὰ μὴν ἔμοιγε καὶ αὐτῷ, ἐπειδὴ σὺ εἶπες, δοκεῖ τι ἄλλο εἶναι τοῦτο τὸ
περὶ τοὺς νόμους.
(Σωκράτης)
Ἔχ' ἡσυχῇ, ὦ Ἱππία· κινδυνεύομεν γάρ τοι, ἐν τῇ αὐτῇ ἐμπεπτωκότες ἀπορίᾳ
περὶ τοῦ καλοῦ ἐν ᾗπερ νυνδή, οἴεσθαι ἐν ἄλλῃ τινὶ εὐπορίᾳ εἶναι.
(Ἱππίας) Πῶς τοῦτο λέγεις, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
Ἐγώ σοι φράσω ὅ γ' ἐμοὶ καταφαίνεται, εἰ ἄρα τὶ (298d) λέγω. Ταῦτα μὲν γὰρ
τὰ περὶ τοὺς νόμους τε καὶ τὰ ἐπιτηδεύματα τάχ' ἂν φανείη οὐκ ἐκτὸς ὄντα
τῆς αἰσθήσεως ἣ διὰ τῆς ἀκοῆς τε καὶ ὄψεως ἡμῖν οὖσα τυγχάνει· ἀλλ'
ὑπομείνωμεν τοῦτον τὸν λόγον, τὸ διὰ τούτων ἡδὺ καλὸν εἶναι, μηδὲν τὸ τῶν
νόμων εἰς μέσον παράγοντες. Ἀλλ' εἰ ἡμᾶς ἔροιτο εἴτε οὗτος ὃν λέγω, εἴτε
ἄλλος ὁστισοῦν· τί δή, ὦ Ἱππία τε καὶ Σώκρατες, ἀφωρίσατε τοῦ ἡδέος τὸ
ταύτῃ ἡδὺ ᾗ λέγετε καλὸν εἶναι, τὸ δὲ κατὰ τὰς ἄλλας (298e) αἰσθήσεις
σίτων τε καὶ ποτῶν καὶ τῶν περὶ τἀφροδίσια καὶ τἆλλα πάντα τὰ τοιαῦτα οὔ
φατε καλὰ εἶναι; Ἢ οὐδὲ ἡδέα, οὐδὲ ἡδονὰς τὸ παράπαν ἐν τοῖς τοιούτοις
φατὲ εἶναι, οὐδ' ἐν ἄλλῳ ἢ τῷ ἰδεῖν τε καὶ ἀκοῦσαι; Τί φήσομεν, ὦ Ἱππία;
(Ἱππίας)
Πάντως δήπου φήσομεν, ὦ Σώκρατες, καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις μεγάλας πάνυ ἡδονὰς
εἶναι.
(Σωκράτης)
« Τί οὖν, » φήσει, « ἡδονὰς οὔσας οὐδὲν ἧττον ἢ καὶ ἐκείνας ἀφαιρεῖσθε
τοῦτο τοὔνομα
| [298] (298a). Les beaux hommes,
Hippias, les belles tapisseries, les belles peintures, les belles
sculptures nous font plaisir à voir ; les beaux sons, toute la musique,
les beaux discours et les belles fables produisent le même effet, de sorte
que, si nous répondions à notre téméraire interlocuteur : « Mon ami, le
beau n’est autre chose que ce qui nous cause du plaisir par l’ouïe et par
la vue, » ne penses-tu pas que nous rabattrions son insolence ?
(Hippias)
Il me paraît, Socrate, que ceci explique bien la nature du beau. (298b)
(Socrate)
Mais quoi ! dirons-nous, Hippias, que les belles mœurs et les belles lois
sont belles parce qu’elles causent du plaisir par l’ouïe ou par la vue ?
Ou que leur beauté est d’une autre espèce ?
(Hippias)
Peut-être, Socrate, que cette difficulté échappera à notre homme...
(Socrate)
Par le chien ! Hippias, elle n’échappera point à celui devant lequel je
rougirais bien davantage d’extravaguer et de faire semblant de dire
quelque chose, lorsqu’en effet je ne dis rien qui vaille.
(Hippias) Et quel est cet homme-là ?
(Socrate)
Socrate, fils de Sophronisque, qui ne me permettrait pas plus de parler à
la légère sur ces matières, (298c) sans les avoir approfondies, que de
croire savoir ce que je ne sais pas.
(Hippias)
Il me paraît aussi, depuis que tu me l’as fait remarquer, que la beauté
des lois est différente.
(Socrate)
Arrête un moment, Hippias ; il me semble que nous nous flattons d’avoir
trouvé quelque chose sur le beau, tandis que nous sommes à cet égard tout
aussi peu avancés que nous l’étions auparavant.
(Hippias) Comment dis-tu ceci, Socrate?
(Socrate)
Je vais t’expliquer ma pensée ; tu jugeras si elle a quelque valeur.
(298d) Peut-être pourrait-on montrer que la beauté des lois et des mœurs
n’est point si étrangère aux sensations qui nous viennent par les oreilles
et par les yeux. Mais supposons la vérité de cette définition, que le beau
est ce qui nous cause du plaisir par ces deux sens, et qu’il ne soit point
du tout ici question des lois. Si cet homme dont je parle ou tout autre
nous demandait : « Hippias et Socrate, pourquoi avez-vous séparé de
l’agréable en général une certaine espèce d’agréable, que vous appelez le
beau, et prétendez-vous que les plaisirs des autres sens, (298e) comme
ceux du manger, du boire, de l’amour, et les autres semblables, ne sont
point beaux ? Est-ce que ces sensations ne sont pas agréables, et ne
causent, à votre avis, aucun plaisir, et ne s’en trouve-t-il nulle part
ailleurs que dans les sensations de la vue et de l’ouïe ? » Que
répondrons-nous, Hippias ?
(Hippias)
Nous dirons sans balancer, Socrate, qu’il y a de très grands plaisirs
attachés aux autres sensations.
(Socrate)
« Pourquoi donc, reprendra-t-il, ces plaisirs n’étant pas moins des
plaisirs que les autres, leur refuser le nom de beaux,
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