[297] (Σωκράτης)
Τοῦ ἀγαθοῦ ἄρα (297a) αἴτιόν ἐστιν τὸ καλόν.
(Ἱππίας) Ἔστι γάρ.
(Σωκράτης)
Ἀλλὰ μὴν τό γε αἴτιον, ὦ Ἱππία, καὶ οὗ ἂν αἴτιον ᾖ τὸ αἴτιον, ἄλλο ἐστίν·
οὐ γάρ που τό γε αἴτιον αἰτίου αἴτιον ἂν εἴη. Ὧδε δὲ σκόπει· οὐ τὸ αἴτιον
ποιοῦν ἐφάνη;
(Ἱππίας) Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὑπὸ τοῦ ποιοῦντος ποιεῖται οὐκ ἄλλο τι ἢ τὸ γιγνόμενον, ἀλλ' οὐ τὸ
ποιοῦν;
(Ἱππίας) Ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ἄλλο τι τὸ γιγνόμενον, ἄλλο δὲ τὸ ποιοῦν;
(Ἱππίας) Ναί.
(Σωκράτης)
Οὐκ ἄρα τό γ' αἴτιον αἴτιον (297b) αἰτίου ἐστίν, ἀλλὰ τοῦ γιγνομένου ὑφ'
ἑαυτοῦ.
(Ἱππίας) Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Εἰ ἄρα τὸ καλόν ἐστιν αἴτιον ἀγαθοῦ, γίγνοιτ' ἂν ὑπὸ τοῦ καλοῦ τὸ ἀγαθόν·
καὶ διὰ ταῦτα, ὡς ἔοικε, σπουδάζομεν καὶ τὴν φρόνησιν καὶ τἆλλα πάντα τὰ
καλά, ὅτι τὸ ἔργον αὐτῶν καὶ τὸ ἔκγονον σπουδαστόν ἐστι, τὸ ἀγαθόν, καὶ
κινδυνεύει ἐξ ὧν εὑρίσκομεν ἐν πατρός τινος ἰδέᾳ εἶναι τὸ καλὸν τοῦ ἀγαθοῦ.
(Ἱππίας) Πάνυ μὲν οὖν· καλῶς γὰρ λέγεις, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν καὶ τόδε καλῶς λέγω, ὅτι οὔτε ὁ πατὴρ ὑός (297c) ἐστιν, οὔτε ὁ ὑὸς
πατήρ;
(Ἱππίας) Καλῶς μέντοι.
(Σωκράτης) Οὐδέ γε τὸ αἴτιον γιγνόμενόν ἐστιν, οὐδὲ τὸ γιγνόμενον αὖ αἴτιον.
(Ἱππίας) Ἀληθῆ λέγεις.
(Σωκράτης)
Μὰ Δία, ὦ ἄριστε, οὐδὲ ἄρα τὸ καλὸν ἀγαθόν ἐστιν, οὐδὲ τὸ ἀγαθὸν καλόν· ἢ
δοκεῖ σοι οἷόν τε εἶναι ἐκ τῶν προειρημένων;
(Ἱππίας) Οὐ μὰ τὸν Δία, οὔ μοι φαίνεται.
(Σωκράτης)
Ἀρέσκει οὖν ἡμῖν καὶ ἐθέλοιμεν ἂν λέγειν ὡς τὸ καλὸν οὐκ ἀγαθὸν οὐδὲ τὸ
ἀγαθὸν καλόν;
(Ἱππίας) Οὐ μὰ τὸν Δία, οὐ πάνυ μοι ἀρέσκει.
(Σωκράτης)
Ναὶ μὰ τὸν Δία, ὦ Ἱππία· ἐμοὶ δέ γε πάντων (297d) ἥκιστα ἀρέσκει ὧν
εἰρήκαμεν λόγων.
(Ἱππίας) Ἔοικε γὰρ οὕτως.
(Σωκράτης)
Κινδυνεύει ἄρα ἡμῖν, οὐχ ὥσπερ ἄρτι ἐφαίνετο κάλλιστος εἶναι τῶν λόγων τὸ
ὠφέλιμον καὶ τὸ χρήσιμόν τε καὶ τὸ δυνατὸν ἀγαθόν τι ποιεῖν καλὸν εἶναι,
οὐχ οὕτως ἔχειν, ἀλλ', εἰ οἷόν τέ ἐστιν, ἐκείνων εἶναι γελοιότερος τῶν
πρώτων, ἐν οἷς τήν τε παρθένον ὠὠόμεθα εἶναι τὸ καλὸν καὶ ἓν ἕκαστον τῶν
ἔμπροσθεν λεχθέντων.
(Ἱππίας) Ἔοικεν.
(Σωκράτης)
Καὶ ἐγὼ μέν γε οὐκ ἔτι ἔχω, ὦ Ἱππία, ὅποι τράπωμαι, ἀλλ' ἀπορῶ· σὺ δὲ
ἔχεις τι λέγειν;
(297e) (Ἱππίας)
Οὐκ ἔν γε τῷ παρόντι, ἀλλ', ὥσπερ ἄρτι ἔλεγον, σκεψάμενος εὖ οἶδ' ὅτι εὑρήσω.
(Σωκράτης)
Ἀλλ' ἐγώ μοι δοκῶ ὑπὸ ἐπιθυμίας τοῦ εἰδέναι οὐχ οἷός τε σὲ εἶναι
περιμένειν μέλλοντα· καὶ γὰρ οὖν δή τι καὶ οἶμαι ἄρτι ηὐπορηκέναι. Ὅρα
γάρ· εἰ ὃ ἂν χαίρειν ἡμᾶς ποιῇ, μήτι πάσας τὰς ἡδονάς, ἀλλ' ὃ ἂν διὰ τῆς
ἀκοῆς καὶ τῆς ὄψεως, τοῦτο φαῖμεν εἶναι καλόν, πῶς τι ἄρ' ἂν ἀγωνιζοίμεθα;
| [297] (Socrate)
Le beau serait donc la cause du bien ? (297a)
(Hippias) Il l’est en effet.
(Socrate)
Mais la cause, Hippias, et ce dont elle est la cause, autrement dit
l’effet, sont deux choses différentes ; car jamais une cause ne saurait
être cause d’elle-même. Considère ceci de cette manière. Ne venons-nous
pas de voir que la cause est ce qui fait ?
(Hippias) Oui.
(Socrate)
N’est-il pas vrai que la chose produite par ce qui fait n’est autre que
l’effet, et nullement ce qui fait ?
(Hippias) Cela est certain.
(Socrate) L’effet est donc une chose, et ce qui le produit une autre chose ?
(Hippias) Qui en doute ?
(Socrate)
La cause n’est point, par conséquent, cause d’elle-même, mais cause de
l’effet qu’elle produit ? (297b)
(Hippias) Sans contredit.
(Socrate)
Si donc le beau est cause du bien, le bien est l’effet du beau ; et nous
ne recherchons avec tant d’empressement la sagesse et toutes les autres
belles choses, selon toute apparence, que parce qu’elles produisent le
bien, lequel est l’objet de tous nos désirs. Il résulte de cette
découverte que le beau est en quelque sorte le père du bien.
(Hippias) Tout à fait. Cela est fort bien dit, Socrate.
(Socrate)
N’est-ce pas également une chose bien dite, que le père n’est pas le fils,
ni le fils le père ? (297c)
(Hippias) Oui.
(Socrate) Et que la cause n’est point l’effet, ni l’effet la cause ?
(Hippias) Cela est vrai.
(Socrate)
Par Zeus, cher Hippias, le beau n’est donc pas plus le bien que le bien
n’est le beau. N’est-ce pas la conclusion que nous devons tirer de ce que
nous venons de dire ?
(Hippias) Je ne vois pas comment faire autrement.
(Socrate)
Consentirons-nous donc à dire que le beau n’est pas le bien, et que le
bien n’est pas le beau ?
(Hippias) Non, par Zeus, cela ne me satisfait pas.
(Socrate)
Et, par Zeus, tu as raison, Hippias ; et de tout ce qui a été dit
jusqu’ici, c’est ce qui me déplaît le plus. (297d)
(Hippias) C’est aussi mon avis.
(Socrate)
Ainsi il parait que la définition qui fait consister le beau dans ce qui
est avantageux, utile, capable de produire quelque bien, loin d’être la
plus belle de toutes les définitions, comme il nous semblait tout à
l’heure, est, s’il est possible, plus ridicule encore que les précédentes,
où nous pensions que le beau était une jeune fille, et chacune des autres
choses que nous avons énumérées.
(Hippias) Il y a toute apparence.
(Socrate)
Pour ce qui me regarde, Hippias, je ne sais plus de quel côté me tourner,
et je suis bien embarrassé. Et toi, te vient-il quelque chose ? (297e)
(Hippias)
Non, pour le présent ; mais, comme je t’ai déjà dit, je suis bien sûr
qu’en réfléchissant un peu je trouverais ce que nous cherchons.
(Socrate)
L’envie que j’ai d’apprendre ne me permet pas d’attendre que tu aies le
loisir d’y réfléchir. Et puis je crois que je viens de faire une bonne
découverte. Vois si le beau n’est pas ce qui nous donne du plaisir ; et je
ne dis pas toute espèce de plaisirs, mais ceux de l’ouïe et de la vue.
Qu’avons-nous en effet à opposer à cela ?
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