[294] (Σωκράτης)
Ὅρα τοίνυν· τὸ πρέπον ἆρα τοῦτο λέγομεν, ὃ παραγενόμενον (294a) ποιεῖ
ἕκαστα φαίνεσθαι καλὰ τούτων οἷς ἂν παρῇ, ἢ ὃ εἶναι ποιεῖ, ἢ οὐδέτερα
τούτων;
(Ἱππίας)
Ἔμοιγε δοκεῖ πότερα ὃ ποιεῖ φαίνεσθαι καλά· ὥσπερ γε ἐπειδὰν ἱμάτιά τις
λάβῃ ἢ ὑποδήματα ἁρμόττοντα, κἂν ᾖ γελοῖος, καλλίων φαίνεται.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν εἴπερ καλλίω ποιεῖ φαίνεσθαι ἢ ἔστι τὸ πρέπον, ἀπάτη τις ἂν εἴη
περὶ τὸ καλὸν τὸ πρέπον, καὶ οὐκ ἂν εἴη τοῦτο ὃ ἡμεῖς ζητοῦμεν, ὦ Ἱππία;
Ἡμεῖς μὲν γάρ που (294b) ἐκεῖνο ἐζητοῦμεν, ᾧ πάντα τὰ καλὰ πράγματα καλά
ἐστιν - ὥσπερ ᾧ πάντα τὰ μεγάλα ἐστὶ μεγάλα, τῷ ὑπερέχοντι· τούτῳ γὰρ
πάντα μεγάλα ἐστί, καὶ ἐὰν μὴ φαίνηται, ὑπερέχῃ δέ, ἀνάγκη αὐτοῖς μεγάλοις
εἶναι - οὕτω δή, φαμέν, καὶ τὸ καλόν, ᾧ καλὰ πάντα ἐστίν, ἄντ' οὖν
φαίνηται ἄντε μή, τί ἂν εἴη; Τὸ μὲν γὰρ πρέπον οὐκ ἂν εἴη· καλλίω γὰρ
ποιεῖ φαίνεσθαι ἢ ἔστιν, ὡς ὁ σὸς λόγος, οἷα δ' ἔστιν οὐκ ἐᾷ φαίνεσθαι. Τὸ
δὲ ποιοῦν εἶναι καλά, ὅπερ νυνδὴ εἶπον, (294c) ἐάντε φαίνηται ἐάντε μή,
πειρατέον λέγειν τί ἐστι· τοῦτο γὰρ ζητοῦμεν, εἴπερ τὸ καλὸν ζητοῦμεν.
(Ἱππίας)
Ἀλλὰ τὸ πρέπον, ὦ Σώκρατες, καὶ εἶναι καὶ φαίνεσθαι ποιεῖ καλὰ παρόν.
(Σωκράτης)
Ἀδύνατον ἄρα τῷ ὄντι καλὰ ὄντα μὴ φαίνεσθαι καλὰ εἶναι, παρόντος γε τοῦ
ποιοῦντος φαίνεσθαι;
(Ἱππίας) Ἀδύνατον.
(Σωκράτης)
Ὁμολογήσομεν οὖν τοῦτο, ὦ Ἱππία, πάντα τὰ τῷ ὄντι καλὰ καὶ νόμιμα καὶ
ἐπιτηδεύματα καὶ δοξάζεσθαι καλὰ (294d) εἶναι καὶ φαίνεσθαι ἀεὶ πᾶσιν, ἢ
πᾶν τοὐναντίον ἀγνοεῖσθαι καὶ πάντων μάλιστα ἔριν καὶ μάχην περὶ αὐτῶν
εἶναι καὶ ἰδίᾳ ἑκάστοις καὶ δημοσίᾳ ταῖς πόλεσιν;
(Ἱππίας) Οὕτω μᾶλλον, ὦ Σώκρατες· ἀγνοεῖσθαι.
(Σωκράτης)
Οὐκ ἄν, εἴ γέ που τὸ φαίνεσθαι αὐτοῖς προσῆν· προσῆν δ' ἄν, εἴπερ τὸ
πρέπον καλὸν ἦν καὶ μὴ μόνον καλὰ ἐποίει εἶναι ἀλλὰ καὶ φαίνεσθαι. Ὥστε τὸ
πρέπον, εἰ μὲν τὸ καλὰ ποιοῦν ἐστιν εἶναι, τὸ μὲν καλὸν ἂν εἴη, ὃ ἡμεῖς
ζητοῦμεν, οὐ μέντοι τό γε ποιοῦν φαίνεσθαι· εἰ δ' αὖ τὸ (294e) φαίνεσθαι
ποιοῦν ἐστιν τὸ πρέπον, οὐκ ἂν εἴη τὸ καλόν, ὃ ἡμεῖς ζητοῦμεν. Εἶναι γὰρ
ἐκεῖνό γε ποιεῖ, φαίνεσθαι δὲ καὶ ποιεῖν εἶναι οὐ μόνον καλὰ οὐκ ἄν ποτε
δύναιτο τὸ αὐτό, ἀλλ' οὐδὲ ἄλλο ὁτιοῦν. Ἑλώμεθα δὴ πότερα δοκεῖ τὸ πρέπον
εἶναι τὸ φαίνεσθαι καλὰ ποιοῦν, ἢ τὸ εἶναι.
(Ἱππίας) Τὸ φαίνεσθαι, ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Βαβαῖ, οἴχεται ἄρ' ἡμᾶς διαπεφευγός, ὦ Ἱππία, τὸ καλὸν γνῶναι ὅτι ποτέ
ἐστιν, ἐπειδή γε τὸ πρέπον ἄλλο τι ἐφάνη ὂν ἢ καλόν.
(Ἱππίας) Ναὶ μὰ Δία, ὦ Σώκρατες, καὶ μάλα ἔμοιγε ἀτόπως.
| [294] (294a) (Socrate)
Vois donc. Appelons-nous convenable ce qui fait paraître belles les choses
où il se trouve, ou bien ce qui les rend effectivement belles ? ou
n’est-ce ni l’un ni l’autre ?
(Hippias)
Il me semble que c’est ce qui les fait paraître belles, comme lorsque
quelqu’un, ayant pris un habit ou une chaussure qui lui va bien, parait
plus beau, fût-il d’ailleurs d’un extérieur ridicule.
(Socrate)
Si le convenable fait paraître les choses plus belles qu’elles ne sont,
c’est donc une espèce de tromperie en fait de beauté ; et ce n’est point
ce que nous cherchons, Hippias (294b) ; car nous cherchons ce par quoi les
belles choses sont réellement belles, de même que toutes les choses
grandes sont grandes par une certaine supériorité : c’est en effet par là
qu’elles sont grandes ; et quand même elles ne le paraîtraient pas, s’il
est vrai qu’il s’y trouve de la grandeur, elles sont nécessairement
grandes. De même, le beau, disons-nous, est ce qui rend belles toutes les
belles choses, qu’elles paraissent telles ou non. Évidemment ce n’est
point le convenable, puisque, de ton aveu, il fait paraître les choses
plus belles qu’elles ne sont, au lieu de les faire paraître telles
qu’elles sont. Il nous faut donc essayer, comme je viens de dire, de
découvrir ce qui fait que les belles choses sont belles, qu’elles le
paraissent ou non (294c) ; car si nous cherchons le beau, c’est là ce que
nous cherchons.
(Hippias)
Mais le convenable, Socrate, à la fois rend belles et fait paraître telles
toutes les choses où il se rencontre.
(Socrate)
Il est donc impossible que les objets réellement beaux ne paraissent pas
tels, du moment qu’ils possèdent ce qui les fait paraître beaux ?
(Hippias) Cela est impossible.
(Socrate)
Mais dirons-nous, Hippias, que les lois et les institutions réellement
belles paraissent telles toujours et aux yeux de tout le monde ? ou, tout
au contraire, qu’on n’en connaît pas toujours la beauté, et que c’est un
des principaux sujets de dispute et de querelles, tant entre les
particuliers qu’entre les États ? (294d)
(Hippias)
Il me paraît plus vrai de dire, Socrate, qu’on n’en connaît pas toujours
la beauté.
(Socrate)
Cela n’arriverait pas, cependant, si elles paraissaient ce qu’elles sont ;
et elles le paraîtraient, si le convenable était la même chose que le
beau, et que non seulement il rendit les choses belles, mais les fit
paraître telles. Par conséquent, si le convenable est ce qui rend une
chose réellement belle, il est bien le beau que nous cherchons, et non le
beau qui la fait paraître belle. Si, au contraire, le convenable donne
seulement aux choses l’apparence de la beauté, ce n’est point le beau que
nous cherchons, (294e) car le beau dont il est question rend les choses
réellement belles, et une même chose ne saurait être à la fois une cause
d’illusion et de vérité, soit pour la beauté, soit pour toute autre chose.
Choisissons donc quelle propriété nous donnerons au convenable, de faire
paraître les choses belles, ou de les rendre telles.
(Hippias) A mon avis, Socrate, il les fait paraître belles.
(Socrate)
Dieux ! la connaissance que nous croyions avoir de la nature du beau nous
échappe donc, Hippias, puisque nous jugeons que le convenable est autre
que le beau.
(Hippias) Vraiment oui, Socrate; et cela me parait bien étrange.
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