[981] (981a) Εἰ δ'
ἔχει τοῦτο οὕτως, τό γε πρῶτον ἡμῖν τοῦ πρώτου τῆς γενέσεως πιθανώτερον ἂν
εἴη σχεδὸν ὑπηργμένον· καὶ θῶμεν δὴ τὴν ἀρχὴν τῆς ἀρχῆς εὐσχημονέστερον
ἔχειν, καὶ τῶν μεγίστων σοφίας περὶ θεῶν γενέσεως ὀρθότατα ἐπιβαίνειν
ἡμᾶς.
(ΚΛΕΙΝΙΑΣ)
Ἔστω ταῦτα εἰς δύναμιν λεγόμενα.
(ΑΘΗΝΑΙΟΣ)
Φέρε δή, ζῷόν γε ἀληθέστατα λέγεσθαι κατὰ φύσιν φῶμεν τοῦτό γε, ὅταν μία
συνελθοῦσα σύστασις ψυχῆς καὶ σώματος ἀποτέκῃ μίαν μορφήν;
(ΚΛΕΙΝΙΑΣ)
Ὀρθῶς.
(981b) (ΑΘΗΝΑΙΟΣ)
Ζῷον μὲν δὴ τὸ τοιοῦτον καλεῖται δικαιότατα;
(ΚΛΕΙΝΙΑΣ)
Ναί.
(ΑΘΗΝΑΙΟΣ)
Στερεὰ δὲ σώματα λέγεσθαι χρὴ κατὰ τὸν εἰκότα λόγον πέντε, ἐξ ὧν κάλλιστα
καὶ ἄριστά τις ἂν πλάττοι, τὸ δὲ ἄλλο γένος ἅπαν ἔχει μορφὴν μίαν· οὐ γάρ
ἐστιν ἀσώματον ὅτι τ' ἄλλο γίγνοιτ' ἂν καὶ χρῶμα οὐδὲν οὐδαμῶς οὐδέποτ'
ἔχον, πλὴν τὸ θειότατον ὄντως ψυχῆς γένος. Τοῦτο δ' ἐστὶ σχεδὸν ᾧ μόνῳ
πλάττειν καὶ δημιουργεῖν προσήκει, (981c) σώματι δέ, ὃ λέγομεν, πλάττεσθαι
καὶ γίγνεσθαι καὶ ὁρᾶσθαι· τῷ δέ - λέγωμεν πάλιν· οὐ γὰρ ἅπαξ ῥητέον -
ἀοράτῳ τε εἶναι καὶ γιγνώσκοντι νοητῷ τε, μνήμης μεταλαβόντι λογισμοῦ τε
ἐν περιτταῖς τε καὶ ἀρτίαις ἅμα μεταβολαῖς. Πέντε οὖν ὄντων τῶν σωμάτων,
πῦρ χρὴ φάναι καὶ ὕδωρ εἶναι καὶ τρίτον ἀέρα, τέταρτον δὲ γῆν, πέμπτον δὲ
αἰθέρα, τούτων δ' ἐν ἡγεμονίαις ἕκαστον ζῷον πολὺ καὶ παντοδαπὸν
ἀποτελεῖσθαι. Μαθεῖν δὲ καθ' ἓν ὧδ' ἔστιν χρεών. Γήινον (981d) μὲν τιθῶμεν
τὸ πρῶτον ἡμῖν ἕν, πάντας μὲν ἀνθρώπους, πάντα δὲ ὅσα πολύποδα καὶ ἄποδα,
καὶ ὅσα πορεύσιμα καὶ ὅσα μόνιμα, διειλημμένα ῥίζαις· τὸ δὲ ἓν αὐτοῦ τόδε
νομίζειν δεῖ, ὡς πάντα μὲν ἐξ ἁπάντων ταῦτ' ἔστιν τῶν γενῶν, τὸ δὲ πολὺ
τούτου γῆς ἐστιν καὶ τῆς στερεμνίας φύσεως. Ἄλλο δὲ χρὴ ζῴου γένος θεῖναι
δεύτερον γιγνόμενον ἅμα καὶ δυνατὸν ὁρᾶσθαι· τὸ γὰρ πλεῖστον πυρὸς ἔχει,
ἔχει μὴν γῆς (981e) τε καὶ ἀέρος, ἔχει δὲ καὶ ἁπάντων τῶν ἄλλων βραχέα
μέρη, διὸ δὴ ζῷά τε ἐξ αὐτῶν παντοδαπὰ γίγνεσθαι χρὴ φάναι καὶ ὁρώμενα,
νομίσαι δὲ δὴ δεῖ πάλιν τὰ κατ' οὐρανὸν ζῴων γένη, ὃ δὴ πᾶν χρὴ φάναι
θεῖον γένος ἄστρων γεγονέναι, σώματος μὲν τυχὸν καλλίστου, ψυχῆς δ'
εὐδαιμονεστάτης τε καὶ ἀρίστης.
| [981] (981a) Mais s'il en est ainsi, il est encore plus selon la raison
que le principe de l'existence soit antérieur à tout être existant.
Établissons donc comme une chose plus conforme à l'ordre qu'il y a un
principe de principe, et que nous prenons la route la plus droite pour
nous élever à ce qu'il y a de plus sublime dans la sagesse, c'est-à-dire
l'origine des dieux.
(CLINIAS) Tenons cela pour certain, autant que nous pouvons le comprendre.
(L'ATHÉNIEN) Dis-moi : n'est-ce pas dire une chose très vraie et très
naturelle que d'appeler du nom d'animal ce qui résulte de l'assemblage et
de l'union d'une âme et d'un corps sous une même forme?
(CLINIAS) Oui.
(981b) (L'ATHÉNIEN) C'est donc là la vraie définition de l'animal?
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN) Ajoutons qu'il y a, selon toute vraisemblance, cinq éléments
solides, dont la combinaison peut former les corps les plus beaux et les
plus parfaits. Pour les êtres d'une nature différente, ils ont tous la
même forme. Il n'est pas possible qu'une substance qui n'a rien de
corporel, rien de visible, ne soit pas comprise sous le genre vraiment
divin de l'âme. Or, il n'appartient qu'à une telle substance de former et
de produire; (981c) comme c'est le propre du corps d'être formé, d'être
produit et de tomber sous les sens, au lieu, disons-le de nouveau, car ce
n'est pas assez de le dire une fois, au lieu que la nature de l'autre
substance est d'être invisible, de connaître et d'être connu, de se
ressouvenir et de raisonner, suivant diverses combinaisons de nombres
pairs et impairs. Il y a donc cinq corps élémentaires, savoir: le feu
et l'eau, le troisième, l'air, le quatrième, la terre, et le cinquième
l'éther ; et selon que l'un ou l'autre de ces éléments domine, il se forme
une multitude d'animaux différents. Pour le mieux comprendre, considérons
chaque espèce dans son unité. Prenons (981d) pour première unité l'espèce
terrestre, qui comprend tous les hommes, tous les animaux à plusieurs
pieds et sans pieds, tous ceux qui se meuvent en avant, et ceux qui sont immobiles
et attachés par des racines. Il faut entendre ici par unité d'espèce qu'il y
a de toutes les espèces dans celle-là, mais que l'élément dominant est la
terre et le solide. Dans la seconde espèce, il faut placer d'autres
animaux, dont la nature est tout à la fois d'être produits et de tomber
sous le sens de la vue. Ceux-ci tiennent principalement du feu; mais il y
entre aussi de petites parcelles de terre, d'air (981e) et des autres
éléments. De ce mélange il résulte une infinité d'animaux différents entre
eux, et tous visibles. Il faut croire que ces animaux sont ceux que nous
voyons dans la voûte céleste, et dont la réunion forme l'espèce divine des
astres, qui sont doués du corps le plus beau et de l'âme la plus heureuse
et la plus parfaite.
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