[982] Δυοῖν δὲ αὐτοῖς μοιρῶν τὴν ἑτέραν χρὴ δόξῃ
μεταδιδόναι σχεδόν· ἢ γὰρ ἀνώλεθρόν τε καὶ ἀθάνατον (982a) ἕκαστον αὐτῶν
εἶναι καὶ θεῖον τὸ παράπαν ἐξ ἁπάσης ἀνάγκης, ἤ τινα μακραίωνα βίον ἔχειν
ἱκανὸν ἑκάστῳ ζωῆς, ἧς οὐδέν τι πλείονος ἂν προσδεῖσθαί ποτε.
Νοήσωμεν οὖν πρῶτον, ὃ λέγομεν, δύο τὰ τοιαῦτα εἶναι ζῷα - πάλιν γὰρ
λέγωμεν - ὁρατὰ μὲν ἀμφότερα, τὸ μὲν ἐκ πυρός, ὡς δόξειεν ἄν, ὅλον, τὸ δ'
ἐκ γῆς, καὶ τὸ μὲν γήινον ἐν ἀταξίᾳ, τὸ δ' ἐκ πυρὸς ἐν τάξει πάσῃ
κινούμενον. Τὸ μὲν οὖν ἐν ἀταξίᾳ κινούμενον ἄφρον χρὴ νομίζειν, ὅπερ ὡς τὸ
(982b) πολὺ δρᾷ τὸ περὶ ἡμᾶς ζῷον, τὸ δὲ ἐν τάξει τε καὶ οὐρανῷ πόρον ἔχον
μέγα τεκμήριον χρὴ ποιεῖσθαι τοῦ φρόνιμον εἶναι· κατὰ ταὐτὰ γὰρ ἂν καὶ
ὡσαύτως πορευόμενον ἀεὶ καὶ ποιοῦν καὶ πάσχον τεκμήριον ἱκανὸν τοῦ
φρονίμως ζῆν εἴη παρεχόμενον. Ἡ ψυχῆς δὲ ἀνάγκη νοῦν κεκτημένης ἁπασῶν
ἀναγκῶν πολὺ μεγίστη γίγνοιτ' ἄν - ἄρχουσα γὰρ ἀλλ' οὐκ ἀρχομένη νομοθετεῖ
- τὸ δὲ ἀμετάστροφον, ὅταν ψυχὴ τὸ (982c) ἄριστον κατὰ τὸν ἄριστον
βουλεύσηται νοῦν, τὸ τέλεον ἐκβαίνει τῷ ὄντι κατὰ νοῦν, καὶ οὐδὲ ἀδάμας ἂν
αὐτοῦ κρεῖττον οὐδὲ ἀμεταστροφώτερον ἄν ποτε γένοιτο, ἀλλ' ὄντως τρεῖς
Μοῖραι κατέχουσαι φυλάττουσι τέλεον εἶναι τὸ βελτίστῃ βουλῇ βεβουλευμένον
ἑκάστοις θεῶν. Τοῖς δὲ ἀνθρώποις ἐχρῆν τεκμήριον εἶναι τοῦ νοῦν ἔχειν
ἄστρα τε καὶ σύμπασαν ταύτην τὴν διαπορείαν, ὅτι τὰ αὐτὰ ἀεὶ πράττει διὰ
τὸ βεβουλευμένα πάλαι πράττειν θαυμαστόν τινα χρόνον (982d) ὅσον, ἀλλ' οὐ
μεταβουλευόμενον ἄνω καὶ κάτω, τοτὲ μὲν ἕτερα, ἄλλοτε δὲ ἄλλα πρᾶττον,
πλανᾶσθαί τε καὶ μετακυκλεῖσθαι. Τοῦθ' ἡμῶν τοῖς πολλοῖς αὐτὸ τοὐναντίον
ἔδοξεν, ὅτι τὰ αὐτὰ καὶ ὡσαύτως πράττει, ψυχὴν οὐκ ἔχειν· οὕτω τοῖς ἄφροσι
συνεφέσπετο τὸ πλῆθος, ὡς τὸ μὲν ἀνθρώπινον ἔμφρον καὶ ζῶν ὡς κινούμενον
ὑπολαβεῖν, τὸ δὲ θεῖον ἄφρον ὡς μένον ἐν ταῖς αὐταῖς φοραῖς· ἐξῆν δὲ
ἀνθρώπῳ γε ἐπὶ (982e) τὰ καλλίω καὶ βελτίω καὶ φίλα τιθεμένῳ λαμβάνειν ὡς
διὰ τοῦτο αὐτὸ ἔμφρον δεῖ νομίζειν τὸ κατὰ ταὐτὰ καὶ ὡσαύτως καὶ διὰ ταὐτὰ
πρᾶττον ἀεί, τοῦτο δ' εἶναι τὴν τῶν ἄστρων φύσιν, ἰδεῖν μὲν καλλίστην,
πορείαν δὲ καὶ χορείαν πάντων χορῶν καλλίστην καὶ μεγαλοπρεπεστάτην
χορεύοντα πᾶσι τοῖς ζῶσι τὸ δέον ἀποτελεῖν.
| [982] Quant à leur destinée, on ne peut leur refuser ou une
existence incorruptible, immortelle (982a) et tout à fait divine, ou une
vie si longue et tellement suffisante à chacun d'eux qu'ils n'aient point
à souhaiter de vivre plus longtemps.
Mais d'abord concevons bien la nature de ces deux espèces d'animaux. Pour
le dire donc une seconde fois, l'une et l'autre est visible; celle-ci, à
n'en juger que sur les apparences, est toute de feu; celle-là toute de
terre. L'espèce terrestre se meut sans aucune règle; l'espèce ignée, au
contraire, a ses mouvements réglés avec un ordre admirable. Mais tout ce
qui se meut sans aucun ordre doit être regardé comme dépourvu de raison ;
et tels sont, en effet, (982b) presque tous les animaux terrestres; au
lieu que l'ordre qui règne dans la marche des animaux célestes est une
grande preuve qu'ils ont la raison en partage. Car, comme ils suivent
toujours la même direction avec la même vitesse, qu'ils font et souffrent
toujours les mêmes choses, c'est un motif suffisant pour conclure que leur
vie est dirigée par la raison. La nécessité qui domine une âme intelligente
est la plus forte de toutes les nécessités,
puisque c'est par ses lois et non par celles d'autrui qu'une
telle âme gouverne; et lorsque, prenant conseil d'une intelligence
excellente, elle se détermine à ce qu'il y a de meilleur, (982c) alors ce
qu'elle a voulu s'exécute irrévocablement selon les décisions de son
intelligence : le diamant même n'a pas plus de solidité ni de consistance,
et l'on peut dire avec vérité que les trois Parques maintiennent et
garantissent l'exécution parfaite de ce que chacun des dieux a résolu
après la plus sage délibération. D'où il suit que les hommes devaient
considérer comme un signe de l'intelligence qui anime les astres et
préside à toutes les révolutions célestes la constance avec laquelle
s'exécutent leurs mouvements, parce que d'antiques décrets les ont
déterminés depuis un temps (982d) presque infini, et ne leur permet tout
le moindre changement ni dans la direction ni dans l'ordre de leur marche.
Tout au contraire, quelques hommes, en voyant les astres faire toujours
les mêmes choses et de la même manière, ont cru par cela même que les
astres n'avaient point d'âme. La multitude a suivi ces insensés, en sorte
qu'elle a attaché la raison et la vie à ce qui est humain parce qu'il se
meut comme il lui plaît, et qu'elle a privé d'intelligence ce qui est
divin parce qu'il persévère toujours dans le même mouvement. Il était
permis à l'homme de s'élever à une conception (982e) plus belle, plus
juste et plus agréable aux dieux, et de comprendre que ce qu'il faut
reconnaître comme doué d'intelligence, c'est précisément ce qui fait
toujours les mêmes choses, suivant les mêmes règles, de la même manière.
Tels sont les astres si beaux à voir, et dont la marche et les mouvements
harmonieux surpassent tous les chœurs en majesté et magnificence, tandis
qu'ils satisfont en même temps aux besoins de tous les animaux.
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