[989] (989a) τὴν δὲ σοφίαν ταύτην, ἣν ζητοῦμεν πάλαι,
ἴδωμεν ἄν ποτ' ἄρα ἐπινοήσωμεν ἢ κατὰ παιδείαν ἢ κατὰ τέχνην, ἥντινα τοῦ
γιγνώσκειν ἐνδεεῖς ὄντες τῶν δικαίων, ἀγνώμονες ἂν εἶμεν ὄντες τοιοῦτοι.
Δοκοῦμεν δή μοι, καὶ λεκτέον· ἄνω γὰρ καὶ κάτω ζητῶν ᾗ μοι καταφανὴς
γέγονεν, πειράσομαι δήλην ὑμῖν αὐτὴν ἀποτελεῖν. Τὸ δὴ μέγιστον ἀρετῆς οὐ
καλῶς πραττόμενον ἡμῖν γέγονεν αἴτιον, ὡς ἄρτι σημαίνειν ἐκ τῶν (989b)
εἰρημένων μοι σφόδρα δοκεῖ. Μεῖζον μὲν γὰρ ἀρετῆς μηδεὶς ἡμᾶς ποτε πείσῃ
τῆς εὐσεβείας εἶναι τῷ θνητῷ γένει· τοῦτο δ' ὅτι δι' ἀμαθίαν τὴν μεγίστην
ἐν ταῖς ἀρίσταις φύσεσιν οὐ γέγονεν, λεκτέον. Ἄρισται δ' εἰσὶν αἱ
χαλεπώτατα μὲν ἂν γενόμεναι, μέγιστον δὲ ὄφελος, ἂν γίγνωνται· τά τε γὰρ
τῆς βραδείας τε καὶ τῆς ἐναντίας φύσεως μετρίως ἀποδεχομένη ψυχὴ καὶ
πρᾴως, εὔκολος ἂν εἴη, τήν τε ἀνδρείαν ἀγαμένη, καὶ πρὸς τὸ σωφρονεῖν
εὐπειθής, καὶ τό γε μέγιστον, ἐν (989c) ταύταις ταῖς φύσεσιν δυναμένη
μανθάνειν καὶ μνήμων οὖσα, εὖ μάλα χαίρειν τούτοις αὐτοῖς δύναιτ' ἂν
φιλομαθὴς ὥστ' εἶναι. Ταῦτα γὰρ οὔτε ῥᾴδια φύεσθαι, γενόμενά τε, καὶ
τροφῆς καὶ παιδείας τυχόντα ἧς δεῖ, τοὺς πλείστους αὐτῶν καὶ χείρους
κατέχειν ὀρθότατα δύναιτ' ἂν τῷ φρονεῖν καὶ πράττειν καὶ λέγειν περὶ θεοὺς
ἕκαστα ὡς δεῖ τε καὶ ὅτε δεῖ, περὶ θυσίας τε καὶ καθαρμοὺς τῶν περὶ θεούς
τε καὶ ἀνθρώπους, οὐ σχήμασι τεχνάζοντας, ἀλλὰ ἀληθείᾳ τιμῶντας (989d)
ἀρετήν, ὃ δὴ καὶ μέγιστόν ἐστι συμπάντων πάσῃ τῇ πόλει. Τοῦτο δὴ οὖν τὸ
μέρος εἶναί φαμεν φύσει κυριώτατον καὶ δυνατὸν ὡς οἷόν τε κάλλιστα καὶ
ἄριστα μαθεῖν, εἰ διδάσκοι τις. Ἀλλ' οὐδ' ἂν διδάξειεν, εἰ μὴ θεὸς
ὑφηγοῖτο· εἰ τ' οὖν διδάσκοι, κατὰ τρόπον δὲ μὴ δρῷ τὸ τοιοῦτον, κρεῖττον
μὴ μανθάνειν. Ὅμως δ' ἐκ τῶν νῦν λεγομένων ἀνάγκη μαθεῖν ταῦτα καὶ ἐμὲ
λέγειν τὴν τοιαύτην τε καὶ ἀρίστην φύσιν. (989e) Πειρώμεθα δὴ τῷ τε λόγῳ
διεξελθεῖν ἅ τ' ἐστὶν καὶ οἷα καὶ ὡς δεῖ μανθάνειν,
| [989] (989a) Mais voyons si cette sagesse qui fait
depuis si longtemps l'objet de nos recherches est attachée à une science
ou à un art que nous ne puissions ignorer, sans ignorer aussi ce que c'est
que la justice. Je crois qu'il en est ainsi, et là-dessus voici ma pensée
: après de longues et pénibles recherches, la sagesse s'est montrée à moi,
et je vais essayer de vous la faire voir telle que je l'ai vue. Par tout
ce qui vient d'être dit, (989b) je crois avoir fait entendre que la cause
de notre ignorance est que nous pratiquons mal ce qui fait comme l'essence
de la vertu (je parle de la piété envers les dieux), et gardons-nous bien
de croire qu'il y ait une partie plus essentielle de la vertu que les
mortels doivent lui préférer. Il faut expliquer comment par la plus
grossière ignorance elle ne s'est pas trouvée dans les plus excellents
naturels. J'appelle excellents naturels ceux qui se forment très
difficilement, mais dont on peut se promettre les plus grands biens,
lorsqu'ils sont formés. En effet, il faut un certain tempérament de
lenteur et de vivacité, afin qu'une âme soit douce et en même temps
qu'elle aime le courage, et soit docile aux leçons de la tempérance. Ce
qui est aussi très important, (989c) c'est qu'elle joigne à ces qualités
de la disposition pour les sciences et une mémoire aisée qui lui fassent
trouver du plaisir à l'étude, afin qu'elle s'y porte avec ardeur. Autant
ces naturels sont rares, autant, lorsqu'ils existent, et qu'ils ont
reçu la culture et l'éducation nécessaires, ils sont propres à maintenir
dans le devoir la foule des caractères moins distingués, parce qu'en toute
circonstance ils pensent, ils font et ils disent à l'égard des dieux ce
qu'il y a de mieux, éloignés de toute ostentation de piété dans les
sacrifices et les expiations qui ont pour objet les dieux ou les hommes,
et rendant un hommage sincère à (989d) la vertu, ce qui est le plus grand
de tous les avantages pour l'État. Je dis donc que ces naturels ont les
meilleures dispositions à apprendre parfaitement, pourvu que quelqu'un
leur serve de maître. Mais nul ne peut enseigner que sous la direction de
Dieu; de manière que si celui qui veut enseigner ne s'y prenait pas comme
il faut, il vaudrait mieux ne rien apprendre de lui. Cependant, suivant ce
que nous disons, c'est une nécessité pour ces heureux naturels d'apprendre
la sagesse comme pour moi de l'enseigner. (989e) Tâchons donc d'expliquer,
selon mes lumières
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