[988] (988a)
πολλὴ δ' ἐλπὶς ἅμα καὶ καλὴ κάλλιον καὶ δικαιότερον ὄντως τῆς ἐκ τῶν
βαρβάρων ἐλθούσης φήμης τε ἅμα καὶ θεραπείας πάντων τούτων τῶν θεῶν
ἐπιμελήσεσθαι τοὺς Ἕλληνας, παιδείαις τε καὶ ἐκ Δελφῶν μαντείαις χρωμένους
καὶ πάσῃ τῇ κατὰ νόμους θεραπείᾳ. Τόδε δὲ μηδείς ποτε φοβηθῇ τῶν Ἑλλήνων,
ὡς οὐ χρὴ περὶ τὰ θεῖά ποτε πραγματεύεσθαι θνητοὺς ὄντας, πᾶν δὲ τούτῳ
διανοηθῆναι τοὐναντίον, ὡς οὔτε ἄφρον ἐστίν ποτε τὸ θεῖον οὔτε ἀγνοεῖ
(988b) που τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν, ἀλλ' οἶδεν ὅτι διδάσκοντος αὐτοῦ
συνακολουθήσει καὶ μαθήσεται τὰ διδασκόμενα. Ὅτι δὲ διδάσκει τοῦτο αὐτὸ
ἡμᾶς, μανθάνομεν δὲ ἡμεῖς ἀριθμόν τε καὶ ἀριθμεῖν, οἶδεν δήπου. Πάντων γὰρ
ἀφρονέστατον ἂν εἴη τοῦτο ἀγνοοῦν· τὸ λεγόμενον γὰρ ἂν ὄντως αὐτὸ αὑτὸ
ἀγνοοῖ, χαλεπαῖνον τῷ δυναμένῳ μανθάνειν, ἀλλ' οὐ συγχαῖρον ἄνευ φθόνου
διὰ θεὸν ἀγαθῷ γενομένῳ. Λόγον δὴ καὶ πολὺν καὶ (988c) καλὸν ἔχει, τότε
μέν, ὅτε περὶ θεῶν ἦν ἀνθρώποις διανοήματα πρῶτα, ὥς τε ἐγένοντο οἷοί τε
ἐγίγνοντο καὶ ὁ μὲν καὶ οἵας μετεχειρίζοντο πράξεις, μὴ κατὰ νοῦν τοῖς
σώφροσιν λέγεσθαι μηδὲ φίλως, μηδ' ὡς οἱ δεύτεροι, ἐν οἷς πρεσβύτατα μὲν
τὰ πυρὸς ἐλέγετο καὶ ὕδατος καὶ τῶν ἄλλων σωμάτων, ὕστερα δὲ τὰ τῆς
θαυμαστῆς ψυχῆς, καὶ φορὰ κρείττων καὶ τιμιωτέρα, ἣν σῶμα εἴληχεν φέρειν
αὐτό τε ἑαυτὸ θερμότητι καὶ ψύξεσιν καὶ πᾶσιν τοῖς τοιούτοις, ἀλλ' οὐ ψυχὴ
σῶμά τε καὶ ἑαυτήν· (988d) νῦν δ' ὅτε λέγομεν ψυχὴν μέν, ἄνπερ ἐν σώματι
γένηται, θαῦμα οὐδὲν κινεῖν τε καὶ περιφέρειν τοῦτο καὶ ἑαυτήν, οὐδ' ἡμῖν
ἀπιστεῖ ψυχὴ κατὰ λόγον οὐδένα ὡς βάρος οὐδὲν περιφέρειν δυναμένη. Διὸ καὶ
νῦν ἡμῶν ἀξιούντων, ψυχῆς οὔσης αἰτίας τοῦ ὅλου, καὶ πάντων μὲν τῶν ἀγαθῶν
ὄντων τοιούτων, τῶν δὲ αὖ φλαύρων τοιούτων ἄλλων, τῆς μὲν φορᾶς πάσης
(988e) καὶ κινήσεως ψυχὴν αἰτίαν εἶναι θαῦμα οὐδέν, τὴν δ' ἐπὶ τἀγαθὸν
φορὰν καὶ κίνησιν τῆς ἀρίστης ψυχῆς εἶναι, τὴν δ' ἐπὶ τοὐναντίον ἐναντίαν,
νενικηκέναι δεῖ καὶ νικᾶν τὰ ἀγαθὰ τὰ μὴ τοιαῦτα.
Ταῦτα ἡμῖν εἴρηται πάντα κατὰ τὴν τῶν ἀνοσίων τιμωρὸν (δὲ) δίκην· περὶ δὲ
δὴ τὸ δοκιμαζόμενον οὐχ οἷόν τε ἡμῖν ἀπιστεῖν ὡς οὐ δεῖ τόν γε ἀγαθὸν
σοφὸν ἡμᾶς ἡγεῖσθαι,
| [988] (988a) il y a tout lieu d'espérer que les Grecs, vu leur
éducation, le secours qu'ils peuvent tirer de l'oracle de Delphes, et leur
fidélité à observer les lois, rendront à tous ces dieux un culte
réellement plus excellent et plus raisonnable que le culte et les
traditions venus des Barbares. Il ne faut pas non plus qu'aucun Grec soit
arrêté par la crainte qu'il ne convient point
à des hommes mortels de faire des recherches sur les choses divines : nous
devons même entrer dans des sentiments contraires; car Dieu n'étant point
dépourvu de raison, et n'ignorant (988b) pas la portée de l'intelligence
humaine, sait très bien qu'elle est capable, lorsque c'est lui qui
enseigne, de suivre ses leçons et d'apprendre ce qui lui est enseigné. Et
sans doute il sait aussi que c'est lui qui nous enseigne les nombres et
l'art de compter, et que nous l'apprenons de lui. S'il méconnaissait cela,
il serait le plus insensé de tous les êtres; car en ce cas il se
méconnaîtrait lui-même, comme on dit, s'offensant de ce que l'homme
apprenne ce qu'il peut apprendre, au lieu de se réjouir avec lui sans
envie de ce qu'il travaille à se perfectionner, avec le secours de Dieu.
Ce serait la matière d'un long (988c) et beau discours, de montrer que les
premières idées que les hommes exposèrent sur l'origine des dieux, leur
nature et la qualité de leurs actions, ne furent ni raisonnables ni dignes
du sujet; non plus que les systèmes de ceux qui vinrent après, et
prétendirent que le feu, l'eau et les autres éléments ont existé avant
tout le reste, et que la merveille de l'âme est d'un temps postérieur ;
que le principal et le plus excellent des mouvements est celui que les
corps ont reçu en partage et par lequel ils se meuvent eux-mêmes, se
communiquant le chaud, le froid et les autres qualités semblables; au lieu
de dire que l'âme est le principe de son mouvement et de celui des corps.
(988d) Mais aujourd'hui, lorsque nous soutenons que l'âme étant dans un
corps, il n'est point étonnant qu'elle le meuve et le transporte avec
elle, notre esprit ne trouve aucune difficulté à le croire, comme si elle
n'avait pas la force de transporter un fardeau. C'est pourquoi, dans notre
sentiment, l'âme étant la cause première de cet univers, et tous les biens
étant d'une certaine nature, et tous les maux d'une nature différente,
il n'y a rien de surprenant que l'âme soit le principe de toute (988e)
tendance, de tout mouvement, que la
tendance et le mouvement vers le bien viennent de la bonne âme, et le
mouvement vers le mal de la mauvaise, et qu'il faille que le bien l'ait
toujours emporté et l'emporte sur le mal. Nous ne disons rien en cela que
n'approuve la justice qui doit tirer vengeance des impies. Il ne nous est
pas permis non plus de révoquer en doute ce principe, que l'homme de bien
mérite le titre de sage.
|