[145] ἑνὶ δὲ λόγῳ, ὅσα δή ποτε ἡ (145a) πόλις πράττει πρὸς ἄλλην πόλιν
ἢ αὐτὴ καθ´ αὑτήν, ἀπὸ τῆς τῶν ῥητόρων συμβουλῆς πάντα γίγνεται.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ λέγεις.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὅρα τοίνυν καὶ τὰ ἐπὶ τούτοις.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἂν δυνηθῶ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καλεῖς γὰρ δήπου φρονίμους τε καὶ ἄφρονας;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔγωγε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν τοὺς μὲν πολλοὺς ἄφρονας, τοὺς δ´ ὀλίγους φρονίμους;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὕτως.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν πρός τι ἀποβλέπων ἀμφοτέρους;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(145b) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἆρ´ οὖν τὸν τοιοῦτον συμβουλεύειν εἰδότα, χωρὶς
τοῦ πότερον βέλτιον καὶ ὅτε βέλτιον, φρόνιμον καλεῖς;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ δῆτα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐδέ γε οἶμαι ὅστις τὸ πολεμεῖν αὐτὸ οἶδε χωρὶς
τοῦ ὁπότε βέλτιον καὶ τοσοῦτον χρόνον ὅσον βέλτιον. ἦ γάρ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν οὐδὲ εἴ τίς τινα ἀποκτεινύναι οἶδεν οὐδὲ
χρήματα ἀφαιρεῖσθαι καὶ φυγάδα ποιεῖν τῆς πατρίδος, χωρὶς
τοῦ ὁπότε βέλτιον καὶ ὅντινα βέλτιον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ μέντοι.
(145c) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὅστις ἄρα τι τῶν τοιούτων οἶδεν, ἐὰν μὲν παρέπηται
αὐτῷ ἡ τοῦ βελτίστου ἐπιστήμη - αὕτη δ´ ἦν ἡ αὐτὴ δήπου
ἥπερ καὶ ἡ τοῦ ὠφελίμου· ἦ γάρ; -
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Φρόνιμον δέ γε αὐτὸν φήσομεν καὶ ἀποχρῶντα σύμβουλον
καὶ τῇ πόλει καὶ αὐτὸν αὑτῷ· τὸν δὲ μὴ τοιοῦτον
τἀναντία τούτων. ἢ πῶς δοκεῖ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐμοὶ μὲν οὕτως.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δ´ εἴ τις ἱππεύειν ἢ τοξεύειν οἶδεν, ἢ αὖ πυκτεύειν
ἢ παλαίειν ἤ τι τῆς ἄλλης ἀγωνίας ἢ καὶ ἄλλο τι
(145d) τῶν τοιούτων ὅσα τέχνῃ οἴδαμεν, τί καλεῖς ὃς ἂν εἰδῇ τὸ
κατὰ ταύτην τὴν τέχνην βέλτιον γιγνόμενον; ἆρ´ οὐ τὸν
κατὰ τὴν ἱππικὴν ἱππικόν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔγωγε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τὸν δέ γε οἶμαι κατὰ τὴν πυκτικὴν πυκτικόν, τὸν
δὲ κατ´ αὐλητικὴν αὐλητικόν, καὶ τἆλλα δήπου ἀνὰ λόγον
τούτοις· ἢ ἄλλως πως;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὔκ, ἀλλ´ οὕτως.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Δοκεῖ οὖν σοι ἀναγκαῖον εἶναι τὸν περὶ τούτων τι
ἐπιστήμονα ὄντα ἄρα καὶ ἄνδρα φρόνιμον εἶναι, ἢ πολλοῦ
(145e) φήσομεν ἐνδεῖν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πολλοῦ μέντοι νὴ Δία.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ποίαν οὖν οἴει πολιτείαν εἶναι τοξοτῶν τε ἀγαθῶν
καὶ αὐλητῶν, ἔτι δὲ καὶ ἀθλητῶν τε καὶ τῶν ἄλλων τεχνιτῶν,
ἀναμεμειγμένων δ´ ἐν τούτοις οὓς ἄρτι εἰρήκαμεν τῶν
τε αὐτὸ τὸ πολεμεῖν εἰδότων καὶ αὐτὸ τὸ ἀποκτεινύναι, πρὸς
δὲ καὶ ἀνδρῶν ῥητορικῶν πολιτικὸν φύσημα φυσώντων,
ἁπάντων δὲ τούτων ὄντων ἄνευ τῆς τοῦ βελτίστου ἐπιστήμης καὶ τοῦ εἰδότος,
| [145] en un mot toutes les mesures que l’État prend à l’égard d’un autre État
ou pour lui-même sont toujours prises sur les conseils des orateurs.
(ALCIBIADE)
C’est vrai.
(SOCRATE)
Considère maintenant ce qui suit.
(ALCIBIADE)
Si j’en suis capable.
(SOCRATE)
Il y a bien, n’est-ce pas, des gens que tu appelles insensés et d’autres sensés ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Et les insensés sont le grand nombre, et les sensés le petit nombre ?
(ALCIBIADE)
C’est exact.
(SOCRATE)
Et tu as un motif en vue pour qualifier ainsi les uns et les autres ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Alors est-ce l’homme qui sait conseiller, sans savoir ce qui vaut mieux et à
quel moment cela vaut mieux, que tu appelles sensé ?
(ALCIBIADE)
Non certes.
(SOCRATE)
Ce n’est pas non plus, je pense, celui qui sait ce qu’est la guerre en
elle-même, sans savoir quand et combien de temps il est meilleur de la faire,
n’est-ce pas ?
(ALCIBIADE)
Non.
(SOCRATE)
Ni non plus celui qui sait tuer un homme, ou lui ravir ses biens, ou le faire
exiler de son pays, sans savoir quand et envers qui il est meilleur d’agir ainsi ?
(ALCIBIADE)
Non, assurément.
(SOCRATE)
Alors c’est un homme qui sait faire quelqu’une de ces choses à la condition
qu’il ait en même temps la connaissance du bien, et cette connaissance est la
même certainement que celle de l’utile, n’est-ce pas ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Celui-là, nous dirons qu’il est sensé et qu’il est compétent pour conseiller à
la fois la république et lui-même. Autrement, nous en dirons le contraire. Qu’en
penses-tu ?
(ALCIBIADE)
Je pense comme toi.
(SOCRATE)
CHAPITRE IX. — Et que dirons-nous d’un homme qui sait monter à cheval ou tirer
de l’arc, ou encore boxer ou lutter, ou qui excelle dans quelque autre sport ou dans
quelque autre chose que nous connaissons par un art ? Comment appelles-tu celui
qui sait ce qui se fait de bien dans cet art ? N’appelles-tu pas bon cavalier
celui qui est habile dans l’art de l’équitation ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et celui qui s’entend au pugilat, je suppose, tu l’appelles bon boxeur, et celui
qui connaît l’art de jouer de la flûte bon flûtiste et tu fais de même, je
présume, pour les autres arts ; ou bien fais-tu différemment ?
(ALCIBIADE)
Non, mais comme tu dis.
(SOCRATE)
Cela étant, te paraît-il que celui qui est savant dans l’un de ces arts, soit
forcément aussi un homme sensé, ou dirons-nous qu’il s’en faut de beaucoup ?
(ALCIBIADE)
Oui, de beaucoup, par Zeus.
(SOCRATE)
Que penses-tu que serait un État composé d’archers et de joueurs de flûte
habiles et aussi d’athlètes et d’artisans de toute sorte, avec lesquels seraient
mêlés les gens dont nous parlions tout à l’heure, qui s’entendent à faire la
guerre et à mettre à mort, et aussi des orateurs gonflés de leurs talents
politiques, si tous ces gens-là étaient dépourvus de la connaissance du bien
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