HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Deuxième Alcibiade (dialogue complet)

Page 143

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[143] (143a) Ζεῦ βασιλεῦ, τὰ μὲν ἐσθλά, φησί, καὶ εὐχομένοις καὶ ἀνεύκτοις ἄμμι δίδου, τὰ δὲ δειλὰ καὶ εὐχομένοις ἀπαλέξειν κελεύει. ἐμοὶ μὲν οὖν καλῶς δοκεῖ καὶ ἀσφαλῶς λέγειν ποιητής· σὺ δ´ εἴ τι ἐν νῷ ἔχεις πρὸς ταῦτα, μὴ σιώπα. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Χαλεπόν, Σώκρατες, ἐστὶν ἀντιλέγειν πρὸς τὰ καλῶς εἰρημένα· ἐκεῖνο δ´ οὖν ἐννοῶ, ὅσων κακῶν αἰτία ἄγνοια τοῖς ἀνθρώποις, ὁπότε, ὡς ἔοικε, λελήθαμεν ἡμᾶς (143b) αὐτοὺς διὰ ταύτην καὶ πράττοντες καὶ τό γε ἔσχατον εὐχόμενοι ἡμῖν αὐτοῖς τὰ κάκιστα. ὅπερ οὖν οὐδεὶς ἂν οἰηθείη, ἀλλὰ τοῦτό γε πᾶς ἂν οἴοιτο ἱκανὸς εἶναι, αὐτὸς αὑτῷ τὰ βέλτιστα εὔξασθαι, ἀλλ´ οὐ τὰ κάκιστα. τοῦτο μὲν γὰρ ὡς ἀληθῶς κατάρᾳ τινὶ ἀλλ´ οὐκ εὐχῇ ὅμοιον ἂν εἴη. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλ´ ἴσως, βέλτιστε, φαίη ἄν τις ἀνήρ, ὃς ἐμοῦ τε καὶ σοῦ σοφώτερος ὢν τυγχάνοι, οὐκ ὀρθῶς ἡμᾶς (143c) λέγειν, οὕτως εἰκῇ ψέγοντας ἄγνοιαν, εἴ γε μὴ προσθείημεν τὴν ἔστιν ὧν τε ἄγνοιαν καὶ ἔστιν οἷς καὶ ἔχουσί πως ἀγαθόν, ὥσπερ ἐκείνοις κακόν. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πῶς λέγεις; ἔστι γὰρ ὁτιοῦν πρᾶγμα ὅτῳ δὴ ὁπωσοῦν ἔχοντι ἄμεινον ἀγνοεῖν γιγνώσκειν; (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ· σοὶ δ´ οὔ; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ μέντοι μὰ Δία. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ ἐκεῖνό σου καταγνώσομαι, ἐθέλειν ἄν σε πρὸς τὴν ἑαυτοῦ μητέρα διαπεπρᾶχθαι ἅπερ Ὀρέστην φασὶ καὶ τὸν Ἀλκμέωνα καὶ εἰ δή τινες ἄλλοι ἐκείνοις (143d) τυγχάνουσι ταὐτὰ διαπεπραγμένοι. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εὐφήμει πρὸς Διός, Σώκρατες. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὔτοι τὸν λέγοντα, Ἀλκιβιάδη, ὡς οὐκ ἂν ἐθέλοις σοι ταῦτα πεπρᾶχθαι, εὐφημεῖν δεῖ σε κελεύειν, ἀλλὰ μᾶλλον πολύ, εἴ τις τὰ ἐναντία λέγοι, ἐπειδὴ οὕτω σοι δοκεῖ σφόδρα δεινὸν εἶναι τὸ πρᾶγμα, ὥστ´ οὐδὲ ῥητέον εἶναι οὕτως εἰκῇ. δοκεῖς δ´ ἂν τὸν Ὀρέστην, εἰ ἐτύγχανε φρόνιμος ὢν καὶ εἰδὼς ὅτι βέλτιστον ἦν αὐτῷ πράττειν, τολμῆσαι ἄν τι τούτων διαπράξασθαι; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ δῆτα. (143e) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐδέ γε ἄλλον οἶμαι οὐδένα. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ μέντοι. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Κακὸν ἄρα, ὡς ἔοικεν, ἐστὶν τοῦ βελτίστου ἄγνοια καὶ τὸ ἀγνοεῖν τὸ βέλτιστον. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καὶ ἐκείνῳ καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φημί. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἔτι τοίνυν καὶ τόδε ἐπισκεψώμεθα· εἴ σοι αὐτίκα μάλα παρεσταίη, οἰηθέντι βέλτιον εἶναι, Περικλέα τὸν σεαυτοῦ ἐπίτροπόν τε καὶ φίλον, [143] « Roi Zeus, dit-il, accorde-nous les biens, que nous t’en priions ou ne t’en priions pas, et éloigne de nous les maux, quand même nous les demanderions. » Ce langage du poète me paraît, à moi, beau et sûr. Pour toi, si tu as quelque chose à y redire, ne garde pas le silence. (ALCIBIADE) CHAPITRE VI. — Il est malaisé, Socrate, de contredire ce qui est bien dit. Cependant je songe à une chose, c’est le nombre de maux que l’ignorance cause aux hommes, lorsque, comme il paraît, elle nous fait faire, à notre insu, et, ce qui est le comble, nous fait demander aux dieux les choses les plus funestes. Personne ne s’en doute et tout le monde se croit en état de demander aux dieux pour lui-même les plus grands biens, mais non les plus grands maux, car cela ressemblerait vraiment à une imprécation et non à une prière. (SOCRATE) Mais peut-être, excellent Alcibiade, un homme plus sage que toi et moi dirait que nous avons tort de blâmer ainsi l’ignorance à la légère, sans ajouter que c’est l’ignorance de certaines choses, et que c’est un bien pour certaines personnes dans certaines conditions, comme c’est un mal pour ceux dont nous avons parlé. (ALCIBIADE) Comment dis-tu ? Peut-il donc y avoir une chose qu’il soit meilleur d’ignorer que de connaître, quel que soit l’état où l’on se trouve ? (SOCRATE) Je le crois pour ma part, et toi, ne le crois-tu pas ? (ALCIBIADE) Non certes, par Zeus. (SOCRATE) Assurément je ne t’accuserai pas de vouloir faire à ta mère ce qui firent, dit-on, à la leur Oreste et Alcméon et d’autres qui ont commis les mêmes crimes. (ALCIBIADE) Au nom de Zeus, parle mieux, Socrate. (SOCRATE) Ce n’est pas, Alcibiade, à celui qui déclare que tu ne voudrais pas commettre un pareil acte que tu dois dire de parler mieux ; c’est bien plutôt à celui qui dirait le contraire, puisque l’acte te semble si abominable qu’il ne faut même pas le nommer à la légère. Mais crois-tu qu’Oreste, s’il avait été dans son bon sens et s’il avait su quelle était pour lui la meilleure conduite à tenir, aurait osé rien faire de ce qu’il fit ? (ALCIBIADE) Non certes. (SOCRATE) Ni personne autre, je pense ? (ALCIBIADE) Non, assurément. (SOCRATE) C’est donc, à ce qu’il paraît, un mal que l’ignorance du mieux, et il est fâcheux de ne pas connaître le mieux. (ALCIBIADE) Il me semble. (SOCRATE) Un mal pour Oreste et pour tous les autres ? (ALCIBIADE) Oui. (SOCRATE) CHAPITRE VII. — Maintenant considérons aussi ce cas. Suppose que tu aies tout à coup l’idée, croyant bien faire,


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Dernière mise à jour : 19/04/2007