[149] καὶ (149a) ἐτελοῦμεν χρήματα ὅσα οὐδ´ ἇλλοι σύμπαντες Ἕλληνες·
Λακεδαιμονίοις δέ, φάναι, οὐδεπώποτ´ ἐμέλησεν οὐδὲν τούτων,
ἀλλ´ οὕτως ὀλιγώρως διάκεινται πρὸς τοὺς θεούς, ὥστε
καὶ ἀνάπηρα θύουσιν ἑκάστοτε καὶ τἆλλα πάντα οὐκ ὀλίγῳ
ἐνδεεστέρως τιμῶσιν ἤπερ ἡμεῖς, χρήματα οὐδὲν ἐλάττω
κεκτημένοι τῆς ἡμετέρας πόλεως. ἐπεὶ δὴ εἰρηκέναι ταῦτα
καὶ ἐπερωτῆσαι τί χρὴ πράττοντας αὐτοὺς τῶν παρόντων
κακῶν ἀπαλλαγὴν εὑρεῖν, ἄλλο μὲν οὐθὲν ἀποκριθῆναι τὸν
(149b) προφήτην - τὸν γὰρ θεὸν οὐκ ἐᾶν δῆλον ὅτι - καλέσαντα δὲ
αὐτόν, Ἀθηναίοις, φάναι, τάδε λέγει Ἄμμων· φησὶν ἂν
βούλεσθαι αὑτῷ τὴν Λακεδαιμονίων εὐφημίαν εἶναι μᾶλλον
ἢ τὰ σύμπαντα τῶν Ἑλλήνων ἱερά. τοσαῦτα εἰπεῖν, οὐκέτι
περαιτέρω. τήν γ´ οὖν εὐφημίαν οὐκ ἄλλην τινά μοι δοκεῖ
λέγειν ὁ θεὸς ἢ τὴν εὐχὴν αὐτῶν· ἔστι γὰρ τῷ ὄντι πολὺ
(149c) διαφέρουσα τῶν ἄλλων. οἱ μὲν γὰρ ἄλλοι Ἕλληνες οἱ
μὲν χρυσόκερως βοῦς παραστησάμενοι, ἕτεροι δ´ ἀναθήμασι
δωρούμενοι τοὺς θεούς, εὔχονται ἅττ´ ἂν τύχῃ ταῦτα, ἄντε
ἀγαθὰ ἄντε κακά· βλασφημούντων οὖν αὐτῶν ἀκούοντες οἱ
θεοὶ οὐκ ἀποδέχονται τὰς πολυτελεῖς ταυτασὶ πομπάς τε
καὶ θυσίας. ἀλλὰ δοκεῖ μοι πολλῆς φυλακῆς δεῖσθαι καὶ
σκέψεως ὅτι ποτὲ ῥητέον ἐστὶ καὶ μή.
Εὑρήσεις δὲ καὶ παρ´ Ὁμήρῳ ἕτερα παραπλήσια τούτοις
(149d) εἰρημένα. φησὶν γὰρ τοὺς Τρῶας ἔπαυλιν ποιουμένους
ἔρδειν ἀθανάτοισι τεληέσσας ἑκατόμβας·
τὴν δὲ κνῖσαν ἐκ τοῦ πεδίου τοὺς ἀνέμους φέρειν
οὐρανὸν εἴσω
ἡδεῖαν· τῆς δ´ οὔ τι θεοὺς μάκαρας δατέεσθαι,
οὐδ´ ἐθέλειν· μάλα γάρ σφιν ἀπήχθετο Ἴλιος ἱρὴ
(149e) καὶ Πρίαμος καὶ λαὸς ἐυμμελίω Πριάμοιο·
ὥστε οὐδὲν αὐτοῖς ἦν προύργου θύειν τε καὶ δῶρα τελεῖν
μάτην, θεοῖς ἀπηχθημένους. οὐ γὰρ οἶμαι τοιοῦτόν ἐστι
τὸ τῶν θεῶν ὥστε ὑπὸ δώρων παράγεσθαι οἷον κακὸν
τοκιστήν· ἀλλὰ καὶ ἡμεῖς εὐήθη λόγον λέγομεν, ἀξιοῦντες
Λακεδαιμονίων ταύτῃ περιεῖναι. καὶ γὰρ ἂν δεινὸν εἴη εἰ
πρὸς τὰ δῶρα καὶ τὰς θυσίας ἀποβλέπουσιν ἡμῶν οἱ θεοὶ
ἀλλὰ μὴ πρὸς τὴν ψυχήν,
| [149] et nous faisons plus de dépenses que tous les Grecs ensemble. Les Lacédémoniens
au contraire, ajoutaient-ils, ne se sont jamais mis en peine de leur rendre aucun de ces
hommages et ils poussent la négligence envers les dieux au point de sacrifier
toujours des victimes mutilées, et en tout ils leur rendent beaucoup moins
d’honneurs que nous, bien qu’ils ne soient pas inférieurs en richesse à notre
ville. » Quand ils eurent ainsi parlé et demandé ce qu’ils devaient faire pour
écarter les maux qui les affligeaient, voici la seule réponse que leur fit le
prophète, car le dieu évidemment ne lui en permit pas d’autre. Il appela
l’envoyé et lui dit : « Voici ce qu’Ammon répond aux Athéniens : il dit qu’il
aimerait mieux avoir la réserve religieuse des Lacédémoniens que tout le rituel
des Grecs. » Il dit cela et n’ajouta pas un mot de plus. Par cette réserve
religieuse, je crois que le dieu n’entendait pas autre chose que leur manière de
prier, qui est effectivement très différente de celle des autres. Car les autres
Grecs, soit en amenant des taureaux aux cornes dorées, soit en faisant des
offrandes aux dieux, leur demandent n’importe quoi, bon ou mauvais, et les
dieux, qui entendent leurs blasphèmes, n’agréent point ces processions et ces
sacrifices somptueux. Aussi faut-il, selon moi, beaucoup de précaution et
d’attention pour savoir ce qu’il faut dire ou ne pas dire.
CHAPITRE XIII. — Tu trouveras aussi chez Homère d’autres récits du même genre.
Il dit, en effet, que les Troyens, faisant un bivouac,
offrirent aux Immortels des hécatombes parfaites,
et que les vents portaient de la plaine au ciel l’odeur agréable de la graisse,
mais que les dieux bienheureux, au lieu de se la partager, n’en voulurent pas,
car ils haïssaient fort la sainte Ilion et Priam et le peuple de Priam à la
bonne lance de frêne ;
en sorte qu’il ne leur servait de rien de sacrifier et d’offrir des présents qui
restaient sans effet, parce qu’ils étaient haïs des dieux ; car les dieux ne
sont pas, j’imagine, gens à se laisser corrompre par des présents, comme un
méchant usurier, et c’est une sottise de notre part quand nous prétendons
surpasser par là les Lacédémoniens. Il serait étrange en effet que les dieux
eussent égard à nos présents et à nos sacrifices, et non à notre âme,
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