HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Deuxième Alcibiade (dialogue complet)

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[147] ἀτεχνῶς ὥσπερ ἀσθενοῦντα ἰατροῦ τινος κυβερνήτου τὸν ἀσφαλῶς (147a) μέλλοντα πλεῖν. ἄνευ γὰρ ταύτης, ὅσῳπερ ἂν λαμπρότερον ἐπουρίσῃ τὸ τῆς τύχης περὶ χρημάτων κτῆσιν σώματος ῥώμην καὶ ἄλλο τι τῶν τοιούτων, τοσούτῳ μείζω ἁμαρτήματα ἀπ´ αὐτῶν ἀναγκαῖόν ἐστιν, ὡς ἔοικε, γίγνεσθαι. δὲ δὴ τὴν καλουμένην πολυμαθίαν τε καὶ πολυτεχνίαν κεκτημένος, ὀρφανὸς δὲ ὢν ταύτης τῆς ἐπιστήμης, ἀγόμενος δὲ ὑπὸ μιᾶς ἑκάστης τῶν ἄλλων, ἆρ´ οὐχὶ τῷ ὄντι δικαίως πολλῷ χειμῶνι χρήσεται, ἅτε οἶμαι ἄνευ κυβερνήτου (147b) διατελῶν ἐν πελάγει, χρόνον οὐ μακρὸν βίου θέων; ὥστε συμβαίνειν μοι δοκεῖ καὶ ἐνταῦθα τὸ τοῦ ποιητοῦ, λέγει κατηγορῶν πού τινος, ὡς ἄρα πολλὰ μὲν ἠπίστατο ἔργα, κακῶς δέ, φησίν, ἠπίστατο πάντα. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Καὶ τί δή ποτε συμβαίνει τὸ τοῦ ποιητοῦ, Σώκρατες; ἐμοὶ μὲν γὰρ οὐδ´ ὁτιοῦν δοκεῖ πρὸς λόγον εἰρηκέναι. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ μάλα γε πρὸς λόγον· ἀλλ´ αἰνίττεται, βέλτιστε, καὶ οὗτος καὶ ἇλλοι δὲ ποιηταὶ σχεδόν τι πάντες. ἔστιν τε γὰρ φύσει ποιητικὴ σύμπασα αἰνιγματώδης καὶ (147c) οὐ τοῦ προστυχόντος ἀνδρὸς γνωρίσαι· ἔτι τε πρὸς τῷ φύσει τοιαύτη εἶναι, ὅταν λάβηται ἀνδρὸς φθονεροῦ τε καὶ μὴ βουλομένου ἡμῖν ἐνδείκνυσθαι ἀλλ´ ἀποκρύπτεσθαι ὅτι μάλιστα τὴν αὑτοῦ σοφίαν, ὑπερφυῶς δὴ τὸ χρῆμα ὡς δύσγνωστον φαίνεται, ὅτι ποτὲ νοοῦσιν ἕκαστος αὐτῶν. οὐ γὰρ δήπου Ὅμηρόν γε τὸν θειότατόν τε καὶ σοφώτατον ποιητὴν ἀγνοεῖν δοκεῖς ὡς οὐχ οἷόν τε ἦν ἐπίστασθαι κακῶς - ἐκεῖνος γάρ ἐστιν λέγων τὸν Μαργίτην πολλὰ (147d) μὲν ἐπίστασθαι, κακῶς δέ, φησί, πάντα ἠπίστατο - ἀλλ´ αἰνίττεται οἶμαι παράγων τὸ κακῶς μὲν ἀντὶ τοῦ κακοῦ, τὸ δὲ ἠπίστατο ἀντὶ τοῦ ἐπίστασθαι· γίγνεται οὖν συντεθὲν ἔξω μὲν τοῦ μέτρου, ἔστι δ´ γε βούλεται, ὡς πολλὰ μὲν ἠπίστατο ἔργα, κακὸν δ´ ἦν ἐπίστασθαι αὐτῷ πάντα ταῦτα. δῆλον οὖν ὅτι εἴπερ ἦν αὐτῷ κακὸν τὸ πολλὰ εἰδέναι, φαῦλός τις ὢν ἐτύγχανεν, εἴπερ γε πιστεύειν δεῖ τοῖς προειρημένοις λόγοις. (147e) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀλλ´ ἐμοὶ μὲν δοκεῖ, Σώκρατες· χαλεπῶς γ´ ἂν ἄλλοις τισὶ πιστεύσαιμι λόγοις, εἴπερ μηδὲ τούτοις. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ ὀρθῶς γέ σοι δοκεῖ. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πάλιν αὖ μοι δοκεῖ. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ φέρε πρὸς Διός - ὁρᾷς γὰρ δήπου τὴν ἀπορίαν ὅση τε καὶ οἵα, ταύτης δὲ καὶ σύ μοι δοκεῖς κεκοινωνηκέναι· μεταβαλλόμενός γέ τοι ἄνω καὶ κάτω οὐδ´ ὁτιοῦν παύῃ, ἀλλ´ ὅτι ἂν μάλιστά σοι δόξῃ, [147] absolument comme un malade à son médecin ou celui qui veut naviguer en sûreté à un pilote. Car, sans cette science, plus le vent de la fortune est favorable pour l’acquisition des richesses, la force corporelle ou quelque autre avantage du même genre, plus grandes, semble-t-il, sont nécessairement les fautes qui en résultent. Celui qui, comme on dit, est universel dans les sciences et dans les arts, mais qui est dénué de cette science, et se laisse conduire par chacune des autres sciences, ne sera-t-il pas véritablement le jouet des fureurs de la tempête, comme il le mérite, puisque, comme je m’imagine, il navigue toujours sans pilote en haute mer, n’ayant pour faire sa course qu’un court espace de vie ? en sorte qu’ici aussi le mot du poète me semble avoir son application, quand il dit de certain personnage qu’ «il connaissait beaucoup de métiers, mais qu’il les connaissait tous mal », ajoutait-il. (ALCIBIADE) Comment le mot du poète peut-il s’appliquer ici, Socrate ? Pour moi, je ne vois pas qu’il se rapporte en quoi que ce soit à notre sujet. (SOCRATE) Il s’y rapporte, et même exactement. Mais ce poète, mon excellent ami, comme presque tous les autres poètes, parle par énigmes ; car toute poésie est naturellement énigmatique et il n’appartient pas au premier venu de la comprendre. Outre sa nature énigmatique, quand le poète est un homme envieux et qui veut, non pas nous découvrir sa sagesse, mais la cacher le plus possible, alors c’est une affaire extrêmement ardue que de pénétrer la pensée de chacun d’eux. Car tu ne penses pas, n’est-ce pas ? qu’Homère, le plus divin et le plus sage des poètes, ignorât qu’il n’est pas possible de savoir mal ; car c’est lui qui dit de Margitès qu’il connaissait beaucoup de métiers, mais qu’il les connaissait tous mal. Mais il parle par énigmes, je pense, et il a mis «mal » pour « mauvais» et il « savait » pour « savoir ». Cet arrangement sort de la mesure, mais c’est ce qu’il veut dire, à savoir qu’il connaissait beaucoup de métiers, mais qu’il était mauvais pour lui de les connaître tous. Il est donc clair que, s’il était mauvais pour lui de connaître beaucoup de choses, c’est qu’il était un piètre individu, si du moins il faut croire à nos raisonnements précédents. (ALCIBIADE) Il me semble à moi, Socrate, qu’il le faut. Autrement, j’aurais peine à croire à d’autres raisonnements, si je ne croyais pas même à ceux-là. (SOCRATE) Et tu as raison de penser ainsi. (ALCIBIADE) Je te répète que je le pense. (SOCRATE) CHAPITRE XI. — Mais poursuivons, au nom de Zeus. Tu vois, je suppose, la grandeur et la nature de l’embarras où nous sommes et il me semble que tu le partages, car tu passes sans relâche d’un côté à l’autre ; ce que tu approuvais le plus,


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Dernière mise à jour : 19/04/2007