[126] (126a) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ, εἴς γε τὸ σῴζεσθαι πλέοντας.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καλῶς λέγεις. τί δέ; ἣν σὺ λέγεις εὐβουλίαν, εἰς τί ἐστιν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εἰς τὸ ἄμεινον τὴν πόλιν διοικεῖν καὶ σῴζεσθαι.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἄμεινον δὲ διοικεῖται καὶ σῴζεται τίνος παραγιγνομένου
ἢ ἀπογιγνομένου; ὥσπερ ἂν εἰ σύ με ἔροιο·
"Ἄμεινον διοικεῖται σῶμα καὶ σῴζεται τίνος παραγιγνομένου
ἢ ἀπογιγνομένου;" εἴποιμ´ ἂν ὅτι ὑγιείας μὲν παραγιγνομένης,
νόσου δὲ ἀπογιγνομένης. οὐ καὶ σὺ οἴει οὕτως;
(126b) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ εἴ μ´ αὖ ἔροιο· "Τίνος δὲ παραγιγνομένου
ἄμεινον ὄμματα;" ὡσαύτως εἴποιμ´ ἂν ὅτι ὄψεως μὲν παραγιγνομένης,
τυφλότητος δὲ ἀπογιγνομένης. καὶ ὦτα δὲ
κωφότητος μὲν ἀπογιγνομένης, ἀκοῆς δὲ ἐγγιγνομένης
βελτίω τε γίγνεται καὶ ἄμεινον θεραπεύεται.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ὀρθῶς.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δὲ δή; πόλις τίνος παραγιγνομένου καὶ ἀπογιγνομένου
βελτίων τε γίγνεται καὶ ἄμεινον θεραπεύεται καὶ διοικεῖται;
(126c) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐμοὶ μὲν δοκεῖ, ὦ Σώκρατες, ὅταν φιλία μὲν
αὐτοῖς γίγνηται πρὸς ἀλλήλους, τὸ μισεῖν δὲ καὶ στασιάζειν ἀπογίγνηται.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἆρ´ οὖν φιλίαν λέγεις ὁμόνοιαν ἢ διχόνοιαν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ὁμόνοιαν.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Διὰ τίν´ οὖν τέχνην ὁμονοοῦσιν αἱ πόλεις περὶ ἀριθμούς;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Διὰ τὴν ἀριθμητικήν.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δὲ οἱ ἰδιῶται; οὐ διὰ τὴν αὐτήν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καὶ αὐτὸς αὑτῷ ἕκαστος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Διὰ τίνα δὲ τέχνην ἕκαστος αὐτὸς αὑτῷ ὁμονοεῖ
(126d) περὶ σπιθαμῆς καὶ πήχεος ὁπότερον μεῖζον; οὐ διὰ τὴν μετρητικήν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Τί μήν;
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καὶ οἱ ἰδιῶται ἀλλήλοις καὶ αἱ πόλεις;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δέ; περὶ σταθμοῦ οὐχ ὡσαύτως;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φημί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἣν δὲ δὴ σὺ λέγεις ὁμόνοιαν, τίς ἐστι καὶ περὶ
τοῦ, καὶ τίς αὐτὴν τέχνη παρασκευάζει; καὶ ἆρα ἥπερ πόλει,
αὑτὴ καὶ ἰδιώτῃ, αὐτῷ τε πρὸς αὑτὸν καὶ πρὸς ἄλλον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εἰκός γέ τοι.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τίς οὖν ἔστι; μὴ κάμῃς ἀποκρινόμενος, ἀλλὰ
(126e) προθυμοῦ εἰπεῖν.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐγὼ μὲν οἶμαι φιλίαν τε λέγειν καὶ ὁμόνοιαν,
ἥνπερ πατήρ τε ὑὸν φιλῶν ὁμονοεῖ καὶ μήτηρ, καὶ ἀδελφὸς
ἀδελφῷ καὶ γυνὴ ἀνδρί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οἴει ἂν οὖν, ὦ Ἀλκιβιάδη, ἄνδρα γυναικὶ περὶ
ταλασιουργίας δύνασθαι ὁμονοεῖν, τὸν μὴ ἐπιστάμενον τῇ
ἐπισταμένῃ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ δῆτα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐδέ γε δεῖ οὐδέν· γυναικεῖον γὰρ τοῦτό γε μάθημα.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
| [126] (ALCIBIADE)
Il me le semble, du moins pour assurer le salut de ceux qui naviguent.
(SOCRATE)
C’est bien dit. Mais les bons conseils dont tu parles, à quoi tendent-ils ?
(ALCIBIADE)
A une meilleure administration et au salut de la cité.
(SOCRATE)
Et quelle est la chose dont la présence ou l’absence fait qu’elle est mieux
administrée et qu’elle est en sécurité ? Si, par exemple, tu me demandais :
Quelle est la chose dont la présence ou l’absence fait que le corps est mieux
administré et qu’il se porte bien, je te répondrais que c’est la santé, quand
elle est présente et que la maladie est absente. Ne le crois-tu pas comme moi ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et si tu me demandais par quoi les yeux sont en meilleur état, je te répondrais
de même, par la présence de la vue et l’absence de la cécité. Pour les oreilles
aussi, je dirais que c’est par l’absence de la surdité et la présence de l’ouïe
qu’elles s’améliorent et sont mieux traitées.
(ALCIBIADE)
C’est juste.
(SOCRATE)
Et dans la cité, quelle est la chose dont la présence ou l’absence fait qu’elle
s’améliore et qu’elle est mieux soignée et administrée ?
(ALCIBIADE)
Il me semble, Socrate, que cela se réalise, lorsque l’amitié entre les citoyens
est présente et que la haine et la dissension sont absentes.
(SOCRATE)
Par amitié entends-tu concorde ou discorde, ?
(ALCIBIADE)
Concorde.
(SOCRATE)
Quel est l’art qui fait que les Etats sont d’accord sur les nombres ?
(ALCIBIADE)
C’est l’arithmétique.
(SOCRATE)
Et pour les particuliers, n’est-ce pas le même art ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
N’est-ce point aussi par cet art que chacun s’accorde avec soi-même ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et quel est l’art qui fait que chacun est d’accord avec lui-même sur la longueur
relative de l’empan et de la coudée ? N’est-ce pas la mensuration ?
(ALCIBIADE)
Sans doute.
(SOCRATE)
N’est-ce pas elle aussi qui fait que les particuliers et les Etats sont d’accord
entre eux ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et pour le poids, n’en est-il pas de même ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et maintenant, cet accord dont tu parles, en quoi consiste-t-il, sur quoi se
fait-il, et quel est l’art qui le produit ? Est-ce le même qui le procure à
l’Etat et qui fait que chaque individu est d’accord avec lui-même et avec les
autres ?
(ALCIBIADE)
C’est vraisemblable.
(SOCRATE)
Quel est-il donc ? Ne te lasse pas de répondre et applique-toi à me l’expliquer.
(ALCIBIADE)
Je pense que c’est l’amitié et la concorde qui font que les père et mère qui
aiment leur fils s’accordent avec lui, le frère avec son frère, la femme avec
son mari.
(SOCRATE)
CHAPITRE XXII. — Crois-tu donc, Alcibiade, qu’un mari puisse s’accorder
avec sa femme sur la manière de filer la laine, lui qui ne sait pas avec elle qui sait ?
(ALCIBIADE)
Non, certes.
(SOCRATE)
Et cela n’est nullement nécessaire, puisque c’est un talent de femme.
(ALCIBIADE)
Oui.
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