[10,28] (1) τὸ δὲ ἕτερον μέρος τῆς γραφῆς τὸ ἐξ ἀριστερᾶς χειρός, ἔστιν Ὀδυσσεὺς
καταβεβηκὼς ἐς τὸν Ἅιδην ὀνομαζόμενον, ὅπως Τειρεσίου τὴν ψυχὴν περὶ τῆς ἐς
τὴν οἰκείαν ἐπέρηται σωτηρίας· ἔχει δὲ οὕτω τὰ ἐς τὴν γραφήν. ὕδωρ εἶναι ποταμὸς
ἔοικε, δῆλα ὡς ὁ Ἀχέρων, καὶ κάλαμοί τε ἐν αὐτῷ πεφυκότες καὶ ἰχθύες· ἔστι δ´
ἀμυδρὰ οὕτω δή τι τὰ εἴδη τῶν ἰχθύων ὡς σκιὰς μᾶλλον ἢ ἰχθῦς εἰκάσεις. καὶ ναῦς
ἐστιν ἐν τῷ ποταμῷ καὶ ὁ πορθμεὺς ἐπὶ ταῖς κώπαις. (2) ἐπηκολούθησε δὲ ὁ Πολύγνωτος
ἐμοὶ δοκεῖν ποιήσει Μινυάδι· ἔστι γὰρ δὴ ἐν τῇ Μινυάδι ἐς Θησέα ἔχοντα καὶ
Πειρίθουν ἔνθ´ ἤτοι νέα μὲν νεκυάμβατον, ἣν ὁ γεραιός πορθμεὺς ἦγε Χάρων, οὐκ
ἔλαβον ἔνδοθεν ὅρμου. ἐπὶ τούτῳ οὖν καὶ Πολύγνωτος γέροντα ἔγραψεν ἤδη τῇ ἡλικίᾳ
τὸν Χάρωνα. (3) οἱ δὲ ἐπιβεβηκότες τῆς νεὼς οὐκ ἐπιφανεῖς ἐς ἅπαν εἰσὶν οἷς
προσήκουσι. Τέλλις μὲν ἡλικίαν ἐφήβου γεγονὼς φαίνεται, Κλεόβοια δὲ ἔτι
παρθένος, ἔχει δὲ ἐν τοῖς γόνασι κιβωτὸν ὁποίας ποιεῖσθαι νομίζουσι Δήμητρι. ἐς
μὲν δὴ τὸν Τέλλιν τοσοῦτον ἤκουσα ὡς ὁ ποιητὴς Ἀρχίλοχος ἀπόγονος εἴη τρίτος
Τέλλιδος, Κλεόβοιαν δὲ ἐς Θάσον τὰ ὄργια τῆς Δήμητρος ἐνεγκεῖν πρώτην ἐκ Πάρου
φασίν. (4) ἐπὶ δὲ τοῦ Ἀχέροντος τῇ ὄχθῃ μάλιστα θέας ἄξιον, ὅτι ὑπὸ τοῦ Χάρωνος τὴν
ναῦν ἀνὴρ οὐ δίκαιος ἐς πατέρα ἀγχόμενός ἐστιν ὑπὸ τοῦ πατρός. περὶ πλείστου
γὰρ δὴ ἐποιοῦντο οἱ πάλαι γονέας, ὥσπερ ἔστιν ἄλλοις τε τεκμήρασθαι καὶ ἐν
Κατάνῃ τοῖς καλουμένοις Εὐσεβέσιν, οἵ, ἡνίκα ἐπέρρει τῇ Κατάνῃ πῦρ τὸ ἐκ τῆς
Αἴτνης, χρυσὸν μὲν καὶ ἄργυρον ἐν οὐδενὸς μερίδι ἐποιήσαντο, οἱ δὲ ἔφευγον ὁ
μὲν ἀράμενος μητέρα, ὁ δὲ αὐτῶν τὸν πατέρα· προϊόντας δὲ οὐ σὺν ῥᾳστώνῃ
καταλαμβάνει σφᾶς τὸ πῦρ ἐπειγόμενον τῇ φλογί· καὶ - οὐ γὰρ κατετίθεντο οὐδ´ οὕτω
τοὺς γονέας - διχῇ σχισθῆναι λέγεται τὸν ῥύακα, καὶ αὐτούς τε τοὺς νεανίσκους,
σὺν δὲ αὐτοῖς τοὺς γονέας τὸ πῦρ οὐδέν σφισι λυμηνάμενον παρεξῆλθεν. (5) οὗτοι μὲν
δὴ τιμὰς καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι παρὰ Καταναίων ἔχουσιν, ἐν δὲ τῇ Πολυγνώτου γραφῇ
πλησίον τοῦ ἀνδρός, ὃς τῷ πατρὶ ἐλυμαίνετο καὶ δι´ αὐτὸ ἐν Ἅιδου κακὰ
ἀναπίμπλησι, τούτου πλησίον ἱερὰ σεσυληκὼς ἀνὴρ ὑπέσχε δίκην· γυνὴ δὲ ἡ
κολάζουσα αὐτὸν φάρμακα ἄλλα τε καὶ ἐς αἰκίαν οἶδεν ἀνθρώπων. (6) περισσῶς δὲ ἄρα
εὐσεβείᾳ θεῶν ἔτι προσέκειντο οἱ ἄνθρωποι, ὡς Ἀθηναῖοί τε δῆλα ἐποίησαν, ἡνίκα
εἷλον Ὀλυμπίου Διὸς ἐν Συρακούσαις ἱερόν, οὔτε κινήσαντες τῶν ἀναθημάτων
οὐδὲν τὸν ἱερέα τε τὸν Συρακούσιον φύλακα ἐπ´ αὐτοῖς ἐάσαντες· ἐδήλωσε δὲ καὶ ὁ
Μῆδος Δᾶτις λόγοις τε οὓς εἶπε πρὸς Δηλίους καὶ τῷ ἔργῳ, ἡνίκα ἐν Φοινίσσῃ νηὶ
ἄγαλμα εὑρὼν Ἀπόλλωνος ἀπέδωκεν αὖθις Ταναγραίοις ἐς Δήλιον. οὕτω μὲν τὸ θεῖον
καὶ οἱ πάντες τότε ἦγον ἐν τιμῇ, καὶ ἐπὶ λόγῳ τοιούτῳ τὰ ἐς τὸν συλήσαντα ἱερὰ
ἔγραψε Πολύγνωτος. (7) ἔστι δὲ ἀνωτέρω τῶν κατειλεγμένων Εὐρύνομος· δαίμονα εἶναι
τῶν ἐν Ἅιδου φασὶν οἱ Δελφῶν ἐξηγηταὶ τὸν Εὐρύνομον, καὶ ὡς τὰς σάρκας
περιεσθίει τῶν νεκρῶν, μόνα σφίσιν ἀπολείπων τὰ ὀστᾶ. ἡ δὲ Ὁμήρου ποίησις ἐς
Ὀδυσσέα καὶ ἡ Μινυάς τε καλουμένη καὶ οἱ Νόστοιμνήμη γὰρ δὴ ἐν ταύταις καὶ
Ἅιδου καὶ τῶν ἐκεῖ δειμάτων ἐστὶνἴσασιν οὐδένα Εὐρύνομον δαίμονα. τοσοῦτο
μέντοι δηλώσω, ὁποῖός τε ὁ Εὐρύνομος καὶ ἐπὶ ποίου γέγραπται τοῦ σχήματος·
κυανοῦ τὴν χρόαν μεταξύ ἐστι καὶ μέλανος, ὁποῖαι καὶ τῶν μυιῶν αἱ πρὸς τὰ κρέα
εἰσὶ προσιζάνουσαι, τοὺς δὲ ὀδόντας φαίνει, καθεζομένῳ δὲ ὑπέστρωταί οἱ
δέρμα γυπός. (8) ἐφεξῆς δὲ μετὰ τὸν Εὐρύνομον ἥ τε ἐξ Ἀρκαδίας Αὔγη καὶ Ἰφιμέδειά
ἐστι· καὶ ἡ μὲν παρὰ Τεύθραντα ἡ Αὔγη ἀφίκετο ἐς Μυσίαν, καὶ γυναικῶν ὁπόσαις
ἐς τὸ αὐτὸ Ἡρακλέα ἀφικέσθαι λέγουσι, μάλιστα δὴ παῖδα ἐοικότα ἔτεκε τῷ πατρί·
τῇ δ´ Ἰφιμεδείᾳ γέρα δέδοται μεγάλα ὑπὸ τῶν ἐν Μυλάσοις Καρῶν.
| [10,28] (1) À main gauche, on voit un autre tableau du même peintre; dont le sujet est Ulysse qui descend aux enfers
pour consulter l'âme de Tirésias, sur les moyens de retourner heureusement dans ses états. Voici quelle est la
disposition du tableau. Vous voyez d'abord un fleuve, on juge aisément que c'est l'Achéron; ses rives sont pleine
de joncs, et vous apercevez dans ses eaux des figures de poissons, mais des figures si minces et si légères,
que vous les prendriez plutôt pour des ombres de poissons que pour des poissons mêmes. Sur le fleuve on voit
une barque, et dans cette barque un nautonier qui rame. (2) Je crois que Polygnote a suivi le poème intitulé La
Minyade, où le poète, en parlant de Thésée et de Pirithoüs, dit que, ces héros étant arrivés sur le bord de
l'Achéron, il se trouva que le vieux nautonier qui passe les morts dans sa barque, était de l'autre côté de l'eau.
Car il peint Charon d'un âge avancé, apparemment d'après cette idée. (3) On ne distingue pas bien quels sont
ceux que passe Charon. Le peintre a seulement marqué les noms de deux d'entre eux. L'un est Tellis, emporté
dans sa première jeunesse, et l'autre est Cléobée, encore vierge. Elle a sur ses genoux une corbeille toute
semblable à celle que l'on a coutume de porter aux fêtes de Cérès. Tellis ne m'est pas connu; tout ce que j'en
sais, c'est que le poète Archiloque se dit descendu d'un Tellis, et en parle comme de son aïeul. Pour Cléobée,
on tient que ce fut elle qui apporta de l'île de Paros à Thasos, le culte et les mystères de Cérès. (4) Sur le bord du
fleuve, tout près de la barque de Charon, vous voyez un spectacle bien remarquable. Polygnote nous représente
le supplice d'un fils dénaturé qui avait maltraité son père. Sa peine, en l'autre monde, est d'avoir pour bourreau
son propre père qui l'étrangle.
Les anciens respectaient la qualité de père et de mère bien autrement que l'on ne fait aujourd'hui. Je pourrais en
rapporter plusieurs exemples; mais je me contente d'un seul qui est célèbre. C'est l'exemple de ces citoyens de
Catane en Sicile, qui firent une action si pleine de piété, qu'ils en furent nommés les pieux enfants. Les flammes du
mont Etna ayant gagné la ville, ces généreux enfants comptant pour rien de perdre tout ce qu'ils pouvaient avoir
d'or et d'argent, ne songèrent qu'à sauver ceux qui leur avaient donné le jour; l'un prit son père sur les épaules,
l'autre sa mère. Quelque diligence qu'ils fissent, ils ne purent éviter d'être coupés par l'embrasement; mais ils ne
s'en mirent pas moins en devoir de continuer leur chemin sans vouloir abandonner leur fardeau. On dit qu'alors
les flammes s'étant divisées, leur laissèrent le passage libre au milieu, et que les pères et les enfants sortirent
heureusement de la ville.(5) Ce qui est de certain, c'est qu'encore aujourd'hui à Catane, on rend de grands honneurs
à la mémoire de ces illustres citoyens. Auprès de ce fils dénaturé est un impie qui avait pillé les temples des dieux.
Il a à côté de lui une femme qui
semble préparer toutes sortes de poisons pour un supplice. (6) La religion avait alors sur les hommes beaucoup plus
d'emprise qu'elle n'en a actuellement. Témoin la conduite des Athéniens, qui s'étant rendus maîtres du
temple de Jupiter Olympien, à Syracuse, ne voulurent s'approprier aucune offrande faite au Dieu, et laissèrent
en paix dans le temple le prêtre qui les gardait. Témoin aussi le Mède Datis, qui par des effets, encore plus que
par des discours, témoigna son respect pour les dieux; car ayant trouvé une statue d'Apollon sur un vaisseau
phénicien, il la donna à des gens de Tanagra, pour la reporter à Delium. Telles étaient les mœurs de cet ancien
temps; les hommes pleins de religion, craignaient et respectaient les dieux. C'est pourquoi Polygnote, dans son
tableau des enfers, a dépeint le supplice d'un impie. (7) Au-dessus de ces figures, vous voyez Eurynome, que les
interprètes des mystères à Delphes mettent au nombre des dieux infernaux. Son emploi, selon eux, est de
manger les chairs des morts, en sorte qu'il n'en reste rien que les os. Mais ni l'Odyssée d'Homère, ni la Minyade,
ni le poème intitulé le Retour des enfers, qui sont les livres où il est le plus parlé de ces lieux souterrains, et de ce
qu'ils renferment de terrible, ne font aucune mention de cet Eurynome. Il faut néanmoins que je dise de quelle
manière le peintre l'a représenté. Son visage est de couleur entre noire et bleue, comme celle de ces mouches
qui sont attirées par la viande; il grince des dents, et il est assis sur une peau de vautour. (8) Immédiatement
après le démon Eurynome, on voit deux Arcadiennes, Augé et Iphimédie. Augé vint chez Teuthras en Mysie; et
de toutes les femmes avec qui Hercule eut commerce, ce fut celle dont il eut un fils qui lui ressembla le plus. Pour
Iphimédie, elle reçut de grands honneurs à Mylassa, ville de Carie.
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