[10,21] (1) προελθὼν οὖν ἀπὸ τῆς Ἡρακλείας - ἐπυνθάνετο γὰρ παρὰ αὐτομόλων τοὺς
συνειλεγμένους ἐς Πύλας ἀπὸ ἑκάστης πόλεως - ὑπερεφρόνει τε τοῦ Ἑλληνικοῦ καὶ
ἦρχεν ἐς τὴν ἐπιοῦσαν μάχης ἅμα ἀνίσχοντι τῷ ἡλίῳ, οὔτε Ἕλληνα ἔχων μάντιν οὔτε ἱεροῖς
ἐπιχωρίοις χρώμενος, εἰ δὴ ἔστι γε μαντεία Κελτική. ἐνταῦθα οἱ Ἕλληνες ἐν σιγῇ
τε ἐπῄεσαν καὶ ἐν κόσμῳ· καὶ ὡς ἀφίκοντο ἐς χεῖρας, οὔτε σφίσιν οἱ πεζοὶ τοσοῦτο
ἀπὸ τῆς τάξεως ἐξέθεον ὥστε τὴν φάλαγγα ἐπιταράσσειν τὴν οἰκείαν καὶ οἱ ψιλοὶ
μένοντες κατὰ χώραν τά τε ἀκόντια ἔπεμπον καὶ ὅσα ἀπὸ τῶν τόξων ἢ σφενδονῶν. (2) τὰ
δὲ ἱππικὰ ἀμφοτέροις ἀχρεῖα ἐγένετο ἅτε οὐ στενοῦ μόνον χωρίου τοῦ μετὰ τὰς
Πύλας ὄντος ἀλλὰ καὶ ὑπὸ αὐτοφυοῦς πέτρας λείου καὶ διὰ τῶν ῥευμάτων τὸ
συνεχὲς τὰ πλείονα καὶ ὀλισθηροῦ. τοῖς δὲ Γαλάταις τὰ μὲν τῆς σκευῆς ἀσθενέστερα
ἦν - θυρεοὺς γὰρ τοὺς ἐπιχωρίους εἶχον, καὶ ἄλλο σφίσιν οὐκ ἦν ὅπλον σκέπη
σώματος -, πλέον δὲ ἔτι ἐμπειρίᾳ τῇ ἐς τὰ πολεμικὰ ἀπέδεον. (3) οἱ δὲ ἐν ὀργῇ τε ἐπὶ
τοὺς ἐναντίους καὶ θυμῷ μετὰ οὐδενὸς λογισμοῦ καθάπερ τὰ θηρία ἐχώρουν· καὶ
οὔτε πελέκεσι διαιρουμένους ἢ ὑπὸ μαχαιρῶν ἡ ἀπόνοια τοὺς ἔτι ἐμπνέοντας
ἀπέλειπεν, οὔτε ὅσοι βέλεσι καὶ ἀκοντίοις διεπείροντο, ὑφῄρουν τοῦ θυμοῦ, μέχρι
οὗ παρέμενεν ἡ ψυχή· οἱ δὲ καὶ ἐκ τῶν τραυμάτων τὰ δόρατα οἷς ἐβέβληντο
ἀνασπῶντες ἠφίεσάν τε ἐς τοὺς Ἕλληνας καὶ ἐχρῶντο ἐκ χειρός. (4) ἐν τούτῳ δὲ οἱ ἐπὶ
τῶν τριήρων Ἀθηναῖοι μόγις μὲν καὶ οὐκ ἄνευ κινδύνου, παραπλεύσαντες δὲ ὅμως διὰ
τῆς ἰλύος, ἣ ἐπὶ πλεῖστον ἐπέχει τῆς θαλάσσης, καὶ τὰς ναῦς ὅτι ἐγγύτατα τῶν
βαρβάρων σχόντες, βέλεσί τε παντοίοις ἐς τὰ πλάγια καὶ τοξεύμασιν ἐς αὐτοὺς
ἐχρῶντο. καμνόντων δὲ λόγου μειζόνως τῶν Κελτῶν καὶ ἅτε ἐν στενοχωρίᾳ μικρὰ μὲν
δρώντων, διπλάσια δὲ καὶ τετραπλάσια πασχόντων, ἀναχωρεῖν ἐς τὸ στρατόπεδον
ἐσήμαινόν σφισιν οἱ ἡγεμόνες. οἱ δὲ ἀτάκτως καὶ σὺν οὐδενὶ ἀναστρέφοντες κόσμῳ
πολλοὶ μὲν συνεπατήθησαν ὑπὸ ἀλλήλων, πολλοὶ δὲ ἐς τὸ τέλμα ἐμπεσόντες
ἠφανίσθησαν κατὰ τοῦ πηλοῦ, καὶ ἀπώλεια οὐκ ἐλάσσων ἀναχωροῦσιν αὐτοῖς ἢ ἐν τοῦ
ἀγῶνος συνέβη τῇ ἀκμῇ. (5) τοὺς μὲν δὴ Ἕλληνας τὸ Ἀττικὸν ὑπερεβάλετο ἀρετῇ τὴν
ἡμέραν ταύτην· αὐτῶν δὲ Ἀθηναίων Κυδίας μάλιστα ἐγένετο ἀγαθός, νέος τε
ἡλικίαν καὶ τότε ἐς ἀγῶνα ἐλθὼν πολέμου πρῶτον. ἀποθανόντος δὲ ὑπὸ τῶν Γαλατῶν
τὴν ἀσπίδα οἱ προσήκοντες ἀνέθεσαν τῷ Ἐλευθερίῳ Διί, καὶ ἦν τὸ ἐπίγραμμα· †
ημαρλα δὴ ποθέουσα νέαν ἔτι Κυδίου ἥβην ἀσπὶς ἀριζήλου φωτός, ἄγαλμα Διί, ἇς διὰ
δὴ πρώτας λαιὸν τότε πῆχυν ἔτεινεν, εὖτ´ ἐπὶ τὸν Γαλάταν ἤκμασε θοῦρος Ἄρης.
(6) τοῦτο μὲν δὴ ἐπεγέγραπτο πρὶν ἢ τοὺς ὁμοῦ Σύλλᾳ καὶ ἄλλα τῶν Ἀθήνῃσι καὶ τὰς ἐν
τῇ στοᾷ τοῦ Ἐλευθερίου Διὸς καθελεῖν ἀσπίδας· τότε δὲ ἐν ταῖς Θερμοπύλαις οἱ
μὲν Ἕλληνες μετὰ τὴν μάχην τούς τε αὑτῶν ἔθαπτον καὶ ἐσκύλευον τοὺς βαρβάρους,
οἱ Γαλάται δὲ οὔτε ὑπὲρ ἀναιρέσεως τῶν νεκρῶν ἐπεκηρυκεύοντο ἐποιοῦντό τε ἐπ´
ἴσης γῆς σφᾶς τυχεῖν ἢ θηρία τε αὐτῶν ἐμφορηθῆναι καὶ ὅσον τεθνεῶσι πολέμιόν
ἐστιν ὀρνίθων. (7) ὀλιγώρως δὲ αὐτοὺς ἐς τῶν ἀπογινομένων ἔχειν τὰς ταφὰς δύο ἐμοὶ
δοκεῖν τὰ ἀναπείθοντα ἦν, πολεμίους τε ἄνδρας ἐκπλῆξαι καὶ ὅτι ἔστι τεθνεώτων οὐ
δι´ ἔθους οἶκτος αὐτοῖς. ἀπέθανον δὲ παρὰ τὴν μάχην τεσσαράκοντα μὲν τοῦ
Ἑλληνικοῦ, τοὺς δὲ τῶν βαρβάρων οὐχ οἷόν τε ἦν ἀκριβῶς ἐξευρεῖν· πολὺ γὰρ καὶ τὸ
ἀφανισθὲν κατὰ τῆς ἰλύος ἐγένετο ἐξ αὐτῶν.
| [10,21] (1) Ayant donc passé sous les murs d'Héraclée, et instruit par des transfuges du véritable état des Grecs, il
se moqua de leur petit nombre, et résolut de leur livrer bataille dès le lendemain au lever du soleil. Résolution sur
laquelle il ne consulta aucun devin grec, qui ne fut précédée d'aucun sacrifice qui pût lui rendre ses dieux
favorables; mais c'est de quoi ces barbares se mettent fort peu en peine.
Les Grecs marchèrent au combat en bon ordre et dans un grand silence. Au moment de la mêlée, leur grosse
infanterie s'avança, mais pas plus qu'il ne fallait, et tenant toujours sa phalange bien serré; tandis que l'infanterie
légère gardant aussi ses rangs, faisait pleuvoir une grêle de traits sur les barbares, et leur tuaient beaucoup de
monde à coup de flèches et à coups de frondes. (2) La cavalerie fut inutile de part et d'autre, non seulement
à cause des défilés de la montagne qui sont fort étroits, mais parce que les roches glissantes par elles-mêmes,
l'étaient devenues encore davantage par des pluies continuelles. L'armure des Gaulois était faible, car ils
n'avaient que leurs boucliers qui ne sont pas de grande résistance, du reste, nulle sorte d'armes qui pût les
couvrir; et ce qui importe encore plus, ils n'étaient pas, à beaucoup près, aussi habiles que les Grecs en l'art
militaire. (3) Ils ne savaient que se jeter sur l'ennemi avec une impétuosité aveugle, comme des bêtes féroces.
Pourfendus à coups de haches, ou tout percés de coups d'épées, ils ne lâchaient pas prise, ni ne quittaient l'air
menaçant et opiniâtre qui leur était naturel. Ils étaient furieux jusqu'au dernier soupir. On en voyait qui arrachaient
de leurs plaies le trait mortel dont ils étaient atteints, pour le lancer contre les Grecs, et pour en frapper ceux qui
se trouvaient à leur portée.
(4) Cependant les galères d'Athènes s'étant tirées à grand peine et non sans danger des marécages qui
s'étendent de ce côté-là, s'avancèrent fort près des Gaulois; les Athéniens qui étaient sur ces galères, prirent
aussitôt l'ennemi en flanc, et lui décochèrent mille et mille traits. Enfin, les barbares faisant fort peu de mal
dans leurs défilés, et en souffrant beaucoup, leurs généraux firent sonner la retraite. Mais ils se retirèrent avec
tant de précipitation, que tombant les uns sur les autres, plusieurs furent foulés aux pieds de leurs compagnons,
et d'autres en grand nombre demeurèrent enfoncés dans ces marécages, que forme là le voisinage de la mer;
de sorte qu'ils ne perdirent pas moins de monde dans leur retraite, qu'ils en avaient perdu dans le combat. (5) Les
Athéniens se distinguèrent à cette journée entre tous les Grecs, mais nul d'eux ne marqua tant de valeur que le
jeune Cydias, qui faisait pour lors ses premières armes. Son courage ne le sauva pourtant pas. Il fut tué par les
Gaulois, et ses proches consacrèrent son bouclier à Jupiter le Libérateur, avec cette inscription: "Ce bouclier que
tu vois suspendu, et qui est aujourd'hui consacré à Jupiter, fut autrefois le bouclier du brave Cydias, qui, à la fleur
de son âge, mourut glorieusement en combattant contre les Gaulois". (6) Cette inscription demeura jusqu'au temps
de Sylla, que ses soldats enlevèrent du portique de Jupiter Eleutherius ou le Libérateur, divers ornements,
entre autres bon nombre de boucliers que l'on y conservait. Telle fut l'issue du combat contre les Gaulois aux
Thermopyles.
Après cet heureux succès, les Grecs enterrèrent leurs morts, et dépouillèrent les barbares qui furent trouvés sur
le champ de bataille. Les Gaulois ne songèrent seulement pas à envoyer un héraut, pour demander le temps de
leur donner la sépulture, et ils firent voir qu'il leur était indifférent que leurs corps fussent couverts de terre ou
mangés par les bêtes carnassières. (7) Je crois qu'ils négligent ces devoirs funèbres pour deux raisons: la
première, pour donner plus de terreur à leurs ennemis, par l'opinion de leur férocité; la seconde, parce qu'en
effet il ne sont point touchés des devoirs que l'on rend aux morts. Du côté des Grecs, il n'y eut que quarante
hommes de tués. On ne put savoir au juste combien les barbares en perdirent, parce que ceux qui avaient péri
dans les marais ne se retrouvèrent point, et qu'il y en périt un grand nombre.
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