[10,2] (1) ἐπεὶ δὲ ἐς τὴν Εὐρώπην ὁ Περσῶν στρατὸς διέβη, λέγεται τοὺς
Φωκέας φρονῆσαι μὲν ὑπὸ ἀνάγκης τὰ βασιλέως, αὐτομολῆσαι δὲ ἐκ τῶν Μήδων καὶ ἐς
τὸ Ἑλληνικὸν παρὰ τὸ ἔργον τὸ Πλαταιᾶσι παρατάξασθαι. χρόνῳ δὲ ὕστερον κατέλαβεν
αὐτοὺς ζημιωθῆναι χρήμασιν ὑπὸ Ἀμφικτυόνων· οὐδὲ ἔχω τοῦ λόγου τὸ ἀληθὲς
ἐξευρεῖν εἴτε ἀδικήσασιν ἐπεβλήθη σφίσιν εἴτε Θεσσαλοὶ κατὰ τὸ ἐκ παλαιοῦ μῖσος
γενέσθαι τὴν ζημίαν τοῖς Φωκεῦσιν ἦσαν οἱ πράξαντες. (2) ἐχόντων δὲ ἀθύμως αὐτῶν
πρὸς τῆς ζημίας τὸ μέγεθος, Φιλόμηλος σφᾶς ὑπολαβὼν ὁ Θεοτίμου, Φωκέων οὐδενὸς
ἀξιώματι ὕστερος - πατρὶς δὲ αὐτῷ Λέδων τῶν ἐν Φωκεῦσιν ἦν πόλεων - οὗτος οὖν ὁ
Φιλόμηλος τήν τε ἔκτισιν αὐτοῖς ἀδύνατον ἀπέφηνε τῶν χρημάτων καὶ ἀνέπειθε τὸ
ἱερὸν καταλαβεῖν τὸ ἐν Δελφοῖς, λέγων καὶ ἄλλα ἐπαγωγὰ καὶ ὡς τὰ Ἀθηναίων καὶ ἐκ
Λακεδαίμονος ἐπιτήδεια ἐξ ἀρχῆς ἐστιν αὐτοῖς, Θηβαίων δὲ καὶ εἴ τις ἄλλος
κατασταίη σφίσιν ἐς πόλεμον, περιέσεσθαι καὶ ἀρετῇ σφᾶς καὶ δαπάνῃ χρημάτων.
(3) ταῦτα τοῦ Φιλομήλου λέγοντος οὐκ ἐγίνετο ἀκούσια τῷ πλήθει τῶν Φωκέων, εἴτε τὴν
γνώμην σφίσι τοῦ θεοῦ βλάπτοντος εἴτε καὶ αὐτοῖς πεφυκόσιν ἐπίπροσθεν εὐσεβείας
τὰ κέρδη ποιεῖσθαι. τὴν δὲ τῶν Δελφῶν κατάληψιν ἐποιήσαντο οἱ Φωκεῖς Ἡρακλείδου
μὲν πρυτανεύοντος ἐν Δελφοῖς καὶ Ἀγαθοκλέους Ἀθήνῃσιν ἄρχοντος, τετάρτῳ δὲ ἔτει
πέμπτης ὀλυμπιάδος ἐπὶ ταῖς ἑκατόν, ἣν Πρῶρος ἐνίκα Κυρηναῖος στάδιον.
(4) καταλαβοῦσι δὲ αὐτοῖς τὸ ἱερὸν ξενικά τε αὐτίκα τὰ ἰσχυρότατα τῶν ἐν Ἕλλησιν
ἠθροίσθη καὶ οἱ Θηβαῖοί σφισιν ἐς πόλεμον ἐκ τοῦ φανεροῦ καθεστήκεσαν, διάφοροι
καὶ τὰ πρότερα ὄντες. χρόνος μὲν δὴ ἐγένετο ὃν ἐπολέμησαν δέκα ἔτη συνεχῶς, καὶ
ἐν τοσούτῳ πολέμου μήκει πολλάκις μὲν οἱ Φωκεῖς καὶ τὰ παρ´ αὐτοῖς ξενικὰ
ἐνίκησε, πολλάκις δὲ ἦν τὰ τῶν Θηβαίων ἐπικρατέστερα· γενομένης δὲ κατὰ Νεῶνα
πόλιν συμβολῆς ἐτράποντο οἱ Φωκεῖς, καὶ ὁ Φιλόμηλος ῥίπτει τε αὑτὸν ἐν τῇ φυγῇ
κατὰ ὑψηλοῦ καὶ ἀποτόμου κρημνοῦ καὶ ἀφίησιν οὕτω τὴν ψυχήν· ἐτέτακτο δὲ καὶ
ἄλλως τοῖς Ἀμφικτύοσιν ἐς τοὺς συλῶντας αὕτη ἡ δίκη. (5) μετὰ δὲ Φιλόμηλον
τελευτήσαντα Ὀνομάρχῳ μὲν τὴν ἡγεμονίαν διδόασιν οἱ Φωκεῖς, ἐς δὲ τῶν Θηβαίων
τὴν συμμαχίαν προσεχώρησε Φίλιππος ὁ Ἀμύντου· καὶ - ἐκράτησε γὰρ Φίλιππος τῆς
συμβολῆς)) φεύγων ὁ Ὀνόμαρχος καὶ ἐπὶ θάλασσαν ἀφικόμενος ἐνταῦθα ὑπὸ τῶν
στρατιωτῶν κατηκοντίσθη τῶν οἰκείων, ὡς τὴν ἧσσάν σφισιν ὑπὸ ἀτολμίας συμβᾶσαν
τῆς ἐκείνου καὶ ἐς τὸ στρατηγεῖν ἀπειρίας. (6) Ὀνομάρχῳ μὲν τέλος τοῦ βίου τοιοῦτον
ἐπήγαγεν ὁ δαίμων, στρατηγὸν δὲ αὐτοκράτορα εἵλοντο ἀδελφὸν τοῦ Ὀνομάρχου
Φάυλον. λέγουσι δὲ τοῦτον τὸν Φάυλον παρεληλυθέναι τε δὴ ἄρτι ἐπὶ τῶν Φωκέων τὴν
ἀρχὴν καὶ ὄψιν ὀνείρατος ἰδεῖν τοιάνδε. ἐν τοῖς ἀναθήμασι τοῦ Ἀπόλλωνος μίμημα
ἦν χαλκοῦν ἀνδρὸς χρονιωτέρου, κατερρυηκότος τε ἤδη τὰς σάρκας καὶ τὰ ὀστᾶ
ὑπολειπομένου μόνα· ἀνάθημα δὲ ὑπὸ Δελφῶν Ἱπποκράτους ἐλέγετο εἶναι τοῦ ἰατροῦ.
τούτῳ δὴ ἑαυτὸν ἐοικέναι τῷ ἀναθήματι ἔδοξεν ὁ Φάυλος· αὐτίκα δὲ ὑπολαβοῦσα
αὐτὸν φθοώδης νόσος ἐπετέλει τοῦ ἐνυπνίου τὴν μαντείαν. (7) Φαύλου δὲ ἀποθανόντος ἐς
Φάλαικον τὸν παῖδα αὐτοῦ περιεχώρησεν ἡ ἐν Φωκεῦσι δυναστεία· καὶ ἐπεὶ ἔσχεν ὁ
Φάλαικος αἰτίαν ἰδίᾳ περιποιεῖσθαι τῶν ἱερῶν χρημάτων, ἐπαύθη τῆς ἀρχῆς. διαβὰς
δὲ ναυσὶν ἐς Κρήτην ὁμοῦ Φωκέων τοῖς ᾑρημένοις τὰ ἐκείνου καὶ μοίρᾳ τοῦ ξενικοῦ,
Κυδωνίᾳ προσκαθήμενο - οὐ γάρ οἱ διδόναι χρήματα ἐβούλοντο αἰτοῦντι - τῆς
στρατιᾶς τὸ πολὺ ἀπόλλυσι καὶ αὐτὸς ἀπώλετο.
| [10,2] (1) On dit que lorsque l'armée des Perses passa en Europe, les Phocéens furent contraints de prendre le parti de
Xerxès; mais ils le quittèrent d'eux-mêmes, et ils payèrent de leurs personnes avec les autres Grecs à la
fameuse journée de Platée.
Dans la suite, ils furent condamnés à une grosse amende par les Amphictyons, et l'on ne dit point pourquoi. Je
ne sais donc si ce fut pour quelque délit imputé à tout le corps, ou si ce ne furent point les Thessaliens, qui,
suivant les mouvements de leur ancienne animosité contre les Phocéens, leur attirèrent ce mauvais traitement.
(2) Quoi qu'il en soit, comme ils avaient peine à s'y soumettre, et que les esprits étaient déjà fort irrités,
Philomélus les aigrit encore. Ce Philomélus était fils de Théotime, natif de Lédon, l'une des villes de la Phocide,
et il ne le cédait à personne en naissance et en dignité. Ayant donc assemblé le peuple, il lui représenta que
l'amende imposée par les Amphictyons était si forte, qu'en vain s'efforcerait-on de la payer; qu'il n'y avait pas de
justice à exiger une somme si exorbitante, et que s'il en était cru, on ferait bien mieux de songer à secouer le
joug, et à aller piller le temple de Delphes. Il n'oublia rien pour faire goûter cette proposition, et dit, entre autres
choses, qu'ayant toujours été amis des Athéniens et des Lacédémoniens, ils n'avaient rien à craindre de leur part,
et que s'ils étaient traversés par les Thébains ou par quelques autres, ils auraient aisément l'avantage sur eux,
tant par leurs propres forces, que par les richesses qu'ils trouveraient à Delphes. (3) Ce discours ne déplut pas
aux Phocéens, soit que le Dieu les eût frappés d'aveuglement, soit qu'ils fussent naturellement d'humeur à
préférer l'intérêt et le gain à la religion. En un mot, ils résolurent de prendre Delphes, et le prirent en effet sous
l'archontat d'Héraclides à Delphes même, et sous celui d'Agathocles à Athènes, la quatrième année de la cent
cinquième olympiade, en laquelle Prorus, de Cyrène, remporta le prix du stade. (4) S'étant rendus maître du
dépôt sacré que l'on gardait dans le temple, ils ne tardèrent pas à soudoyer de bonnes troupes, qu'ils tirèrent de
toutes les parties de la Grèce. Mais aussitôt les Thébains leur déclarèrent la guerre, et ne manquèrent pas une
si belle occasion de leur témoigner du ressentiment qu'ils avaient depuis longtemps contr'eux.
Cette guerre durant dix ans entier, pendant lesquels tantôt les Phocéens, aidés de troupes étrangères, eurent
l'avantage, et tantôt les Thébains. Enfin, dans un grand combat qui se donna auprès de Néone, les Phocéens
furent mis en déroute. Philomélus contraint de prendre la fuite, se précipita du haut d'un rocher, et se tua. Les
Amphictyons condamnèrent au même genre de mort tous ceux qui l'avaient suivi. (5) Après Philomélus,
Onomarque eut le commandement de l'armée. Ce fut en ce temps là que Philippe de Macédoine, qui avait fait
alliance avec les Thébains, s'étant mis à leur tête, remporta une victoire sur les Phocéens. Onomarque se retira
du côté de la mer; mais il y fut jeté pas ses propres soldats, qui imputaient leur défaite à sa lâcheté et à son
peu d'expérience au métier de la guerre. (6) Ainsi périt cet impie par un effet de la colère du ciel, comme je crois.
Son frère, Phayllus, fut fait général en sa place. Mais à peine avait-il pris le commandement des troupes, qu'il eut
en songe la vision que je vais dire. Parmi les offrandes faites à Apollon, il y avait une statue de bronze, qui
représentait un homme exténué par la maladie, et qui n'a plus que la peau sur les os. On disait à Delphes que
c'était le médecin Hippocrate qui avait consacré cette statue. Phayllus, en dormant, cru voir ce squelette, et
s'imagina être tout semblable. En effet, au bout de quelques jours, il tomba malade, une extrême maigreur le
conduisit au tombeau, et son songe ne se trouva que trop véritable. (7) Après sa mort, les Phocéens élurent pour
général son fils Phalécus; mais il fut bientôt révoqué pour s'être approprié les deniers du dépôt sacré. Ensuite
s'étnt embarqué avec ceux qui voulurent le suivre, Phocéens ou autres, il passa en Crète; et parce que Cidonia
lui refusa de l'argent qui en exigeait, il mit le siège devant la ville; mais il y perdit une bonne partie de ses
troupes, et il y périt lui-même.
|