[10,15] (1) Φρύνης δὲ εἰκόνα ἐπίχρυσον
Πραξιτέλης μὲν εἰργάσατο ἐραστὴς καὶ οὗτος, ἀνάθημα δὲ αὐτῆς Φρύνης ἐστὶν ἡ
εἰκών. τὰ δὲ ἐφεξῆς ταύτῃ, τὰ μὲν ἀγάλματα τοῦ Ἀπόλλωνος Ἐπιδαύριοι τὸ ἕτερον οἱ
ἐν τῇ Ἀργολίδι ἀπὸ Μήδων, τὸ δὲ αὐτῶν Μεγαρεῖς ἀνέθεσαν Ἀθηναίους μάχῃ πρὸς
Νισαίᾳ κρατήσαντες· Πλαταιέων δὲ βοῦς ἐστιν, ἡνίκα ἐν τῇ σφετέρᾳ καὶ οὗτοι
Μαρδόνιον τὸν Γωβρύου μετὰ Ἑλλήνων ἠμύναντο ἄλλων. καὶ αὖθις δύο Ἀπόλλωνος, τὸ μὲν
Ἡρακλεωτῶν τῶν πρὸς τῷ Εὐξείνῳ, τὸ δὲ Ἀμφικτυόνων ἐστίν, ὅτε Φωκεῦσιν
ἐπεργαζομένοις τοῦ θεοῦ τὴν χώραν ἐπέβαλον χρημάτων ζημίαν· (2) ὁ δὲ Ἀπόλλων οὗτος
καλεῖται μὲν ὑπὸ Δελφῶν Σιτάλκας, μέγεθος δὲ πέντε πηχῶν καὶ τριάκοντά ἐστι.
στρατηγοὶ δὲ οἱ πολλοὶ καὶ Ἀρτέμιδος, τὸ δὲ Ἀθηνᾶς, δύο τε Ἀπόλλωνος ἀγάλματα
ἔστιν Αἰτωλῶν, ἡνίκα σφίσιν ἐξειργάσθη τὰ ἐς Γαλάτας. στρατιὰν δὲ τὴν Κελτῶν, ὡς
ἐκ τῆς Εὐρώπης διαβήσοιτο ἐς τὴν Ἀσίαν ἐπ´ ὀλέθρῳ τῶν πόλεων, Φαεννὶς
προεδήλωσεν ἐν τοῖς χρησμοῖς γενεᾷ πρότερον ἢ ἐπράχθη τὸ ἔργον· ἦ τότ´
ἀμειψάμενος στεινὸν πόρον Ἑλλησπόντου † (3) αὐδήσει Γαλατῶν ὀλοὸς στρατός, οἵ ῥ´
ἀθεμίστως Ἀσίδα πορθήσουσι· θεὸς δ´ ἔτι κύντερα θήσει πάγχυ μάλ´, οἳ ναίουσι
παρ´ ἠϊόνεσσι θαλάσσης - εἰς ὀλίγον· τάχα γάρ σφιν ἀοσσητῆρα Κρονίων ὁρμήσει,
ταύροιο διοτρεφέος φίλον υἱόν, ὃς πᾶσιν Γαλάτῃσιν ὀλέθριον ἦμαρ ἐφήσει. παῖδα δὲ
εἶπε ταύρου τὸν ἐν Περγάμῳ βασιλεύσαντα Ἄτταλον· τὸν δὲ αὐτὸν τοῦτον καὶ
ταυρόκερων προσείρηκε χρηστήριον. (4) ἱππικοῦ δὲ ἡγεμόνας ἀναβεβηκότας ἐπὶ ἵππους
Φεραῖοι παρὰ τῷ Ἀπόλλωνι ἔστησαν τρεψάμενοι τὴν Ἀττικὴν ἵππον. τὸν δὲ φοίνικα
ἀνέθεσαν Ἀθηναῖοι τὸν χαλκοῦν, καὶ αὐτὸν καὶ Ἀθηνᾶς ἄγαλμα ἐπίχρυσον ἐπὶ τῷ
φοίνικι, ἀπὸ ἔργων ὧν ἐπ´ Εὐρυμέδοντι ἐν ἡμέρᾳ τῇ αὐτῇ τὸ μὲν πεζῇ, τὸ δὲ ναυσὶν ἐν
τῷ ποταμῷ κατώρθωσαν. τούτου τοῦ ἀγάλματος ἐνιαχοῦ τὸν ἐπ´ αὐτῷ χρυσὸν ἐθεώμην
λελυμασμένον. (5) ἐγὼ μὲν δὴ τὸ ἔγκλημα ἐς κακούργους τε ἦγον καὶ φῶρας ἀνθρώπους·
Κλειτόδημος δέ, ὁπόσοι τὰ Ἀθηναίων ἐπιχώρια ἔγραψαν ὁ ἀρχαιότατος, οὗτος ἐν τῷ
λόγῳ φησὶ τῷ Ἀττικῷ, ὅτε Ἀθηναῖοι παρεσκευάζοντο ἐπὶ Σικελίᾳ τὸν στόλον, ὡς
ἔθνος τι ἄπειρον κοράκων κατῆρε τότε ἐς Δελφούς, καὶ περιέκοπτόν τε τοῦ
ἀγάλματος τούτου καὶ ἀπέρρησσον τοῖς ῥάμφεσιν ἀπ´ αὐτοῦ τὸν χρυσόν· λέγει δὲ
καὶ ὡς τὸ δόρυ καὶ τὰς γλαῦκας καὶ ὅσος καρπὸς ἐπὶ τῷ φοίνικι ἐπεποίητο ἐς
μίμησιν τῆς ὀπώρας, κατακλάσαιεν καὶ ταῦτα οἱ κόρακες. (6) Ἀθηναίοις μὲν δὴ καὶ
ἄλλα σημεῖα μὴ ἐκπλεῦσαι σφᾶς ἀπαγορεύοντα ἐς Σικελίαν διηγήσατο ὁ Κλειτόδημος,
Κυρηναῖοι δὲ ἀνέθεσαν ἐν Δελφοῖς Βάττον ἐπὶ ἅρματι, ὃς ἐς Λιβύην ἤγαγε σφᾶς
ναυσὶν ἐκ Θήρας. ἡνίοχος μὲν τοῦ ἅρματός ἐστι Κυρήνη, ἐπὶ δὲ τῷ ἅρματι Βάττος
τε καὶ Λιβύη στεφανοῦσά ἐστιν αὐτόν· ἐποίησε δὲ Ἀμφίων Ἀκέστορος Κνώσσιος. (7) ἐπεὶ
δὲ ᾤκισε Βάττος τὴν Κυρήνην, λέγεται καὶ τῆς φωνῆς γενέσθαι οἱ τοιόνδε ἴαμα·
ἐπιὼν τῶν Κυρηναίων τὴν χώραν ἐν τοῖς ἐσχάτοις αὐτῆς ἐρήμοις ἔτι οὖσι θεᾶται
λέοντα, καὶ αὐτὸν τὸ δεῖμα τὸ ἐκ τῆς θέας βοῆσαι σαφὲς καὶ μέγα ἠνάγκασεν. οὐ
πόρρω δὲ τοῦ Βάττου καὶ ἄλλον ἔστησαν οἱ Ἀμφικτύονες Ἀπόλλωνα ἀπὸ τοῦ ἀδικήματος
τοῦ ἐς τὸν θεὸν τῶν Φωκέων.
| [10,15] (1) Ce monument est suivi de la statue dorée de Phryné, faite de la main de Praxitèle,
qui était amoureux de cette courtisane. Ce fut Phryné elle-même qui en fit présent à Apollon.
On voit tout de suite et au même rang deux Apollons, donnés, l’un par les Epidauriens, après une victoire
remportée sur les Perses dans le pays d’Argos; l’autre par les Mégaréens, pour avoir défait les Athéniens auprès
de Nissée. Suit une génisse en bronze, dédiée par les Platéens, lorsque dans leur propre pays, avec le secours
des autres Grecs, ils taillèrent en pièces l’armée de Mardonius, fils de Gobryas. Des deux Apollons que l’on voit
après, l’un est un présent des Héracléotes qui habitent aux environs du Pont Euxin, l’autre vient d’une amende
à laquelle les Phocéens furent condamnés par les Amphictyons, pour avoir labouré un champ consacré au Dieu.
(2) Cette dernière statue est haute de trente-cinq coudées; on la nomme à Delphes l’Apollon Sitalcas. Là
même vous voyez plusieurs généraux d’armée en bronze, une Diane, une Minerve et deux Apollons encore,
toutes statues données par les Étoliens en reconnaissance de la victoire qu’ils remportèrent sur les Gaulois.
Vingt-cinq ou trente ans avant que les Gaulois passassent d'Europe en Asie pour le malheur du genre humain,
Phaénnis avait prédit ce déluge de barbares. Nous avons encore sa prophétie en vers hexamètres, dont voici le
sens: (3) "Une multitude innombrable de Gaulois couvrira l'Hellespont et viendra ravager l'Asie. Malheur surtout
à ceux qui se trouveront sur leur passage, et qui habitent le long des côtes. Mais bientôt Jupiter prendra soin
de les venger. Je vois sortir du mont Taurus un généreux prince qui exterminera ces barbares". Phaénnis voulait
désigner Attalus, roi de Pergame, qu'elle appelle un nourrisson de Taurus; et Apollon lui-même faisant allusion au
mot Taurus, qui signifie un taureau, le qualifia de prince, qui avait les cornes et la force d'un taureau.
(4) Vous verrez ensuite les statues équestres des chefs sous la conduite de qui les Phéréens mirent en fuite la
cavalerie athénienne. Du même côté est un palmier de bronze avec une Minerve dorée, monument de deux
combats dont les Athéniens sortirent victorieux en un même jour, l'un sur terre près du fleuve Eurymédon, l'autre
sur le fleuve même. Cette Minerve est à présent dédorée et gâtée en plusieurs endroits, (5) ce que j'attribuais à
l'avarice et à l'impiété des hommes. Mais depuis j'ai lu dans Clitodème, le plus ancien historien qui ait traité de
l'Attique, que dans le temps que les Athéniens équipaient une flotte pour aller faire une descente en Sicile, on vit
paraître à Delphes une nuée de corbeaux qui assiégèrent cette statue, et avec leur bec la mirent dans l'état où
elle est: l'historien ajoute que ces oiseaux brisèrent non seulement la pique et les chouettes qui sont les
symboles de la déesse, mais aussi les branches du palmier, et les fruits dont il était chargé comme un véritable
palmier. (6) Clitodème rapporte plusieurs autres prodiges qui arrivèrent alors, et qui auraient dû détourner les
Athéniens de cette malheureuse expédition. Au même endroit on voit Battus sur un char. C'est un don des
Cyrénéens, qui sous les auspices de Battus quittèrent l'île de Théra, pour aller s'établir en Afrique. Cyrène
conduit le char elle-même, et la nymphe Libye couronne Battus. Ce monument est un ouvrage d'Amphion de
Gnosse, fils d'Acestor. (7) On dit que Battus après avoir conduit sa colonie à Cyrène, recouvra la parole d'une
manière fort extraordinaire. Etant allé faire une course avec les Cyrénéens dans les déserts de l'Afrique, il
aperçut un lion, et la peur qu'il en eut lui fit jeter un grand cri bien articulé. Près de sa statue, il y a un Apollon
qui a été fait par ordre des Amphictyons, et de l'amende imposée aux Phocéens pour l'attentat qu'ils avaient
commis contre le Dieu.
|