[10,16] (1) τῶν δὲ ἀναθημάτων ἃ οἱ βασιλεῖς ἀπέστειλαν
οἱ Λυδῶν, οὐδὲν ἔτι ἦν αὐτῶν εἰ μὴ σιδηροῦν μόνον τὸ ὑπόθημα τοῦ Ἀλυάττου
κρατῆρος. τοῦτο Γλαύκου μέν ἐστιν ἔργον τοῦ Χίου, σιδήρου κόλλησιν ἀνδρὸς
εὑρόντος· ἔλασμα δὲ ἕκαστον τοῦ ὑποθήματος ἐλάσματι ἄλλῳ προσεχὲς οὐ περόναις
ἐστὶν ἢ κέντροις, μόνη δὲ ἡ κόλλα συνέχει τε καὶ ἔστιν αὕτη τῷ σιδήρῳ δεσμός.
(2) σχῆμα δὲ τοῦ ὑποθήματος κατὰ πύργον μάλιστα ἐς μύουρον ἀνιόντα ἀπὸ εὐρυτέρου τοῦ
κάτω· ἑκάστη δὲ πλευρὰ τοῦ ὑποθήματος οὐ διὰ πάσης πέφρακται, ἀλλά εἰσιν αἱ
πλάγιαι τοῦ σιδήρου ζῶναι ὥσπερ ἐν κλίμακι οἱ ἀναβασμοί· τὰ δὲ ἐλάσματα τοῦ
σιδήρου τὰ ὀρθὰ ἀνέστραπται κατὰ τὰ ἄκρα ἐς τὸ ἐκτός, καὶ ἕδρα τοῦτο ἦν τῷ
κρατῆρι. (3) τὸν δὲ ὑπὸ Δελφῶν καλούμενον Ὀμφαλὸν λίθου πεποιημένον λευκοῦ, τοῦτο
εἶναι τὸ ἐν μέσῳ γῆς πάσης αὐτοί τε λέγουσιν οἱ Δελφοὶ καὶ ἐν ᾠδῇ τινι Πίνδαρος
ὁμολογοῦντά σφισιν ἐποίησεν. (4) Λακεδαιμονίων δὲ ἀνάθημά ἐστιν ἐνταῦθα, Καλάμιδος
δὲ ἔργον, Ἑρμιόνη ἡ Μενελάου θυγάτηρ, ἡ συνοικήσασα Ὀρέστῃ τῷ Ἀγαμέμνονος καὶ
ἔτι πρότερον Νεοπτολέμῳ τῷ Ἀχιλλέως. Εὐρύδαμον δὲ στρατηγόν τε Αἰτωλῶν καὶ
στρατοῦ τοῦ Γαλατῶν ἐναντία ἡγησάμενον ἀνέθεσαν οἱ Αἰτωλοί. (5) ἔστι δὲ ἐν τοῖς
Κρητικοῖς ὄρεσι καὶ κατ´ ἐμὲ ἔτι Ἔλυρος πόλις· οὗτοι οὖν αἶγα χαλκῆν ἀπέστειλαν
ἐς Δελφούς, δίδωσι δὲ νηπίοις ἡ αἲξ Φυλακίδῃ καὶ Φιλάνδρῳ γάλα· παῖδας δὲ αὐτοὺς
οἱ Ἐλύριοί φασιν Ἀπόλλωνός τε εἶναι καὶ Ἀκακαλλίδος νύμφης, συγγενέσθαι δὲ τῇ
Ἀκακαλλίδι Ἀπόλλωνα ἐν πόλει Τάρρᾳ καὶ οἴκῳ Καρμάνορος. (6) Καρύστιοι δὲ οἱ Εὐβοεῖς
βοῦν καὶ οὗτοι χαλκοῦν παρὰ τῷ Ἀπόλλωνι ἔστησαν ἀπὸ ἔργου τοῦ Μηδικοῦ· βοῦς δὲ
οἱ Καρύστιοι καὶ οἱ Πλαταιεῖς τὰ ἀναθήματα ἐποιήσαντο, ὅτι ἐμοὶ δοκεῖν
ἀπωσάμενοι τὸν βάρβαρον τήν τε ἄλλην βεβαίως ἐκτήσαντο εὐδαιμονίαν καὶ ἀροῦν
ἐλευθέραν τὴν γῆν. στρατηγῶν δὲ εἰκόνας καὶ Ἀπόλλωνά τε καὶ Ἄρτεμιν τὸ ἔθνος
τὸ Αἰτωλικὸν ἀπέστειλαν καταστρεψάμενοι τοὺς ὁμόρους σφίσιν Ἀκαρνᾶνας.
(7) παραλογώτατον δὲ ἐπυνθανόμην ὑπάρξαν Λιπαραίοις ἐς Τυρσηνούς. τοὺς γὰρ δὴ
Λιπαραίους ἐναντία ναυμαχῆσαι τῶν Τυρσηνῶν ναυσὶν ὡς ἐλαχίσταις ἐκέλευσεν ἡ
Πυθία. πέντε οὖν ἀνάγονται τριήρεσιν ἐπὶ τοὺς Τυρσηνούς· οἱ δὲ - ἀπηξίουν γὰρ μὴ
ἀποδεῖν Λιπαραίων τὰ ναυτικά - ἀντανάγονταί σφισιν ἴσαις ναυσί. ταύτας τε οὖν
αἱροῦσιν οἱ Λιπαραῖοι καὶ ἄλλας πέντε ὑστέρας σφίσιν ἀνταναχθείσας, καὶ τρίτην
νεῶν πεντάδα καὶ ὡσαύτως τετάρτην ἐχειρώσαντο. ἀνέθεσαν οὖν ἐς Δελφοὺς ταῖς
ἁλούσαις ναυσὶν ἀριθμὸν ἴσα Ἀπόλλωνος ἀγάλματα. (8) Ἐχεκρατίδης δὲ ἀνὴρ Λαρισαῖος
τὸν Ἀπόλλωνα ἀνέθηκε τὸν μικρόν· καὶ ἁπάντων πρῶτον τεθῆναι τῶν ἀναθημάτων τοῦτό
φασιν οἱ Δελφοί.
| [10,16] (1)De tous les présents faits par les rois de Lydie, il ne reste plus que la soucoupe d'un gobelet donné par Alyatte;
cette soucoupe est de fer, et c'est un ouvrage de Glaucus de Chio, qui le premier a trouvé l'art de souder le
fer. Les différentes pièces qui le composent ne sont jointes ensemble, ni par des clous, ni même par des pointes,
mais uniquement par de la soudure. (2) Sa figure est celle d'une tour, large par en bas; elle s'étrécit par en haut;
chaque côté n'est pas d'une seule pièce. Ce sont plusieurs bandes de fer mises les unes sur les autres en manière
d'échelons, et les dernières, je veux dire celles d'en haut, sont un peu renversées en dehors. Voilà comment cette
soucoupe est faite. (3) Dans le temple il y a un endroit pavé de marbre blanc, et que l'on nomme à Delphes le
centre, parce qu'il y est regardé comme le centre de la terre; ce que Pindare semble avoir autorisé dans une
de ses odes. (4) Là vous voyez quelques offrandes faites au Dieu par les Lacédémoniens, entre autres une
statue d'Hermione, fille de Ménélas, qui fut femme d'Oreste, fils d'Agamemnon, et qui auparavant avait été mariée
à Néoptolème, fils d'Achille; auprès, c'est Eurydame qui commandait les Étoliens, lorsqu'ils remportèrent la
victoire sur les Gaulois. Cette statue est de Calamis, et c'est un présent des Étoliens.
(5) Élyre est une ville qui subsiste encore aujourd'hui dans les montagnes de Crète; cette ville envoya à Apollon
une chèvre de bronze que l'on a aussi mise en ce lieu. La chèvre semble donner à téter à deux enfants, qui
sont Phylacide et Philandre. On tient qu'ils étaient fils d'Apollon et de la nymphe Acacallis, dont le Dieu sut gagner
les bonnes grâces dans la ville de Tarrha, et dans la maison de Carmanor. (6) On voit ensuite un bœuf de
bronze donné par les Carystiens de l'île d'Eubée, lorsqu'ils furent vainqueurs des Perses. Eux et les Platéens
ont consacré un bœuf à Apollon, par la raison, si je ne me trompe, qu'ayant chassé de leur pays les Barbares,
leur fortune en devenait plus stable, et qu'ils pouvaient désormais cultiver leurs terres en toute sûreté. Suivent les
statues de plusieurs capitaines, avec un Apollon et une Diane; c'est un monument de la victoire que les Étoliens
remportèrent sur leurs voisins les Acarnaniens. (7) On raconte une aventure fort singulière arrivée aux Liparéens.
La Pythie leur avait ordonné de ne combattre la flotte des Tyrrhéniens qu'avec un petit nombre de vaisseaux.
En conséquence de cet ordre, ils ne mirent que cinq galères en mer. Les Tyrrhéniens de leur côté, se voyant pour
le moins aussi entendus que leurs ennemis dans la marine, parurent avec un égal nombre. Mais leurs cinq
galères furent prises. Ils en armèrent cinq autres qui eurent encore le même sort. Enfin ils tentèrent le combat
jusqu'à quatre fois, toujours avec le nombre de cinq galères, et à chaque fois ils les perdirent. En mémoire d'un
évènement si extraordinaire et si heureux, les Liparéens envoyèrent à Delphes autant de statues d'Apollon, qu'ils
avaient pris de bâtiments sur leurs ennemis. (8) À la suite de ces statues, on voit un petit Apollon qui a été
consacré par Échécratidès de Larisse. On tient même que c'est la plus ancienne offrande qui ait été faite au Dieu.
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