[10,11] (1) πλησίον δὲ τοῦ ἀναθήματος τοῦ Ταραντίνων Σικυωνίων ἐστὶ
θησαυρός· χρήματα δὲ οὔτε ἐνταῦθα ἴδοις ἂν οὔτε ἐν ἄλλῳ τῶν θησαυρῶν. Κνίδιοι δὲ
ἐκόμισαν ἀγάλματα ἐς Δελφοὺς Τριόπαν οἰκιστὴν τῆς Κνίδου παρεστῶτα ἵππῳ καὶ Λητὼ
καὶ Ἀπόλλωνά τε καὶ Ἄρτεμιν ἀφιέντας τῶν βελῶν ἐπὶ Τιτυόν· ὁ δὲ καὶ τετρωμένος
ἐστὶν ἤδη τὸ σῶμα. (2) ταῦτα ἕστηκε παρὰ τὸν Σικυωνίων θησαυρόν· ἐποιήθη δὲ καὶ
ὑπὸ Σιφνίων ἐπὶ αἰτίᾳ τοιᾷδε θησαυρός. Σιφνίοις ἡ νῆσος χρυσοῦ μέταλλα ἤνεγκε,
καὶ αὐτοὺς τῶν προσιόντων ἐκέλευσεν ὁ θεὸς ἀποφέρειν δεκάτην ἐς Δελφούς· οἱ δὲ
τὸν θησαυρὸν ᾠκοδομήσαντο καὶ ἀπέφερον τὴν δεκάτην. ὡς δὲ ὑπὸ ἀπληστίας ἐξέλιπον
τὴν φοράν, ἐπικλύσασα ἡ θάλασσα ἀφανῆ τὰ μέταλλά σφισιν ἐποίησεν. (3) ἀνέθεσαν δὲ
καὶ ἀνδριάντας Λιπαραῖοι ναυμαχίᾳ κρατήσαντες Τυρρηνῶν. οἱ δὲ Λιπαραῖοι
οὗτοι Κνιδίων μὲν ἦσαν ἄποικοι, τῆς δὲ ἀποικίας ἡγεμόνα γενέσθαι φασὶν ἄνδρα
Κνίδιον· ὄνομα δὲ εἶναί οἱ Πένταθλον Ἀντίοχος ὁ Ξενοφάνους Συρακούσιος ἐν τῇ
Σικελιώτιδι συγγραφῇ φησι. λέγει δὲ καὶ ὡς ἐπὶ Παχύνῳ τῇ ἄκρᾳ τῇ ἐν Σικελίᾳ
κτίσαντες πόλιν αὐτοὶ μὲν ἐκπίπτουσιν ὑπὸ Ἐλύμων καὶ Φοινίκων πολέμῳ
πιεσθέντες, τὰς νήσους δὲ ἔσχον ἐρήμους ἔτι ἢ ἀναστήσαντες τοὺς ἐνοικοῦντας, ἃς
κατὰ τὰ τὰ ἔπη τὰ Ὁμήρεια Αἰόλου καὶ ἐς ἡμᾶς ἔτι ὀνομάζουσι. (4) τούτων
Λιπάραν μὲν κτίσαντες πόλιν ἐνταῦθα οἰκοῦσιν, Ἱέραν δὲ καὶ Στρογγύλην καὶ
Διδύμας γεωργοῦσι διαβαίνοντες ναυσὶν ἐς αὐτάς. ἐν δὲ τῇ Στρογγύλῃ καὶ πῦρ δῆλόν
ἐστιν ἀνιὸν ἐκ τῆς γῆς· καὶ ἐν Ἱέρᾳ δὲ πῦρ τε αὐτόματον ἐπὶ ἄκρας ἀνακαίεται τῆς
νήσου καὶ ἐπὶ θαλάσσῃ λουτρά ἐστιν ἐπιτήδεια, εἰ δέξεταί σε ἠπίως τὸ ὕδωρ, ἐπεὶ
ἄλλως γε χαλεπὸν ὑπὸ ζεστότητός ἐστιν ἐμβαίνεσθαι. (5) οἱ δὲ θησαυροὶ Θηβαίων ἀπὸ
ἔργου τῶν ἐς πόλεμον, καὶ Ἀθηναίων ἐστὶν ὡσαύτως· Κνιδίους δὲ οὐκ οἶδα εἰ ἐπὶ
νίκῃ τινὶ ἢ ἐς ἐπίδειξιν εὐδαιμονίας ᾠκοδομήσαντο, ἐπεὶ Θηβαίοις γε ἀπὸ ἔργου
τοῦ ἐν Λεύκτροις καὶ Ἀθηναίοις ἀπὸ τῶν ἐς Μαραθῶνα ἀποβάντων ὁμοῦ Δάτιδί
εἰσιν οἱ θησαυροί. Κλεωναῖοι δὲ ἐπιέσθησαν μὲν κατὰ τὸ αὐτὸ Ἀθηναίοις ὑπὸ νόσου
τῆς λοιμώδους, κατὰ δὲ μάντευμα ἐκ Δελφῶν ἔθυσαν τράγον ἀνίσχοντι ἔτι τῷ ἡλίῳ,
καὶ - εὕραντο γὰρ λύσιν τοῦ κακοῦ - τράγον χαλκοῦν ἀποπέμπουσι τῷ Ἀπόλλωνι.
Ποτιδαιατῶν δὲ τῶν ἐν Θρᾴκῃ καὶ Συρακουσίων, τῶν μέν ἐστιν ὁ θησαυρὸς ἀπὸ τοῦ
Ἀττικοῦ τοῦ μεγάλου πταίσματος, Ποτιδαιᾶται δὲ εὐσεβείας τῆς ἐς τὸν θεὸν
ἐποίησαν. (6) ᾠκοδόμησαν δὲ καὶ Ἀθηναῖοι στοὰν ἀπὸ χρημάτων ἃ ἐν τῷ πολέμῳ σφίσιν
ἐγένετο ἀπό τε Πελοποννησίων καὶ ὅσαι Πελοποννησίοις ἦσαν τοῦ Ἑλληνικοῦ
σύμμαχοι. ἀνάκειται δὲ καὶ πλοίων τὰ ἄκρα κοσμήματα καὶ ἀσπίδες χαλκαῖ· τὸ δὲ
ἐπίγραμμα τὸ ἐπ´ αὐτοῖς ἀριθμεῖ τὰς πόλεις ἀφ´ ὧν οἱ Ἀθηναῖοι τὰ ἀκροθίνια
ἀπέστειλαν, τήν τε Ἠλείων καὶ Λακεδαιμονίων Σικυῶνά τε καὶ Μέγαρα καὶ
Πελληνέας Ἀχαιῶν Ἀμβρακίαν τε καὶ Λευκάδα καὶ αὐτὴν Κόρινθον· γένεσθαι δὲ ἀπὸ
τῶν ναυμαχιῶν τούτων καὶ θυσίαν Θησεῖ καὶ τῷ Ποσειδῶνι ἐπὶ τῷ ὀνομαζομένῳ Ῥίῳ.
καί μοι φαίνεται τὸ ἐπίγραμμα ἐς Φορμίωνα τὸν Ἀσωπίχου ἔχειν καὶ ἐς τοῦ
Φορμίωνος τὰ ἔργα.
| [10,11] (1) Le présent des Tarentins est suivi du trésor des Sicyoniens. C'est le lieu où l'on gardait les deniers consacrés
au Dieu. Mais aujourd'hui il n'y a d'argent ni dans ce lieu, ni dans aucun autre endroit du temple de Delphes. Près
de ce trésor vous voyez l'offrande des Cnidiens; c'est une statue équestre de Triopas leur fondateur, une Latone,
un Apollon, et une Diane: ces deux divinités décochent leurs flèches sur Tityus qui paraît en avoir déjà le corps
criblé. (2) Les Siphniens ont aussi là leur trésor; j'en vais dire la raison. Ils avaient des mines d'or dans leur île;
Apollon leur demanda la dîme du produit de ces mines. Ils firent donc bâtir un temple de Delphes, et y
déposèrent la dîme que le Dieu exigeait. Mais dans la suite, par un esprit d'avarice, ils cessèrent de payer ce
tribut, et ils en furent punis; car la mer inonda leurs mines et les fit disparaître.(3) Les Liparéens, ayant vaincu les
Tyrrhéniens dans un combat naval, voulurent aussi décorer de statues le temple de Delphes. Ces peuples sont
une colonie de Cnidiens, qui eut pour chef un homme de Cnide, nommé Pentathlus, à ce que dit Antiochus de
Syracuse, fils de Xénophane, dans son histoire de Sicile. Cet écrivain ajoute que, chassés par les Elymes et les
Phéniciens d'une ville qu'ils avaient bâtie auprès du promontoire de Pachynum en Sicile, ils allèrent occuper des
îles qu'ils trouvèrent désertes, ou dont ils chassèrent les habitants. Ces îles, du temps d'Homère,
s'appelaient les îles d’Éole, comme on le voit par ses poésies et elles s'appellent encore aujourd'hui de même. (4) Ils
fortifièrent celle de Lipara et s'y établirent. Les trois autres, savoir, Hière, Strongyle et Didyme, ils les
réservèrent pour fournir à leur subsistance, et en effet ils y passent sur des vaisseaux pour en labourer les terres.
Dans l'île Strongyle il sort du feu de dessous la terre. Dans celle d'Hière il y a un promontoire qui jette aussi des
tourbillons de flammes. Près de la mer vous avez des bains d'eau chaude qui sont fort salutaires. On en peut
user, parce que l'eau en est fort tempérée; mais aux autres endroits elle est si chaude que l'on ne peut s'y
baigner. (5) Revenons au temple de Delphes. Les Athéniens y ont bâti une espèce de
chapelle particulière, sous le nom de trésor, les Thébains de même;
les uns et les autres en action de grâces de divers avantages remportés à la guerre. À l'égard des Cnidiens,
je ne sais si c'est pour accomplir un vœu, ou seulement pour faire montre de leurs richesses, qu'ils ont voulu
avoir un trésor dans le temple. Mais pour les Thébains et les Athéniens, on sait qu'ils ont voulu par là laisser un
monument, les uns de leur combat de Leuctres, et les autres de leur combat de Marathon. Les Cléonéens, ayant
été affligés de la peste aussi bien que les Athéniens, avertis par l'oracle de Delphes, sacrifièrent un bouc au soleil
levant; ils furent délivrés du mal contagieux, et pour marquer leur reconnaissance ils consacrèrent à Apollon un
bouc de métal. Les Potidéens, peuples de Thrace, et les Syracusains ont aussi honoré le Dieu par un trésor qui
leur est affecté; les premiers par pure dévotion envers le Dieu, les seconds pour avoir défait les Athéniens qui
avaient porté la guerre dans leur île. (6) Mais les Athéniens eux-mêmes ont bâti encore un portique des
richesses gagnées sur les peuples du Péloponnèse et leurs alliés. On y voit des éperons de navires et des
boucliers d'airain suspendus à la voûte. Une inscription nomme toutes les villes sur lesquelles les Athéniens
remportèrent des dépouilles, dont ils envoyèrent les prémices à Delphes: Élis, Lacédémone, Sicyone, Mégare,
Pellène en Achaïe, Ambracie, Leucade, Corinthe même. Il y est dit aussi que des dépouilles remportées dans un
combat naval, ils firent de somptueux sacrifices à Thésée et à Neptune sur le promontoire de Rhion. Enfin la
même inscription fait, ce me semble, un grand éloge de Phormion, fils d'Asopichus.
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