[9,9] (1) Τὸν δὲ πόλεμον τοῦτον, ὃν ἐπολέμησαν Ἀργεῖοι, νομίζω πάντων, ὅσοι πρὸς
Ἕλληνας ἐπὶ τῶν καλουμένων ἡρώων ἐπολεμήθησαν ὑπὸ Ἑλλήνων, γενέσθαι λόγου μάλιστα
ἄξιον. ὁ μέν γε Ἐλευσινίων πρὸς Ἀθηναίους τοὺς ἄλλους, ὡσαύτως δὲ καὶ Θηβαίων πρὸς
Μινύας, τήν τε ἔφοδον δι´ ὀλίγου τῶν ἐπιστρατευσαμένων καὶ ἐν μάχῃ παρέσχοντο μιᾷ
τὴν κρίσιν, ἐς ὁμολογίας τε αὐτίκα ἐτράποντο καὶ σπονδάς· (2) ὁ δὲ Ἀργείων στρατὸς
ἐς Βοιωτίαν τε μέσην ἀφίκετο ἐκ μέσης Πελοποννήσου καὶ ὁ Ἄδραστος ἐξ Ἀρκαδίας καὶ
παρὰ Μεσσηνίων συμμαχικὰ ἤθροισεν, ὡσαύτως δὲ καὶ τοῖς Θηβαίοις μισθοφορικὰ ἦλθε
παρὰ Φωκέων καὶ ἐκ τῆς Μινυάδος χώρας οἱ Φλεγύαι. γενομένης δὲ πρὸς τῷ Ἰσμηνίῳ
μάχης ἐκρατήθησαν οἱ Θηβαῖοι τῇ συμβολῇ, καὶ ὡς ἐτράποντο, καταφεύγουσιν ἐς τὸ
τεῖχος· (3) ἅτε δὲ οὐκ ἐπισταμένων τῶν Πελοποννησίων μάχεσθαι πρὸς τὸ τεῖχος,
ποιουμένων δὲ θυμῷ μᾶλλον ἢ σὺν ἐπιστήμῃ τὰς προσβολάς, πολλοὺς μὲν ἀπὸ τοῦ
τείχους βάλλοντες φονεύουσιν αὐτῶν οἱ Θηβαῖοι, κρατοῦσι δὲ ὕστερον καὶ τοὺς ἄλλους
ἐπεξελθόντες τεταραγμένοις, ὡς τὸ σύμπαν στράτευμα πλὴν Ἀδράστου φθαρῆναι.
ἐγένετο δὲ καὶ αὐτοῖς τὸ ἔργον οὐκ ἄνευ κακῶν μεγάλων, καὶ ἀπ´ ἐκείνου τὴν σὺν
ὀλέθρῳ τῶν κρατησάντων Καδμείαν ὀνομάζουσι νίκην. (4) ἔτεσι δὲ οὐ πολλοῖς ὕστερον
ὁμοῦ Θερσάνδρῳ στρατεύουσιν ἐπὶ τὰς Θήβας οὓς Ἐπιγόνους καλοῦσιν Ἕλληνες· δῆλοι
δέ εἰσι καὶ τούτοις οὐ τὸ Ἀργολικὸν μόνον οὐδὲ οἱ Μεσσήνιοι καὶ Ἀρκάδες
ἠκολουθηκότες, ἀλλὰ καὶ ἔτι ἐκ Κορίνθου καὶ Μεγαρέων ἐπικληθέντες ἐς τὴν συμμαχίαν·
ἤμυναν δὲ καὶ Θηβαίοις οἱ πρόσοικοι, καὶ μάχη πρὸς Γλίσαντι ἀπὸ ἀμφοτέρων ἐγένετο
ἰσχυρά. (5) τῶν δὲ Θηβαίων οἱ μὲν αὐτίκα ὡς ἡττήθησαν ὁμοῦ Λαοδάμαντι
ἐκδιδράσκουσιν, οἱ δὲ ὑπολειφθέντες πολιορκίᾳ παρέστησαν. ἐποιήθη δὲ ἐς τὸν πόλεμον
τοῦτον καὶ ἔπη Θηβαΐς· τὰ δὲ ἔπη ταῦτα Καλλῖνος ἀφικόμενος αὐτῶν ἐς μνήμην ἔφησεν
Ὅμηρον τὸν ποιήσαντα εἶναι, Καλλίνῳ δὲ πολλοί τε καὶ ἄξιοι λόγου κατὰ ταὐτὰ
ἔγνωσαν· ἐγὼ δὲ τὴν ποίησιν ταύτην μετά γε Ἰλιάδα καὶ τὰ ἔπη τὰ ἐς Ὀδυσσέα ἐπαινῶ
μάλιστα. πολέμου μὲν δή, ὃν Ἀργεῖοι καὶ Θηβαῖοι τῶν Οἰδίποδος παίδων ἕνεκα
ἐπολέμησαν, ἐς τοσόνδε ἔστω μνήμη·
| [9,9] (1) Cette guerre des Argiens contre les Thébains est, autant que j'en
puisse juger, la plus considérable qu'il y ait eu parmi les Grecs durant tous
ces temps que l'on appelle héroïques. Car la guerre des Éleusiniens contre les
autres peuples de l'Attique, celle même des Thébains contre les Myniens, fut
presque aussitôt finie que commencée. Les armées n'avaient pas beaucoup de
chemin à faire pour se joindre; une bataille décidait la querelle, et aux
hostilités succédait bientôt ou la trêve ou la paix. (2) Mais l'armée des
Argiens vint du fond du Péloponnèse, dans le cœur de la Béotie, et Adraste
tirait de l'Arcadie et de la Messénie ses troupes auxiliaires, tandis que les
Thébains étaient obligés de tirer les leurs de la Phocide et de la Minyade, d'où
les Phlégyens vinrent à leur secours. Le combat se donna sur le bord de
l'Ismène; les Thébains, dès le premier choc, lâchèrent le pied, et mis en fuite
ils regagnèrent leurs remparts. (3) Les Argiens, comme tous les peuples du
Péloponnèse, s'entendaient fort mal à faire un siège; leurs attaques étaient
brusques et vives, mais nullement conduites avec art. Aussi les Thébains en
tuèrent-ils un grand nombre de dessus leurs murailles, et ensuite faisant une
sortie à propos, ils les culbutèrent dans leurs lignes, les taillèrent en
pièces, et remportèrent sur eux une victoire si complète qu'Adraste fut le seul
qui leur échappa. Mais cette victoire leur coûta cher, et ils perdirent tant de
monde, que depuis elle a passé en proverbe; car pour dire un avantage remporté
sur l'ennemi, mais acheté par beaucoup de sang, on dit que c'est une victoire à
la Thébaine. (4) Quelque temps après, les fils de ces malheureux braves
voulurent venger leurs pères, et marchant sous les enseignes de Thersandre, ils
vinrent encore une fois attaquer les Thébains. Ce n'étaient plus seulement les
Argiens, les Messéniens et Arcadiens, c'étaient aussi les Corinthiens et les
Mégaréens. Quant aux Thébains, ils avaient engagé tous leurs voisins dans leur
querelle, et ils en étaient puissamment aidés. Les deux armées en virent aux
mains sur le bord du Glisante; le combat fut fort opiniâtre de part et d'autre;
(5) mais enfin les Thébains ayant perdu la bataille, les uns s'enfuirent avec
Laodamas, leur chef, les autres se jetèrent dans Thèbes, où ils furent bientôt
forcés. Toute cette guerre a été écrite en vers; et Callinus, qui cite quelques-
uns de ces vers, ne fait pas de difficulté de les attribuer à Homère, en quoi il
a été suivi par plusieurs auteurs d'un grand poids. Pour moi j'avoue qu'après
l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, je n'ai point vu de plus belle poésie. Mais
c'est assez parler de la guerre cruelle que les Argiens et les Thébains se
firent si longtemps pour l'amour des fils d'Œdipe.
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