[4,9] τοῖς δὲ Μεσσηνίοις μετὰ τὴν μάχην πονηρὰ γίνεσθαι
τὰ πράγματα ἤρχετο· δαπάνῃ τε γὰρ χρημάτων
ἀπειρήκεσαν, ἃ τῶν πόλεων ἀνήλισκον ἐς τὰς φρουράς,
καὶ οἱ δοῦλοι παρὰ τοὺς Λακεδαιμονίους ηὐτομόλουν,
τοῖς δὲ καὶ νόσος ἐνέπεσε καὶ ταραχὰς μὲν παρέσχεν
ὡς εἴη λοιμώδης, οὐ μὴν ἐς ἅπαντάς γε ἐχώρησεν.
βουλευομένοις δὲ πρὸς τὰ παρόντα ἐδόκει τὰ μὲν πολλὰ
πολίσματα τὰ ἐς μεσόγαιαν πάντα ἐκλείπειν, ἐς δὲ τὸ
ὄρος ἀνοικίζεσθαι τὴν Ἰθώμην. ἦν δὲ καὶ πόλισμα
αὐτόθι οὐ μέγα, ὃ καὶ Ὅμηρόν φασιν ἔχειν ἐν καταλόγῳ·
καὶ Ἰθώμην κλιμακόεσσαν.
ἐς τοῦτο τὸ πόλισμα ἀνῳκίζοντο, ἐπεκτείνοντες τὸν
ἀρχαῖον περίβολον ἔρυμα εἶναι πᾶσιν αὔταρκες. ἦν
δὲ τὸ χωρίον καὶ ἄλλως ἐχυρόν· ἡ γὰρ Ἰθώμη μεγέθει
τε οὐδενὸς ἀποδεῖ τῶν ὀρῶν ὁπόσα ἐντός ἐστιν ἰσθμοῦ
καὶ δύσβατος κατὰ τοῦτο μάλιστα ἦν. ἐδόκει δὲ καὶ
θεωρὸν πέμψαι σφίσιν ἐς Δελφούς. ἀποστέλλουσιν
οὖν Τῖσιν τὸν Ἄλκιδος, καὶ ἀξιώματι οὐδενὸς ὕστερον
καὶ ὅτι προσκεῖσθαι μαντικῇ μάλιστα ἐνομίζετο. τοῦτον
τὸν Τῖσιν ἐπανιόντα ἐκ Δελφῶν λοχῶσιν ἄνδρες
Λακεδαιμονίων ἀπὸ τῆς ἐν Ἀμφείᾳ φρουρᾶς· λοχήσαντες
δὲ—οὐ γὰρ ὑπεῖκεν αἰχμάλωτος γενέσθαι—
περιμένοντα οὖν ἀμύνεσθαι καὶ ἀνθεστηκότα ἐτίτρωσκον,
ἐς ὃ γίνεται βοή σφισιν ἐξ ἀφανοῦς ‚τὸν χρησμοφόρον
μέθες.‛ καὶ Τῖσις μὲν ὡς ἀπεσώθη τάχιστα ἐς
Ἰθώμην καὶ τὴν μαντείαν παρὰ τὸν βασιλέα ἀνήνεγκε,
μετ´ οὐ πολὺ ὑπὸ τῶν τραυμάτων τελευτᾷ· τοὺς δὲ
Μεσσηνίους συναθροίσας ὁ Εὐφαὴς ἐπεδείκνυ τὸν χρησμόν·
κόρην ἄχραντον νερτέροισι δαίμοσι,
κλήρῳ λαχοῦσαν Αἰπυτιδῶν ἀφ´ αἵματος,
θυηπολεῖτε νυκτέροισιν ἐν σφαγαῖς.
ἢν δὲ σφαλῆτε, καὶ παρ´ ἀλλοίου τότε
θύειν, διδόντος ἐς σφαγὴν ἑκουσίως.
ταῦτα τοῦ θεοῦ δηλώσαντος αὐτίκα ἐκληροῦντο ὅσαι
παρθένοι τοῦ Αἰπυτιδῶν γένους ἦσαν· καὶ ἐπελάμβανε
γὰρ Λυκίσκου θυγατέρα ὁ κλῆρος, ταύτην Ἐπήβολος
ὁ μάντις ἀπηγόρευεν ὡς οὐ δέοι θύειν, οὐ γὰρ εἶναι
Λυκίσκου· τὴν δὲ γυναῖκα ἣ Λυκίσκῳ συνῴκησεν, ὡς
τεκεῖν οὔκουν οἵα τε ἦν, {ἐν τούτῳ} τὴν παῖδα ὑποβαλέσθαι.
ἐν ὅσῳ δὲ οὗτος ἀνεδίδασκε τὰ ἐς αὐτήν,
ἐν τοσῷδε ὁ Λυκίσκος ἀπαγόμενος ἅμα καὶ τὴν παρθένον
ηὐτομόλησεν ἐς Σπάρτην. ἐχόντων δὲ ἀθύμως
τῶν Μεσσηνίων ὡς Λυκίσκον ἀποδράντα ᾔσθοντο, ἐνταῦθά
σφισιν Ἀριστόδημος ἀνὴρ καὶ γένους τοῦ Αἰπυτιδῶν
καὶ Λυκίσκου τῇ τε ἄλλῃ δόξῃ καὶ τὰ ἐς πόλεμον
ἐπιφανέστερος ἐδίδου τὴν θυγατέρα ἑκὼν θῦσαι.
τὰ δὲ ἀνθρώπων καὶ οὐχ ἥκιστα τὸ πρόθυμον ἡ πεπρωμένη
κατὰ ταὐτὰ ἐπικρύπτει καὶ εἰ ψηφῖδα ἐπιλαβοῦσα
ἰλὺς ποταμοῦ, ὅπου καὶ τότε Ἀριστοδήμῳ διασώσασθαι
Μεσσήνην ἀγώνισμα ποιουμένῳ {τὸ} ἐμπόδιον
ἐπήγαγε τοιόνδε. ἀνὴρ τῶν Μεσσηνίων—τὸ δὲ ὄνομα
οὐ λέγουσιν—ἐρῶν ἔτυχε τοῦ Ἀριστοδήμου τῆς θυγατρός,
τότε δὲ ἤδη ἔμελλε καὶ γυναῖκα ἄξεσθαι. οὗτος
κατ´ ἀρχὰς μὲν ἐς ἀμφισβήτησιν Ἀριστοδήμῳ προῆλθεν,
ἐκεῖνον μὲν ἐγγυήσαντά οἱ μηκέτι εἶναι κύριον τῆς
παιδός, αὐτὸς δὲ ἐγγυησάμενος κυριώτερος ἐκείνου
γίνεσθαι. δεύτερα δὲ ὡς τοῦτο οὐχ ἑώρα οἱ κατορθούμενον,
ἐπ´ ἀναίσχυντον τρέπεται λόγον· ξυγγενέσθαι
τε τῇ παιδὶ καὶ κύειν ἐξ αὐτοῦ. τέλος δὲ ἐς
τοσοῦτον Ἀριστόδημον προήγαγεν ὡς ἐκμανέντα ὑπὸ
τοῦ θυμοῦ τὴν θυγατέρα ἀποκτεῖναι· μετὰ δὲ ἀνέτεμνε
καὶ ἐπεδείκνυεν αὐτὴν οὐκ ἔχουσαν ἐν γαστρί. παρὼν
δὲ Ἐπήβολος ἐκέλευεν ἄλλον τινὰ τὸν θυγατέρα ἐπιδώσοντα
γενέσθαι· τῆς γὰρ τοῦ Ἀριστοδήμου πλέον
εἶναί σφισιν ἀποθανούσης οὐδέν· φονεῦσαι γὰρ τὸν
πατέρα αὐτήν, θεοῖς δὲ οἷς ἡ Πυθία προσέταξεν οὐ
θῦσαι. τοιαῦτα εἰπόντος τοῦ μάντεως τὸ πλῆθος τῶν
Μεσσηνίων ὥρμησεν ἀποκτενοῦντες τὸν μνηστῆρα τῆς
παιδός, ὡς Ἀριστοδήμῳ τε μίασμα εἰκαῖον προσάψαντα
καὶ σφίσι τῆς σωτηρίας τὴν ἐλπίδα ἀμφίβολον πεποιηκότα.
ἢν δὲ ὁ ἀνὴρ οὗτος ἐς τὰ μάλιστα τῷ Εὐφαεῖ
φίλος· πείθει οὖν τοὺς Μεσσηνίους Εὐφαὴς τόν τε
χρησμὸν ἔχειν τέλος ἀποθανούσης τῆς παιδὸς καὶ σφίσιν
ἀποχρᾶν τὰ ὑπὸ Ἀριστοδήμου πεποιημένα. λέγοντος
δὲ ταῦτα ἔφασαν τὰ ὄντα λέγειν ὅσοι τοῦ Αἰπυτιδῶν
γένους ἦσαν· ἀπεῖναι γάρ σφισι τὸ δέος τὸ
ἐπὶ τῇ θυγατρὶ ἕκαστος ἔσπευδε. καὶ οἱ μὲν τοῦ βασιλέως
τῇ παραινέσει πειθόμενοι τὴν ἐκκλησίαν διαλύουσι
καὶ ἀπ´ αὐτῆς πρός τε θυσίας θεῶν καὶ ἑορτὴν τρέπονται·
| [4,9] CHAPITRE IX.
Depuis ce combat les affàires des Messéniens
commencèrent a se détériorer. Les garnisons
qu'ils avaient été obligés de mettre dans
leurs places, leur avait infiniment coûté, de sorte
qu'ils n'étaient plus en état d'entretenir une armée
sur pied. En second lieu, tous leurs esclaves
avaient déserté pour se donner aux Lacédémoniens;
enfin, pour comble de malheur, une maladie populaire,
une espèce de peste affligeait leur
pays, et quoiqu'elle n'eût pas gagné toute la
Messénie, elle ne laissait pas de leur enlever beaucoup
demonde. Après avoir mûrement délibéré
sur l'état de leurs affaires, ils résolurent d'abandonner
la plupart des villes qu'ils avaient en terre
ferme et de se retirer sur le mont lthome, dans
la ville même qui porte ce nom et dont ils prétendent
qu'Homère a voulu parler, lorsqu'il a dit
dans le dénombrement des vaisseaux,
"Ithome l'escarpée et la riche Oechalie".
Ils en agrandirent l'enceinte afin qu'elle pût servir
d'asyle à la quantité des nouveaux habitants
qu'elle devait contenir ; c'était une place très forte
d'assiette, étant située sur une montagne aussi
haute qu'il y en eût dans l'isthme du Péloponnèse;
ainsi les approches en étaient fort difficiles.
Lorsqu'ils s'y furent réfugiés, ils jugèrent à propos
d'envoyer consulter l'oracle de Delphes ; ils donnèrent
cette commission à Tisis, fils d'Alcis,
homme distingué parmi ses concitoyens, et surtout
habile en l'art de la devination. Tisis alla à
Delphes ; mais en revenant, il fut attaqué par des
Lacédémoniens de la garnison d'Amphée, qui
s'étaient embusqués sur son passage; comme il
se défendait avec beaucoup de résolution, ils ne
cessèrent de tirer sur lui, jusqu'à ce qu'ils entendirent
une voix qui venait on ne sait d'où, et qui
disait: "laissez passer le messager de l'oracle". Tisis,
à la faveur de ce secours d'en haut, ayant gagné
Ithome, rapporta l'oracle au roi, et peu de jours
après mourut de ses blessures. Euphaès convoqua
le peuple aussitôt pour lui faire part de
l'oracle, dont le sens était à peu prés tel :
"Du pur sang d'Epytus une vierge éplorée,
Dans un noir sacrifice à l'autel égorgée,
Appaisant de Plutôn l'implacable courroux,
Pourra sauver Ithome et vous garantir tous".
Ces paroles n'eurent pas plutôt été entendues, que
l'on fit tirer au sort tout ce qu'il y avait de filles
de l'illustre maison des Epytides. Le sort tomba
sur la fille de Lyciscus; niais le devin Epébolus
s'opposa à ce qu'elle fût sacrifiée, disant que
Lyciscus n'en était pas le père, et que sa femme,
qui était stérile, avait supposé cette fille à son
mari : pendant qu'il débite ce conte dans le public,
Lyciscus prend sa fille avec lui et s'enfuit à
Sparte. Son évasion consterna fort les Messéniens;
Aristodème les rassura ; il était aussi de la race des
Epytides, et beaucoup plus illustre que Lyciscus
en tout genre, mais surtout à la guerre; il offrit
volontairement sa fille. Le destin obscurcit tout-à-coup
la vertu des hommes, comme un fleuve
ternit de son limon l'éclat de ces belles coquilles
qui sont sur ses rives. Aristodème prêt à dévouer
sa fille pour le salut de sa patrie, tomba dans le
malheur que je vais dire. Un Messénien, dont on
ne dit pas le nom, était amoureux de cette jeune
personne, et prétendait l'épouser ; voyant le péril
qui la menaçait, il soutint à Aristodème que sa
fille était fiancée, qu'il n'avait plus de droit sur
elle; que lui, à qui elle était accordée, en était
plus le maître que son père, et que l'on n'en
pouvait disposer sans son consentement. Comme
on ne l'écoutait point, il poussa l'effronterie jusqu'à
dire qu'il avait abusé de cette fille et qu'elle
était grosse. Aristodème ne se possédant plus de
voir une telle méchanceté, et transporté de colère,
enfonce un poignard dans le sein de sa fille, la
jette morte à ses pieds, lui ouvre le ventre, et
convainc l'assemblée qu'elle n'était point grosse.
Aussitôt le devin Epébolus s'écria qu'il fallait
chercher un autre Epytide qui voulut bien livrer
sa fille, qu'Aristodème, en tuant la sienne, n'avait
rien fait qui pût servir aux Messéniens, qu'il l'avait
sacrifiée à sa fureur, et non aux dieux dont parlait la
Pythie. Le peuple ayant entendu ce discours,
peu s'en fallut qu'il ne mît en pièces l'imposteur,
qui avait fait commettre un parricide
à Aristodème, et rendu l'espérance publique si
douteuse. Mais heureusement cet homme était fort
aimé du roi. Euphaès prit donc la parole et dit
aux Messéniens, qu'il ne devait leur rester aucun
scrupule, et que l'oracle était suffisamment accompli,
puisqu'après tout le sang d'une vierge
avait été répandu. Tous les Epytides applaudirent
à ce sentiment, et il n'y en eut aucun qui ne
fût charmé de n'avoir plus rien à craindre pour
ses filles. Le peuple s'étant laissé persuader au
discours du roi, on congédia l'assemblée ; après
quoi l'on fit des sacrifices, et l'on célébra un jour
de fête en l'honneur des dieux.
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