[4,10] Λακεδαιμόνιοι δὲ ἀκούσαντες τὸν γενόμενον
Μεσσηνίοις χρησμὸν ἀθύμως διέκειντο καὶ αὐτοὶ καὶ
οἱ βασιλεῖς ἔς τε τὰ λοιπὰ καὶ ἄρχειν ὀκνοῦντες μάχης.
ἔτει δὲ ἕκτῳ μετὰ τὸν ἐξ Ἰθώμης Λυκίσκου δρασμὸν
οἱ Λακεδαιμόνιοι—τὰ γὰρ ἱερὰ ἐγίνετο αὐτοῖς αἴσια
—στρατεύουσιν ἐπὶ τὴν Ἰθώμην· οἱ δὲ Κρῆτες οὐκέτι
παρόντες σφίσιν ἔτυχον. ὑστέρησαν δὲ καὶ οἱ τῶν
Μεσσηνίων σύμμαχοι—δι´ ὑποψίας γὰρ οἱ Σπαρτιᾶται
καὶ ἄλλοις ἤδη Πελοποννησίων καὶ Ἀρκάσιν ἦσαν καὶ
Ἀργείοις μάλιστα—καὶ οἱ μὲν Ἀργεῖοι κρύφα ἔμελλον
τῶν Λακεδαιμονίων ἀφίξεσθαι καὶ ἰδίᾳ δὴ μᾶλλον ἢ
μετὰ δόγματος κοινοῦ, τοῖς δὲ Ἀρκάσιν ἡ στρατεία
μὲν ἀνείρητο ἐκ τοῦ φανεροῦ, παρέτυχον δὲ οὐδ´ οὗτοι.
τοὺς γὰρ Μεσσηνίους καὶ ἄνευ συμμάχων κινδυνεῦσαι
προήγαγεν ἡ δόξα τοῦ χρησμοῦ. τὰ μὲν οὖν πολλὰ
οὐδέν τι ἐγένετο διάφορα ἢ καὶ ἐπὶ τῆς προτέρας μάχης,
ἥ τε ἡμέρα καὶ τότε μαχομένους προαπέλιπεν·
οὐ μέντοι βιασθῆναί γε οὐδέτερον κέρας ἢ καὶ λόχον
μνημονεύουσιν, ἐπεὶ μηδὲ τὴν τάξιν, ὡς ἀπ´ ἀρχῆς
ἐτάχθησαν, συμμεῖναί φασιν, ἀλλ´ ἀφ´ ἑκατέρων τοὺς
ἀρίστους συνελθόντας ἐς τὸ μεσαίτατον ἐνταῦθα τὸν
πάντα ἔχειν πόνον. ὁ γὰρ Εὐφαὴς πλέον τι ἢ βασιλέα
εἰκὸς ἦν προθυμούμενος καὶ ἀφειδῶς τοῖς περὶ τὸν
Θεόπομπον ἐγκείμενος τραύματα {τε} πολλά τε καὶ οὐκ
ἰάσιμα λαμβάνει· λιποψυχήσαντα δὲ αὐτὸν καὶ πεσόντα
οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ ὀλίγον ὅμως ἐμπνέοντα ἐποιοῦντο
παρ´ αὑτοὺς ἑλκύσαι σπουδήν. ἐπήγειρε δὲ καὶ τοὺς
Μεσσηνίους ἥ τε ἐς τὸν Εὐφαῆ προϋπάρχουσα εὔνοια
καὶ τὰ ὀνείδη τὰ μέλλοντα· φονευομένοις τε ὑπὲρ τοῦ
βασιλέως ἄμεινόν σφισιν ἐφαίνετο προΐεσθαι τὰς ψυχὰς
ἢ ἐκεῖνον προεμένων ἀποσωθῆναί τινα. τότε μὲν
δὴ πεσὼν ὁ Εὐφαὴς τήν τε μάχην ἐπεμήκυνε καὶ προήγαγεν
ἐς πλέον παρὰ ἑκατέρων τὰ τολμήματα· ὕστερον
δὲ ἀνήνεγκε μὲν καὶ ᾔσθετο ὅτι οὐκ ἔλαττον ἐσχήκασιν
ἐν τῷ ἔργῳ, ἡμέραις δὲ οὐ πολλαῖς ἀποθνήσκει,
βασιλεύσας Μεσσηνίων τρία ἔτη καὶ δέκα καὶ πολεμήσας
Λακεδαιμονίοις τὸν πάντα τῆς βασιλείας χρόνον.
Εὐφαεῖ δὲ οὐκ ὄντων παίδων τὸν αἱρεθέντα ὑπὸ
τοῦ δήμου κατελείπετο ἔχειν τὴν ἀρχήν, Κλέοννίς τε
καὶ Δᾶμις ἐς ἀμφισβήτησιν Ἀριστοδήμῳ προῆλθον, τά
τε ἄλλα καὶ τὰ ἐς πόλεμον διαφέρειν νομιζόμενοι· τὸν
δὲ Ἄντανδρον οἱ πολέμιοι κατειργάσαντο ἐν τῇ μάχῃ
προκινδυνεύοντα Εὐφαοῦς. ἦσαν δὲ καὶ τῶν μάντεων
αἱ γνῶμαι κατὰ ταὐτὰ ἀμφοτέρων, Ἐπηβόλου καὶ Ὀφιονέως,
μὴ σφᾶς ἀνδρὶ ἐναγεῖ καὶ θυγατρὸς μίασμα ἐπικειμένῳ
δοῦναι τὴν Αἰπύτου καὶ τῶν ἀπογόνων τιμήν·
ᾑρέθη δὲ ὅμως καὶ ἐβασίλευσεν Ἀριστόδημος. ὁ δὲ
Ὀφιονεὺς οὗτος ὁ τῶν Μεσσηνίων μάντις τυφλὸς ὢν
εὐθὺς ἐκ γενετῆς μαντικήν τινα εἶχε τοιαύτην· πυνθανόμενος
τὰ γινόμενα ἑκάστοις ἰδίᾳ τε καὶ ἐν κοινῷ
προέλεγεν οὕτω τὰ μέλλοντα. οὗτος μὲν τρόπον ἐμαντεύετο
τὸν εἰρημένον, Ἀριστόδημος δὲ βασιλεύσας τῷ
τε δήμῳ διέμεινε τὰ εἰκότα χαρίζεσθαι προθυμούμενος
καὶ τοὺς ἐν τέλει τούς τε ἄλλους καὶ μάλιστα Κλέοννιν
καὶ Δᾶμιν ἦγεν ἐν τιμῇ· διὰ θεραπείας δὲ εἶχε
καὶ τὰ τῶν συμμάχων, Ἀρκάδων τε τοῖς δυνατοῖς καὶ
ἐς Ἄργος καὶ Σικυῶνα ἀποστέλλων δῶρα. τὸν δὲ πόλεμον
ἐπὶ τῆς Ἀριστοδήμου βασιλείας ἐπολέμουν λῃστείαις
τε κατ´ ὀλίγους ἀεὶ καὶ περὶ τὴν ὡραίαν καταδρομαῖς
ἐς τὴν ἀλλήλων χρώμενοι, συνεσέβαλλον δὲ
καὶ παρὰ τῶν Ἀρκάδων τοῖς Μεσσηνίοις ἐς τὴν Λακωνικήν·
Ἀργεῖοι δὲ προαναφῆναι μὲν τὸ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ἔχθος
οὐκ ἠξίουν, γινομένου δὲ ἀγῶνος παρεσκευάζοντο ὡς μεθέξοντες.
| [4,10] CHAPITRE X.
Les Lacédémoniens ayant appris l'orade qui
avait été rendu aux Messéniens, parurent fort
alarmés, et les deux rois eux-mêmes ne furent
plus si pressés de recommencer la guerre. Enfin,
la sixième année depuis la fuite de Lyciscus,
les Lacédémoniens, après avoir duement sacrifié
aux dieux, se mirent en campagne et marchèrent
droit à Ithome. Leurs archers Crétois n'avaient
pas encore joint, et les Messéniens n'avaient pas
non plus revu les secours qu'ils attendaient de
leurs allés. Car les Spartiates commençaient à
donner de l'ombrage aux autres peuples du
Péloponnèse, surtout aux Arcadiens et aux
Argiens. Ceux-ci, comme à la dérobée, et sans
aucune résolution publique, devaient aider les
Messéniens ; pour les Arcadiens, ils ne s'en
cachaient point et armaient tout ouvertement;
mais ni les uns, ni les autres n'étaient arrivés.
Les Messéniens, pleins de confiance en leur
oracle, crurent pouvoir se passer de tout secours
étranger ; ils tentèrent donc encore une fois le sort
des armes. A plusieurs égards, ce second combat
ne fut pas fort différent du premier ; la nuit y
mit fin de la même manière, aucune des deux
ailes, aucun bataillon même ne fut enfoncé, ni
rompu ; car ni les uns, ni les autres ne gardèrent
leurs rangs. Les plus déterminés quittant leur
poste, formèrent un corps de part et d'autre, et
combattirent avec furie. Euphaès se laissant emporter
à son courage, plus qu'il ne convenait à
un roi, chargea brusquement la troupe où était
Théopompe ; mais il reçut plusieurs blessures et
blessures mortelles. Ce fut alors que le combat
devint sanglant ; car les Lacédémoniens voyant
Euphaès tombé et prêt à expirer, firent les derniers
efforts pour se rendre maîtres de sa personne;
et les Messéniens, encouragés par l'amour
qu'ils avaient pour leur roi, se battirent en
désespérés autour de lui, sans compter que l'honneur
les y engageait ; aussi pensaient-ils qu'il était
plus beau de mourir pour son roi que de lui survivre
en l'abandonnant. Ainsi le malheur d'Euphaès
opiniâtra le combat, et donna aux uns et
aux autres occasion de faire des prodiges de
valeur. Enfin ce prince fut rapporté au camp,
où il eut la consolation de sentir que ses troupes
avaient fait leur devoir et n'avaient point été battues.
Au bout de quelques jours il mourut, après
avoir régné treize ans, durant lesquels il fut toujours
en guerre avec les Lacédémoniens.
Euphaès mourant sans enfans, laissa au peuple
la liberté de se choisir un maître. Cléonnis et
Damis se trouvèrent en concurrence avec Aristodème
et prétendaient l'emporter, comme s'étant
beaucoup plus distingués, et à la guerre et en
temps de paix ; car pour Antander il avait été
tué dans le combat en défendant son roi. Les
deux devins Epébolus et Ophionée étaient contraires
à Aristodème; ils disaient hautement qu'un
parricide et un impie, qui avoir trempé ses mains
dans le sang de sa fille, n'était pas fait pour occuper
le trône d'Epytus et de ses descendants. Mais
malgré leur opposition, Aristodème eut les suffrages
du peuple et prit les rênes de l'état. Cet
Ophionée, dont je viens de parler, était aveugle de
naissance, et voici comme il exerçait l'art de deviner :
il demandait à ceux qui venaient le consulter
de quelle manière ils s'étaient gouvernés
soit en public, soit en particulier, et suivant leurs
réponses il prédisait ce qui leur devait arriver.
A l'égard d'Aristodème, il fut toujours agréable
au peuple, et ne sut pas moins gagner les grands,
entre lesquels il considéra particulièrement
Cléonnis et Damis ; plein d'attention pour ses alliés,
il envoya des députés en Arcadie à Argos
et à Sicyone, avec des présents pour ceux qui
étaient à la tête des affaires parmi ces peuples.
Durant presque tout son règne les Lacédémoniens
et les Messéniens également las de la guerre
ne la firent que par quelques coups de main et
quelques hostilités de part et d'autre, surtout au
temps de la moisson; les Arcadiens se joignaient
quelquefois aux Messéniens pour faire le dégât
dans la Laconie ; mais les Argiens, plus circonspects,
n'osaient se déclarer contre Sparte, bien résolus
pourtant à se mettre du côté des Messéniens,
si l'on en venait à une action décisive.
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