[4,11] πέμπτῳ δὲ ἔτει τῆς Ἀριστοδήμου βασιλείας μελλόντων
ἐκ προρρήσεως συμβολὴν ποιήσεσθαι—τῷ τε
γὰρ μήκει τοῦ πολέμου καὶ τοῖς δαπανήμασιν ἀπειρήκεσαν
— οὕτω παρεγένοντο ἀμφοτέροις καὶ οἱ σύμμαχοι,
Λακεδαιμονίοις μὲν Κορίνθιοι Πελοποννησίων
μόνοι, τοῖς δὲ Μεσσηνίοις οἵ τε Ἀρκάδες πανστρατιᾷ
καὶ Ἀργείων καὶ Σικυωνίων λογάδες. Λακεδαιμόνιοι
μὲν οὖν Κορινθίοις καὶ τοῖς εἵλωσι καὶ ὅσοι περίοικοι
συνεστρατεύοντο τὸ μέσον ἐπιτρέψαντες, ἐπὶ τοῖς κέρασιν
αὐτοί τε καὶ οἱ βασιλεῖς ἐτάσσοντο βαθείᾳ τε
ὡς οὔπω πρότερον καὶ πυκνῇ τῇ φάλαγγι. τῷ δὲ
Ἀριστοδήμῳ καὶ τοῖς περὶ αὐτὸν διετάχθη τὰ ἐς τὴν
μάχην οὕτως. ὅσοι τῶν Ἀρκάδων ἢ τῶν Μεσσηνίων
τὰ μὲν σώματα ἦσαν ἐρρωμένοι καὶ ἀγαθοὶ τὰς ψυχάς,
ὅπλα δὲ οὐκ εἶχον ἰσχυρά, τούτοις τῶν ὅπλων τὰ χρησιμώτατα
ἐπέλεξε, καὶ ὡς τὸ ἔργον ἤπειγεν, ὁμοῦ τοῖς
Ἀργείοις καὶ Σικυωνίοις καὶ τούτους ἔτασσε· τὴν δὲ
φάλαγγα ἐπὶ πλέον ἥπλωσεν, ὡς μὴ κυκλωθεῖεν ὑπὸ
τῶν ἐναντίων. προείδετο δὲ καὶ ὅπως τεταγμένοις
σφίσι τὸ ὄρος ἡ Ἰθώμη κατὰ νώτου γίνοιτο. καὶ τούτοις
μὲν Κλέοννιν ἐπέταξεν ἡγεμόνα· αὐτὸς δὲ καὶ ὁ
Δᾶμις ὑπέμενον ἔχοντες τοὺς ψιλούς, σφενδονήτας μὲν
ἢ τοξότας ὀλίγους, ὁ δὲ ὄχλος ὁ πολὺς τοῖς τε σώμασιν
ἦσαν ἐς τὰς ἐπιδρομὰς καὶ ἀναχωρήσεις ἐπιτήδειοι καὶ
τῇ ὁπλίσει κοῦφοι· θώρακα γὰρ ἢ ἀσπίδα εἶχεν οὐχ
ἕκαστος, ὅσοι δὲ ἠπόρουν τούτων, περιεβέβληντο αἰγῶν
νάκας καὶ προβάτων, οἱ δὲ καὶ θηρίων δέρματα καὶ
μάλιστα οἱ ὀρεινοὶ τῶν Ἀρκάδων λύκων τε καὶ ἄρκτων.
ἀκόντια δὲ ἕκαστος πολλά, οἱ δὲ καὶ λόγχας αὐτῶν
ἔφερον. καὶ οὗτοι μὲν ἐλόχων τῆς Ἰθώμης ἔνθα ἔμελλον
ἥκιστα ἔσεσθαι σύνοπτοι· οἱ δὲ ὁπλῖται τῶν Μεσσηνίων
καὶ συμμάχων τήν τε ἔφοδον τὴν πρώτην τῶν
Λακεδαιμονίων ὑπέμειναν καὶ μετὰ τοῦτο ἦσαν ἤδη
καὶ τὰ ἄλλα ἀνδρεῖοι. ἀριθμῷ μὲν δὴ τῶν ἐναντίων
ἀπελείποντο, λογάδες δὲ ὄντες ἐμάχοντο πρὸς δῆμον
καὶ οὐχ ὁμοίως πρὸς κρείττους, ᾗ καὶ μᾶλλον τῇ τε
ἄλλῃ προθυμίᾳ καὶ ταῖς ἐμπειρίαις ἐπὶ πολὺ ἀντεῖχον.
ἐνταῦθα καὶ ὁ στρατὸς τῶν Μεσσηνίων ὁ εὔζωνος,
ἀφ´ οὗ καὶ τούτοις ἤρθη τὰ σημεῖα, ἐχρῶντο ἐπὶ τοὺς
Λακεδαιμονίους δρόμῳ καὶ περιστάντες ἠκόντιζον ἐς
τὰ πλάγια· ὅσοις δὲ καὶ ἐπὶ πλέον μετῆν τόλμης, προσέθεόν
τε καὶ ἔτυπτον ἐκ χειρός. οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι,
κίνδυνόν σφισι δεύτερον ἐν τῷ αὐτῷ καὶ οὕτως ἀνέλπιστον
ὁρῶντες παρόντα, ὅμως οὔτε ἐταράχθησαν ἐπιστρεφόμενοί
τε ἐς τοὺς ψιλοὺς ἀμύνεσθαι μὲν ἐπειρῶντο,
διὰ δὲ τὴν κουφότητα οὐ χαλεπῶς ἀποφευγόντων
ἀπορία τοῖς Λακεδαιμονίοις καὶ ἀπ´ αὐτῆς ἤδη
καὶ ὀργὴ γίνεται. πεφύκασι δέ πως οἱ ἄνθρωποι μάλιστα
ἔχειν ἀκρατῶς πρὸς τὰ παρ´ ἀξίαν· καὶ δὴ καὶ
τότε οἵ τε ἤδη τραύματα τῶν Σπαρτιατῶν εἰληφότες
καὶ ὅσοι κειμένων τῶν παραστατῶν ἐγίνοντο πρὸς τὴν
ἔφοδον τῶν ψιλῶν πρῶτοι προεξέθεόν τε, ὁπότε ἴδοιεν
ἐπιφερομένους τοὺς ψιλούς, καὶ ὑπὸ θυμοῦ μακροτέρας
τὰς διώξεις ἐποιοῦντο ἀποχωρούντων. οἱ δὲ ψιλοὶ
τῶν Μεσσηνίων ὡς τὸ πρῶτον ἤρξαντο, κατὰ χώραν
τε μένοντας ἔτυπτον καὶ ἐσηκόντιζον καὶ διωκόντων
ἔφθανον ἀποφεύγοντες καὶ πειρωμένοις ἀναστρέφειν
αὖθις ἐπῄεσαν. ταῦτα δὲ ἔδρων σποράδην καὶ ἄλλοι
κατ´ ἄλλο τῆς τῶν ἐναντίων τάξεως· οἵ τε ὁπλῖται τῶν
Μεσσηνίων καὶ συμμάχων θρασύτερον ἐν τῷ τοιῷδε
τοῖς κατὰ στόμα αὐτῶν ἐπέκειντο. τέλος δὲ οἱ Λακεδαιμόνιοι
τῷ τε χρόνῳ καὶ τοῖς τραύμασιν ἀπαγορεύοντες
καὶ ἅμα παρὰ τὸ εἰωθὸς ὑπὸ τῶν ψιλῶν ταρασσόμενοι
διαλύουσι τὴν τάξιν· τραπέντων δέ, ἐνταῦθά
σφισι πλείω παρεῖχον κακὰ οἱ ψιλοί. τοὺς δὲ τῶν
Λακεδαιμονίων διαφθαρέντας ἐν τῇ μάχῃ συλλαβεῖν
μὲν οὐχ οἷά τε ἦν ἀριθμῷ, πείθομαι δὲ εἶναι καὶ
αὐτὸς πολλούς. ἡ δὲ οἴκαδε ἀναχώρησις τοῖς μὲν
ἄλλοις καθ´ ἡσυχίαν, Κορινθίοις δὲ ἔμελλεν ἔσεσθαι
χαλεπή· διὰ πολεμίας γὰρ ἐγίνετο ὁμοίως διά τε τῆς
Ἀργείας πειρωμένοις καὶ παρὰ Σικυῶνα ἀνασωθῆναι.
| [4,11] CHAPITRE XI.
Enfin, la cinquième année du règne d'Aristodème,
les uns et les autres ne pouvant plus
soutenir la longueur de la guerre, ni les dépenses
qu'elle entraînait, ils voulurent la terminer
par un combat, et les alliés des deux nations
envoyèrent, à jour marqué, le secours dont ils
naient convenus. De tous les peuples du Péloponnèse,
il n'y eut que les seuls Corinthiens qui
n'abandonnèrent point Sparte ; au contraire, les
Arcadiens marchèrent en corps d'armée au secours
des Messéniens, Argos et Sicyone fournirent
à la vérité moins de troupes, mais c'étaient
tous gens choisis. L'ordre de bataille des Lacédémoniens
fut tel : ils mirent au milieu les Corinthiens,
les Hilotes, et toutes les troupes qu'ils
avaient tirées des pays nouvellement soumis à
leur domination ; chaque roi commandait une
aile, et leur phalange, plus nombreuse que jamais,
était bien serrée et bien garnie. Pour Aristodème
voici comme il rangea son armée. Il
choisit parmi les Messéniens et les Arcadiens, les
plus beaux hommes et les plus braves, il les arma
le plus avantageusement qu'il put, et les mêla
avec les Argiens et les Sicyoniens, pour les soutenir
durant le combat; il donna à sa phalange
le plus d'étendue qu'il lui fut possible, afin qu'elle
ne pût être enveloppée, et eut la précaution de
s'ajuster si bien au terrain, que son armée eût
toujours le mont Ithome derrière elle. Cléonnis
eut le commandement de la phalange. Aristodème
et Damis se mirent à la tête des deux ailes, et
prirent avec eux quelque peu d'archers et de
frondeurs. Les autres troupes, à cause de leur
agilité, furent destinées à se porter, tantôt d'un
côté, tantôt de l'autre, et à inquiéter l'ennemi
par leurs mouvements; car elles avaient toutes,
ou un bouclier, ou une cuirasse; ceux qui manquaient
de cette armure se couvraient de peaux
de chèvres, ou de brebis, ou même de bêtes sauvages;
les Arcadiens, surtout, qui étaient des
montagnards pour la plupart, marchaient vêtus
de la dépouille d'un ours ou d'un loup; chaque
soldat avait plusieurs javelots, et quelques-uns
même des lances. Cette infanterie légère demeura
comme embusquée dans un endroit de la montagne,
où il n'était pas aisé de l'appercevoir. La
phalange d'Aristodème, composée de Messéniens
et de leurs alliés, soutint la première décharge
des Lacédémoniens, les chargea ensuite à son
tour, et se montra plus expérimentée, plus aguerrie
qu'ils n'avaient cru. Véritablement elle était
inférieure en nombre, mais toute formée de
troupes d'élite, elle combattait contre un corps
qui était mêlé de bonnes et de mauvaises; aussi
l'emporta-t-elle et en valeur et du côté de l'art
militaire. D'ailleurs, cette cavalerie légère qui
s'était cachée, venant à sortir au premier signal,
harcelait encore beaucoup les ennemis; car les
prenant en flanc, elle tirait continuellement sur
eux, quelques-uns même avaient la hardiesse de
joindre l'ennemi, et de combattre de pied ferme,
de sorte que les Lacédémoniens, attaqués de tous
côtés, perdaient presque l'espérance de vaincre;
cependant ils se tenaient toujours serrés et en bon
ordre; de temps en temps ils tournaient leurs
efforts contre ces aventuriers et tâchaient de les
repousser; mais cette troupe plus agile et moins
chargée avait bientôt regagné son poste, si bien
qu'il ne restait aux Lacédémoniens que la rage
de ne la pouvoir atteindre, et l'embarras qui naît
de l'impuissance; car les hommes sont ainsi faits,
que quand ils ont une fois entrepris quelque chose,
tous les obstades imprévus les désespèrent. Ceux
donc qui avaient été blessés ou qui se trouvaient
les plus exposés à ces fréquentes escarmouches,
quittant leurs rangs et transportés de
colère, poursuivaient fort loin ce dangereux ennemi,
qui tournant par les derrières, venait faire
la même manoeuvre contre le gros de la phalange,
on tombait sur ceux même qui l'avaient poursuivi ;
ainsi on combattait en plusieurs endroits
comme par pelotons. Cependant, la phalange des
Messéniens et de leurs alliés pressait vivement
celle des Lacédémoniens, qui, cédant enfin à
l'opiniâtreté du combat et au nouveau genre d'ennemi
qu'elle avait sur les bras, fut enfoncée et
rompue. Dès que la cavalerie légère des Messéniens
vit les Lacédémoniens en déroute, elle se
mit à leurs trousses et leur tua encore beaucoup
de monde. On ne sait pas au juste combien d'hommes
ils perdirent; pour moi, je crois que le
nombre en fut considérable. Les Spartiates, qui
n'avaient point de pays ennemi à traverser, s'en
retournèrent sans peine chez eux ; mais la retraite
des Corinthiens fut difficile, parce qu'il leur
fallait passer sur les terres d'Argos et sur celles
de Sicyone.
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