[4,7] τοιαῦτα ὁ Εὐφαὴς εἰπὼν διέλυσε τὸν σύλλογον,
τὸ δὲ ἀπὸ τούτου πάντας ἔσχεν ἤδη τοὺς Μεσσηνίους ἐν ὅπλοις,
τούς τε οὐκ εἰδότας ἐπαναγκάζων διδάσκεσθαι τὰ πολεμικὰ
καὶ τοῖς ἐπισταμένοις ἐπιμελεστέραν ἢ πρότερον τὴν ἄσκησιν εἶναι.
Λακεδαιμόνιοι δὲ καταδρομὰς ἐποιοῦντο ἐς τὴν Μεσσηνίαν,
καὶ τὴν μὲν χώραν οὐκ ἐλυμαίνοντο ἅτε δὴ
νομίζοντες οἰκείαν οὐδὲ δένδρα ἔκοπτον οὐδὲ οἰκήματα
κατέβαλλον· οἱ δὲ λείαν εἰ περιτύχοιεν ἤλαυνον
καὶ σῖτον καὶ τὸν ἄλλον καρπὸν ἀφῃροῦντο. πρὸς δὲ
τὰς πόλεις ποιούμενοι προσβολὰς εἷλον μὲν οὐδεμίαν
ἅτε καὶ τείχεσιν ὠχυρωμένας καὶ δι´ ἀκριβείας φρουρουμένας,
λαμβάνοντες δὲ τραύματα ἀπεχώρουν ἄπρακτοι
καὶ τελευτῶντες οὐκέτι ἀπεπειρῶντο τῶν πόλεων.
ἐλῄστευον δὲ καὶ οἱ Μεσσήνιοι τά τε ἐπιθαλάσσια τῆς
Λακωνικῆς καὶ ὅσαι γεωργίαι περὶ τὸ Ταΰγετον ἦσαν.
τετάρτῳ δὲ ἔτει μετὰ τῆς Ἀμφείας τὴν ἅλωσιν
Εὐφαὴς τῷ θυμῷ χρήσασθαι τῷ Μεσσηνίων προθυμούμενος
ἀκμαζόντων ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ταῖς ὀργαῖς
καὶ ἅμα τὴν ἄσκησιν ἤδη σφίσιν αὐτάρκη νομίζων
εἶναι, προεῖπεν ἔξοδον· συνακολουθεῖν δὲ καὶ τοὺς
οἰκέτας προσέτασσε φέροντας ξύλα καὶ ἄλλα ὅσα
πρόσφορα ἐς ποίησιν χαρακώματος. ἐπυνθάνοντο δὲ
καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι παρὰ τῶν ἐν Ἀμφείᾳ φρουρῶν
τοὺς Μεσσηνίους ἐξιόντας· ἐξεστρατεύοντο οὖν καὶ
οὗτοι. καὶ ἦν γὰρ ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ χωρίον ἄλλως
μὲν ἐς ἀγῶνα ἐπιτήδειον, χαράδρα δὲ προεβέβλητο
αὐτοῦ βαθεῖα· ἐνταῦθα τοὺς Μεσσηνίους παρέτασσεν ὁ
Εὐφαής, ἀποδείξας στρατηγὸν Κλέοννιν· τῆς δὲ ἵππου
καὶ τῶν ψιλῶν, οἳ συναμφότεροι ἐλάσσους πεντακοσίων
ἦσαν, τούτων Πυθάρατος καὶ Ἄντανδρος ἡγοῦντο.
ὡς δὲ συνῄει τὰ στρατόπεδα, τοῖς μὲν ὁπλίταις καὶ
ἀφειδῶς ὅμως καὶ ἀκρατέστερον ὑπὸ τοῦ μίσους φερομένοις
ἐπὶ ἀλλήλους οὐ παρέσχεν ἐλθεῖν ἐς χεῖρας ἡ
χαράδρα διείργουσα· τὸ δ´ ἱππικὸν καὶ οἱ ψιλοὶ συμμίσγουσι
μὲν κατὰ τὸ ὑπὲρ τὴν χαράδραν, ἦσαν δὲ
οὔτε πλῆθος οὔτε ἐμπειρίᾳ διαφέροντες οὐδέτεροι, καὶ
διὰ τοῦτο ἰσόρροπος ἡ μάχη σφίσιν ἐγένετο. ἐν
ὅσῳ δὲ οὗτοι συνεστήκασιν, ἐν τοσούτῳ τοὺς οἰκέτας
ἐκέλευεν ὁ Εὐφαὴς πρῶτα μὲν τὰ κατὰ νῶτον τοῦ
στρατοπέδου φράξασθαι τοῖς σταυροῖς, μετὰ δὲ τὰ
πλευρὰ ἀμφότερα. ἐπεὶ δὲ ἥ τε νὺξ ἐπέλαβε καὶ ἡ
μάχη διελέλυτο, τότε ἤδη καὶ τὰ πρὸ τοῦ στρατοπέδου
κατὰ τὴν χαράδραν ἐφράξαντο, ὥστε ἐπισχούσης ἡμέρας
τῆς τε προνοίας τοῦ Εὐφαοῦς τοῖς Λακεδαιμονίοις
ἐπιπίπτει λογισμὸς εἶχόν τε οὔτε ὅπως μάχεσθαι χρὴ
πρὸς τοὺς Μεσσηνίους μὴ προϊόντας ἐκ τοῦ χάρακος προσκαθῆσθαί
τε ἀπεγίνωσκον ἀπαράσκευοι τοῖς πᾶσιν ὁμοίως ὄντες.
καὶ τότε μὲν ἀποχωροῦσιν οἴκαδε, ἐνιαυτῷ δὲ
ὕστερον κακιζόντων σφᾶς τῶν γεγηρακότων καὶ δειλίαν
τε ὁμοῦ προφερόντων καὶ τοῦ ὅρκου τὴν ὑπεροψίαν,
οὕτω δευτέραν ἐκ τοῦ προφανοῦς ἐπὶ Μεσσηνίους
στρατείαν ἐποιοῦντο. ἡγοῦντο δὲ οἱ βασιλεῖς ἀμφότεροι,
Θεόπομπός τε ὁ Νικάνδρου καὶ Πολύδωρος ὁ Ἀλκαμένους·
Ἀλκαμένης δὲ οὐκέτι περιῆν. ἀντεστρατοπεδεύοντο
δὲ καὶ οἱ Μεσσήνιοι καὶ πειρωμένων μάχης
τῶν Σπαρτιατῶν ἄρχειν ἀντεπεξῄεσαν. Λακεδαιμονίοις
δὲ ἡγεῖτο Πολύδωρος μὲν κατὰ τὸ κέρας τὸ ἀριστερόν,
Θεόπομπος δὲ ἐπὶ τῷ δεξιῷ, τὸ μέσον δὲ εἶχεν Εὐρυλέων,
τὰ μὲν παρόντα Λακεδαιμόνιος, τὰ ἐξ ἀρχῆς δὲ
ἀπὸ Κάδμου καὶ ἐκ Θηβῶν, Αἰγέως τοῦ Οἰολύκου
τοῦ Θήρα τοῦ Αὐτεσίωνος ἀπόγονος πέμπτος. τοῖς
δὲ Μεσσηνίοις κατὰ μὲν τὸ δεξιὸν τῶν Λακεδαιμονίων
ἀντετάσσοντο Ἄντανδρός τε καὶ Εὐφαής, τὸ δὲ ἕτερον
κέρας τὸ κατὰ τὸν Πολύδωρον Πυθάρατος εἶχε, Κλέοννις
δὲ τὸ μέσον. συνιέναι δὲ ἤδη μελλόντων, ἐπεὶ
παριόντες οἱ βασιλεῖς προέτρεπον τοὺς αὑτῶν, πρὸς
μὲν δὴ τοὺς Λακεδαιμονίους βραχεῖαν κατὰ τὸ ἐπιχώριον
τὴν παράκλησιν ἐποιεῖτο ὁ Θεόπομπος, τοῦ τε
ὅρκου τοῦ κατὰ τῶν Μεσσηνίων ἀναμιμνήσκων καὶ
ὡς καλόν σφισι τὸ φιλοτίμημα, τῶν πατέρων οἳ τοὺς
περιοίκους κατεδουλώσαντο φανῆναι λαμπρότερα εἰργασμένους
καὶ χώραν εὐδαιμονεστέραν προσκεκτημένους·
Εὐφαὴς δὲ μακρότερα μὲν εἶπεν ἢ ὁ Σπαρτιάτης,
οὐ πλείω δὲ οὐδ´ οὗτος ἢ ἐφιέντα ἑώρα τὸν καιρόν.
οὐ γὰρ περὶ γῆς μόνον οὐδὲ κτημάτων τὸν ἀγῶνα
ἀπέφαινε γενησόμενον, εἰδέναι δὲ ἔφη σαφῶς ἃ νικωμένους
ἐπιλήψεται· γυναῖκας μὲν γὰρ ἀχθήσεσθαι καὶ
τέκνα ἐν ἀνδραπόδων μέρει, τοῖς δὲ ἐν ἡλικίᾳ τὸ
ἐλαφρότατον ἔσεσθαι. θάνατον, ἢν μετ´ αἰκίας μὴ
γένηται, συλήσεσθαι δέ σφισι καὶ τὰ ἱερὰ καὶ τὰς
πατρίδας ἐμπρήσεσθαι· λέγειν δὲ οὐκ εἰκάζων, μάρτυρα
δὲ ἐναργῆ πᾶσιν εἶναι τῶν ἐγκαταληφθέντων ἐν
Ἀμφείᾳ τὰ πάθη. πρό τε δὴ τηλικούτων κακῶν κέρδος
εἶναι καλῶς τινα ἀποθανεῖν, πολὺ δὲ εἶναι ῥᾷον
ἀηττήτοις οὖσιν ἔτι καὶ τὰς τόλμας καθεστηκόσιν
ἐξ ἴσου προθυμίᾳ τοὺς ἀντιτεταγμένους ὑπερβαλεῖν
ἢ προαποβαλόντας τὸ φρόνημα ἐπανορθοῦσθαι τὰ ἐπταισμένα.
| [4,7] CHAPITRE VII.
Euphaès, après avoir parlé de la sorte, congédia
l'assemblée et, sans perdre de temps, fit prendre
les armes à tous les Messéniens ; il exerçait
continuellement les nouvelles milices, tenait les vieux
soldats en haleine, et leur faisait observer une
discipline beaucoup plus exacte que de coutume.
Cependant, les Lacédémoniens ne cessaient de
faire des courses dans la Messénie; mais regardant
dejà ce pays comme leur, ils l'épargnaient,
n'abattaient ni arbres, ni maisons, et se contentaient
de faire quelque butin, si l'occasion s'en présentait ;
ils coupaient les bleds, ils enlevaient
Ies fruits, en un mot, ils tâchaient de subsister
aux dépens de leurs ennemis. Ils assiégèrent quelques
places, mais ils n'en prirent aucune, parce
qu'elles étaient bien fortifiées, et abondamment
pourvues de toutes sortes de munitions: si bien
qu'ils se retirèrent avec perte, et qu'ils résolurent
de ne faire à l'avenir aucun siège. Les Messéniens,
de leur côté, ravageaieut toutes les côtes
maritimes de la Laconie, et même les terres qui
sont aux environs du mont Taigète. Quatre
ans depuis la prise d'Amphée, s'étaient ainsi
passés en hostilités de part et d'autres, lorsqu' Euphaès
croyant avoir sufisamment exercé ses troupes,
et voulant profiter de la bonne diposition
des Messéniens, qui paroissaient s'animer tous
les jours de plus en plus contre les Lacédémoniens,
déclara enfin qu'il voulait tenir la campagne,
et marcher en corps d'armée. En même
temps, il ordonne que les esclaves suivent, et
qu'ils aient a se munir d'outils propres à remuer
la terre, et de tout ce qui était nécessaire pour
faire de bons retranchemerrs. Les Lacédémoniens,
avertis par la garnison d'Amphée, se mettent en
marche aussitôt. Il y avait sur les confins de la
Messénie, une grande plaine fort propre à donner
bataille, à cela près, qu'elle était coupée
par un torrent fort profond. Ce fut-là, néanmoins,
qu'Euphaès rangea son armée en bataille;
il nomma pour son lieutenant-général Cléonnis,
et donna le commandement de la cavalerie, tant
pesante que légère, à Pytharate et à Antander;
cette cavalerie ne faisait pas en tout plus de cinq
cents hommes. Quand les deux armées furent en
présence, elles marchèrent l'une contre l'autre
de bonne grâce, et avec cette haine invétérée
qui les animait. Mais le torrent qui coupait la
plaine les empêcha de se joindre et d'en venir
aux mains. II n'y eut que la cavalerie de part et
d'autre qui combattit par-dessus la ravine ; comme
le nombre et le courage n'étaient pas différents
de part et d'autres, l'avantage fut assez égal. Durant
ce combat, Euphaès commanda aux esclaves,
qu'il avait amenés à sa suite, de fortifier ses derrières
et ses flancs, ce qu'ils firent en diligence.
Cependant la nuit vint, qui mit fin an combat de
la cavalerie, et qui donna le tempsà Euphaès de
se retrancher aussi par-devant. Le lendemain
matin, les Lacédémoniens voyant son camp fortifié,
jugèrent bien qu'il n'y avait pas moyen de
combattre des gens qui se tenaient renfermés
dans leurs retranchements; d'ailleurs, ils n'étaient
pas en état de les y forcer, n'ayant rien apporté
de ce qui était nécessaire pour cela; de sorte
qu'ils prirent le parti de s'en retourner chez eux.
L'année suivante, les vieillards de Sparte, ne
cessant de reprocher à la jeunesse et sa lâcheté et
le peu de religion qu'elle avait pour son serment;
on entreprit une seconde expédition contre les
Messéniens, non plus à la dérobée, mais ouvertement
et de bonne guerre. Les deux rois se
mirent à la tête de l'armée ; Théopompe, fils de
Nicandre, et Polydore, fils d'Alcamène, car
Alcamène n'était plus au monde. Les Messéniens
sortirent en même-temps de leurs quartiers, et
se vouant comme défiés au combat, ils marchèrent
courageusement à l'ennemi. Polydore commandait
l'aile gauche des Lacédémoniens, Théopompe
l'aile droite, et Euryléon le corps de
bataille. Cet Euryléon, né à Sparte, était originairement
Thébain, et descendait de Cadmus; car
il était fils d'Egée, petit-fils d'Oeolycus, et arrière-petit-fils
de Théras, qui avait pour père Autésion.
Quant à l'armée des Messéniens, la disposition en
était telle. Euphaès et Autander menaient l'aile
gauche directement opposée à l'aile droite de Théopompe;
Pytharate menait la droite, qui répondait
à l'aile gauche de Polydore, et Cléonnis était au
centre.Un moment avant que l'on sonnât la charge,
chaque général s'étant avancé au milieu de ses
troupes, exhorta officiers et soldats à bien faire
leur devoir; Théopompe, en peu de mots, à la
manière de son pays, dit aux Lacédémoniens
qu'ils se souvinssent de Ieur serment ; que leurs
ancêtres avaient acquis beaucoup de gloire en assujettissant
leurs voisins, combien donc eux en
acquerraient-ils davantage, s'ils faisaient la conquête
d'un aussi beau pays que la Messénie ?
Euphaès harangua les Messéniens un peu plus
longuement, pas plus néanmoins que la circonstance
du temps ne le permettait. Qu'il ne s'agissait
pas seulement de conserver leurs terres et leurs
fortunes, qu'ils ne pouvaient ignorer quel serait
leur sort, s'ils se laissaient vaincre, leurs femmes
et leurs enfans réduits à la condition d'esclaves ;
tous les autres trop heureux s'ils en étaient quittes
pour mourir par le tranchant de l'épée; leurs
temples pillés, leurs villes et leurs maisons brûlées,
tout leur pays en proie au vainqueur, et à
un vainqueur cruel ; qu'il ne parlait pas par conjecture,
et qu'ils avaient dans Amphée un exemple
de ce qui les attendait ; qu'il valait donc bien
mieux prévenir des maux si funestes par une mort
honorable: qu'après tout, il leur était aisé de
vaincre, à présent, qu'ils avaient encore toutes
leurs forces et tout leur courage, au lieu qu'il
serait bien tard, lorsque découragés par leurs
pertes, ils voudraient rétablir leurs affaires, et
réparer les malheurs de la guerre : c'est ce que
leur représenta Euphaès.
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