[4,5] Λακεδαιμόνιοι μὲν δὴ Πολυχάρους τε ἕνεκα οὐκ
ἐκδοθέντος σφίσι καὶ διὰ τὸν Τηλέκλου φόνον, καὶ
πρότερον ἔτι ὑπόπτως ἔχοντες διὰ τὸ Κρεσφόντου
κακούργημα ἐς τὸν κλῆρον, πολεμῆσαι λέγουσι· Μεσσήνιοι
δὲ περὶ Τηλέκλου ἀντιλέγουσι τὰ εἰρημένα ἤδη
μοι καὶ Αἴπυτον τὸν Κρεσφόντου συγκαταχθέντα ἀποφαίνουσιν
ὑπὸ Ἀριστοδήμου τῶν παίδων, ὃ μήποτ´ ἂν
ποιῆσαι σφᾶς Κρεσφόντῃ γε ὄντας διαφόρους. Πολυχάρην
δὲ ἐκδοῦναι μὲν ἐπὶ τιμωρίᾳ Λακεδαιμονίοις
οὔ φασιν, ὅτι μηδὲ ἐκεῖνοι σφίσιν Εὔαιφνον, ἐθέλειν
μέντοι παρὰ Ἀργείοις συγγενέσιν οὖσιν ἀμφοτέρων ἐν
Ἀμφικτυονίᾳ διδόναι δίκας, ἐπιτρέπειν δὲ καὶ τῷ
Ἀθήνῃσι δικαστηρίῳ, καλουμένῳ δὲ Ἀρείῳ πάγῳ, ὅτι
δίκας τὰς φονικὰς τὸ δικαστήριον τοῦτο ἐδόκει δικάζειν
ἐκ παλαιοῦ. Λακεδαιμονίους δὲ οὐ διὰ ταῦτα πολεμῆσαί
φασιν, ὑπὸ πλεονεξίας δὲ τῇ σφετέρᾳ τε ἐπιβουλεῦσαι
καὶ ἄλλα ἐργάσασθαι, προφέροντες μέν σφισι
τὰ Ἀρκάδων, προφέροντες δὲ καὶ τὰ Ἀργείων, ὡς οὔποτε
ἐσχήκασι κόρον ἀποτεμνόμενοι τῆς χώρας αἰεί τι ἑκατέρων·
Κροίσῳ τε αὐτοῖς δῶρα ἀποστείλαντι γενέσθαι
φίλους βαρβάρῳ πρώτους, ἀφ´ οὗ γε τούς τε ἄλλους
τοὺς ἐν τῇ Ἀσίᾳ κατεδουλώσατο Ἕλληνας καὶ ὅσοι
Δωριεῖς ἐν τῇ Καρικῇ κατοικοῦσιν ἠπείρῳ. ἀποφαίνουσι
δὲ καὶ ἡνίκα οἱ Φωκέων δυνάσται τὸ ἱερὸν τὸ
ἐν Δελφοῖς κατειλήφασιν, ἰδίᾳ τε κατὰ ἄνδρα τοὺς
βασιλεύοντας ἐν Σπάρτῃ καὶ τῶν ἄλλων τοὺς ἐπ´
ἀξιώματος καὶ κοινῇ τῶν τε ἐφόρων τὴν ἀρχὴν καὶ
τὴν γερουσίαν μετασχόντας τῶν τοῦ θεοῦ. πρό τε δὴ
πάντων, ὡς οὐδὲν ἂν τοὺς Λακεδαιμονίους κέρδους
ἕνεκα ὀκνήσαντας, τὴν συμμαχίαν ὀνειδίζουσί σφισι
τὴν πρὸς Ἀπολλόδωρον τὸν ἐν Κασσανδρείᾳ τυραννήσαντα.
ἀνθ´ ὅτου δὲ Μεσσήνιοι τὸ ὄνειδος ἥγηνται
τοῦτο οὕτω πικρόν, οὔ μοι τῷ λόγῳ τῷ παρόντι
ἦν ἐπεισάγεσθαι· ὅτι γὰρ μὴ τῶν Μεσσηνίων τὸ εὔψυχον
καὶ χρόνου μῆκος ὃν ἐπολέμησαν διάφορα ἐγένετο
τῆς Ἀπολλοδώρου τυραννίδος, ἔς γε τὰς συμφορὰς
οὐ πολλῷ τινι ἀποδέοι ἂν ἃ οἱ Κασσανδρεῖς πεπόνθασι.
ταῦτα μὲν δὴ αἴτια ἑκάτεροι τοῦ πολέμου γενέσθαι
λέγουσι· τότε δὲ πρεσβεία Λακεδαιμονίων ἥκουσα
ἐξῄτει Πολυχάρην. οἱ δὲ τῶν Μεσσηνίων βασιλεῖς
τοῖς μὲν πρέσβεσιν ἀπεκρίναντο ὅτι βουλευσάμενοι
μετὰ τοῦ δήμου τὰ δόξαντα ἐπιστελοῦσιν ἐς Σπάρτην,
αὐτοὶ δὲ ἐκείνων ἀπελθόντων ἐς ἐκκλησίαν τοὺς
πολίτας συνῆγον. αἱ δὲ γνῶμαι διάφοροι παρὰ πολὺ
ἐγίνοντο, Ἀνδροκλέους μὲν ἐκδιδόναι Πολυχάρην ὡς
ἀνόσιά τε καὶ πέρα δεινῶν εἰργασμένον· Ἀντίοχος δὲ
ἄλλα τε ἀντέλεγε καὶ τὸ ἁπάντων οἴκτιστον, εἰ Πολυχάρης
ἐν ὀφθαλμοῖς πείσεται τοῖς Εὐαίφνου, καταριθμούμενος
ὅσα καὶ οἷα ἦν ἀνάγκη παθεῖν. τέλος
δὲ ἐς τοσοῦτο προήχθησαν οἵ τε Ἀνδροκλεῖ καὶ οἱ τῷ
Ἀντιόχῳ συσπεύδοντες ὥστε καὶ τὰ ὅπλα ἔλαβον. οὐ
μὴν ἐς μακράν γε προῆλθέ σφισιν ἡ μάχη· περιόντες
γὰρ ἀριθμῷ καὶ πολὺ οἱ σὺν Ἀντιόχῳ τόν τε Ἀνδροκλέα
καὶ τῶν περὶ αὐτὸν τοὺς λόγου μάλιστα ἀξίους
ἀποκτείνουσιν. Ἀντίοχος δὲ βασιλεύων ἤδη μόνος
ἔπεμπεν ἐς Σπάρτην ὡς ἐπιτρέπειν ἐθέλοι τοῖς δικαστηρίοις
ἃ ἤδη λέλεκταί μοι· Λακεδαιμόνιοι δὲ οὐ
λέγονται τοῖς κομίσασι τὰ γράμματα ἀποκρίνασθαι.
μησὶ δὲ οὐ πολλοῖς ὕστερον Ἀντιόχου τελευτήσαντος
Εὐφαὴς ὁ Ἀντιόχου παρέλαβε τὴν ἀρχήν. Λακεδαιμόνιοι
δὲ οὔτε κήρυκα ἀποστέλλουσι προεροῦντα
Μεσσηνίοις πόλεμον οὔτε προαπειπάμενοι τὴν φιλίαν,
κρύφα δὲ καὶ μάλιστα ὡς ἐδύναντο ἐν ἀπορρήτῳ
παρασκευασάμενοι, προομνύουσιν ὅρκον μήτε τοῦ πολέμου
μῆκος, ἢν μὴ δι´ ὀλίγου κριθῇ, μήτε τὰς συμφοράς,
εἰ μεγάλαι πολεμοῦσι γένοιντο, ἀποστρέψειν
σφᾶς πρὶν ἢ κτήσαιντο χώραν τὴν Μεσσηνίαν δοριάλωτον.
ταῦτα προομόσαντες ἔξοδον νύκτωρ ἐποιοῦντο
ἐπὶ Ἄμφειαν, Ἀλκαμένην τὸν Τηλέκλου τῆς στρατιᾶς
ἡγεμόνα ἀποδείξαντες. ἡ δὲ Ἄμφεια πρὸς τῇ Λακωνικῇ
πόλισμα ἦν ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ, μεγέθει μὲν οὐ
μέγα, ἐπὶ λόφου δὲ ὑψηλοῦ κείμενον, καὶ ὑδάτων
πηγὰς εἶχεν ἀφθόνους· ἐδόκει δὲ καὶ ἄλλως ἐς τὸν
πάντα πόλεμον ὁρμητήριόν σφισιν ἐπιτήδειον ἡ Ἄμφεια
εἶναι. καὶ τό τε πόλισμα αἱροῦσι πυλῶν ἀνεῳγμένων
καὶ φυλακῆς οὐκ ἐνούσης καὶ τῶν Μεσσηνίων τοὺς
ἐγκαταληφθέντας φονεύουσι, τοὺς μὲν ἔτι ἐν ταῖς
εὐναῖς, τοὺς δὲ ὡς ᾔσθοντο πρός τε ἱερὰ θεῶν καὶ
βωμοὺς καθημένους ἱκέτας· ὀλίγοι δὲ καὶ οἱ διαφυγόντες
ἐγένοντο. ταύτην Λακεδαιμόνιοι πρώτην ἐπὶ
Μεσσηνίους ἔξοδον ἐποιήσαντο ἔτει δευτέρῳ τῆς ἐνάτης
ὀλυμπιάδος, ἣν Ξενοδόκος Μεσσήνιος ἐνίκα στάδιον·
Ἀθήνῃσι δὲ οὐκ ἦσάν πω τότε οἱ τῷ κλήρῳ κατ´
ἐνιαυτὸν ἄρχοντες· τοὺς γὰρ ἀπὸ Μελάνθου, καλουμένους
δὲ Μεδοντίδας, κατ´ ἀρχὰς μὲν ἀφείλοντο ὁ
δῆμος τῆς ἐξουσίας τὸ πολὺ καὶ ἀντὶ βασιλείας μετέστησαν
ἐς ἀρχὴν ὑπεύθυνον, ὕστερον δὲ καὶ προθεσμίαν
ἐτῶν δέκα ἐποίησαν αὐτοῖς τῆς ἀρχῆς. τότε δὲ ὑπὸ τὴν κατάληψιν
τῆς Ἀμφείας Αἰσιμίδης Ἀθηναίοις ἦρχεν ὁ Αἰσχύλου πέμπτον ἔτος.
| [4,5] CHAPITRE V.
Mais les Messéniens se défendaient en disant;
sur le fait de Téléclus, ce que j'ai déjà rapporté.
Quant à Chresphonte, on sait, disaient-ils, que
son fils Epytus fut remis sur le trône par les propres
enfants d'Aristodème, ce qui ne serait pas
arrivé, s'ils avaient eu quelque démêlé avec son
père. A l'égard de Polycharès, pourquoi le livrerions-nous
aux Lacédémoniens, puisqu'eux ils
refusent de nous livrer Enéphnus? Au reste, ils
prétendaient qu'il ne tenait pas à eux que ce différend
ne fût décidé par les voies de la justice, soit
au conseil d'Argos, ville que les liens du sang
attachaient également à l'une et à l'autre partie;
soit devant les Amphictyons, soit à Athènes dans
l'aréopage, tribunal accoutumé depuis longtemps
à juger des causes de meurtre. Ils soutenaient
que cette brouillerie ne servait que de prétexte
aux Lacédémoniens, et qu'au fond c'était
l'envie qu'ils avaient d'étendre leur domination,
qui les portait à leur déclarer la guerre et à faire
tous les jours de nouvelles entreprises. Ils citaient
l'exemple des Arcadiens et des Argiens, sur lesquels
Sparte ne cessait d'usurper tantôt une ville,
tantôt une autre. Que les Lacédémoniens étaient
les premiers des Grecs qui, éblouis par l'or
de Croesus, avaient fait alliance avec des barbares,
tandis que ce roi des Lydiens assujettissait
à son empire, et les Grecs asiatiques, et tous les
Doriens qui habitaient la haute Carie; ils ajoutaient
que le temple de Delphes, pillé par les généraux
des Phocéens, fut un sacrilège dont les Lacédémoniens
avaient partagé le fruit et l'impiété,
non seulement les deux rois de Sparte et les plus
considérables de la ville, mais les éphores même
et tout l'état. Enfin, disaient-ils, une preuve incontestable
de l'avarice des Lacédémoniens, c'est
qu'on les a vus se liguer lâchement avec Apollodore,
tyran de Cassandrie pour ne manquer
aucune occasion de s'enrichir. Ce n'est pas ici le
lieu d'examiner pourquoi les Messéniens faisaient
un si grand crime aux Lacédémoniens de s'être
ligués avec Apollodore ; je remarquerai seulement,
en passant, que la guerre de Cassandrie et
la guerre Messéniaque ne différèrent qu'en ce que
celle-ci fut beaucoup plus longue et plus opiniâtre;
car du reste et les habitants de Cassandrie et les
Messéniens éprouvèrent presque les mêmes calamités.
Voilà de part et d'autre les raisons que ces deux
peuples donnent de la guerre qui dura si longtemps
entr'eux. Les Lacédémoniens envoyèrent
des ambassadeurs aux Messéniens, pour demander
qu'on leur livrât Polycharès ; les rois de Messénie
répondirent qu'ils en délibéreraient avec le peuple,
et qu'ils feraient savoir à Sparte ce qui aurait
été résolu. Les ambassadeurs ayant pris congé,
on convoqua l'assemblée du peuple, on proposa
l'affaire, et on alla aux opinions, qui se trouvèrent
fort partagées ; car Androclès voulait qu'on livrât
Polycharès comme coupable des plus grandes fureurs,
et Antiochus était d'un avis contraire; il
disait que c'était le comble du malheur pour Polycharès,
que de subir le dernier supplice à la vue
d'Enéphus; il faisait la peinture des tourments qui
lui étaient préparés, et par là tâchait d'exciter la
compassion du peuple. Chacun prenant parti pour
l'un ou pour l'autre roi, l'assemblée fut divisée
en deux factions, qui s'échauffèrent au point
qu'elles en vinrent aux mains ; mais la querelle
fut bientôt finie; car le parti d'Antiochus s'étant
trouvé beaucoup supérieur en nombre, Androclès
et les principaux de sa faction périrent dans
le combat; de sorte qu'Antiochus resta seul sur le
trône. Aussitôt il écrit aux Spartiates, et leur
mande qu'il souhaite que l'affaire soit renvoyée
aux juges dont il a été parlé; à quoi l'on dit que
les Spartiates ne répondirent rien. Quelques mois
après Antiochus mourut, et son fils, Euphaès, lui
succéda. Les Lacédémoniens ne déclarèrent point
la guerre dans les formes, ni ne renoncèrent ouvertement
à l'alliance des Messéniens ; mais ils
firent sourdement des préparatifs et quand ils
eurent pris toutes les précautions, ils jurèrent tous
de ne se rebuter jamais, ni de la longueur de la
guerre, ni des disgrâces qui leur pourraient arriver,
et de ne point quitter les armes qu'ils
n'eussent ajouté toute la Messénie à leur empire.
Après s'être liés par ce serment, une belle nuit
ils mettent leurs troupes en campagne, et marchent
droit à Amphée, sous le commandement
d'Alcamène, fils de Téléclus. Amphée était une
place frontière de la Messénie, du côté de la Laconie,
assez petite, mais située sur le haut d'un rocher,
et qui avait de l'eau abondamment. Les Lacédémoniens
jugèrent à propos de s'emparer de
ce poste afin d'en faire une espèce d'arsenal durant la guerre.
Comme les habitants ne se défiaient de rien,
il n'y avait ni sentinelles aux portes, ni garnison dans la ville:
l'ennemi fut plutôt entré qu'il ne fut apperçu; les Messéniens
furent passés au fil de l'épée, les uns dans leur
lit, les autres dans les temples au pied des autels :
fort peu échappèrent au malheur commun. Ce
fut par cette hostilité que les Lacédémoniens donnèrent
le signal de la guerre, la seconde année
de la neuvième olympiade, en laquelle Xénodocus,
messénien, remporta le prix du stade. Il n'y
avait point encore alors d'archontes annuels à
Athènes; car les descendants de Mélanthus, que
l'on appela les Médontides, aussitôt après la
mort de Codrus, furent dépouillés de la souveraine
autorité par le peuple d'Athènes, qui leur permit
seulement de gouverner l'état selon les lois, et
dans la suite, le temps de leur administration fut
limité à dix ans. Ainsi Amphée fut prise la cinquième année
de l'archontat d'Esimidas, athénien,
fils d'Eschyle.
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