HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PAUSANIAS, Le Tour de la Grèce, livre IV

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4,4] ἐπὶ δὲ Φίντα τοῦ Συβότα πρῶτον Μεσσήνιοι τότε τῷ Ἀπόλλωνι ἐς Δῆλον θυσίαν καὶ ἀνδρῶν χορὸν ἀποστέλλουσι· τὸ δέ σφισιν ᾆσμα προσόδιον ἐς τὸν θεὸν ἐδίδαξεν Εὔμηλος, εἶναί τε ὡς ἀληθῶς Εὐμήλου νομίζεται μόνα τὰ ἔπη ταῦτα. ἐγένετο δὲ καὶ πρὸς Λακεδαιμονίους ἐπὶ τῆς Φίντα βασιλείας διαφορὰ πρῶτον, ἀπὸ αἰτίας ἀμφισβητουμένης μὲν καὶ ταύτης, γενέσθαι δὲ οὕτω λεγομένης. ἔστιν ἐπὶ τοῖς ὅροις τῆς Μεσσηνίας ἱερὸν Ἀρτέμιδος καλουμένης Λιμνάτιδος, μετεῖχον δὲ αὐτοῦ μόνοι Δωριέων οἵ τε Μεσσήνιοι καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι. Λακεδαιμόνιοι μὲν δή φασιν ὡς παρθένους αὑτῶν παραγενομένας ἐς τὴν ἑορτὴν αὐτάς τε βιάσαιντο ἄνδρες τῶν Μεσσηνίων καὶ τὸν βασιλέα σφῶν ἀποντείναιεν πειρώμενον κωλύειν, Τήλεκλον Ἀρχελάου τοῦ Ἀγησιλάου τοῦ Δορύσσου τοῦ Λαβώτα τοῦ Ἐχεστράτου τοῦ Ἄγιδος, πρός τε δὴ τούτοις τὰς βιασθείσας τῶν παρθένων διεργάσασθαι λέγουσιν αὑτὰς ὑπὸ αἰσχύνης· Μεσσήνιοι δὲ τοῖς ἐλθοῦσι σφῶν ἐς τὸ ἱερὸν πρωτεύουσιν ἐν Μεσσήνῃ κατὰ ἀξίωμα, τούτοις φασὶν ἐπιβουλεῦσαι Τήλεκλον, αἴτιον δὲ εἶναι τῆς χώρας τῆς Μεσσηνίας τὴν ἀρετήν, ἐπιβουλεύοντα δὲ ἐπιλέξαι Σπαρτιατῶν ὁπόσοι πω γένεια οὐκ εἶχον, τούτους δὲ ἐσθῆτι καὶ κόσμῳ τῷ λοιπῷ σκευάσαντα ὡς παρθένους ἀναπαυομένοις τοῖς Μεσσηνίοις ἐπεισαγαγεῖν, δόντα ἐγχειρίδια· καὶ τοὺς Μεσσηνίους ἀμυνομένους τούς τε ἀγενείους νεανίσκους καὶ αὐτὸν ἀποκτεῖναι Τήλεκλον, Λακεδαιμονίους δὲοὐ γὰρ ἄνευ τοῦ κοινοῦ ταῦτα βουλεῦσαι σφῶν τὸν βασιλέασυνειδότας ὡς ἄρξαιεν ἀδικίας, τοῦ φόνου σφᾶς τοῦ Τηλέκλου δίκας οὐκ ἀπαιτῆσαι. ταῦτα μὲν ἑκάτεροι λέγουσι, πειθέσθω δὲ ὡς ἔχει τις ἐς τοὺς ἑτέρους σπουδῆς. γενεᾷ δὲ ὕστερον βασιλεύοντος ἐν Λακεδαίμονι Ἀλκαμένους τοῦ Τηλέκλου, τῆς δὲ οἰκίας τῆς ἑτέρας Θεοπόμπου τοῦ Νικάνδρου τοῦ Χαρίλλου τοῦ Πολυδέκτου τοῦ Εὐνόμου τοῦ Πρυτάνιδος τοῦ Εὐρυπῶντος, Μεσσηνίων δὲ Ἀντιόχου καὶ Ἀνδροκλέους τῶν Φίντα, Λακεδαιμονίων καὶ Μεσσηνίων ἐξήρθη τὸ ἐς ἀλλήλους μῖσος· καὶ ἦρξαν οἱ Λακεδαιμόνιοι πολέμου, ἐπιγενομένης ἀφορμῆς σφισιν ἐθελέχθρως μὲν ἔχουσι καὶ πολεμῆσαι πάντως ἐγνωκόσιν οὐ μόνον ἀποχρώσης ἀλλὰ καὶ τὰ μάλιστα εὐπροσώπου, μετὰ δὲ εἰρηνικωτέρας γνώμης κἂν διελύθη δικαστηρίου γνώσει. τὰ δὲ συμβάντα ἔσχεν οὕτω. Πολυχάρης Μεσσήνιος τά τε ἄλλα οὐκ ἀφανὴς καὶ νίκην Ὀλυμπίασιν ἀνῃρημένοςτετάρτην ὀλυμπιάδα ἦγον Ἠλεῖοι καὶ ἀγώνισμα ἦν σταδίου μόνον, ὅτε Πολυχάρης ἐνίκησεν—, τούτῳ τῷ ἀνδρὶ ἐγένοντο βοῦς· καὶοὐ γὰρ ἐκέκτητο ἰδίαν γῆν ὡς νομὰς ταῖς βουσὶν ἱκανὰς εἶναιΣπαρτιάτῃ σφᾶς δίδωσιν Εὐαίφνῳ βόσκεσθαί τε ἐν ἐκείνου καὶ μοῖραν εἶναι καὶ Εὐαίφνῳ τοῦ καρποῦ τῶν βοῶν. ἦν δὲ ἄρα τοιόσδε τις Εὔαιφνος, κέρδη τε ἄδικα ἐπίπροσθεν πιστὸς εἶναι ποιούμενος καὶ ἄλλως αἱμύλος· ὃς καὶ τότε καταπλεύσασιν ἐς τὴν Λακωνικὴν ἐμπόροις ἀποδόμενος βοῦς τὰς Πολυχάρους ἦλθεν αὐτὸς ὡς Πολυχάρην ἄγγελος, ἐλθὼν δὲ ἀποβάντας ἔλεγεν ἐς τὴν χώραν λῃστὰς καὶ βιασαμένους αὐτὸν λείαν βοῦς τε ἄγεσθαι καὶ βουκόλους. ἕως δὲ οὗτος παρέπειθεν, ἐν τούτῳ τῶν τις βουκόλων ἀποδιδράσκει τοὺς ἐμπόρους, ἐπανήκων δὲ καταλαμβάνει τε αὐτοῦ παρὰ τῷ δεσπότῃ τὸν Εὔαιφνον καὶ Πολυχάρους ἐναντίον ἤλεγχεν. ἁλισκόμενος δὲ καὶ οὐκ ἔχων ἀπαρνήσασθαι πολλὰ μὲν αὐτὸν Πολυχάρην, πολλὰ δὲ καὶ τοῦ Πολυχάρους τὸν παῖδα ἱκέτευε νεῖμαί οἱ συγγνώμην· ἐν γὰρ τῇ ἀνθρωπίνῃ φύσει καὶ ἄλλων ἐνόντων, ἐφ´ οἷς βιαζόμεθα ἄδικοι γίνεσθαι, τὰ κέρδη μεγίστην ἀνάγκην ἔχειν· τιμὴν δὲ ἥντινα εἰλήφει τῶν βοῶν, λόγῳ τε ἀπέφαινε καὶ τὸν παῖδα ἠξίου τὸν Πολυχάρους ἕπεσθαί οἱ κομιούμενον. ὡς δὲ προϊόντες ἐγίνοντο ἐν τῇ Λακωνικῇ, ἔργον ἐτόλμησεν Εὔαιφνος ἀνοσιώτερον τοῦ προτέρου· φονεύει τοῦ Πολυχάρους τὸν υἱόν. δὲ ὡς καὶ ταῦτα ἔγνω πεπονθώς, φοιτῶν ἐς τὴν Λακεδαίμονα τοῖς βασιλεῦσιν ἦν καὶ τοῖς ἐφόροις δι´ ὄχλου, πολλὰ μὲν τὸν παῖδα ἀνακλαίων, καταριθμούμενος δὲ οἷα ὑπὸ Εὐαίφνου πεπονθὼς ἦν, ὃν αὐτὸς ξένον ἐποιήσατο καὶ πρὸ πάντων Λακεδαιμονίων ἐπίστευσεν. ὡς δέ οἱ συνεχῶς ἰόντι ἐπὶ τὰς ἀρχὰς οὐδεμία ἐγίνετο τιμωρία, ἐνταῦθα παρετράπη τε Πολυχάρης ἐκ τοῦ νοῦ καὶ τῷ θυμῷ χρώμενος, ἅτε ἔχων ἀφειδῶς ἤδη καὶ αὑτοῦ, πάντα τινὰ ὃν λάβοι Λακεδαιμονίων ἐτόλμα φονεύειν. [4,4] CHAPITRE IV. Sous le règne de Phintas, fils et successeur de Sybotas, les Messéniens envoyèrent, pour la première fois, des victimes à Délos, avec une troupe d'hommes choisis, qui avaient ordre de sacrifier à Apollon. Eumélus composa l'hymne qu'ils devaient chanter en l'honneur du dieu, et ce sont les seuls vers que l'on puisse justement attribuer à Eumélus. Ce fut du temps de Phintas qu'arriva la première brouillerie entre les Messéniens et les Lacédémoniens, pour un fait qui n'a jamais été bien éclairci, et que je vais rapporter, comme il se dit de part et d'autre. Sur les confins de la Messénie, il y avait un temple de Diane Limnatis, où les Lacédémoniens et les Messéniens étaient les seuls des Doriens qui eussent droit de faire des sacrifices ; les Lacédémoniens prétendent que de jeunes filles de leur pays étant venues, selon la coutume, pour assister à la fête de Diane, elles furent violées par les Messéniens ; que Téléclus, roi de Sparte, fils d'Archélaüs, petit-fils d'Agésilas, et qui descendait d'Agis en droite ligne, voulant empêcher ce désordre, fut tué dans la mêlée, et que ces vierges aimèrent mieux mourir que de survivre à leur honte. Voilà ce que disent les Lacédémoniens. Mais les Messéniens assurent que les plus considérables d'entr'eux s'étant rendus au temple, Téléclus avait voulu les surprendre, afin de s'emparer ensuite de la Messénie qui, pour la bonté de son terroir, était depuis longtemps enviée des Lacédémoniens; que, pour cet effet, il avait déguisé de jeunes garçons en filles, et leur avait fait cacher des poignards sous leurs habits; que cette troupe avait attaqué les Messéniens, lorsqu'ils s'en défiaient le moins; que ceux-ci secourus de leurs compatriotes, avaient repoussé la force par la force, et fait main-basse sur les agresseurs et sur le roi même ; ils ajoutent que cette entreprise de Téléclus avait été concertée à Sparte, et que les Lacédémoniens sentaient si bien leur tort, qu'ils n'avaient pas même demandé raison de la mort de leur roi. C'est ainsi que le fait est conté d'une façon par les uns, et d'une autre façon par les autres : permis au lecteur de croire ce qu'il voudra, selon qu'il penchera pour l'une ou pour l'autre nation. Au bout de trente ans, Alcamène, fils de Téléclus, étant roi de Sparte, conjointement avec Théopompe, fils de Nicandre, et de l'autre maisson royale, lequel Théopompe était le septième descendant d'Eurypon, et dans la Messénie sous le règne d'Antiochus et d'Androclès, tous deux fils de Phintas, la haine de l'un et de l'autre peuple éclata enfin par une guerre ouverte. Le sujet était non seulement suffisant, mais encore spécieux pour des gens qui ne cherchaient qu'une occasion de lever le masque; mais d'autres, d'un esprit plus pacifique, auraient aisément terminé un pareil différend par les voies de la justice. Quoi qu'il en soit, voici ce qui alluma cette guerre: Polycharès était un Messénien distingué par plus d'une sorte de mérite, mais surtout pour avoir été couronné aux jeux olympiques ; car en la quatrième olympiade, chez les Eléens, où il n'y avait que le seul prix du stade à espérer, il fut déclaré vainqueur. Cet homme avait une si grande quantité de vaches, que ne pouvant les nourrir sur son propre fonds, il les envoya dans la prairie d'un Spartiate, nommé Enéphnus, qui y consentit, à condition qu'il en partagerait le profit ; cet Enéphnus était de ces gens à qui le gain et l'intérêt sont beaucoup plus en recommandation que la bonne-foi, d'ailIeurs homme insinuant et adroit. Des marchands étant venus commercer dans la Laconie, il leur vendit et les vaches et les pâtres qui en avaient soin; ensuite il alla chez Polycharès, et lui dit que des corsaires, avaient enlevé ses troupeaux avec ceux qui les gardaient. Comme il déplorait son malheur de la manière la plus persuasive, arrive tout à propos un pâtre qui s'était sauvé, et qui trouvant Enéphnus chez son maître, le convainquit de fausseté. Celui-ci voyant la friponnerie découverte, ne sut faire autre chose que d'implorer la clémence de Polycharès et celle de son fils, s'excusant sur l'avidité du gain, si naturelle à la plupart des hommes ; qu'au reste il n'avait pas d'argent sur lui, mais que si Polycharès voulait permettre que son fils vint avec lui, il lui donnerait le prix de ses vaches. Polycharès ordonne à son fils de suivre Enéphnus, qui se met aussitôt en chemin. Quand ils furent sur les terres de Lacédémone, Enéphnus ajoutant à l'infidélité un crime encore plus atroce, met le poignard sous la gorge au fils de Polycharès, le tue. Polycharès informé de la mort de son fils se rend à Sparte en diligence, porte ses plaintes aux deux rois et aux éphores, leur représente, les larmes aux yeux, l'hospitalité violée, le meurtre de son fils, enfin tous les torts qu'il a soufferts; on l'écoute, mais on ne lui rend point justice ; il réitère ses plaintes, et toujours inutilement. Après s'être adressé à tous les tribunaux, sans en trouver un seul de favorable, cet homme au désespoir, prend enfin la résolution de s'en retourner ; mais ne se possédant plus, il se venge contre les premiers qu'il peut rencontrer; il tue les uns, maltraite les autres, et gagne la Messénie. Telle fut l'occasion de la guerre entre les deux peuples. Les Lacédémoniens se plaignaient de ce qu'on ne leur livrait pas Polycharès ; ils rappelaient aussi le meurtre de leur roi Téléclus, et même la fraude commise par Téménus en faveur de Chresphonte et au préjudice des fils d'Aristodème.


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Dernière mise à jour : 24/05/2006