[4,28] κατελθοῦσι δὲ αὐτοῖς κατ´ ἀρχὰς μὲν ἀπὸ Λακεδαιμονίων
δεινὸν ἦν οὐδέν· κατεχόμενοι γὰρ οἱ Λακεδαιμόνιοι
φόβῳ τῷ Θηβαίων Μεσσήνης τε ἠνείχοντο
ἐποικιζομένης καὶ Ἀρκάδων ἐς μίαν ἠθροισμένων πόλιν.
ὡς δὲ ὁ πόλεμος ὁ Φωκικός, καλούμενος δὲ ὁ αὐτὸς
οὗτος καὶ ἱερός, ἀπήγαγεν ἐκ Πελοποννήσου Θηβαίους,
ἀνεθάρρησάν τε οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ τῶν Μεσσηνίων
οὐκέτι ἐδύναντο ἀπέχεσθαι. Μεσσήνιοι δὲ αὐτοί τε
μετὰ Ἀργείων καὶ Ἀρκάδων ἀντεῖχον τῷ πολέμῳ καὶ
Ἀθηναίων ἀμῦναί σφισιν ἐδεήθησαν· οἱ δὲ ἐς μὲν τὴν
Λακωνικὴν οὔποτε μετὰ ἐκείνων ἐσβαλεῖν ἔφασαν, ἀρχόντων
δὲ Λακεδαιμονίων πολέμου καὶ ἐπιστρατευόντων
τῇ Μεσσηνίᾳ παρέσεσθαι καὶ αὐτοί σφισιν ἐπηγγέλλοντο.
τέλος δὲ οἱ Μεσσήνιοι Φιλίππῳ σύμμαχοι τῷ
Ἀμύντου καὶ Μακεδόσιν ἐγένοντο, καὶ τοῦτο σφᾶς λέγουσιν
ἀποκωλῦσαι τοῦ συμβάντος τοῖς Ἕλλησιν ἀγῶνος
ἐν Χαιρωνείᾳ μὴ μετασχεῖν· οὐ μὴν οὐδὲ τοῖς
Ἕλλησιν ἐναντία θέσθαι τὰ ὅπλα ἠθέλησαν. Ἀλεξάνδρου
δὲ ἀποθανόντος καὶ τῶν Ἑλλήνων πόλεμον δεύτερον
τότε ἀνῃρημένων πρὸς Μακεδόνας, μετέσχον καὶ
οἱ Μεσσήνιοι τοῦ πολέμου, καθὰ καὶ πρότερον ἐδήλωσα
ἐν τῇ Ἀτθίδι συγγραφῇ. Γαλάταις δὲ μεθ´
Ἑλλήνων οὐκ ἐμαχέσαντο, Κλεωνύμου καὶ Λακεδαιμονίων
σπείσασθαι σπονδάς σφισιν οὐ θελησάντων.
οὐ πολλῷ δὲ ὕστερον ἔσχον Ἦλιν Μεσσήνιοι, σοφίᾳ
τε ὁμοῦ χρησάμενοι καὶ τολμήματι. Ἠλεῖοι γὰρ τὰ
μὲν παλαιότατα εὐνομώτατοι Πελοποννησίων ἦσαν·
Φιλίππου δὲ τοῦ Ἀμύντου τά τε ἄλλα ὁπόσα εἴρηται
κακουργήσαντος τὴν Ἑλλάδα καὶ Ἠλείων τοὺς δυνατοὺς
διαφθείραντος χρήμασι, στασιάζουσι πρῶτον τότε
Ἠλεῖοι καὶ ἐς ὅπλα, ὡς λέγουσι, χωροῦσι. τὸ δὲ ἀπὸ
τούτου ῥᾷον ἔτι ἔμελλον ἀπεχθήσεσθαι πρὸς ἀλλήλους,
οἷς γε καὶ Λακεδαιμονίων ἕνεκα διέστη τὰ βουλεύματα,
καὶ ἐς ἔμφυλον προῆλθον πόλεμον. πυνθανόμενοι δὲ
ταῦτα οἱ Λακεδαιμόνιοι παρεσκευάζοντο ὡς Ἠλείων
τοῖς φρονοῦσι τὰ σφέτερα ἀμυνοῦντες. καὶ οἱ μὲν
κατὰ τέλη τε ἐτάσσοντο καὶ διενέμοντο ἐς τοὺς λόχους·
τῶν δὲ Μεσσηνίων λογάδες χίλιοι φθάνουσιν ἀφικόμενοι
πρὸς τὴν Ἦλιν, σημεῖα ἐπὶ ταῖς ἀσπίσι Λακωνικὰ
ἔχοντες. ὡς δὲ τὰς ἀσπίδας ἐθεάσαντο ὅσοι τοῖς
Σπαρτιάταις εὖνοι τῶν Ἠλείων ἦσαν, συμμαχίαν τε
ἀφῖχθαί σφισιν ἤλπισαν καὶ τοὺς ἄνδρας ἐδέχοντο
ἐς τὸ τεῖχος· ἐσελθόντες δὲ τρόπον οἱ Μεσσήνιοι τὸν
εἰρημένον τοὺς τὰ Λακεδαιμονίων φρονοῦντας ἐδίωξαν,
καὶ ἐπιτρέπουσι τοῖς στασιώταις τοῖς αὑτῶν τὴν
πόλιν. ἔστι μὲν δὴ τὸ σόφισμα Ὁμήρου, φαίνονται δὲ
αὐτὸ ἐν δέοντι μιμησάμενοι καὶ οἱ Μεσσήνιοι, ἐπεὶ
Πάτροκλόν γε ἐποίησεν ἐν Ἰλιάδι Ὅμηρος Ἀχιλλέως
τὰ ὅπλα ἐνδύντα, καὶ ἐγγενέσθαι τε ἔφη τοῖς βαρβάροις
δόξαν ὡς Ἀχιλλεὺς ἐπίοι καὶ τοὺς προτεταγμένους
αὐτῶν ταραχθῆναι. εὕρηται δὲ καὶ ἄλλα Ὁμήρῳ
στρατηγήματα, δύο τε παρὰ τῶν Ἑλλήνων κατασκόπους
ἐν τῇ νυκτὶ ἀνθ´ ἑνὸς ἐς τοὺς Τρῶας ἀφικέσθαι
καὶ ἄνδρα ὕστερον λόγῳ μὲν αὐτόμολον, ἔργῳ δὲ τὰ
ἀπόρρητα πολυπραγμονήσοντα ἐς τὸ Ἴλιον ἐσελθεῖν.
ἔτι δὲ τοὺς διὰ νεότητα ἐν τοῖς Τρωσὶν ἢ γῆρας οὐχ
ὡραίους μάχεσθαι, τούτους μὲν τὸ τεῖχος φρουρεῖν
ἔταξε, τῶν ἐν ἡλικίᾳ τοῖς Ἕλλησιν ἐπηυλισμένων·
Ἑλλήνων δὲ οἱ τὰ τραύματα ἔχοντες ὁπλίζουσιν αὐτῷ
τὸ μάχιμον, ἵνα μηδὲ αὐτοὶ παντάπασιν ἀργοῖεν.
τὰ Ὁμήρου μὲν οὖν ὠφέλιμα ἐγένετο ἐς ἅπαντα ἀνθρώποις·
| [4,28] CHAPITRE XXVIII.
Après leur retour ils jouirent quelque temps
d'une assez grande tranquillité. Les Lacédémoniens
étaient contenus par la crainte des Thébains,
et voyant d'un côté Messène bâtie et bien
peuplée, de l'autre, les Arcadiens rassemblés en
corps dans une ville, ils n'osaient branler. Mais
si tôt que la guerre de la Phocide, autrement
dite la guerre Sacrée, eut attiré les Thébains hors
du Péloponnèse, Sparte reprit son ancienne audace,
et ne put s'empêcher de faire la guerre
aux Messéniens. Ceux-ci, soutenus des Arcadiens
et des Argiens, firent bonne contenance, et cependant
ils envoyèrent demander du secours à
Athènes. Les Athéniens répondirent qu'ils ne porteraient
point les premiers la guerre dans la
Laconie, mais qu'au moment où les Lacédémoniens
entreraient sur les terres des Messéniens,
ils se déclareraient contre eux. Enfin, les Messéniens
firent alliance avec Philippe, fils d'Amyntas,
et avec les Macédoniens ; ce fut même la raison
pourquoi, de tous les peuples de la Grèce, ils
furent les seuls qui ne se trouvèrent point a la
bataille de Chéronée ; mais du moins je dois
dire à leur honneur, que jamais ils ne portèrent
les armes contre les intérêts communs des Grecs.
Et lorsqu'après la mort d'Alexandre, les Grecs
firent une seconde fois la guerre aux Macédoniens,
les Messéniens furent de la partie, et
payèrent fort bien de leurs personnes, comme
je l'ai raconté dans mon premier livre, en parlant
des affaires d'Athènes. Mais ils ne combattirent
pas avec les autres Grecs contre les
Gaulois, parce que Cléonyme et les Spartiates
qui leur étaient suspects, ne voulurent pas leur
donner le temps de respirer, ni de faire leurs
conditions avant que d'entrer dans la ligue.
Quelques années après, les Messéniens, joignant
la ruse à la force, se rendirent maîtres d'Elis.
Les Eléens durant longtemps avaient surpassé
tous les peuples du Péloponnèse en justice et en
modération. Mais outre les autres maux que Philippe,
fils d'Amyntas, causa au reste de la Grèce,
et dont j'ai déjà parlé, il corrompit aussi les
Eléens en semant l'or et l'argent parmi eux, ce
qui fit naître pour la première fois des divisions
entre leurs principaux citoyens. De sorte que
prenant les armes, et la faction des Lacédémoniens
voulant avoir le dessus, ils en vinrent les uns
et les autres à une guerre civile. Sparte informée
de ce qui se passait à Elis, résolut aussitôt d'y
envoyer des troupes pour fortifier son parti ;
mais tandis qu'elle perd du temps à choisir ces
troupes et à les ranger dans un certain ordre,
mille Messéniens, tous hommes d'élite, prennent
les devants et arrivent à Elis, couverts de boucliers
marqués à la marque de Lacédémone.
Les partisans des Lacédémoniens, trompés par ces
boucliers, crurent que c'étaient des troupes auxiliaires
qui leur arrivaient; ils leur ouvrirent les
portes et les reçurent. Mais dès que les Messéniens
furent entrés, ils commencèrent par chasser
tous ceux qui étaient de la faction de Sparte, et
rendirent ensuite les autres maîtres de la ville.
Ainsi ils se servirent fort à propos d'une ruse de
guerre qu'Homère n'a pas oubliée; car il raconte
dans l'Iliade que Patrocle prit l'armure d'Achille
pour aller au combat, et que les Troyens croyant
que c'était Achille qui combattait en personne,
lâchèrent le pied et regagnèrent leurs remparts.
Ce poéte peut fournir plusieurs autres stratagèmes,
comme quand il dit que les Grecs envoyèrent la
nuit deux espions au lieu d'un dans le camp des
Troyens ; et qu'un soldat de l'armée des Grecs
entra dans Troye comme déserteur, mais en effet
pour observer les desseins des ennemis, et en
avertir Agamemnon. Dans un autre endroit il dit
qu'Hector voulant passer la nuit sous les armes
avec toute l'armée hors de la ville, il donna ordre
que l'on garnît les tours et les remparts de tout
ce qu'il y avait de gens incapables de servir,
pour être ou trop jeunes ou trop vieux. Et dans
un autre nous voyons que plusieurs généraux
grecs, que leurs blessures avaient mis hors de
combat, s'occupent à faire donner les meilleures
armes à des troupes d'élite que l'on voulait
employer à quelque grande entreprise. C'est ainsi
que ce grand poéte mêle partout des instructions,
dont on peut faire son profit dans l'occasion.
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