[4,26] τὸ δὲ ἀπὸ τούτου τόν τε ἄλλον χρόνον ἐνέκειτό
σφισι τὸ ἐς Λακεδαιμονίους μῖσος καὶ τὴν ἔχθραν ἐς
αὐτοὺς μάλιστα ἐπεδείξαντο ἐπὶ τοῦ γενομένου Πελοποννησίοις
πρὸς Ἀθηναίους πολέμου· τήν τε γὰρ Ναύπακτον
ὁρμητήριον ἐπὶ τῇ Πελοποννήσῳ παρείχοντο
καὶ τοὺς ἐν τῇ Σφακτηρίᾳ Σπαρτιατῶν ἀποληφθέντας
Μεσσηνίων σφενδονῆται τῶν ἐκ Ναυπάκτου συνεξεῖλον.
ἐπεὶ δὲ τὸ πταῖσμα ἐγένετο τὸ Ἀθηναίων ἐν Αἰγὸς
ποταμοῖς, οὕτω καὶ ἐκ Ναυπάκτου τοὺς Μεσσηνίους
ἐκβάλλουσιν οἱ Λακεδαιμόνιοι ναυσὶν ἐπικρατοῦντες,
οἳ ἐς Σικελίαν τε παρὰ τοὺς συγγενεῖς καὶ ἐς Ῥήγιον
ἐστάλησαν, τὸ πλεῖστον δὲ αὐτῶν ἔς τε Λιβύην ἀφίκετο
καὶ Λιβύης ἐς Εὐεσπερίτας· οἱ γὰρ Εὐεσπερῖται
πολέμῳ κακωθέντες ὑπὸ βαρβάρων προσοίκων πάντα
τινὰ Ἕλληνα ἐπεκαλοῦντο σύνοικον. ἐς τούτους τῶν
Μεσσηνίων τὸ πολὺ ἀπεχώρησεν· ἡγεμὼν δέ σφισιν ἦν Κόμων,
ὃς καὶ περὶ τὴν Σφακτηρίαν ἐστρατήγησεν αὐτοῖς.
ἐνιαυτῷ δὲ πρότερον ἢ κατορθῶσαι Θηβαίους τὰ
ἐν Λεύκτροις, προεσήμαινεν ὁ δαίμων Μεσσηνίοις τὴν
ἐς Πελοπόννησον κάθοδον. τοῦτο μὲν γὰρ ἐν Μεσσήνῃ
τῇ πρὸς τῷ πορθμῷ τὸν ἱερέα τοῦ Ἡρακλέους λέγουσιν
ὀνείρατος ἰδεῖν ὄψιν—τὸν Ἡρακλέα ἔδοξε
κληθῆναι τὸν Μάντικλον ἐπὶ ξενίᾳ ἐς Ἰθώμην ὑπὸ
τοῦ Διός—, τοῦτο δὲ ἐν Εὐεσπερίταις Κόμων συγγενέσθαι
νεκρᾷ τῇ μητρὶ ἐδόκει, συγγενομένου δὲ
αὖθίς οἱ τὴν μητέρα ἀναβιῶναι. καὶ ὁ μὲν ἐπήλπιζεν
Ἀθηναίων δυνηθέντων ναυτικῷ κάθοδον ἔσεσθαί σφισιν
ἐς Ναύπακτον· τὸ δὲ ἄρα ἐδήλου τὸ ὄνειρον ἀνασώσεσθαι
Μεσσήνην. ἐγένετό τε οὐ μετὰ πολὺ ἐν
Λεύκτροις Λακεδαιμονίων τὸ ἀτύχημα ὀφειλόμενον ἐκ
παλαιοῦ· Ἀριστοδήμῳ γὰρ τῷ βασιλεύσαντι Μεσσηνίων
ἐπὶ τελευτῇ τοῦ χρησμοῦ τοῦ δοθέντος ἐστὶν
ἕρδ´ ὅππῃ τὸ χρεών· ἄτη δ´ ἄλλοισι πρὸ ἄλλων·
ὡς ἐν μὲν τῷ παρόντι ἐκεῖνον δέον καὶ Μεσσηνίους
κακῶς πρᾶξαι, χρόνῳ δὲ ὕστερον καὶ Λακεδαίμονα ἐπιληψομένης
τῆς ἄτης. τότε δὲ ἐν Λεύκτροις οἱ Θηβαῖοι
νενικηκότες ἀγγέλους ἐς Ἰταλίαν τε καὶ Σικελίαν
καὶ παρὰ τοὺς Εὐεσπερίτας ἀπέστελλον, ἔκ τε τῆς
ἄλλης, εἴ πού τις Μεσσηνίων εἴη, πανταχόθεν ἀνεκάλουν
ἐς Πελοπόννησον. οἱ δὲ θᾶσσον ἢ ὡς ἄν τις
ἤλπισε συνελέχθησαν γῆς τε τῆς πατρίδος πόθῳ καὶ
διὰ τὸ ἐς Λακεδαιμονίους μῖσος παραμεῖναν ἀεί σφισιν.
Ἐπαμινώνδᾳ δὲ οὔτε ἄλλως ἐφαίνετο ῥᾴδια ἀξιόμαχον
πόλιν ἐποικίσαι Λακεδαιμονίοις οὔτε ὅπου χρὴ κτίσαι
τῆς χώρας ἐξευρίσκει· τὴν γὰρ Ἀνδανίαν οἱ Μεσσήνιοι
καὶ Οἰχαλίαν οὐκ ἔφασαν ἀνοικιεῖν, ὅτι αἱ συμφοραί
σφισιν ἐγεγόνεσαν ἐνταῦθα οἰκοῦσιν. ἀποροῦντι
οὖν αὐτῷ πρεσβύτην ἄνδρα, ἱεροφάντῃ μάλιστα εἰκασμένον,
νύκτωρ φασὶν ἐπιστάντα εἰπεῖν· ‚σοὶ μὲν δῶρά
ἐστι παρ´ ἐμοῦ κρατεῖν ὅτῳ ἂν μεθ´ ὅπλων ἐπέρχῃ·
καὶ ἢν ἐξ ἀνθρώπων γένῃ, ἔγωγε ὦ Θηβαῖε ποιήσω
μή ποτε ἀνώνυμον μηδὲ ἄδοξόν σε γενέσθαι. σὺ δὲ
Μεσσηνίοις γῆν τε πατρίδα καὶ πόλεις ἀπόδος, ἐπειδὴ
καὶ τὸ μήνιμα ἤδη σφίσι πέπαυται τὸ Διοσκούρων‛.
Ἐπαμινώνδᾳ μὲν ταῦτα ἔλεγεν, Ἐπιτέλει δὲ τῷ Αἰσχίνου
τάδε ἐμήνυε—στρατηγεῖν δὲ αὐτὸν οἱ Ἀργεῖοι
τὸν Ἐπιτέλην καὶ Μεσσήνην ἀνοικίζειν ᾕρηντο—τοῦτον
οὖν τὸν ἄνδρα ἐκέλευεν ὁ ὄνειρος, ἔνθα ἂν τῆς
Ἰθώμης εὕρῃ πεφυκυῖαν σμίλακα καὶ μυρσίνην, τὸ
μέσον ὀρύξαντα αὐτῶν ἀνασῶσαι τὴν γραῦν· κάμνειν
γὰρ ἐν τῷ χαλκῷ καθειργμένην θαλάμῳ καὶ ἤδη λιποψυχεῖν
αὐτήν. ὁ δὲ Ἐπιτέλης, ὡς ἐπελάμβανεν ἡμέρα,
παραγενόμενος ἐς τὸ εἰρημένον χωρίον ἐπέτυχεν ὀρύσσων
ὑδρίᾳ χαλκῇ, καὶ αὐτίκα παρὰ τὸν Ἐπαμινώνδαν
κομίσας τό τε ἐνύπνιον ἐξηγεῖτο καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον τὸ
πῶμα ἀφελόντα ἐκέλευεν ὅ τι ἐνείη σκοπεῖσθαι. ὁ δὲ
θύσας καὶ εὐξάμενος τῷ πεφηνότι ὀνείρατι ἤνοιγε τὴν
ὑδρίαν, ἀνοίξας δὲ εὗρε κασσίτερον ἐληλασμένον ἐς
τὸ λεπτότατον· ἐπείλικτο δὲ ὥσπερ τὰ βιβλία. ἐνταῦθα
τῶν Μεγάλων θεῶν ἐγέγραπτο ἡ τελετή, καὶ τοῦτο ἦν
παρακαταθήκη τοῦ Ἀριστομένους. τοῦτον τὸν ἐπελθόντα
τῷ Ἐπιτέλει καὶ Ἐπαμινώνδᾳ καθεύδουσι Καύκωνα
εἶναι λέγουσιν, ὃς ἀφίκετο ἐξ Ἀθηνῶν ἐς Ἀνδανίαν
παρὰ Μεσσήνην τὴν Τριόπα.
| [4,26] CHAPITRE XXVI.
Depuis ce temps-là ils ne cessèrent de s'abandonner
à la haine qu'ils avaient contre les Lacédémoniens,
et cette animosité parut surtout pendant
la guerre que les Athéniens eurent avec
les peuples du Péloponnèse. Car Athènes fit de
Naupacte une espèce de boulevard et d'arsenal
qui lui était fort commode ; et quand les Lacédémoniens
se laissèrent surprendre dans l'isle
Sphactérie, ce furent des frondeurs Messéniens
de Naupacte qui les assommèrent. Aussi, lorsque
les Athéniens eurent été défaits à Egespotame,
le premier soin des Lacédémoniens fut de
chasser les Messéniens de Naupacte, après les
avoir vaincus dans un combat naval. De sorte
que n'ayant plus de retraite, ils passèrent les
uns en Sicile, les autres à Rhegium, chez leurs
compatriotes, et d'autres, en plus grand nombre
chez les Evespérites, peuples de Libye, qui se
voyant continuellement harcelés par les barbares
de leur voisinage, invitaient volontiers les Grecs
à venir s'établir dans leur pays. Ceux qui prirent
le parti d'aller en Libye, eurent pour chef
Comon, celui-là même qui avait eu la principale
part à l'expédition de l'isle Sphactérie. Quelques
temps après cette dispersion, et environ un an
avant la victoire que les Thébains remportèrent
à Leuctres, les Messéniens eurent divers présages
de leur retour dans le Péloponnèse ; car on
dit que dans la nouvelle Messène, qui est sur le
détroit, et dont j'ai parlé, un prêtre d'Hercule
vit la nuit en songe Jupiter, qui invitait Hercule
Manticlus, à venir prendre un hospice
au mont Ithome. Et chez les Evespérites, Comon
eut aussi un songe fort extraordinaire; il lui sembla
qu'il était couché avec sa mère, qui, pourtant
n'était plus au monde, et qu'en se levant il
l'avait laissée pleine de vie ; d'où il augura que
lui et ses Messéniens pourraient revenir à Naupacte
par le secours des Athéniens, qui alors
étaient fort puissants sur mer ; en un mot, plusieurs
songes semblaient annoncer le rétablissement
de Messène. Et, en effet, peu d'années
après, les Lacédémoniens ne purent éviter à
Leuctres le malheur dont ils étaient menacés
depuis longtemps ; car l'oracle qui fut rendu à
Aristodème, finissait par ces deux vers :
"La fortune à son gré dispense ses faveurs,
Tantôt l'un, tantôt l'autre éprouve ses rigueurs".
La Pythie voulait dire qu'Aristodème et les
Messéniens seraient vaincus, mais que les Lacédémoniens
le seraient aussi à leur tour. Les
Thébains ayant donc remporté une grande et
mémorable victoire sur les Lacédémoniens à
Leuctres, ils députèrent aussitôt en Italie, en
Sicile, chez les Evespérites, et partout où il
avait des Messéniens, pour les inviter à revenir
dans le Péloponnèse. Il n'est pas croyable avec
quel empressement ces fugitifs accoururent, tous
également transportés d'amour pour leur patrie,
et de haine contre Lacédémone.
Cependant Epaminondas était assez embarrassé,
car, d'un côté, il n'était pas aisé de leur
bâtir une ville qui les mît à couvert des entreprises
de Sparte, et de l'autre, dans toute la
Messénie il n'y en avaitpas une où ils pussent
être en sûreté; outre qu'ils ne se portaient pas
volontiers à rebâtir Andanie, ni OEchalie, parce
que tous leurs malheurs étaient arrivés durant
qu'ils habitaient ces villes. Comme le général
des Thébains était dans cette perplexité, il eut
la nuit une vision. Un vénérable vieillard, en
habits sacerdotaux, s'apparut à lui en songe, et
lui tint ce discours : «Tant que vous vivrez,
Epaminondas, vos armes seront victorieuses ;
et quand vous quitterez ce monde, je rendrai
votre nom immortel, et votre gloire ne sera
point effacée par le temps ; tout ce que je vous
demande c'est de ramener les Messéniens chez
eux, et de les remettre en possession de leur
patrie ; la colère des Dioscures les a jusqu'ici
persécutés; mais elle est enfin cessée, et ces
dieux sont satisfaits ». Epitelès, fils d'Eschine,
qui commandait les Argiens, et qui avait ordre
de rétablir Messène, eut une pareille vision en
même temps. Il fut averti en songe de se
transporter au mont Ithome, de s'arrêter à
l'endroit où il verrait un lierre et un myrte,
et de creuser la terre entre ces deux arbrisseaux;
que là il trouverait une vieille enfermée dans
une prison d'airain, et plus d'à demi-morte, à
laquelle il rendrait la vie. Épitelès, dès le point
du jour, alla chercher l'endroit qu'il lui avait été
indiqué, et fouinant dans la terre, il y trouva
une urne de bronze qu'il porta aussitôt à Epaminondas.
Il lui raconta son songe, et le pria de
découvrir lui-même cette urne, et de voir ce
qu'elle contenait. Epaminondas, après avoir fait
des sacrifices et des prières au dieu qui était l'auteur
de l'un et de l'autre songe, ouvrit l'urne,
et y trouva des lames de plomb fort minces, qui
formaient une espèce de rouleau, et sur lesquelles
était écrit tout ce qui concernait le culte et
les cérémonies des grandes déesses. C'était Aristomène
qui, avant que d'abandonner Ithome,
avait caché cette urne dans la terre; et l'on croit
que celui qui apparut en songe à Epaminondas
et à Epitelès, était Comon, qui vint autrefois
d'Athènes à Andanie, et qui apporta le culte des
grandes déesses à Messène, fille de Triopas.
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