[4,22] οἱ δὲ Ἀρκάδες παραυτίκα τε τὴν κατάληψιν ἐπυνθάνοντο
τῆς Εἴρας καὶ αὐτίκα τὸν Ἀριστοκράτην ἐκέλευον
σφᾶς ἄγειν ὡς ἢ σώσοντας Μεσσηνίους ἢ σὺν
αὐτοῖς ἀπολουμένους. ὁ δὲ ἅτε ἐκ τῆς Λακεδαίμονος
δεδεγμένος δῶρα, οὔτε ἄγειν ἤθελεν εἰδέναι τε ἔφασκεν
οὐδένα ἔτι Μεσσηνίων ὅτῳ καὶ ἀμυνοῦσιν ὄντα
ὑπόλοιπον. τότε δὲ ὡς σαφέστερον ᾐσθάνοντο περιόντας
καὶ ἐκλείπειν τὴν Εἶραν βεβιασμένους, αὐτοὶ
μὲν περὶ τὸ ὄρος σφᾶς τὸ Λύκαιον ἔμελλον ὑποδέξεσθαι,
προετοιμασάμενοι καὶ ἐσθῆτα καὶ σιτία, ἄνδρας
δὲ τῶν ἐν τέλει πέμπουσι παραμυθεῖσθαί τε τοὺς
Μεσσηνίους καὶ ἡγεμόνας ἅμα τῆς πορείας γενέσθαι.
καὶ τοὺς μέν, ὡς ἐς τὸ Λύκαιον ἀνεσώθησαν, ἐξένιζον
καὶ τὰ ἄλλα εὐνοϊκῶς περιεῖπον οἱ Ἀρκάδες, κατανέμειν
τε ἐς τὰς πόλεις ἤθελον καὶ ἀναδάσασθαι δι´
ἐκείνους τὴν γῆν· Ἀριστομένει δὲ ὅ τε οἶκτος διαρπαζομένης
τῆς Εἴρας καὶ τὸ μῖσος τὸ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους
βούλευμα παρίστησι τοιόνδε. πεντακοσίους
τῶν Μεσσηνίων, οὓς μάλιστα ἠπίστατο αὑτῶν ἀφειδῶς
ἔχοντας, ἀποκρίνας ἀπὸ τοῦ πλήθους, ἤρετο σφᾶς ἐν
ἐπηκόῳ τῶν τε ἄλλων Ἀρκάδων καὶ Ἀριστοκράτους,
ἅτε ὄντα προδότην οὐκ εἰδώς—ἀνανδρίᾳ γὰρ καὶ
ὑπὸ δειλίας φυγεῖν τότε ἤδη {Ἀριστοκράτην} τῆς μάχης
καὶ οὐ διὰ κακίαν οὐδεμίαν ἐδόξαζεν αὐτόν, ὥστε
ἐναντίον καὶ τούτου τοὺς πεντακοσίους ἤρετο—, εἰ
τιμωροῦντες τῇ πατρίδι ἀποθνήσκειν σὺν αὑτῷ ἐθελήσουσι.
φαμένων δὲ ἐθέλειν ἀπεγύμνου τὸ πᾶν, ὡς
πάντως τῆς ἐπιούσης ἑσπέρας ἐπὶ τὴν Σπάρτην ἄγειν
μέλλοι· Λακεδαιμονίων γὰρ τότε δὴ μάλιστα ἐς τὴν
Εἶραν ἀπῆσαν οἱ πολλοί, καὶ ἄλλοι τε ἐπεφοίτων φέροντες
καὶ ἄγοντες τὰ Μεσσηνίων. ‚καὶ ἢν μὲν ἑλεῖν
τὴν Σπάρτην καὶ κατασχεῖν δυνηθῶμεν‛, ἔφασκεν ὁ
Ἀριστομένης, ‚ἔστιν ἡμῖν ἀποδόντας Λακεδαιμονίοις τὰ
ἐκείνων κομίσασθαι τὰ οἰκεῖα· ἁμαρτάνοντες δὲ ὁμοῦ
ἀποθανούμεθά γε μνήμης καὶ τοῖς ἔπειτα ἄξια ἐργασάμενοι‛.
ταῦτα εἰπόντος τῶν Ἀρκάδων ὅσον τριακόσιοι
μετέχειν καὶ αὐτοὶ τοῦ τολμήματος ἤθελον. καὶ
τότε μὲν ἐπεῖχον τῆς ἐξόδου, τὰ γὰρ ἱερὰ ἐγίνετο αὐτοῖς
οὐ κατὰ γνώμην, τῇ δὲ ἐπιούσῃ τό τε ἀπόρρητον
ἔγνωσαν σφῶν τοὺς Λακεδαιμονίους προπεπυσμένους
καὶ αὐτοὶ δεύτερον ὑπὸ Ἀριστοκράτους προδεδομένοι·
τὰ γὰρ τοῦ Ἀριστομένους βουλεύματα αὐτίκα ὁ Ἀριστοκράτης
ἐγγράψας βιβλίῳ, καὶ τὸ βιβλίον ἐπιθεὶς
τῶν οἰκετῶν ὃν ἠπίστατο ὄντα εὐνούστατον, παρὰ Ἀνάξανδρον
ἀπέστελλεν ἐς Σπάρτην. ἐπανιόντα δὲ τὸν
οἰκέτην λοχῶσιν ἄνδρες τῶν Ἀρκάδων διάφοροι καὶ
πρότερον τῷ Ἀριστοκράτει, σχόντες δέ τι καὶ ὕποπτον
τότε ἐς αὐτόν. λοχήσαντες δὲ τὸν οἰκέτην ἐπανάγουσιν
ἐς τοὺς Ἀρκάδας καὶ ἐπεδείκνυον ἐς τὸν δῆμον
τὰ ἀντεπεσταλμένα ἐκ Λακεδαίμονος· ἐπέστελλε δὲ ὁ
Ἀνάξανδρος, φυγήν τε αὐτῷ τὴν πρότερον ἀπὸ τῆς
Μεγάλης τάφρου φάμενος οὐκ ἀνόνητον ἐκ Λακεδαιμονίων
γενέσθαι, προσέσεσθαι δέ οἱ χάριν καὶ τῶν ἐν
τῷ παρόντι μηνυμάτων. ὡς δὲ ἀπηγγέλθη ταῦτα ἐς
ἅπαντας, αὐτοί τε τὸν Ἀριστοκράτην ἔβαλλον οἱ Ἀρκάδες
καὶ τοῖς Μεσσηνίοις διεκελεύοντο· οἱ δὲ ἐς τὸν
Ἀριστομένην ἀπέβλεπον. καὶ ὁ μὲν ἐς τὴν γῆν ἀφορῶν
ἔκλαιεν· τὸν δὲ Ἀριστοκράτην οἱ Ἀρκάδες καταλιθώσαντες
τὸν μὲν τῶν ὅρων ἐκτὸς ἐκβάλλουσιν ἄταφον,
στήλην δὲ ἀνέθεσαν ἐς τὸ τέμενος τοῦ Λυκαίου λέγουσαν
πάντως ὁ χρόνος εὗρε δίκην ἀδίκῳ βασιλῆι,
εὗρε δὲ Μεσσήνης σὺν Διὶ τὸν προδότην
ῥηιδίως. χαλεπὸν δὲ λαθεῖν θεὸν ἄνδρ´ ἐπίορκον.
χαῖρε Ζεῦ βασιλεῦ, καὶ σάω Ἀρκαδίαν.
| [4,22] CHAPITRE XXII.
Les Arcadiens ne furent pas plutôt informés
de la prise d'Ira, qu'ils déclarèrent à leur roi, Aristocrate,
qu'ils voulaient marcher au secours des
Messéniens, résolus de les sauver ou de périr
avec eux. Mais Aristocrate, qui était gagné par
les présents des Lacédémoniens, refusa aux Arcadiens
de les mener, disant qu'il n'y avait plus
au monde de Messéniens qui eussent besoin de
leur secours. Cependant eux qui savaient qu'à
la vérité les Messéniens avaient été obligés d'abandonner
Ira, mais que du moins ils avaient
pour la plupart échappé à l'ennemi, ils allèrent
à leur rencontre jusqu'au mont Lycée, portant
avec eux hardes, vivres, habits, et tout ce qui
pouvait être nécessaire à ces pauvres fugitifs ;
même ils envoyèrent plus loin les principaux de
chaque ville pour servir de guides à leurs
alliés et pour les consoler dans leur malheur.
Lorsque les Messéniens furent arrivés au mont
Lycée, il n'y eut sorte de bons traitements que
les Arcadiens ne leur fissent, jusqu'a vouloir et
les retenir dans leurs villes et partager leurs
terres avec eux. Mais Aristomène avait bien un
autre dessein ; inconsolable du saccagement de
sa ville et enragé contre les Lacédémoniens,
voici ce qu'il imagina. Parmi ses Messéniens il
fit choix de cinq cents hommes, tous gens déterminés
et qui comptaient leur vie pour rien ; ensuite,
en présence des Arcadiens et d'Aristocrate,
car il ne le connaissait pas encore pour un traître,
et il l'excusait de s'être enfui du combat, en imputant
cette action à une terreur panique plutôt
qu'à méchanceté; en présence, dis-je, d'Aristocrate,
il demande à ses braves s'ils seraient contents
de mourir avec lui en vengeant leur patrie.
Tous l'en ayant assuré, il leur déclare que «dès
le soir même il les mène à Sparte; et j'espère,
ajouta-t-il, que nous en aurons bon marché,
pendant que la plupart de ses habitants sont
occupés à piller les richesses que nous avons
laissées à Ira. Si nous réussissons et que nous
prenions Sparte, ils nous rendront notre bien,
et nous leur céderons le leur; que si nous
mourons à la peine, du moins aurons-nous
l'honneur d'avoir conçu un beau dessein, et
nous laisserons un grand exemple à la postérité».
Après qu'il eut dit ce peu de mots,
trois cents Arcadiens s'offrirent encore et voulurent
partager la gloire de l'entreprise. Mais
les uns et les autres furent obligés d'en différer
l'exécution, parce qu'en sacrifiant ils n'avaient
pas trouvé les entrailles des victimes telles qu'ils les
souhaitaient. Le lendemain venu, ils découvrent
que les Lacédémoniens sont informés de tout, et
que c'est encore Aristocrate qui les a trahis. Dans
le temps qu'Aristomène s'était ouvert de son dessein,
Aristocrate avait écrit sur les tablettes tout
ce qu'il lui avait entendu dire, et le moment
d'après il avait dépêché à Sparte un esclave de
confiance, et lui avait donné ses tablettes pour
les rendre à Anaxandre. Quelques Arcadiens qui
avaient eu des démêlés avec le roi et qui le tenaient
pour suspect dans l'affaire présente, surprirent
cet esclave, comme il revenait de Sparte,
et l'amenèrent dans l'assemblée du peuple. Là,
en présence d'un grand monde, fut lue la lettre
qu'il rapportait. Anaxandre mandait au roi d'Arcadie
que les Lacédémoniens n'avaient pas laissé
sans récompense le service qu'il leur avait
rendu en abandonnant ses alliés au combat de
la grande fosse, et qu'ils ne reconnaîtraient pas
moins le bon office qu'il venait encore de leur
rendre par l'avis qu'il leur donnait. La trahison
ainsi découverte, les Arcadiens prirent des pierres
et en assommèrent Aristocrate, exhortant les
Messéniens à en faire autant. Mais ceux-ci observaient
la contenance d'Aristomène, qui, les yeux
fixes et baissés contre terre, versait de grosses
larmes. Après qu'Aristocrate eut été lapidé, les
Arcadiens laissèrent son corps sans sépulture et
le firent jeter hors de leur pays; ensuite ils élevèrent
une colonne devant la porte du temple d'Apollon Lycien,
avec cette inscription :
Ici reçut le prix de ses honteux forfaits
Un perfide tyran, l'horreur de ses sujets;
Nos alliés, trompés par son lâche artifice,
Ont été les témoins de son juste supplice.
Veuillent toujours les dieux punir les scélérats,
Et de la trahison préserver nos états !
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