HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PAUSANIAS, Le Tour de la Grèce, livre IV

Chapitre 19

  Chapitre 19

[4,19] Λακεδαιμονίοις δὲ παραυτίκα μὲν ὑπὸ ἀνδρῶν ἀπηγγέλλετο αὐτομόλων, ὡς Ἀριστομένης ἐπανήκοι σῶς· νομιζομένου δὲ ἀπίστου κατὰ ταὐτὰ εἴ τινα τεθνεῶτα ἐλέγετο ἀναβιῶναι, παρ´ αὐτοῦ τοιόνδε Ἀριστομένους ὑπῆρξεν ἐς πίστιν. Κορίνθιοι Λακεδαιμονίοις δύναμιν ὡς συνεξαιρήσοντας τὴν Εἶραν ἀποστέλλουσι. τούτους παρὰ τῶν κατασκόπων πυνθανόμενος Ἀριστομένης τῇ πορείᾳ τε ἀτακτότερον χρῆσθαι καὶ ταῖς στρατοπεδείαις ἀφυλάκτως, ἐπιτίθεται νύκτωρ σφίσι· καὶ τῶν τε ἄλλων καθευδόντων ἔτι ἐφόνευσε τοὺς πολλοὺς καὶ τοὺς ἡγεμόνας Ὑπερμενίδην καὶ Ἀχλαδαῖον καὶ Λυσίστρατον καὶ Σίδεκτον ἀποκτίννυσι. διαρπάσας δὲ καὶ τὴν σκηνὴν τὴν στρατηγίδα παρέστησεν εὖ εἰδέναι Σπαρτιάταις ὡς Ἀριστομένης καὶ οὐκ ἄλλος Μεσσηνίων ἐστὶν ταῦτα εἰργασμένος. ἔθυσε δὲ καὶ τῷ Διὶ τῷ Ἰθωμάτᾳ τὴν θυσίαν ἣν ἑκατομφόνια ὀνομάζουσιν. αὕτη δὲ καθεστήκει μὲν ἐκ παλαιοτάτου, θύειν δὲ αὐτὴν Μεσσηνίων ἐνομίζετο ὁπόσοι πολεμίους ἄνδρας κατεργάσαιντο ἑκατόν. Ἀριστομένει δέ, ὅτε ἐπὶ Κάπρου σήματι ἐμαχέσατο, θύσαντι ἑκατομφόνια πρῶτον, δεύτερα ἤδη θῦσαι καὶ ἐν τῇ νυκτὶ τῶν Κορινθίων παρέσχε φόνος. τοῦτον μὲν δὴ λέγουσι καὶ ἐπὶ ταῖς ὕστερον θῦσαι καταδρομαῖς θυσίαν τρίτην, Λακεδαιμόνιοι δὲἐπῄει γὰρ Ὑακίνθιαπρὸς τοὺς ἐν τῇ Εἴρᾳ τεσσαράκοντα ἐποιήσαντο ἡμερῶν σπονδάς· καὶ αὐτοὶ μὲν ἀναχωρήσαντες οἴκαδε ἑώρταζον, Κρῆτες δὲ τοξόταιμετεπέμψαντο γὰρ ἔκ τε Λύκτου καὶ ἑτέρων πόλεων μισθωτούςοὗτοί σφισιν ἀνὰ τὴν Μεσσηνίαν ἐπλανῶντο. Ἀριστομένην οὖν, ἅτε ἐν σπονδαῖς ἀπωτέρω τῆς Εἴρας γενόμενον καὶ προϊόντα ἀδεέστερον, ἑπτὰ ἄνδρες ἀπὸ τῶν τοξοτῶν τούτων ἐλόχησαν, συλλαβόντες δὲ τοῖς ἱμᾶσιν οἷς εἶχον ἐπὶ ταῖς φαρέτραις δέουσιν· ἑσπέρα γὰρ ἐπῄει. δύο μὲν οὖν ἐς Σπάρτην ἀπ´ αὐτῶν ἐλθόντες Λακεδαιμονίοις Ἀριστομένην εὐηγγελίζοντο ἡλωκέναι· οἱ λοιποὶ δὲ ἀποχωροῦσιν ἐς ἀγρὸν τῶν ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ. ἐνταῦθα ᾤκει κόρη σὺν μητρὶ παρθένος, πατρὸς ὀρφανή. τῇ δὲ προτέρᾳ νυκτὶ εἶδεν ὄψιν παῖς· λέοντα ἐς τὸν ἀγρὸν λύκοι σφίσιν ἤγαγον δεδεμένον καὶ οὐκ ἔχοντα ὄνυχας, αὐτὴ δὲ τοῦ δεσμοῦ τὸν λέοντα ἀπέλυσε καὶ ἀνευροῦσα ἔδωκε τοὺς ὄνυχας, οὕτω τε διασπασθῆναι τοὺς λύκους ἔδοξεν ὑπὸ τοῦ λέοντος. τότε δὲ ὡς τὸν Ἀριστομένην ἐσάγουσιν οἱ Κρῆτες, συνεφρόνησεν παρθένος ὕπαρ ἥκειν τὸ ἐν τῇ νυκτί οἱ πεφηνὸς καὶ ἀνηρώτα τὴν μητέρα ὅστις εἴη· μαθοῦσα δὲ ἐπερρώσθη τε καὶ ἀπιδοῦσα ἐς αὐτὸν τὸ προσταχθὲν συνῆκεν. οἶνον οὖν τοῖς Κρησὶν ἐγχέουσα ἀνέδην, ὡς σφᾶς μέθη κατελάμβανεν, ὑφαιρεῖται τοῦ μάλιστα ὑπνωμένου τὸ ἐγχειρίδιον· τὰ μὲν δὴ δεσμὰ τοῦ Ἀριστομένους ἔτεμεν παρθένος, δὲ παραλαβὼν τὸ ξίφος ἐκείνους διειργάσατο. ταύτην τὴν παρθένον λαμβάνει γυναῖκα Γόργος Ἀριστομένους· ἐδίδου δὲ Ἀριστομένης τῇ παιδὶ ἐκτίνων σῶστρα, ἐπεὶ Γόργῳ οὐκ ἦν πω δέκατον καὶ ὄγδοον ἔτος, ὅτε ἔγημεν. [4,19] CHAPITRE XIX. Aristomène ne fut pas plutôt rentré dans Ira, que des transfuges en allèrent porter la nouvelle aux Lacédémoniens, qui ne se laissèrent pas plus persuader, que si on leur avait dit qu'un mort était ressuscité ; mais lui-même leur apprit bientôt ce qui en était ; car ayant su par ses coureurs, que les Corinthiens venaient au secours des assiégeants, et que ces troupes n'observant aucune discipline dans leur marche, campaient sans poser ni corps de garde, ni sentinelles, il alla se mettre en embuscade sur leur chemin, les attaqua brusquement durant la nuit, lorsque le soldat était endormi, en fit un grand carnage, tua quatre de leurs principaux officiers, Hyperménide, Achladée, Lpsistrate et Idacte, pilla la tente du général, et s'en retourna chargé de butin. Pour lors les Lacédémoniens connurent que c'était Aristomène qui avait fait cette expédition, et non un autre. A son retour il fit un sacrifice à Jupiter Ithomate, non un sacrifice à l'ordinaire, mais ce qu'ils appellent une hécatomphonie ; c'est une sorte de sacrifice qui a été en usage de tout temps chez les Messéniens, et qui n'a lieu que lorsqu'un général a eu le bonheur de tuer de sa main cent ennemis dans un combat. Aristomène sacrifia ainsi trois fois en sa vie ; la première, après la bataille qui se donna dans le lieu appelé le monument du sanglier; la seconde, après l'expédition dont je viens de parler; et la troisième, pour un pareil succès dans quelqu'une de ses excursions. Cependant la fête Hyacintha approchait; les Lacédémoniens, qui voulaient aller la célébrer chez eux, firent une trève de quarante jours avec les Messéniens. Pendant ce temps-là des archers Crétois qu'ils avaient fait venir de Lycte, et de quelques autres villes de Crète, ne cessaient de ravager les environs du mont Ira. Aristomène, qui sur la foi d'une trêve jurée de part et d'autre, croyait n'avoir rien à craindre, s'était malheureusement écarté ; sept Crétois lui dressèrent une embuscade où il donna ; de sorte qu'ils le prirent, et comme il était déjà nuit tout ce qu'ils purent faire ce fut de lui lier les pieds et les mains avec les courroies dont ils se servaient à attacher leurs carquois. Aussitôt deux de la bande s'en vont à Sparte pour annoncer l'agréable nouvelle de la prise d'Aristomène, et les cinq autres conduisent leur prisonnier jusqu'à un village de la Messénie, que l'on nomme Agilus. Là demeurait une jeune fille avec sa mère, qui était veuve ; la nuit précédente cette fille avait eu un songe fort extraordinaire ; elle avait rêvé que des loups traînaient dans un champ un lion enchaîné, auquel on avait arraché les ongles ; que pleine de compassion pour ce lion, elle avait eu le courage de l'approcher et de lui redonner des ongles, et qu'un moment après les loups avaient été mis en pièces par cet animal. Voyant donc ce prisonnier ainsi lié, elle ne douta pas que ce ne fût l'accomplissement de son rêve; mais quand elle sut de sa mère que c'était Aristomène, elle se confirma encore plus dans cette pensée, et observant attentivement les yeux du prisonnier, elle comprit sans peine ce qu'il souhaitait qu'elle fit. Aussitôt elle va tirer du vin, et fait tant boire les Crétois, qu'ils s'enivrent, peu de temps après ils s'endorment. Alors cette généreuse fille prend le poignard de celui qui dormait le plus profondément, et en coupe les courroies dont ils avaient lié Aristomène, qui, avec le même poignard égorge les cinq Crétois. Ensuite, pour marquer sa reconnaissance à sa libératrice, il lui fit épouser son fils Gorgus, qui n'avait pas encore dix-huit ans.


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Dernière mise à jour : 24/05/2006