[4,15] ὡς δὲ τά τε ἄλλα ἐς τὸν πόλεμον ἕτοιμα ἦν αὐτοῖς
καὶ τὰ ἀπὸ τῶν συμμάχων προθυμότερα ἢ προσεδόκων
—καὶ γὰρ Ἀργείοις ἤδη καὶ Ἀρκάσι λαμπρῶς
τὸ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ἔχθος ἐξῆπτο—οὕτως
ἀπέστησαν ἔτει τριακοστῷ μὲν καὶ ἐνάτῳ μετὰ Ἰθώμης
ἅλωσιν, τετάρτῳ δὲ τῆς τρίτης ὀλυμπιάδος καὶ εἰκοστῆς,
ἣν Ἴκαρος Ὑπερησιεὺς ἐνίκα στάδιον· Ἀθήνῃσι
δὲ οἱ κατ´ ἐνιαυτὸν ἦσαν ἤδη τότε ἄρχοντες, καὶ Ἀθηναίοις
Τλησίας ἦρχεν. ἐν δὲ Λακεδαίμονι οἵ τινες
τηνικαῦτα ἔτυχον βασιλεύοντες, Τυρταῖος μὲν τὰ ὀνόματα
οὐκ ἔγραψε, Ῥιανὸς δ´ ἐποίησεν ἐν τοῖς ἔπεσι
Λεωτυχίδην βασιλέα ἐπὶ τοῦδε εἶναι τοῦ πολέμου.
Ῥιανῷ μὲν οὖν ἔγωγε οὐδαμῶς κατά γε τοῦτο συνθήσομαι·
Τυρταῖον δὲ καὶ οὐ λέγοντα ὅμως εἰρηκέναι τις ἂν ἐν τῷδε
ἡγοῖτο. ἐλεγεῖα γὰρ ἐς τὸν πρότερόν ἐστιν αὐτῷ πόλεμον·
ἀμφ´ αὐτῇ δ´ ἐμάχοντ´ ἐννέα καὶ δέκ´ ἔτη
νωλεμέως, αἰεὶ ταλασίφρονα θυμὸν ἔχοντες,
αἰχμηταὶ πατέρων ἡμετέρων πατέρες.
δῆλα οὖν ἐστιν ὡς ὕστερον τρίτῃ γενεᾷ τὸν πόλεμον
οἱ Μεσσήνιοι τόνδε ἐπολέμησαν, ἀποδείκνυσί τε τοῦ
χρόνου τὸ συνεχὲς βασιλεύοντας τηνικαῦτα ἐν Σπάρτῃ
Ἀνάξανδρον Εὐρυκράτους τοῦ Πολυδώρου, τῆς δὲ
οἰκίας τῆς ἑτέρας Ἀναξίδαμον Ζευξιδάμου τοῦ Ἀρχιδάμου
τοῦ Θεοπόμπου. κατέβην δὲ ἐς ἀπόγονον Θεοπόμπου
τέταρτον, ὅτι Ἀρχίδαμος ὁ Θεοπόμπου προαπέθανε
τοῦ πατρὸς καὶ ἐς Ζευξίδαμον υἱιδοῦν ὄντα
ἡ Θεοπόμπου περιῆλθεν ἀρχή. Λεωτυχίδης δὲ μετὰ
Δημάρατον βασιλεύσας φαίνεται τὸν Ἀρίστωνος· Θεοπόμπου
δὲ Ἀρίστων ἀπόγονος ἕβδομος.
τότε δὲ οἱ Μεσσήνιοι Λακεδαιμονίοις συμβάλλουσιν
ἐν Δέραις καλουμέναις τῆς σφετέρας, ἔτει πρώτῳ μετὰ
τὴν ἀπόστασιν· ἀπῆσαν δὲ ἀμφοτέροις οἱ σύμμαχοι.
καὶ νίκη μὲν ἐγένετο οὐδετέρων σαφής, Ἀριστομένην
δὲ ἔργα φασὶν ἀποδείξασθαι πλέον τι ἢ ἄνδρα ἕνα
εἰκὸς ἦν, ὥστε καὶ βασιλέα μετὰ τὴν μάχην ᾑροῦντο
αὐτόν, ἦν γὰρ καὶ γένους τῶν Αἰπυτιδῶν· παραιτουμένου
τε, οὕτω στρατηγὸν αὐτοκράτορα εἵλοντο. Ἀριστομένει
δὲ παρίστατο μηδ´ ἂν ἄλλον ἀπαξιῶσαι παθεῖν
τι ἐν πολέμῳ δράσαντα ἄξια μνήμης· αὑτῷ μέντοι
καὶ πρὸ παντὸς ἐνόμιζεν εἶναι, ἔτι ἀρχομένου
τοῦ πολέμου Λακεδαιμονίους καταπλήξαντα φαίνεσθαι
καὶ ἐς τὰ μέλλοντά σφισι φοβερώτερον. ἅτε δὲ οὕτως
ἔχων, ἀφικόμενος νύκτωρ ἐς τὴν Λακεδαίμονα
ἀνατίθησιν ἀσπίδα πρὸς τὸν τῆς Χαλκιοίκου ναόν· ἐπεγέγραπτο
δὲ Ἀριστομένην ἀπὸ Σπαρτιατῶν διδόναι τῇ θεῷ.
ἐγένετο δὲ καὶ Λακεδαιμονίοις μάντευμα ἐκ Δελφῶν
τὸν Ἀθηναῖον ἐπάγεσθαι σύμβουλον. ἀποστέλλουσιν
οὖν παρὰ τοὺς Ἀθηναίους τόν τε χρησμὸν
ἀπαγγελοῦντας καὶ ἄνδρα αἰτοῦντας παραινέσοντα ἃ
χρή σφισιν. Ἀθηναῖοι δὲ οὐδέτερα θέλοντες, οὔτε
Λακεδαιμονίους ἄνευ μεγάλων κινδύνων προσλαβεῖν
μοῖραν τῶν ἐν Πελοποννήσῳ τὴν ἀρίστην οὔτε αὐτοὶ
παρακοῦσαι τοῦ θεοῦ, πρὸς ταῦτα ἐξευρίσκουσι· καὶ
ἦν γὰρ Τυρταῖος διδάσκαλος γραμμάτων νοῦν τε ἥκιστα
ἔχειν δοκῶν καὶ τὸν ἕτερον τῶν ποδῶν χωλός, τοῦτον
ἀποστέλλουσιν ἐς Σπάρτην. ὁ δὲ ἀφικόμενος ἰδίᾳ τε
τοῖς ἐν τέλει καὶ συνάγων ὁπόσους τύχοι καὶ τὰ ἐλεγεῖα
καὶ τὰ ἔπη σφίσι τὰ ἀνάπαιστα ᾖδεν. ἐνιαυτῷ
δὲ ὕστερον τοῦ περὶ τὰς Δέρας ἀγῶνος, ἡκόντων ἀμφοτέροις
καὶ τῶν συμμάχων, παρεσκευάζοντο ὡς μάχην
συνάψοντες ἐπὶ τῷ καλουμένῳ Κάπρου σήματι. Μεσσηνίοις
μὲν οὖν Ἠλεῖοι καὶ Ἀρκάδες, ἔτι δὲ ἐξ Ἄργους
ἀφίκετο καὶ Σικυῶνος βοήθεια. παρῆσαν δὲ καὶ ὅσοι
πρότερον τῶν Μεσσηνίων ἔφευγον ἑκουσίως, ἐξ Ἐλευσῖνός
τε, οἷς πάτριον δρᾶν τὰ ὄργια τῶν Μεγάλων
θεῶν, καὶ οἱ Ἀνδροκλέους ἀπόγονοι· καὶ γὰρ οἱ συσπεύσαντες
μάλιστά σφισιν ἦσαν οὗτοι. Λακεδαιμονίοις
δὲ ἦλθον Κορίνθιοι συμμαχήσοντες καὶ Λεπρεατῶν
τινες κατὰ ἔχθος τὸ Ἠλείων· Ἀσιναίοις δὲ
ὅρκοι πρὸς ἀμφοτέρους ἦσαν. τὸ δὲ χωρίον τοῦτο,
Κάπρου σῆμα, ἔστι μὲν ἐν Στενυκλήρῳ τῆς Μεσσηνίας,
Ἡρακλέα δὲ αὐτόθι ὅρκον ἐπὶ τομίων κάπρου τοῖς Νηλέως
παισὶ δοῦναι καὶ λαβεῖν παρὰ ἐκείνων λέγουσιν.
| [4,15] CHAPITRE XV.
Ils trouvèrent leurs alliés mieux disposés qu'ils
n'avaient osé l'espérer, car les Arcadiens et les
Argiens avaient déjà fait éclater leur animosité
contre Sparte. Contents donc de leurs préparatifs,
ils soulèvent toute la Messénie trente-neuf ans
après la prise et le sac d'Ithome, la quatrième
année de la vingt-troisième olympiade, qui fut célèbre
par la victoire que remporta Icare d'Hypéresie
à la course du stade. La république d'Athènes
n'était pas encore gouvernée par des archontes
annuels, et Tlésias était en charge.
Il n'est pas aussi aisé de dire qui pour lors régnait
à Lacédémone, car Tyrtée ne nous l'apprend pas.
Rhianus, dans son histoire en vers, dit que c'était
Léotychide ; mais c'est une faible autorité. Si
Tyrtée ne s'est pas expliqué bien nettement sur
ce point, on peut du moins tirer quelque conjecture
de ces vers-ci, qui doivent s'entendre de
la première guerre :
"Après vingt ans de siège, Ithome encore debout
avait presque poussé nos ennemis à bout.
Ses braves défenseurs, les pères de nos pères,
Ne nous feront-ils point rougir de nos misères?"
Par ces mots, "les pères de nos pères", le poète
marque assez que ce fut à la troisième génération,
depuis la première guerre, que les Messéniens
reprirent les armes. Or, la suite des rois
de Sparte nous apprend qu'en ce temps-là régnait
Anaxandre, fils d'Eurycrate, et petit-fils de Polydore ;
et de l'autre branche, Anaxidame, fils de
Zeuxidame, petit-fils d'Archidame, et arriere-petit-fils
de Théopompe ; je descends jusqu'au
quatrième degré, parce qu'Archidame étant mort
avant son père, la couronne passa à Zeuxidame,
petit-fils de Théopompe. Pour Léotychide, on sait
assez qu'il ne régna qu'après Démarate, fils
d'Ariston, lequel Ariston était le septième descendant
de Théopompe. Ce fut donc sous ces
règnes que les Messéniens, un an après leur révolte,
livrèrent bataille aux Lacédémoniens à
Dérès, qui est un village de la Messénie. Ni les
uns, ni les autres, ne furent secourus de leurs
alliés, et l'on ne sait pas bien de quel côté fut
l'avantage; mais on dit qu'Aristomène, en cette
occasion, fit plus qu'on ne pouvait attendre d'un
homme; c'est pourquoi, après le combat, les Messéniens
l'élurent pour roi car il était du sang des
Epytides ; mais ayant refusé cet honneur, il fut
déclaré général, avec une autorité absolue. Aristomène
avait pour maxime, que tout homme de
guerre, en même-temps qu'il fait de grandes
choses, doit savoir souffrir, et ne s'étonner ni
des revers, ni de la mort même; et pour lui il
crut devoir commencer par un coup d'éclat qui
le rendît pour toujours formidable aux Lacédémoniens.
Dans cette résolution il s'achemine vers
Sparte, y entre de nuit, et trouve le moyen d'appendre
son bouclier dans le temple de Minerve
Chalcioecos; l'inscription portait que ce bouclier
avait été consacré à la déesse, par Aristomène,
des dépouilles remportées sur Lacédémone.
Environ ce temps-là, les Lacédémoniens ayant
consulté l'oracle de Delphes, eurent pour réponse
qu'ils eussent à se conduire par les conseils d'un
Athénien. Aussitôt ils envoyèrent à Athènes pour
informer la république de la réponse de l'oracle,
et lui demander un de ses citoyens qui pût les aider
de ses conseils. Les Athéniens qui ne voulaient
ni souffrir qu'une puissance voisine conquît si
aisément la plus riche contrée du Péloponnèse,
telle qu'est la Messénie, ni aussi manquer de respect
pour l'oracle, furent assez embarrassés : voici
donc l'expédient dont ils s'avisèrent. Il y avait à
Athènes un maître d'école, nommé Tyrtée, boiteux
d'un pied, et qui ne passait pas pour un
grand esprit ; ce fut-là l'homme qu'ils donnèrent
aux Lacédémoniens. Arrivé à Sparte, il amusait
tantôt les grands, tantôt le peuple, et ceux qui
s'attroupaient autour de lui, en leur récitant des
vers anapestes et des élégies. Un an ou environ
après la bataille de Dérès, les Messéniens et les
Lacédémoniens, ayant reçu le renfort qu'ils attendaient
de la part de leurs alliés, se trouvèrent en
présence, et tout prêts à en venir à un second
combat, dans un lieu qu'ils appellent le monument
du sanglier. Il était venu aux Messéniens de puissants
secours d'Elée, d'Arcadie, d'Argos et de
Sicyone. Tous ceux qui avaient quitté leur pays
après la prise d'lthome, étaient revenus joindre
leurs compatriotes, particulièrement ces familles
qui s'étaient retirées à Eleusis, et qui étaient en
possession du sacerdoce des grandes déesses; les
descendants d'Androclès étaient aussi de la partie,
et n'avaient pas peu contribué au soulèvement général
de la Messénie. Les alliés de Sparte étaient
les Corinthiens et les Lépréates; ceux-ci néanmoins
étaient venus en petit nombre, plutôt par
haine pour les Eléens que par inclination pour
Sparte; les Asinéens étaient obligés, par serment,
à demeurer neutres. Le champ de bataille était
un lieu de la Messénie, situé dans la plaine du
Stényclere, et appelé le monument du sanglier,
parce qu'Hercule et les enfants de Nélée immolèrent
là autrefois un sanglier, et firent ensuite un
traité qu'ils promirent d'observer, en jurant sur
les entrailles de la victime. Les deux armées
étant en présence, les devins sacrifièrent aux
dieux de part et d'autres ; ces devins étaient du
côté des Lacédémoniens, Hécatus, petit-fils et de
même nom que cet Hécatus qui était revenu à
Sparte avec les catins d'Aristodème; et du côté
des Messéniens, Théoclus, fils d'Eumantis, lequel
Eumantis était Eléen, de la race des Jamides
et avait été amené par Chresphonte en Messénie.
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