[4,14] Μεσσηνίων δὲ ὅσοις μὲν ἔτυχον ἐν Σικυῶνι οὖσαι
καὶ ἐν Ἄργει προξενίαι καὶ παρὰ τῶν Ἀρκάδων τισίν,
οὗτοι μὲν ἐς ταύτας τὰς πόλεις ἀπεχώρησαν, ἐς Ἐλευσῖνα
δὲ οἱ τοῦ γένους τῶν ἱερέων καὶ θεαῖς ταῖς Μεγάλαις
τελοῦντες τὰ ὄργια· ὁ δὲ ὄχλος ὁ πολὺς κατὰ
τὰς πατρίδας ἕκαστοι τὰς ἀρχαίας ἐσκεδάσθησαν. Λακεδαιμόνιοι
δὲ πρῶτα μὲν τὴν Ἰθώμην καθεῖλον ἐς ἔδαφος,
ἔπειτα καὶ τὰς λοιπὰς πόλεις ἐπιόντες ᾕρουν.
ἀνέθεσαν δὲ καὶ ἀπὸ τῶν λαφύρων τῷ Ἀμυκλαίῳ τρίποδας
χαλκοῦς· Ἀφροδίτης ἄγαλμά ἐστιν ἑστηκὸς ὑπὸ
τῷ τρίποδι τῷ πρώτῳ, Ἀρτέμιδος δὲ ὑπὸ τῷ δευτέρῳ,
Κόρης δὲ ἢ Δήμητρος ὑπὸ τῷ τρίτῳ. ταῦτα μὲν δὴ
ἀνέθεσαν ἐνταῦθα, τῆς δὲ γῆς τῆς Μεσσηνίας Ἀσιναίοις
μὲν ἀνεστηκόσιν ὑπὸ Ἀργείων διδόασιν ἐπὶ θαλάσσῃ
ταύτην ἣν καὶ νῦν ἔτι οἱ Ἀσιναῖοι νέμονται· τοῖς δὲ
Ἀνδροκλέους ἀπογόνοις—ἦν γὰρ δὴ καὶ θυγάτηρ
Ἀνδροκλεῖ καὶ παῖδες τῆς θυγατρός, φεύγοντες δὲ ὑπὸ
τὴν τελευτὴν τοῦ Ἀνδροκλέους ᾤχοντο ἐς Σπάρτην—
τούτοις τὴν Ὑαμίαν καλουμένην ἀπονέμουσι. τὰ δὲ ἐς
αὐτοὺς Μεσσηνίους παρὰ Λακεδαιμονίων ἔσχεν οὕτως.
πρῶτον μὲν αὐτοῖς ἐπάγουσιν ὅρκον μήτε ἀποστῆναί
ποτε ἀπ´ αὐτῶν μήτε ἄλλο ἐργάσασθαι νεώτερον μηδέν·
δεύτερα δὲ φόρον μὲν οὐδένα ἐπέταξαν εἰρημένον, οἳ
δὲ τῶν γεωργουμένων τροφῶν σφισιν ἀπέφερον ἐς
Σπάρτην πάντων τὰ ἡμίσεα. προείρητο δὲ καὶ ἐπὶ
τὰς ἐκφορὰς τῶν βασιλέων καὶ ἄλλων τῶν ἐν τέλει
καὶ ἄνδρας ἐκ τῆς Μεσσηνίας καὶ τὰς γυναῖκας ἐν
ἐσθῆτι ἥκειν μελαίνῃ· καὶ τοῖς παραβᾶσιν ἐπέκειτο
ποινή. ἐς τιμωρίας δὲ ἃς ὕβριζον ἐς τοὺς Μεσσηνίους,
Τυρταίῳ πεποιημένα ἐστὶν ὥσπερ ὄνοι μεγάλοις ἄχθεσι
τειρόμενοι, δεσποσύνοισι φέροντες ἀναγκαίης ὑπὸ λυγρῆς
ἥμισυ πᾶν ὅσσων καρπὸν ἄρουρα φέρει. ὅτι δὲ καὶ συμπενθεῖν
ἔκειτο αὐτοῖς ἀνάγκη, δεδήλωκεν ἐν τῷδε·
δεσπότας οἰμώζοντες, ὁμῶς ἄλοχοί τε καὶ αὐτοί,
εὖτέ τιν´ οὐλομένη μοῖρα κίχοι θανάτου.
τοιούτων οὖν οἱ Μεσσήνιοι κατειληφότων καὶ ἅμα
ἐς τὰ μέλλοντα οὐδὲν ἐνορῶντες παρὰ τῶν Λακεδαιμονίων
φιλάνθρωπον, πρό τε δὴ τῶν παρόντων τεθνάναι
μαχομένους ἢ καὶ τὸ παράπαν ἐκ Πελοποννήσου
φεύγοντας οἴχεσθαι νομίζοντες αἱρετώτερα, ἀφίστασθαι
πάντως ἐγίνωσκον. ἐνῆγον δὲ οὐχ ἥκιστα ἐς τοῦτο
καὶ οἱ νεώτεροι, πολέμου μὲν ἔτι ἀπείρως ἔχοντες,
λαμπροὶ δὲ ὄντες τὰ φρονήματα καὶ ἀποθανεῖν προτιμῶντες
ἐν ἐλευθέρᾳ τῇ πατρίδι, εἰ καὶ τὰ ἄλλα εὐδαιμόνως
δουλεύειν παρείη. ἐπετράφη δὲ νεότης καὶ ἀλλαχοῦ
τῆς Μεσσηνίας, οἱ δὲ ἄριστοι καὶ ἀριθμὸν πλεῖστοι
περὶ τὴν Ἀνδανίαν, ἐν δὲ αὐτοῖς καὶ Ἀριστομένης,
ὃς καὶ νῦν ἔτι ὡς ἥρως ἔχει παρὰ Μεσσηνίοις τιμάς.
καί οἱ καὶ τὰ τῆς γενέσεως ἐπιφανέστερα ὑπάρξαι νομίζουσι·
Νικοτελείᾳ γὰρ τῇ μητρὶ αὐτοῦ δαίμονα ἢ
θεὸν δράκοντι εἰκασμένον συγγενέσθαι λέγουσι. τοιαῦτα
δὲ καὶ Μακεδόνας ἐπὶ Ὀλυμπιάδι καὶ ἐπὶ Ἀριστοδάμᾳ
Σικυωνίους οἶδα εἰρηκότας, διάφορα δὲ τοσόνδε ἦν·
Μεσσήνιοι γὰρ οὐκ ἐσποιοῦσιν Ἀριστομένην
Ἡρακλεῖ παῖδα ἢ Διί, ὥσπερ Ἀλέξανδρον Ἄμμωνι οἱ
Μακεδόνες καὶ Ἄρατον Ἀσκληπιῷ Σικυώνιοι· Ἀριστομένει
δὲ πατέρα Ἑλλήνων μὲν οἱ πολλοὶ Πύρρον φασὶν
εἶναι, Μεσσηνίους δὲ οἶδα αὐτὸς ἐπὶ ταῖς σπονδαῖς
Ἀριστομένην Νικομήδους καλοῦντας. οὗτος μὲν
οὖν ἀκμάζων ἡλικίᾳ καὶ τόλμῃ καὶ ἄλλοι τῶν ἐν τέλει
παρώξυνον ἐπὶ τὴν ἀπόστασιν· ἐπράσσετο δὲ ταῦτα
οὐκ εὐθὺς ἐκ τοῦ φανεροῦ, κρύφα δὲ ἐς Ἄργος καὶ
παρὰ τοὺς Ἀρκάδας ἀπέστελλον, εἴ σφισιν ἀπροφασίστως
καὶ μηδὲν ἐνδεεστέρως ἢ ἐπὶ τοῦ πολέμου τοῦ προτέρου
ἀμῦναι θελήσουσιν.
| [4,14] CHAPITRE XIV.
Ceux des Messéniens qui avaient droit d'hospitalité,
soit en Arcadie, soit à Argos ou à Sicyone,
se retirèrent dans ces villes; d'autres qui étaient
de la race des ministres de Cérès, et qui exerçaient
les fonctions du sacerdoce des grandes
déesses à Andanie, allèrent chercher une retraite
à Éleusis. La multitude se dispersa de côté
et d'autre dans les villes et les bourgades de
la Messénie, chacun tâchant de regagner son
ancienne habitation. Quant aux Lacédémoniens,
ils commencèrent par détruire Ithome jusqu'aux
fondements, ensuite ils se rendirent maîtres de
toutes les villes du pays. Des dépouilles qu'ils
avaient remportées sur les ennemis, ils consacrèrent
à Apollon Amycléen trois trépieds de
bronze. Vénus était représentée sur le premier,
Diane sur le second Cérès et Proserpine sur le
troisième. Ils donnèrent aux Asinéens, peuples
que les Argiens avaient chassés de leur ville,
toute cette côte maritime qu'ils occupent encore
aujourd'hui, et aux descendants d'Androclès cette
province que l'on nomme Hyamie; car il restait
encore d'Androclès une fille, et cette fille avait
des cnfants qui, après la mort de leur aïeul, avaient
quitté la Messénie pour aller s'établir à Sparte.
Voici maintenant comment ils traitèrent les Messéniens ;
premièrement ils leur firent prêter serment
de fidélité, en sorte qu'ils s'obligeaient tous
à ne jamais se révolter contre les Lacédémoniens
et à n'exciter aucun trouble; en second lieu, sans
leur imposer aucun tribut fixe, ils les condamnèrent
à apporter tous les ans à Sparte la
moitié des fruits qu'ils recueilleraient sur leurs
terres; troisièmement, ils exigèrent d'eux qu'à l'avenir
et à perpétuité les maris et les femmes
assisteraient en habits de deuil aux funérailles
des rois de Sparte, et à celles des éphores. Et par
cette ordonnance il y avait des peines portées
contre les délinquants. Nous avons un monument
de ces peines infamantes dans Tyrtée, qui parle
ainsi des Messéniens :
"Pareils aux animaux qu'un maître impitoyable
fait ployer sous le faix d'un poids qui les accable,
On les voit gémissants apporter sur leur dos
Jusqu'aux pieds du vainqueur le fruit de leurs travaux".
Voici d'autres vers du même poète qui marquent
l'obligation où ces malheureux étaient d'assister
en deuil à la pompe funèbre des rois de Lacédémone :
"Et forcés de baiser la main qui les châtie,
"A la mort de nos rois, en longs habits de deuil,
Ils vont servilement pleurer sur leur cercueil".
Les Messéniens se voyant réduits à cet excès de misère,
dans la dure nécessité de donner tous les ans
la moitié de ce qu'a la sueur de leurs corps ils pouvaient
tirer du sein de la terre, et sans espérance
d'un avenir plus supportable, se résolurent enfin
à secouer le joug, aimant mieux mourir les armes
à la main, que de languir plus longtemps dans
un si cruel esclavage, ou que d'être chassés du
Péloponnèse. Les auteurs d'un si généreux dessein
étaient de jeunes gens qui n'avaient point
encore vu la guerre, mais qui avaient tant de
courage, que la liberté achetée au prix de leur
sang leur paraissait préférable à la servitude,
même la plus douce. Car depuis la prise d'Ithome
il s'était élevé dans tous les endroits de la Messénie
une florissante jeunesse, particulièrement
à Andanie, où elle était encore plus belle et plus
nombreuse qu'ailleurs. Parmi cette jeunesse brillait
surtout Aristomène, que les Messéniens honorent
encore aujourd'hui comme un héros, et dont
ils croient que la naissance eut quelque chose de
merveilleux. En effet, ils disent qu'un génie, ou
un dieu, sous la forme d'un dragon, eut commerce
avec sa mère Nicotelée, et que de ce
commerce naquit Aristomène. Je sais que les
Macédoniens en ont dit autant d'Olympias, et Ies
Sicyoniens autant d Aristodama; il y a seulement
cette différence, que les Messéniens ne croient
pas qu'Aristomène fût fils de Jupiter ou d'Hercule,
comme les Macédoniens se sont imaginés
qu'Alexandre était fils d'Ammon, et les Sicyoniens
qu'Aratus avait Esculape pour père; car la plupart
des Grecs tiennent Aristomène, fils de Pyrrhus ;
et les Messéniens, en lui faisant des libations,
ne le qualifient point autrement que l'illustre
fils de Nicomède : c'est un fait dont je suis certain.
Quoi qu'il en soit, Aristomène, jeune et plein
de courage, et tout ce qu'il y avait de jeunes
gens distingués dans la Messénie, excitaient sans
cesse leurs compatriotes à prendre les armes.
D'abord l'affaire fut conduite avec beaucoup de
secret ; ils envoyèrent à la dérobée des gens de
confiance aux Arcadiens et aux Argiens, pour
savoir si en cas qu'ils levassent le masque, ils
recevraient d'eux des secours aussi prompts et aussi
puissants que leurs pères en avaient reçu durant
la première guerre.
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