[4,13] τὰ δὲ ἐντεῦθεν—ἔρρεπε γὰρ ἤδη τὸ χρεὼν ἐς
ἅλωσιν τῶν Μεσσηνίων—προεσήμαινεν αὐτοῖς τὰ
μέλλοντα ὁ θεός. τό τε γὰρ τῆς Ἀρτέμιδος ἄγαλμα,
ὂν χαλκοῦν καὶ αὐτὸ καὶ τὰ ὅπλα, παρῆκε τὴν ἀσπίδα·
καὶ Ἀριστοδήμου τῷ Διὶ τῷ Ἰθωμάτᾳ θύειν μέλλοντος
τὰ ἱερεῖα, οἱ κριοὶ ἐπὶ τὸν βωμὸν αὐτόματοι καὶ βίᾳ
τὰ κέρατα ἐνράξαντες ἀποθνήσκουσιν ὑπὸ τῆς πληγῆς.
τρίτον δὲ ἄλλο συνέβη σφίσιν· οἱ κύνες συνιόντες ἐς
τὸ αὐτὸ ἀνὰ πᾶσαν νύκτα ὠρύοντο, τέλος δὲ καὶ ἀπεχώρησαν
ἀθρόοι πρὸς τὸ τῶν Λακεδαιμονίων στρατόπεδον.
ταῦτά τε δὴ τὸν Ἀριστόδημον ἐτάρασσε καὶ
ὀνείρατος ὄψις ἐπιγενομένη τοιάδε. ἔδοξεν ἐξιέναι οἱ
μέλλοντι ἐς μάχην καὶ ὡπλισμένῳ τῶν ἱερείων τὰ
σπλάγχνα ἐπὶ τραπέζῃ προκεῖσθαι, τὴν δέ οἱ θυγατέρα
ἐπιφανῆναι μέλαιναν ἐσθῆτα ἔχουσαν καὶ φαίνουσαν
τό τε στέρνον καὶ τὴν γαστέρα ἀνατετμημένα, ἀναφανεῖσαν
δὲ ἀπορρῖψαι μὲν τὰ ἀπὸ τῆς τραπέζης, ἀφελέσθαι
δὲ αὐτοῦ τὰ ὅπλα, ἀντὶ τούτων δὲ στέφανον
ἐπιθεῖναι χρυσοῦν καὶ ἱμάτιον ἐπιβαλεῖν λευκόν. ἔχοντος
δὲ Ἀριστοδήμου τά τε ἄλλα ἀθύμως καὶ τὸν ὄνειρον
ἡγουμένου προλέγειν οἱ τοῦ βίου τελευτήν, ὅτι
οἱ Μεσσήνιοι τῶν ἐπιφανῶν τὰς ἐκφορὰς ἐποιοῦντο
ἐστεφανωμένων καὶ ἱμάτια ἐπιβεβλημένων λευκά, ἀπαγγέλλει
τις Ὀφιονέα τὸν μάντιν οὐχ ὁρᾶν ἔτι ἀλλ´ ἐξαίφνης
γενέσθαι τυφλόν, ὥσπερ γε καὶ ἦν τὸ ἐξ ἀρχῆς.
συνιᾶσι δὴ καὶ τοῦ χρησμοῦ τότε, ὡς τοὺς
ἀναδύντας δύο ἐκ τοῦ λόχου καὶ ἐς τὸ χρεὼν αὖθις
ἐλθόντας τοῦ Ὀφιονέως τοὺς ὀφθαλμοὺς εἶπεν
ἡ Πυθία. ἐνταῦθα Ἀριστόδημος τά τε οἰκεῖα ἀναλογιζόμενος,
ὡς οὐδὲν ὠφέλιμον γένοιτο φονεὺς θυγατρός,
καὶ τῇ πατρίδι οὐχ ὁρῶν ἔτι ὑποῦσαν σωτηρίας
ἐλπίδα, ἐπικατέσφαξεν ἑαυτὸν τῆς παιδὸς τῷ
τάφῳ, τὰ μὲν ἐς ἀνθρώπου λογισμὸν ἥκοντα Μεσσηνίους
σώσας, τῆς τύχης δὲ ἐς τὸ μηδὲν ἀγαγούσης
τά τε ἔργα αὐτοῦ καὶ τὰ βουλεύματα. ἀπέθανε δὲ βασιλεύσας
ἔτη τε ἓξ καὶ ἐκ τοῦ ἑβδόμου μῆνας ἐπιλαβὼν οὐ πολλούς.
τοῖς δὲ Μεσσηνίοις ἀπεγνωκέναι τὰ πράγματα παρίστατο,
ὥστε καὶ ὥρμησαν ἱκεσίαν ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους
ἀποστέλλειν· οὕτω σφόδρα κατέπληξεν αὐτοὺς
ἡ τοῦ Ἀριστοδήμου τελευτή. καὶ τοῦτο μὲν ὁ θυμὸς
ἐπέσχεν αὐτοὺς μὴ ποιῆσαι· συλλεγέντες δὲ ἐς ἐκκλησίαν
βασιλέα μὲν οὐδένα, Δᾶμιν δὲ στρατηγὸν αὐτοκράτορα
εἵλοντο. ὁ δὲ Κλέοννίν τε αὑτῷ καὶ Φυλέα
ἑλόμενος συνάρχοντας παρεσκευάζετο ὡς καὶ ἐκ τῶν
παρόντων συνάψων {ἐς} μάχην· ἐπηνάγκαζε γὰρ ἥ τε
πολιορκία καὶ οὐχ ἥκιστα ὁ λιμὸς καὶ ἀπ´ αὐτοῦ δέος,
μὴ καὶ προδιαφθαρῶσιν ὑπὸ ἐνδείας. ἀρετῇ μὲν δὴ
καὶ τολμήμασιν οὐδὲ τότε ἀπεδέησε τὰ τῶν Μεσσηνίων·
ἀπέθανον δὲ οἵ τε στρατηγοί σφισιν ἅπαντες
καὶ τῶν ἄλλων οἱ λόγου μάλιστα ἄξιοι. τὸ δὲ ἀπὸ
τούτου μῆνας μέν που πέντε μάλιστα ἀντέσχον, περὶ
δὲ τὸν ἐνιαυτὸν λήγοντα ἐξέλιπον τὴν Ἰθώμην, πολεμήσαντες
ἔτη τὰ πάντα εἴκοσι, καθὰ καὶ Τυρταίῳ πεποιημένα ἐστίν·
εἰκοστῷ δ´ οἱ μὲν κατὰ πίονα ἔργα λιπόντες
φεῦγον Ἰθωμαίων ἐκ μεγάλων ὀρέων.
ὁ δὲ πόλεμος ἔλαβεν οὗτος τέλος ἔτει πρώτῳ τῆς τετάρτης
καὶ δεκάτης ὀλυμπιάδος, ἣν Δάσμων Κορίνθιος
ἐνίκα στάδιον, Ἀθήνῃσι Μεδοντιδῶν τὴν ἀρχὴν ἔτι
ἐχόντων τὴν δεκέτιν καὶ ἔτους Ἱππομένει τετάρτου
τῆς ἀρχῆς ἠνυσμένου.
| [4,13] CHAPITRE XIII.
Les dieux ne cessaient d'avertir les Messéniens
de leur ruine prochaine par des prodiges
qui n'étaient pas équivoques. Minerve était représentée
en bronze à Ithome avec ses armes ;
son bouclier tomba tout-à-coup. Un jour qu'Aristodème
voulait sacrifier à Jupiter Ithomate, des
béliers, qui devaient servir de victimes, allèrent
d'eux-mêmes heurter contre l'autel d'une si
grande force, qu'ils moururent sur le champ. Des
chiens s'attroupaient durant la nuit, faisaient
des hurlements épouvantables, et ensuite on les
voyait passer par bandes au camp des Lacédémoniens.
Tous ces prodiges troublaient fort Aristodème,
mais il eut un songe qui semblait lui
annoncer son malheur encore plus distinctement.
Il rêva qu'il était sur le point de donner bataille ;
déjà il avait sacrifié aux dieux, et les entrailles
des victimes étaient sur la table; en ce moment
sa fille s'apparaît à lui, vêtue de deuil, le sein
et le ventre ouverts, et ruisselant de sang,
effet lamentable de la fureur du père ; elle
jette les entrailles des victimes, renverse la table,
arrache à son père les armes qu'il avait prises,
lui met en la place une couronne d'or sur la tête,
et le revêt d'un habit blanc : tel fit son songe.
Cette funeste vision semblait lui prédire sa fin,
d'autant plus que parmi les Messéniens c'est la
coutume, avant que d'enterrer les personnes
illustres, de les exposer vêtues de blanc avec
une couronne sur la tête. Il était tout occupé de
ces tristes idées, lorsqu'on vint lui annoncer
qu'Ophionée était redevenu aveugle comme auparavant.
Ce fut pour lors qu'il comprit l'oracle
et le sens de ces vers :
"Quand deux yeux s'ouvriront à la clarté du jour,
Et se refermeront par un triste retour,
Alors, c'est fait d'Ithome, - - -.
Venant donc à repasser dans son esprit le malheur
qu'il avait eu d'égorger sa propre fille, sans
que sa mort fut d'aucune utilité à l'état, et voyant
d'ailleurs qu'il n'y avait plus rien à espérer pour
sa patrie; il se passa son épée au travers du corps
et expira sur le tombeau de sa fille. Ce grand
homme avait fait tout ce qui se pouvait faire
humainement pour le salut des Messéniens, mais
il ne put vaincre la rigueur du destin, ni la
malignité de la fortune qui ne seconda jamais
ses entreprises. Il avait régné six ans et quelques mois.
Après cette catastrophe, les Messéniens perdirent
courage, au point qu'ils furent tentés d'envoyer
à Sparte pour implorer la clémence des
Lacédémoniens, tant ils étaient consternés de la
mort d'Aristodème; mais leur ressentiment encore
plus fort que l'amour de la vie ne leur permit
pas de se démentir jusques-là. S'étant donc assemblés,
ils créèrent non un roi mais un général,
à qui ils donnèrent une pleine autorité, et ce général
fut Damis. Il s'associa deux collègues,
Cléonnis. et Phyléüs, ensuite s'arrangeant selon
l'état présent des affaires, il disposa tout pour le
combat, car les Messéniens depuis longtemps
assiégés dans Ithome se voyaient tous les jours resserrés
de plus en plus, outre que les vivres commençant
à leur manquer ils avaient la famine à
craindre; il faut avouer que jamais le péril ne les
étonna, et qu'ils furent toujours prêts à payer de
leurs personnes ; aussi perdirent-ils tous leurs
chefs avec une infinité de braves gens, et malgré
I'extrémité où ils étaient réduits, ils soutinrent le
siège encore cinq mois ; mais enfin ils furent
contraints d'abandonner Ithome après avoir fait
la guerre durant vingt ans, suivant ce témoignage de Tyrtée :
"Après vingt ans de guerre, Ithome abandonnée,
Recevant son vainqueur, cède à sa destinée".
Cette guerre finit la première année de la quatorzième
olympiade, en laquelle Damon,
corinthien, remporta le prix du stade. L'administration
des Médontides archontes décennaux
à Athènes, durait encore, et Hippomène
était dans la quatrième année de son archontat.
|