[3,8] VIII. Ἀρχιδάμου δὲ ὡς ἐτελεύτα καταλιπόντος παῖδας Ἆγίς τε πρεσβύτερος ἦν
ἡλικίᾳ καὶ παρέλαβεν ἀντὶ Ἀγησιλάου τὴν ἀρχήν. ἐγένετο δὲ Ἀρχιδάμῳ καὶ
θυγάτηρ, ὄνομα μὲν Κυνίσκα, φιλοτιμότατα δὲ ἐς τὸν ἀγῶνα ἔσχε τὸν
Ὀλυμπικόν καὶ πρώτη τε ἱπποτρόφησε γυναικῶν καὶ νίκην ἀνείλετο Ὀλυμπικὴν
πρώτη. Κυνίσκας δὲ ὕστερον γυναιξὶ καὶ ἄλλαις καὶ μάλιστα ταῖς ἐκ
Λακεδαίμονος γεγόνασιν Ὀλυμπικαὶ νῖκαι, ὧν (ἡ) ἐπιφανεστέρα ἐς τὰς νίκας
ἐστὶν αὐτῆς. (2) δοκοῦσι δὲ οἱ Σπαρτιᾶταί μοι ποίησιν καὶ ἔπαινον τὸν ἀπ' αὐτῆς
ἥκιστα ἀνθρώπων θαυμάσαι· ὅτι γὰρ μὴ τῇ Κυνίσκᾳ τὸ ἐπίγραμμα ἐποίησεν
ὅστις δή, καὶ ἔτι πρότερον Παυσανίᾳ τὸ ἐπὶ τῷ τρίποδι Σιμωνίδης τῷ ἀνατεθέντι
ἐς Δελφούς, ἄλλο (δέ) γε παρὰ ἀνδρὸς ποιητοῦ Λακεδαιμονίων τοῖς βασιλεῦσιν
οὐδέν ἐστιν ἐς μνήμην.
(3) ἐπὶ δὲ Ἄγιδος τοῦ Ἀρχιδάμου βασιλεύοντος Λακεδαιμονίοις ἄλλα τε ἐγένετο
ἐς Ἠλείους ἐγκλήματα καὶ τοῦ ἀγῶνος τοῦ Ὀλυμπικοῦ καὶ ἱεροῦ τοῦ
Ὀλυμπίασιν ὑπ' αὐτῶν εἰργόμενοι μάλιστα ἤχθοντο. ἀποστέλλουσιν οὖν κήρυκα
ἐπίταγμα φέροντα Ἠλείοις Λεπρεάτας τε αὐτονόμους ἀφιέναι καὶ ὅσοι τῶν
περιοίκων ἄλλοι σφίσιν ἦσαν ὑπήκοοι. ἀποκριναμένων δὲ Ἠλείων ὡς ἐπειδὰν
τὰς περιοικίδας τῆς Σπάρτης πόλεις ἴδωσιν ἐλευθέρας, οὐδὲ αὐτοὶ μελλήσουσιν
ἔτι ἀφιέναι τὰς ἑαυτῶν, οὕτω Λακεδαιμόνιοι καὶ ὁ βασιλεὺς Ἆγις ἐσβάλλουσιν ἐς
τὴν Ἠλείαν. (4) τότε μὲν δὴ τοῦ θεοῦ σείσαντος ὀπίσω τὸ στράτευμα
ἀπεχώρησεν ἄχρι Ὀλυμπίας καὶ τοῦ Ἀλφειοῦ προελθόντες· τῷ δὲ ἐφεξῆς ἔτει τήν
τε χώραν ἐδῄωσεν ὁ Ἆγις καὶ ἤλασε τῆς λείας τὴν πολλήν. Ξενίας δὲ ἀνὴρ
Ἠλεῖος Ἄγιδί τε ἰδίᾳ ξένος καὶ Λακεδαιμονίων τοῦ κοινοῦ πρόξενος ἐπανέστη τῷ
δήμῳ σὺν τοῖς τὰ χρήματα ἔχουσι· πρὶν δὲ Ἆγιν καὶ τὸν στρατὸν ἀφῖχθαί σφισιν
ἀμύνοντας, Θρασυδαῖος προεστηκὼς τότε τοῦ Ἠλείων δήμου μάχῃ Ξενίαν καὶ
τοὺς σὺν αὐτῷ κρατήσας ἐξέβαλεν ἐκ τῆς πόλεως. (5) Ἆγις δὲ ὡς ἀπήγαγεν
ὀπίσω τὴν στρατιάν, Λυσίστρατον Σπαρτιάτην καὶ μοῖράν τε τῆς δυνάμεως καὶ
Ἠλείων καταλείπει τοὺς φυγάδας, κακουργεῖν σφᾶς ὁμοῦ Λεπρεάταις τὴν
χώραν. τρίτῳ δὲ ἔτει τοῦ πολέμου Λακεδαιμόνιοι μὲν καὶ Ἆγις παρεσκευάζοντο
ὡς ἐς τὴν Ἠλείαν καὶ τότε ἐσβαλοῦντες· οἱ δὲ Ἠλεῖοι καὶ Θρασυδαῖος -
κεκακωμένοι γὰρ ἐς τὸ ἔσχατον ἦσαν - συγχωροῦσι μήτε τῶν περιοίκων ἔτι
ἄρχειν καὶ τοῦ ἄστεως κατερεῖψαι τὸ τεῖχος, Λακεδαιμονίους τε ἐν Ὀλυμπίᾳ καὶ
θύειν τῷ θεῷ καὶ τὸν ἀγῶνα ἐξεῖναί σφισιν ἀγωνίζεσθαι. (6) ἐνέβαλλε δὲ καὶ ἐς
τὴν Ἀττικὴν συνεχῶς ὁ Ἆγις στρατιᾷ καὶ ἐπετείχισε φρούριον Ἀθηναίοις τὸ ἐν
Δεκελείᾳ· καταλυθέντος δὲ ἐν Αἰγὸς ποταμοῖς τοῦ Ἀθηναίων ναυτικοῦ
Λύσανδρος ὁ Ἀριστοκρίτου καὶ Ἆγις ὅρκους μὲν θεῶν ὑπερέβησαν, οὓς ὤμοσαν Ἀθηναίοις
ἐν κοινῷ Λακεδαιμόνιοι, κατὰ σφᾶς δὲ αὐτοὶ καὶ οὐ μετὰ Σπαρτιατῶν τοῦ κοινοῦ τὸ
βούλευμα ἐς τοὺς συμμάχους ἐξήνεγκαν ἐκκόψαι προρρίζους τὰς Ἀθήνας. (7) τὰ
μὲν οὖν ἐς πόλεμον μάλιστα ἐπίσημα τοιαῦτα ὑπῆρχε τῷ Ἄγιδι· προπέτειαν δὲ
τὴν Ἀρίστωνος ἐς Δημάρατον καὶ Ἆγις ἐς τὸν παῖδα ἔσχε Λεωτυχίδην, καί οἱ
κατά τινα οὐκ ἀγαθὸν δαίμονα ἐσῆλθεν ἐς ἐπήκοον τῶν ἐφόρων εἰπεῖν ὡς οὐχ
αὑτοῦ νομίζοι Λεωτυχίδην. ἐπέλαβε μέντοι καὶ Ἆγιν μετάνοια ὕστερον, καὶ -
ἔφερον γὰρ τηνικαῦτα οἴκαδε ἐξ Ἀρκαδίας αὐτὸν νοσοῦντα - ὡς ἐγίνετο ἐν
Ἡραίᾳ, καὶ τὸ πλῆθος μάρτυρας ἐποιεῖτο ἦ μὴν Λεωτυχίδην ἑαυτοῦ παῖδα
ἡγεῖσθαι καί σφισι σὺν ἱκεσίᾳ τε καὶ δακρύοις ἐπέσκηπτε πρὸς Λακεδαιμονίους
ταῦτα ἀπαγγέλλειν.
(8) μετὰ δὲ Ἆγιν ἀποθανόντα ἀπήλαυνεν Ἀγησίλαος τῆς βασιλείας Λεωτυχίδην,
ἐς μνήμην ἄγων Λακεδαιμονίοις τὰ ὑπὸ Ἄγιδός ποτε λεχθέντα ἐς τὸν
Λεωτυχίδην. ἀφίκοντο δὲ καὶ οἱ ἐξ Ἡραίας Ἀρκάδες καὶ ἦσαν τῷ Λεωτυχίδῃ
μάρτυρες ὁπόσα Ἄγιδος τελευτῶντος ἤκουσαν. (9) τῷ δὲ Ἀγησιλάῳ καὶ
Λεωτυχίδῃ παρέσχεν ἐς πλέον τὸ μάντευμα ἀντιλογίαν τὸ ἐκ Δελφῶν, γεγονὸς
μὲν ἐκεῖ, ἔχον δὲ οὕτω·
φράζεο δή, Σπάρτη, καίπερ μεγάλαυχος ἐοῦσα,
μὴ σέθεν ἀρτίποδος βλάστῃ χωλὴ βασιλεία.
δηρὸν γὰρ μόχθοι σε κατασχήσουσιν ἄελπτοι
φθερσιβρότου τ' ἐπὶ κῦμα κυκωόμενον πολέμοιο.
(10) τότε οὖν Λεωτυχίδης μὲν ἐς Ἀγησίλαον ταῦτα ἔφασκεν εἰρῆσθαι, τὸν γὰρ δὴ
ἕτερον τῶν ποδῶν ἐπεπήρωτο ὁ Ἀγησίλαος· Ἀγησίλαος δὲ ἐς Λεωτυχίδην αὐτὰ
ἔτρεπεν οὐ γνήσιον ὄντα Ἄγιδος. Λακεδαιμόνιοι δέ, καίπερ ἐπὶ σφίσιν ὄν, οὐκ
ἐπανήγαγον τὸ ἀμφισβήτημα ἐς Δελφούς· αἴτιος δ' ἐμοὶ δοκεῖν Λύσανδρος
ἐγένετο ὁ Ἀριστοκρίτου συσπεύδων ἐξ ἅπαντος τὴν βασιλείαν γενέσθαι.
| [3,8] CHAPITRE VIII.
Archidame laissa deux fils, Agis et Agésilas,
dont le premier, en qualité d'aîné, lui succéda ; il
laissa ensuite une fille nommée Cynisca, qui fit
célèbre par le courage qu'elle eut de disputer le
prix aux jeux olympiques ; c'est la première
personne de son sexe que l'on ait vue curieuse
de nourrir des chevaux, et la première qui ait
été couronnée à Olympie ; plusieurs femmes depuis,
et entr'autres quelques macédoniennes ont
eu aussi cet honneur; mais Cynisca les a de beaucoup
surpassées. Quant à la poésie et aux louanges
qu'elle sait donner, il me semble qu'il n'y a point
de peuples au monde qui s'en soient moins souciés
que les Spartiates; car sans une épigramme
que l'on s'avisa de faire sur l'illustre fille d'Archidame,
et quelques vers que Simonides fit sur
un trépied consacré dans le temple de Delphes
par Pausanias, jamais roi de Lacédémone n'eût
été célébré par aucun poète.
Sous le règne d'Agis les Lacédémoniens eurent
à se plaindre des Eléens en beaucoup de choses,
mais surtout de ce qu'ils leur avaient interdit les
jeux olympiques, et même l'entrée du temple
de Jupiter à Olympie. Ils envoyèrent donc aux
Eléens un héraut pour leur dire qu'ils eussent
à se départir de l'empire qu'ils avaient usurpé
sur les Lépréates et sur d'autres peuples leurs
voisins, et qu'à l'avenir ils les laissassent vivre
selon leurs lois. Les Eléens répondirent qu'aussitôt
que Sparte aurait rendu la liberté à ses
propres voisins, ils en useraient de même à l'égard
des leurs. Les Lacédémoniens offensés de cette
réponse, entrèrent en Elide, sous la conduite du
roi Agis; ils s'étaient déjà avancés vers Olympie
et jusques sur les bords du fleuve Alphée, lorsqu'un
tremblement de terre les obligea de retourner
sur leurs pas ; mais l'année suivante, Agis, à
la tête d'une armée, rentra dans le pays et y fit
un butin considérable. En ce temps-là même un
Eléen, nommé Xénias, fort attaché aux Lacédémoniens
par les liens de l'hospitalité, et en particulier
à Agis, d'ailleurs ennemi déclaré du
peuple, excita ure sédition dans la ville, et il
fut appuyé de quelques riches habitants qu'il avait
mis dans son parti ; mais avant qu'Agis pût s'approcher
avec ses troupes, Thrasydée, que les
Eléens avaient élu pour chef, fit main-basse sur
les séditieux, en tira un bon nombre, et chassa
les autres de la ville. Agis ayant manqué son coup,
s'en retourna à Sparte, après avoir laissé un détachement
à Lysistrate, un de ses lieutenants-généraux,
qui avec ces mauvais citoyens que l'on avait
chassés de leur patrie, et avec le secours des
Lépréates, continua à ravager l'Élide, et à y exercer
toutes sortes d'hostilités. Enfin la troisième année
de cette guerre, les Eléens voyant qu'Agis et les
Lacédémoniens venaient les attaquer avec de plus
grandes forces qu'auparavant, et n'étant nullement
en état de résister, ils prirent le parti de
se soumettre, et obtinrent la paix aux conditions
suivantes : Que leur ville serait démantelée ;
qu'ils se désisteraient de l'empire qu'ils avaient
usurpé sur leurs voisins ; qu'à l'avenir les Lacédémoniens
auraient une libre entrée dans le
temple de Jupiter à Olympie; qu'ils y pourraient
même sacrifier, et qu'ils seraient reçus non seulement
à assister aux jeux olympiques, mais à y
disputer le prix comme les autres. La paix faite,
Agis tourna aussitôt ses armes contre l'Attique,
et commença par bâtir un fort à Décélée pour
tenir en bride les Athéniens; puis il défit leur
flotte auprès d'Egespotame; ensuite lui et Lysander,
fils d'Aristocrite, au mépris du traité que
Sparte avait fait avec Athènes, de leur propre
mouvement et de concert avec leurs alliés, résolurent
de détruire Athènes jusqu'aux fondements.
Voilà quels furent les exploits militaires du
roi Agis. Il eut un fils, nommé Léotychide, au
sujet duquel il fit la même faute qu'Ariston avait
fuite avant lui au sujet de Démarate; car poussé
de je ne sais quelle manie, il fut assez étourdi
pour dire aussi, en présence des éphores, qu'il
ne croyait pas être le père de Léotychide, étourderie
dont il est certain qu'il se repentit ensuite;
car étant tombé malade en Arcadie, malgré l'envie
qu'il avait de regagner Sparte, il fut obligé de
s'arrêter à Hérée, où, en présence de beaucoup
de gens, il protesta qu'il ne doutait nullement
qu'il ne fût le père de Léotychide, et conjura les
assistants de rendre ce témoignage aux Lacédémoniens ;
mais lui mort, Agésilas ne laissa pas
de disputer le trône à Léotychide et de l'emporter
sur lui, en faisant souvenir le peuple des propres
paroles d'Agis, quoique Léotychide eût de son
côté plusieurs Arcadiens venus d'Hérée, qui attestaient
le serment qu'Agis avait fait en mourant.
Un oracle de Delphes semblait autoriser l'un et
l'autre prétendant, et rendait le public encore
plus attentif à leur querelle ; cet oracle disait
qu'à quelque degré de gloire que Sparte fût parvenue,
elle se donnât bien de garde de se laisser
gouverner par un roi boiteux, si elle ne voulait
tomber dans les derniers malheurs; sur quoi Léotychide
s'écriait qu'Apollon lui-même donnait
l'exclusion à Agésilas, puisqu'il était boiteux ; et
Agésilas répondait que c'était clocher bien davantage,
que d'être bâtard. Les Lacédémoniens qui pouvaient
renvoyer cette dispute à l'oracle de Delphes, ne le firent pas,
et je crois qu'ils en furent détournés par Lysander, fils
d' Aristocrite, qui voulait faire tomber la couronne
sur la tête d'Agésilas.
|