[3,3] III. τελευτήσαντος δὲ Ἀλκαμένους Πολύδωρος τὴν βασιλείαν παρέλαβεν ὁ
Ἀλκαμένους, καὶ ἀποικίαν τε ἐς Ἰταλίαν Λακεδαιμόνιοι τὴν ἐς Κρότωνα ἔστειλαν
καὶ (ἀποικίαν) ἐς Λοκροὺς τοὺς πρὸς ἄκρᾳ Ζεφυρίῳ, καὶ ὁ πόλεμος ὁ καλούμενος
Μεσσηνιακὸς Πολυδώρου βασιλεύοντος μάλιστα ἐς ἀκμὴν προῆλθε. λέγουσι δὲ
οὐ τὰς αὐτὰς Λακεδαιμόνιοί τε αἰτίας καὶ Μεσσήνιοι τοῦ πολέμου. (2) τὰ οὖν
λεγόμενα ὑπ' αὐτῶν, καὶ ὁποῖον ὁ πόλεμος ἔσχεν οὗτος πέρας, τοῦ λόγου μοι τὰ
ἐφεξῆς δηλώσει· τοσοῦτον δὲ ἐν τῷ παρόντι μνησθησόμεθα αὐτῶν, τὰ πολλὰ
ἡγήσασθαι Λακεδαιμονίοις ἐν τῷ προτέρῳ πρὸς Μεσσηνίους πολέμῳ
Θεόπομπον τὸν Νικάνδρου, βασιλέα ὄντα τῆς ἑτέρας οἰκίας. διαπεπολεμημένου
δὲ τοῦ πρὸς Μεσσήνην πολέμου καὶ ἤδη Λακεδαιμονίοις δορικτήτου τῆς
Μεσσηνίας οὔσης, Πολύδωρον εὐδοκιμοῦντα ἐν Σπάρτῃ καὶ κατὰ γνώμην
Λακεδαιμονίων μάλιστα ὄντα τῷ δήμῳ - οὔτε γὰρ ἔργον βίαιον οὔτε ὑβριστὴν
λόγον παρείχετο ἐς οὐδένα, ἐν δὲ ταῖς κρίσεσι τὰ δίκαια ἐφύλασσεν οὐκ ἄνευ
φιλανθρωπίας, ἔχοντος δὲ ἤδη Πολυδώρου λαμπρὸν (3) ἀνὰ πᾶσαν τὴν Ἑλλάδα
ὄνομα, Πολέμαρχος οἰκίας ἐν Λακεδαίμονι ἀνὴρ οὐκ ἀδόξου, θρασύτερος δὲ ὡς
ἐδήλωσε γνώμην, φονεύει τὸν Πολύδωρον· ἀποθανόντι δὲ αὐτῷ πολλά τε παρὰ
Λακεδαιμονίων δέδοται καὶ ἀξιόλογα ἐς τιμήν. ἔστι μέντοι καὶ Πολεμάρχου
μνῆμα ἐν Σπάρτῃ, εἴτε ἀγαθοῦ τὰ πρότερα ἀνδρὸς εἶναι νομισθέντος εἴτε καὶ
κρύφα οἱ προσήκοντες θάπτουσιν αὐτόν.
(4) ἐπὶ μὲν δὴ Εὐρυκράτους τοῦ Πολυδώρου βασιλεύοντος Μεσσήνιοί τε
ἠνείχοντο ὑπήκοοι Λακεδαιμονίων ὄντες καὶ παρὰ τοῦ δήμου τοῦ Ἀργείων οὐδέν
σφισιν ἀπήντησε νεώτερον· ἐπὶ δὲ Ἀναξάνδρου τοῦ Εὐρυκράτους - τὸ γὰρ χρεὼν
ἤδη Μεσσηνίους ἤλαυνεν ἐκτὸς Πελοποννήσου πάσης - ἀφίστανται
Λακεδαιμονίων οἱ Μεσσήνιοι. καὶ χρόνον μὲν ἀντέσχον πολεμοῦντες·
ὑπόσπονδοι δὲ ὡς ἐκρατήθησαν ἀπῄεσαν ἐκ Πελοποννήσου, τὸ δὲ αὐτῶν
ἐγκαταλειφθὲν τῇ γῇ Λακεδαιμονίων ἐγένοντο οἰκέται πλὴν οἱ τὰ ἐπὶ τῇ
θαλάσσῃ πολίσματα ἔχοντες. (5) τὰ μὲν δὴ ἐπὶ τοῦ πολέμου συμβάντα, ὃν οἱ
Μεσσήνιοι Λακεδαιμονίων ἀποστάντες ἐπολέμησαν, οὔ μοι κατὰ καιρὸν ἦν ἐν τῇ
συγγραφῇ τῇ παρούσῃ δηλῶσαι· Ἀναξάνδρου δὲ υἱὸς Εὐρυκράτης γίνεται,
Εὐρυκράτους δὲ τοῦ δευτέρου Λέων. ἐπὶ τούτων βασιλευόντων Λακεδαιμόνιοι
προσέπταιον ἐν τῷ πρὸς Τεγεάτας πολέμῳ τὰ πλείονα. ἐπὶ δὲ Ἀναξανδρίδου τοῦ
Λέοντος ἐπικρατέστεροι Τεγεατῶν γίνονται τῷ πολέμῳ· γίνονται δὲ οὕτως. ἀνὴρ
Λακεδαιμόνιος Λίχας ὄνομα ἀφίκετο ἐς Τεγέαν· (6) τηνικαῦτα δὲ αἱ πόλεις
ἄγουσαι σπονδὰς ἔτυχον. ἀφικομένου δὲ τοῦ Λίχα Ὀρέστου τὰ ὀστᾶ ἀνεζήτουν·
ἀνεζήτουν δὲ αὐτὰ ἐκ θεοπροπίου Σπαρτιᾶται. συνῆκεν οὖν ὁ Λίχας ὡς ἔστι
κατακείμενα ἐν οἰκίᾳ χαλκέως, συνῆκε δὲ οὕτως· ὁπόσα ἐν τῇ τοῦ χαλκέως ἑώρα,
παρέβαλεν αὐτὰ πρὸς τὸ ἐκ Δελφῶν μάντευμα, ἀνέμοις μὲν τοῦ χαλκέως
εἰκάζων τὰς φύσας, ὅτι καὶ αὐταὶ βίαιον πνεῦμα ἠφίεσαν, τύπον δὲ τὴν σφῦραν
καὶ τὸν ἄκμονα ἀντίτυπον ταύτῃ, πῆμα δὲ εἰκότως ἀνθρώπῳ τὸν σίδηρον, ὅτι
ἐχρῶντο ἐς τὰς μάχας ἤδη τῷ σιδήρῳ· τὰ δὲ ἐπὶ τῶν ἡρώων καλουμένων ἂν εἶπεν
ὁ θεὸς ἀνθρώπῳ πῆμα εἶναι τὸν χαλκόν. (7) τῷ χρησμῷ δὲ τῷ γενομένῳ
Λακεδαιμονίοις ἐς τοῦ Ὀρέστου τὰ ὀστᾶ καὶ Ἀθηναίοις ὕστερον ἐοικότα ἐχρήσθη
κατάγουσιν ἐς Ἀθήνας ἐκ Σκύρου Θησέα, ἄλλως δὲ οὐκ εἶναί σφισιν ἑλεῖν
Σκῦρον· ἀνεῦρε δὲ (δὴ) τὰ ὀστᾶ τοῦ Θησέως Κίμων ὁ Μιλτιάδου, σοφίᾳ
χρησάμενος καὶ οὗτος, καὶ μετ' οὐ πολὺ εἷλε τὴν Σκῦρον. (8) ὅτι δὲ ἐπὶ τῶν ἡρώων
τὰ ὅπλα ὁμοίως χαλκᾶ ἦν πάντα, μαρτυρεῖ μοι καὶ Ὁμήρου τῶν ἐπῶν <τὰ> ἔς τε
ἀξίνην ἔχοντα τὴν Πεισάνδρου καὶ ἐς τοῦ Μηριόνου τὸν ὀιστόν. βεβαιοῖ δὲ καὶ
ἄλλως μοι τὸν λόγον ἐν Φασήλιδι ἀνακείμενον ἐν Ἀθηνᾶς ἱερῷ τὸ δόρυ
Ἀχιλλέως καὶ Νικομηδεῦσιν ἐν Ἀσκληπιοῦ ναῷ μάχαιρα ὁ Μέμνονος· καὶ τοῦ
μὲν ἥ τε αἰχμὴ καὶ ὁ σαυρωτήρ, ἡ μάχαιρα δὲ καὶ διὰ πάσης χαλκοῦ πεποίηται.
(9) ταῦτα μὲν δὴ ἴσμεν ἔχοντα οὕτως· Ἀναξανδρίδης δὲ ὁ Λέοντος
Λακεδαιμονίων μόνος γυναῖκάς τε δύο ἅμα ἔσχε καὶ οἰκίας δύο ἅμα ᾤκησε. τὴν
γάρ οἱ πρότερον συνοικοῦσαν ἀρίστην τὰ ἄλλα οὖσαν συνέβαινεν οὐ τίκτειν·
ἀποπέμψασθαι δὲ αὐτὴν κελευόντων τῶν ἐφόρων τοῦτο μὲν οὐδαμῶς
ἐπαγγέλλεται, τοσοῦτον δέ σφισιν εἴκει γυναῖκα ἑτέραν λαβεῖν πρὸς ταύτῃ. καὶ ἥ
τε ἐπεισελθοῦσα Κλεομένην παῖδα ἔσχε καὶ ἡ προτέρα τέως οὐ σχοῦσα ἐν γαστρὶ
ἐπὶ γεγονότι ἤδη Κλεομένει τίκτει Δωριέα καὶ αὖθις Λεωνίδαν, ἐπὶ δὲ αὐτοῖς
Κλεόμβροτον. (10) ἐπεὶ δὲ ἀπέθανεν Ἀναξανδρίδης, Λακεδαιμόνιοι Δωριέα καὶ
γνώμην Κλεομένους καὶ τὰ ἐς πόλεμον ἀμείνονα εἶναι νομίζοντες τὸν μὲν
ἀπώσαντο ἄκοντες, Κλεομένει δὲ διδόασιν ἐκ τῶν νόμων πρεσβεῖα τὴν ἀρχήν.
| [3,3] CHAPITRE III.
Après Alcamène, son fils Polydore monta sur
le trône; durant le règne de ce prince les Lacédémoniens
envoyèrent deux colonies, l'une à
Crotone, ville d'Italie; l'autre à Locres, près du
cap Zéphirius; ce fut aussi en ce temps-là que la
guerre de Messène se ralluma; les parties intéressées
ne conviennent pas des raisons qui la leur
firent entreprendre; ce qu'ils en disent les uns et
les autres, et quelle fut l'issue de cette guerre,
c'est ce que je raconterai dans la suite. Quant à
présent, il me suffit de dire que la première guerre
Messéniaque se fit pour la plus grande partie sous
la conduite de Théopompe, fils de Nicandre, et
l'aîné de l'autre famille royale. Cette guerre opiniàtre
étant enfin terminée, et les Messéniens ayant
succombé, Polydore, dont le règne prospérait à
Sparte, et qui était adoré des Lacédémoniens,
surtout du peuple, parce qu'il ne s'était jamais
porté à aucune violence, ni n'avait jamais rien
dit d'offensant à qui que ce fût, qu'au contraire
la justice et l'humanité présidaient à tous ses
jugements et à toutes ses actions ; Polydore, dis-je,
dont le nom était déjà célèbre par toute la
Grèce, sur ces entrefaites est tué par Polémarchus,
Spartiate d'une naissance assez illustre, mais
d'une audace encore plus grande, comme cet événement
tragique ne le fit que trop voir. Les Lacédémoniens
rendirent à la mémoire de ce prince des
honneurs extraordinaires, et l'on voit aussi à Sparte
le tombeau de ce Polémarchus, soit qu'avant ce
parricide il eût été en réputation d'homme de
bien, soit que ses proches l'aient fait enterrer secrètement.
Sous Eurycrate, fils de Polydore, les Messéniens
demeurèrent soumis, et le peuple d'Argos
ne remua pas non plus; mais sous Anaxandre, fils
d'Eurycrate, les Messéniens furent enfin chassés
du Péloponnèse par leurs destinées ; car s'étant
révoltés contre les Lacédémoniens, ils soutinrent
la guerre durant quelque temps ; mais contraints
de céder à la force, ils mirent les armes bas et
s'obligèrent, par un traité, à quitter le Péloponnèse;
tout ce qui en resta fut fait esclave, à la
réserve de ceux qui tenaient encore dans les places
maritimes. Ce qui se passa dans cette guerre depuis
la révolte des Messéniens, a si peu de liaison
avec le morceau d'histoire que je traite présentement,
qu'il n'y peut pas être inséré; je me réserve
donc à en parler dans un autre endroit.
Anaxande eut pour fils Eurycrate, second du
nom, et cet Eurycrate fut père de Léon. Sous
leurs règnes les Lacédémoniens eurent du pire et
souffrirent de grandes pertes dans la guerre qu'ils
firent contre les Tégéates; mais sous Anaxandride,
fils de Léon, la fortune changea, et les
Tégéates furent battus à leur tour : voici comment
cela arriva. Lichas, lacédémonien, était venu
à Tégée ; car alors les deux peuples vivaient en
paix sur la foi des traités ; ce Lichas cherchait les
os d'Oreste, et il les cherchait par ordre des Spartiates,
conformément à un certain oracle de
Delphes ; or il crut les avoir trouvés dans la
boutique d'un serrurier, car il faisait l'application
des paroles de la Pythie à tous les instruments dont
se sert un serrurier. Les vents dont il était parlé
dans l'oracle pouvaient, selon lui, s'entendre des
soufflets de la forge, qui en effet recoivent l'air
et le renvoient avec impétuosité ; les coups redoublés
c'était le marteau et l'enclume; et la destruction
des hommes était signifiée par le fer, dont
en se servait déjà dans les combats; car si Apollon
avait rendu cet oracle dans les temps héroïques,
il aurait fallu par cette expression, entendre de l'airain
au lieu du mot de fer. Un oracle à peu près semblable à
celui là, rendu dans la suite aux Athéniens,
par lequel il leur était ordonné de transporter de Scyros
à Athènes les os de Thésée, sans lesquels il leur était impossible
de prendre cette île. Cimon, fils de Miltiade, les trouva pareillement
par adresse, et peu de temps après il se rendit maître de l'île.
Que les armes des héros fussent toutes d'airain dans les temps
héroïques, j'en ai pour preuve ce que dit Homère dans ses vers
de la hache de Pisandre, et de la flèche de Mérion; la pique d'Achille,
déposée à Phasélis dans le temple de Minerve en est encore une preuve,
aussi bien que l'épée de Memnon qu'on voit à Nicomédie, dans le temple
d'Esculape ; car pour la pique d'Achille il n'y a que la pointe et la hampe
qui soient d'airain. Je peux donner cela comme certain.
Anaxandride, fils de Léon, est le seul Lacédémonien qui ait eu
deux femmes à la fois et contre son attente une double postérité.
Sa première femme, princesse à la vérité fort vertueuse, ne lui donnant point
d'enfants, les Ephores lui ordonnèrent de la répudier : il ne put pas s'y résoudre,
mais pour leur obéir il en prit une autre dont il eut un fils, nommé Cléomène.
La première qui jusqu'alors avait paru stérile, se trouva grosse et mit au monde
Doriéüs, puis Léonidas, enfin Cléombrote. Anaxandrides étant mort,
les Lacédémoniens rejetèrent contre leur inclination les prétentions de Doriéüs,
quoiqu'ils lui reconnussent plus de réputation dans lre conseil, et plus de talents
militaire qu'à Cléomène, et ils donnèrent d'après leurs lois la couronne à Cléomène,
qui était l'aîné. Et Doriéüs ne pouvant se résoudre à voir son frère au-dessus de lui,
il aima mieux quitter le pays et se mettant à la tête d'une colonie,
il alla chercher fortune ailleurs.
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