[8,75] Προτρέπει δ´ ἡμᾶς Κέλσος καὶ ἐπὶ τὸ ἄρχειν τῆς
πατρίδος, ἐὰν δέῃ καὶ τοῦτο ποιεῖν ἕνεκεν σωτηρίας νόμων
καὶ εὐσεβείας. Ἡμεῖς δὲ ἐν ἑκάστῃ πόλει ἄλλο σύστημα
πατρίδος κτισθὲν λόγῳ θεοῦ ἐπιστάμενοι τοὺς δυνατοὺς
λόγῳ καὶ βίῳ ὑγιεῖ χρωμένους ἄρχειν ἐπὶ τὸ ἄρχειν ἐκκλησιῶν
παρακαλοῦμεν, οὐκ ἀποδεχόμενοι μὲν τοὺς φιλάρχους
βιαζόμενοι δὲ τοὺς διὰ πολλὴν μετριότητα τὴν κοινὴν
φροντίδα τῆς ἐκκλησίας τοῦ θεοῦ μὴ βουλομένους προπετῶς
ἀναδέξασθαι· καὶ οἱ καλῶς ἄρχοντες ἡμῶν βιασθέντες
ὑπάρχουσι, τοῦ μεγάλου βασιλέως ἀναγκάζοντος, ὃν πεπείσμεθα
εἶναι υἱὸν θεοῦ λόγον θεόν. Καὶ εἰ ἄρχουσιν καλῶς οἱ
ἄρχοντες ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ τῆς κατὰ θεὸν πατρίδος—λέγω δὲ
τῆς ἐκκλησίας—, λεγόμενοι ἢ βιαζόμενοι, καὶ ἄρχουσι
κατὰ τὰ ὑπὸ τοῦ θεοῦ προστεταγμένα, οὐδὲν παρὰ τοῦτο
μολύνοντες τῶν θεῶν νόμων.
Καὶ οὐ φεύγοντές γε τὰς κοινοτέρας τοῦ βίου λειτουργίας
Χριστιανοὶ τὰ τοιαῦτα περιΐστανται ἀλλὰ τηροῦντες ἑαυτοὺς
θειοτέρᾳ καὶ ἀναγκαιοτέρᾳ λειτουργίᾳ ἐκκλησίας θεοῦ ἐπὶ
σωτηρίᾳ ἀνθρώπων καὶ ἀναγκαίως ἅμα καὶ δικαίως ἡγούμενοι
καὶ πάντων πεφροντικότες, τῶν μὲν ἔνδον, ἵν´ ὁσημέραι βέλτιον
βιῶσι, τῶν δὲ δοκούντων ἔξω, ἵνα γένωνται ἐν τοῖς σεμνοῖς
τῆς θεοσεβείας λόγοις καὶ ἔργοις καὶ οὕτω θεὸν ἀληθῶς
σέβοντες καὶ πολλοὺς ὅση δύναμις παιδεύοντες ἀνακραθῶσι
τῷ τοῦ θεοῦ λόγῳ καὶ τῷ θείῳ νόμῳ καὶ οὕτως ἑνωθῶσι τῷ
ἐπὶ πᾶσι θεῷ διὰ τοῦ ἑνοῦντος αὐτῷ υἱοῦ θεοῦ λόγου καὶ
σοφίας καὶ ἀληθείας καὶ δικαιοσύνης πάντα τὸν προτετραμμένον
ἐπὶ τὸ κατὰ θεὸν ἐν πᾶσι ζῆν.
| [8,75] Celse nous exhorte encore à embrasser les charges de magistrats dans la
république, si cela est nécessaire pour le soutien des lois et pour les
intérêts de la piété ; mais nous qui savons qu'en chaque ville il y a une
autre patrie dont la société a été formée par la parole de Dieu, nous
exhortons à prendre la charge de conduire les églises ceux qui, par la
pureté de leur doctrine et par celle de leurs mœurs, sont capables d'un
tel emploi. Nous n'admettons point aux charges ceux qui les affectent ;
mais nous forçons à les accepter ceux qu'une grande modestie empêche de se
donner facilement à ces soins publics pour l'Église de Dieu. Ainsi ces
sages conducteurs qui nous gouvernent, le font parce qu'ils y ont été
contraints, et celui qui les y a contraints, c'est le grand Roi, de qui
nous avons celte persuasion qu'il est le Fils de Dieu, Dieu le Verbe. Mais
pour bien gouverner l'Église, il faut que ceux qui sont élus pour cela par
leur patrie, cette société dont Dieu est le fondateur et qui n'est autre
que l'Église même, il faut dis-je qu'ils se règlent sur les lois de Dieu,
sans les altérer en les mêlant avec d'autres. Au reste, ce n'est pas pour
se dispenser des devoirs communs de la vie que les chrétiens refusent la
magistrature ; c'est pour se conserver à des devoirs plus divins et plus
nécessaires qui regardent le service de l'Église et le salut des hommes.
Il y a de la nécessité dans les fonctions qu'ils exercent : mais il n'y a
pas moins de justice dans la manière dont ils s'en acquittent. Ils y
prennent soin de tous ; de ceux de dedans pour faire qu'ils vivent mieux
de jour en jour, et de ceux qui semblent de dehors pour les porter à des
pensées et à des actions nobles, telles que la piété les inspire. De sorte
que rendant eux-mêmes à Dieu un culte légitime, et travaillant de tout
leur pouvoir à le lui faire rendre par plusieurs autres, ils sont tout
pénétrés de la parole de Dieu (ou du Verbe), et de sa loi, pour être ainsi
unis au Dieu souverain par son Fils, Dieu le Verbe, la sagesse, la vérité
et la justice qui lui unit tous ceux qui s'étudient à vivre en toutes
choses comme Dieu l'ordonne.
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