[8,70] Ἀλλ´ οἱ καθ´ ὑπόθεσιν Κέλσου πάντες ἂν πεισθέντες
Ῥωμαῖοι εὐχόμενοι περιέσονται τῶν πολεμίων ἢ οὐδὲ τὴν
ἀρχὴν πολεμήσονται, φρουρούμενοι ὑπὸ θείας δυνάμεως, τῆς
διὰ πεντήκοντα δικαίους πέντε πόλεις ὅλας ἐπαγγειλαμένης
διασῶσαι. Ἅλες γάρ εἰσι τηρητικοὶ τῶν ἐπὶ γῆς συστάσεων
τοῦ κόσμου οἱ τοῦ θεοῦ ἄνθρωποι, καὶ συνέστηκε τὰ ἐπὶ γῆς,
ὅσον οἱ ἅλες οὐ τρέπονται· «Ἐὰν γὰρ τὸ ἅλας μωρανθῇ»,
«οὔτ´ εἰς γῆν οὔτ´ εἰς κόπρον» «ἰσχύει ἔτι» ἀλλὰ «βληθὲν
ἔξω» καταπατηθήσεται «ὑπὸ τῶν ἀνθρώπων». «Ὁ
δ´ ἔχων ὦτα ἀκουέτω», πῶς ταῦτα λέγεται. Καὶ ἡμεῖς
δέ, ὅτε μὲν ἐπιτρέπει ὁ θεὸς τῷ πειράζοντι δοὺς ἐξουσίαν
τὴν τοῦ διώκειν ἡμᾶς, διωκόμεθα· ὅτε δ´ ὁ θεὸς οὐ
βούλεται τοῦθ´ ἡμᾶς πάσχειν, καὶ ἐν μισοῦντι ἡμᾶς τῷ
κόσμῳ παραδόξως εἰρήνην ἄγομεν καὶ θαρροῦμεν ἐπὶ τῷ
εἰπόντι· «Θαρσεῖτε, ἐγὼ νενίκηκα τὸν κόσμον.» Καὶ
ἀληθῶς νενίκηκε «τὸν κόσμον», διόπερ ἰσχύει ὁ κόσμος
εἰς ὅσον ὁ νικήσας αὐτὸν βούλεται, λαβὼν ἀπὸ τοῦ πατρὸς
τὸ νικᾶν «τὸν κόσμον»· θαρροῦμεν δὲ τῇ ἐκείνου νίκῃ.
Εἰ δὲ βούλεται πάλιν ἡμᾶς ἀθλεῖν καὶ ἀγωνίζεσθαι περὶ
εὐσεβείας, ἡκέτωσαν ἀνταγωνισταί, πρὸς οὓς ἐροῦμεν·
«Πάντα ἰσχύω ἐν τῷ ἐνδυναμοῦντί με Χριστῷ Ἰησοῦ τῷ
κυρίῳ ἡμῶν.» Καὶ γὰρ δύο στρουθίων πιπρασκομένων, ὡς
ὠνόμασεν ἡ γραφή, «ἀσσαρίου», «ἓν εἰς παγίδα οὐ πίπτει
ἄνευ τοῦ ἐν τοῖς οὐρανοῖς πατρός». Καὶ ἐπὶ τοσοῦτον πάντα
ἡ θεία περιείληφε πρόνοια, ὡς μηδὲ τὰς τρίχας «τῆς
κεφαλῆς» ἡμῶν ἐκπεφευγέναι τὸ ὑπ´ αὐτοῦ ἠριθμῆσθαι.
| [8,70] Mais si tous les Romains embrassaient la foi,
selon la supposition de Celse, ils auraient
par le moyen de leurs vœux et de leurs prières, l'avantage sur leurs
ennemis; ou plutôt, ils n'auraient aucun ennemi à combattre, étant sous la
protection de ce Dieu puissant, qui promettait que, pour l'amour de
cinquante justes, il sauverait cinq villes entières (Gen., XVIII, 26). En
effet, les saints hommes de Dieu sont le sel qui conserve l'état du monde,
tel que nous le voyons sur la terre : et les choses ne s'y maintiennent,
qu'autant que ce sel ne perd point sa vertu; car si le sel devient fade,
il n'est plus propre ni pour la terre, ni pour le fumier : mais on le
jette dehors, et les passants le foulent aux pieds (Luc, XIV, 34, 35).
Que ceux qui ont des oreilles entendent ce que cela veut dire (Matth., V,
13). Pour nous, nous sommes poursuivis et maltraités quand Dieu le permet,
et qu'il donne au tentateur le pouvoir de nous persécuter. Mais quand Dieu
ne veut pas nous exposer aux souffrances, nous vivons en paix, d'une façon
surprenante au milieu du monde même qui nous hait: et nous nous reposons
avec confiance sur celui qui a dit : Ayez confiance, j'ai vaincu le monde
(Jean. XVI, 33). Il a véritablement vaincu le monde; et le monde ne peut
plus rien, qu'autant que le veut celui qui l'avaincu par la puissance
qu'il en a reçue de son Père. Nous mettons donc notre confiance en sa
victoire. Mais, s'il veut que nous rentrions dans la carrière, et que nous
combattions encore pour la piété, quelques ennemis qui se présentent, nous
leur dirons : Je puis tout en Jésus-Christ, Notre-Seigneur qui me fortifie
(Philipp., IV, 13). Car bien que, comme dit l'Écriture, deux passereaux
ne se vendent qu'une obole, il n'en tombe aucun dans le filet, sans la
volonté de notre Père céleste (I Tim., I, 12) : et la Providence divine
embrasse tellement toutes choses, que les cheveux mêmes de notre tête
n'échappent pas à ses soins, mais qu'elle les compte (Matth., X, 29, 30).
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