[8,54] Εἶτ´ ἐπεί φησιν ὁ Κέλσος· Πειστέον οὖν ὅτι
παραδέδονταί τισιν ἐπιμεληταῖς τοῦδε τοῦ δεσμωτηρίου,
λεκτέον πρὸς αὐτὸν ὅτι σπουδαία ψυχὴ λυθείη ἂν ἀπὸ τῶν
τῆς κακίας δεσμῶν καὶ ἐν τῷ βίῳ τῶν, ὡς ὠνόμασεν ὁ
Ἱερεμίας, δεσμίων «γῆς» διὰ τὸν εἰπόντα Ἰησοῦν, ὡς
πρὸ πολλοῦ χρόνου τῆς ἐπιδημίας αὐτοῦ προεῖπεν ὁ προφήτης
Ἡσαΐας· τί δὲ προειπόντα ἢ «τοῖς δεσμίοις ἐξέλθετε καὶ
τοῖς ἐν τῷ σκότῳ ἀνακαλυφθῆναι.» Καὶ οὗτός γε ὁ Ἰησοῦς,
ὡς ὁ αὐτὸς Ἡσαΐας περὶ αὐτοῦ προεῖπε, «καθημένοις ἐν
χώρᾳ καὶ σκιᾷ θανάτου ἀνέτειλε φῶς», ὡς διὰ τοῦθ´ ἡμᾶς
λέγειν· «διαρρήξωμεν τοὺς δεσμοὺς αὐτῶν καὶ ἀπορρίψωμεν
ἀφ´ ἡμῶν τὸν ζυγὸν αὐτῶν.»
Εἰ δ´ ἐδύνατο ἀκοῦσαι τῆς βαθύτητος τῶν εὐαγγελίων ὁ
Κέλσος καὶ οἱ παραπλησίως ἐκείνῳ καθ´ ἡμῶν διακείμενοι,
οὐκ ἂν ἡμῖν συνεβούλευσεν οἷς ὠνόμασεν ἐπιμεληταῖς τοῦ
δεσμωτηρίου πείθεσθαι. Γέγραπται δὲ ἐν τῷ εὐαγγελίῳ ὅτι
«γυνή» τις «ἦν συγκύπτουσα καὶ μὴ δυναμένη ἀνακύψαι
εἰς τὸ παντελές», ἥντινα ὁ Ἰησοῦς ἰδὼν καὶ ὁρῶν παρὰ τίνα
αἰτίαν συγκύπτει, οὐκ ἐπιτρεπομένη ἀνακύπτειν «εἰς τὸ
παντελές», εἶπε· «Ταύτην δὲ θυγατέρα Ἀβραὰμ οὖσαν,
ἣν ἔδησεν ὁ σατανᾶς ἰδοὺ δέκα καὶ ὀκτὼ ἔτη, οὐκ ἔδει
λυθῆναι ἐκ τοῦ δεσμοῦ τούτου ἐν τῇ ἡμέρᾳ τοῦ σαββάτου;»
Πόσοι δὲ καὶ ἄλλοι νῦν δεδεμένοι ὑπὸ τοῦ Σατανᾶ συγκύπτουσιν,
οὐ δυνάμενοι δι´ ἐκεῖνον «ἀνακύψαι εἰς τὸ παντελές»,
θέλοντα ἡμᾶς κάτω βλέπειν; Καὶ οὐδείς γε αὐτοὺς ἀνορθοῖ
εἰ μὴ ὁ ἐν τῷ Ἰησοῦ ἐπιδημήσας λόγος, καὶ πρότερον δὲ
θεοφορήσας. Καὶ ἦλθέ γε ὁ Ἰησοῦς ἐλευθερῶσαι «πάντας
τοὺς καταδυναστευομένους ὑπὸ τοῦ διαβόλου», καὶ περὶ
ἐκείνου εἰπὼν μετά τινος πρεπούσης αὐτῷ βαθύτητος τό·
«Νῦν ὁ ἄρχων τοῦ κόσμου τούτου κέκριται.»
Οὐ λοιδορούμεθα οὖν τοῖς τῇδε δαίμοσιν ἀλλ´ ἐλέγχομεν
τὰς ἐπ´ ὀλέθρῳ τοῦ γένους τῶν ἀνθρώπων ἐνεργείας αὐτῶν,
προφάσει χρησμῶν καὶ θεραπείας σωμάτων καὶ ἄλλων τινῶν
χωρίσαι τοῦ θεοῦ βουλομένων τὴν ἐμπεσοῦσαν ψυχὴν εἰς
«τὸ σῶμα τῆς ταπεινώσεως»· ἥντινα οἱ νοήσαντες
ἀναφθέγγονται τό· «Ταλαίπωρος ἐγὼ ἄνθρωπος, τίς
με ῥύσεται ἐκ τοῦ σώματος τοῦ θανάτου τούτου;»
Ἀλλ´ οὐδ´ εἰκῇ παρέχομεν τὸ σῶμα στρεβλοῦν καὶ ἀποτυμπανίζειν·
οὐ γὰρ εἰκῇ παρέχει τούτοις τὸ σῶμα ὁ ὑπὲρ
τοῦ μὴ τοὺς περιγείους δαίμονας ἀναγορεύεσθαι θεοὺς
ἐπιβουλευόμενος ὑπ´ αὐτῶν καὶ τῶν σεβόντων αὐτούς.
Καὶ θεοφιλές γε τὸ διὰ τὴν ἀρετὴν ἀποτυμπανίζεσθαι καὶ
δι´ εὐσέβειαν στρεβλοῦσθαι καὶ δι´ ὁσιότητα ἀποθνῄσκειν
εὐλόγως εἶναι νενομίκαμεν, «τίμιος» γὰρ «ἐνώπιον
κυρίου ὁ θάνατος τῶν ὁσίων αὐτοῦ»· ἀγαθὸν δ´ εἶναί
φαμεν καὶ τὸ μὴ φιλοζωεῖν. Κακούργοις δέ, εὐλόγως
ὑπομένουσιν ἃ διὰ λῃστείαν πάσχουσιν, ἐξομοιῶν ἡμᾶς ὁ
Κέλσος καὶ μὴ αἰδούμενος τὴν τηλικαύτην πρόθεσιν παραπλησίαν
ἀποφαίνει τῇ τῶν λῃστῶν διαθέσει, ἀδελφὸν ἑαυτὸν
ἐν τούτοις ποιῶν τῶν «μετὰ ἀνόμων» λογισαμένων τὸν
Ἰησοῦν, ἐφ´ οἷς πεπλήρωται ἡ λέγουσα γραφὴ τό· «μετὰ
ἀνόμων ἐλογίσθη.»
| [8,54] Mais puisque Celse nous dit qu'il faut croire que l'âme a été
mise sous la garde de certains êtres qui ont soin de sa prison, nous lui
répondrons qu'une âme vertueuse est délivrée des chaînes de l'iniquité dès
cette vie même, qui, comme la nomme Jérémie, est la vie des prisonniers de
la terre (Lament., III. 34). Jésus l'a déclaré longtemps avant sa venue au
monde, lorsqu'il a dit aux prisonniers par la bouche du prophète Isaïe,
Sortez de prison (Is., XLIX, 9); et à ceux qui étaient dans les ténèbres.
Venez à la lumière ; Jésus qui, comme le même Isaïe l'avait prédît, a été
la lumière qui s'est levée pour ceux qui demeuraient dans la région de
l'ombre et de la mort (Is., IX, 2). De sorte que nous pouvons dire :
Rompons les chaînes, et rejetons leur joug loin de nous (Ps. II, 3). Si
Celse, et ceux qui ont contre nous la même prévention, pouvait pénétrer
dans le sens des Évangiles, il ne nous conseillerait pas de nous soumettre
à ces êtres qui selon lui ont soin de notre prison ; car il est écrit dans
l'Évangile, qu'une femme étant courbée et hors d'état de se redresser
jamais, Jésus qui la vit et qui connut la cause de cette impossibilité où
elle était de se redresser, dit : Ne fallait-il pas délivrer de ces liens
en un jour de sabbat cette fille d'Abraham, que Satan tenait ainsi liée
depuis dix-huit ans (Luc, XIII, 11 et 16)? Combien y en a-t-il d'autres
que Satan tient encore présentement liés et courbés sans leur permettre
jamais de se redresser, lui qui veut que nous tournions toujours les yeux
vers la terre, et sans qu'aucun autre puisse les faire regarder en haut
que ce Verbe qui a paru au monde en Jésus, et qui, auparavant, avait
inspiré les prophètes? Jésus, en effet, est venu pour délivrer tous ceux
qui étaient sous la puissance du diable (Act., X, 38) ; duquel il a dit,
avec cette profondeur et cette grâce que renfermaient tous ses discours :
Maintenant, le prince de ce monde est jugé (Jean, XII, 31 et XVI, 11). Nous
ne parlons donc point mal des démons d'ici-bas : mais nous condamnons les
opérations qu'ils font pour la perte du genre humain; en ce que, sous
prétexte d'oracles, de guérisons corporelles et d'autres telles choses,
ils veulent détacher de Dieu les âmes qui sont descendues dans ce corps
vil et abject (Philippe III, 21). C'est là-dessus que ceux qui y font
réflexion, s'écrient : Misérable que que je suis! qui me délivrera de ce
corps sujet à la mort (Rom., VII, 24) ? Mais il n'est pas vrai que nous
abandonnions sans sujet nos corps aux tourments et aux supplices; car on
ne le fait pas sans sujet, quand c'est pour ne pas donner le nom de dieux
aux démons qui sont sur la terre, et qu'on est attaqué pour cela, par eux
et par ceux qui les servent. Nous croyons, au contraire, que c'est une
chose très raisonnable et très agréable à Dieu de s'abandonner aux
supplices pour la vertu, de s'exposer aux tourments pour la piété et de
souffrir la mort pour la sainteté : puisque la mort des saints du Seigneur
est précieuse devant ses yeux (Ps. CXV, 6, ou CXVI, 15). Nous disons
encore qu'il est bon de ne pas aimer la vie. Pour Celse, lorsqu'il nous
compare à ces hommes perdus qui souffrent avec justice la peine que leurs
violences ont méritée, et qu'il n'a point de honte de mettre une
disposition comme la nôtre en parallèle avec celle des voleurs, il se
rend, en cela, le frère et le compagnon de ceux qui traitèrent Jésus comme
un scélérat, et qui de la sorte, accomplirent cet oracle : Il a été mis
au nombre des scélérats (Is., LIII, 12).
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