[8,53] Τοσαῦτα δὲ καὶ εἰς τοῦτον εἰπόντες τὸν τόπον ἴδωμεν
τοῦ Κέλσου καὶ ἄλλην λέξιν, οὕτως ἔχουσαν· Ἐπειδὴ δὲ
σώματι συνδεθέντες ἄνθρωποι γεγόνασιν, εἴτ´ οἰκονομίας
τῶν ὅλων ἕνεκεν εἴτε ποινὰς ἁμαρτίας ἀποτίνοντες, εἴθ´
ὑπὸ παθημάτων τινῶν τῆς ψυχῆς βαρυνθείσης, μέχρι ἂν
ἐν ταῖς τεταγμέναις περιόδοις ἐκκαθαρθῇ· δεῖ γὰρ κατὰ
τὸν Ἐμπεδοκλέα
τρίς μιν μυρίας ὥρας ἀπὸ μακάρων ἀλάλησθαι,
γινομένην παντοίαν διὰ χρόνου ἰδέαν θνητῶν· πειστέον οὖν
ὅτι παραδέδονταί τισιν ἐπιμεληταῖς τοῦδε τοῦ δεσμωτηρίου.
Ὅρα δὴ καὶ ἐν τούτοις περὶ πόσων ἀνθρωπίνως ἀμφιβάλλων
καὶ παραθέμενος πλειόνων δόγματα περὶ τῆς αἰτίας
τῆς γενέσεως ἡμῶν ἐμφαίνει τινὰ εὐλάβειαν, μὴ τολμῶν
ἀποφήνασθαί τι τούτων ψεῦδος εἶναι. Ἆρ´ οὖν οὐκ ἦν κατὰ
τὸν τοιοῦτον, καὶ ἅπαξ κρίναντα μήτε ὡς ἔτυχε συγκαταθέσθαι
μήτε τολμηρῶς ἀθετῆσαι τὰ δόξαντα τοῖς ἀρχαίοις,
καὶ περὶ τοῦ Ἰουδαίων λόγου δηλουμένου παρὰ τοῖς ἐκείνων
προφήταις καὶ περὶ τοῦ Ἰησοῦ, εἰ μὴ ἐβούλετο πιστεῦσαι,
κἂν ἀμφιβάλλειν καὶ σκοπῆσαι ὅτι εἰκὸς ἦν καὶ τοὺς θεραπεύσαντας
τὸν τῶν ὅλων θεὸν καὶ ἕνεκεν τῆς εἰς τοῦτον
τιμῆς καὶ εἰς τὰ πεπιστευμένα ὑπ´ αὐτοῦ νενομοθετῆσθαι
πολλάκις μυρίους κινδύνους καὶ θανάτους ἀναδεξαμένους μὴ
ὑπερεωρᾶσθαι ὑπὸ τοῦ θεοῦ, ἀλλὰ καὶ αὐτοῖς τινα ἐπιφάνειαν
γεγονέναι, τὰ μὲν τῆς ἀνθρωπίνης περὶ τὰ ἀγάλματα τέχνης
ὑπερηφανήσασιν ἀναβαίνειν δὲ πειραθεῖσι τῷ λογισμῷ
ἐπ´ αὐτὸν τὸν ἐπὶ πᾶσι θεόν; Ἐχρῆν δ´ αὐτὸν σκοπῆσαι ὅτι
πάντ´ ἐφορῶν καὶ πάντ´ ἐπακούων ὁ κοινὸς πάντων πατὴρ
καὶ δημιουργὸς τὴν ἑκάστου προαίρεσιν, ζητοῦσαν αὐτὸν καὶ
εὐσεβεῖν βουλομένην, κατ´ ἀξίαν κρίνων καὶ τούτοις τινὰ
ἀπονέμει καρπὸν τῆς προστασίας αὐτοῦ, ἵνα μᾶλλον αὔξωσιν
ἣν ἅπαξ παρειλήφασι περὶ αὐτοῦ ἔννοιαν. Ταῦτα γὰρ εἰ
ἐλογίσατο Κέλσος καὶ οἱ μισοῦντες Μωϋσέα καὶ τοὺς ἐν
Ἰουδαίοις προφήτας καὶ Ἰησοῦν καὶ τοὺς καμόντας διὰ τὸν
λόγον αὐτοῦ γνησίους μαθητὰς αὐτοῦ, οὐκ ἂν οὕτως διελοιδορήσαντο Μωϋσεῖ καὶ τοῖς προφήταις καὶ Ἰησοῦ καὶ τοῖς
ἀποστόλοις αὐτοῦ· οὐδὲ μόνους παρὰ πάντα τὰ ἐπὶ γῆς
ἔθνη Ἰουδαίους ἀπεδοκίμαζον, λέγοντες αὐτοὺς εἶναι καὶ
Αἰγυπτίων χείρονας, τῶν μέχρι ἀλόγων ζῴων εἴτε κατὰ
δεισιδαιμονίαν εἴτε κατὰ οἱανδήποτ´ αἰτίαν ἢ πλάνην
καταγαγόντων τὸ ὅσον ἐπ´ αὐτοῖς τὴν πρὸς τὸ θεῖον τιμήν.
Ταῦτα δ´ εἰρήκαμεν οὐκ ἐπὶ τὸ ἀμφιβάλλειν προτρεπόμενοί
τινας περὶ τοῦ κατὰ χριστιανισμὸν λόγου ἀλλὰ παριστάντες
ὅτι τοῖς πάντῃ διαλοιδορουμένοις τῷ Χριστιανῶν λόγῳ
αἱρετώτερόν ἐστι κἂν ἀμφιβάλλειν περὶ αὐτῶν καὶ μὴ οὕτω
θρασέως λέγειν περὶ τοῦ Ἰησοῦ ἢ τῶν μαθητῶν αὐτοῦ,
ἃ μὴ ἐπίστανται καὶ ἀποφαίνονται οὐ μετὰ τῆς καλουμένης
παρὰ τοῖς ἀπὸ τῆς Στοᾶς «καταληπτικῆς φαντασίας»
οὐδ´ ἀπ´ ἄλλου τινὸς κριτηρίου, περὶ οὗ ἑκάστη τῶν φιλοσόφων
αἵρεσις τὸ φαινόμενον, ὡς ἔδοξε, κατεσκεύασεν.
| [8,53] Après ce que nous avions à dire sur cet article, passons à un autre où
Celse parle en ces termes : On tient que les hommes ont été chargés d'un
corps, soit que l'ordre et l'économie de l'univers le demandât ainsi, soit
que leurs péchés méritassent cette peine, soit que leur âme, ayant été
souillée de passions, eût besoin d'être purifiée dans l'espace des
révolutions qui lui sont marquées. Car il est nécessaire, selon Empédocle,
"Que trois fois dix mille saisons
Passent et repassent sur elle;
Qu'en cent différentes prisons,
Sous une figure mortelle
Elle roule un sort ténébreux.
Loin du séjour des bienheureux".
Cela étant, il faut croire qu'elle a été mise sous la garde de certains
êtres qui prennent soin de cette prison. Voyez encore ici, comme il ne
parle de ces matières importantes que sur des conjectures humaines, et
pleines de doute; comme il rapporte divers sentiments sur les causes de
notre origine, n'osant prononcer qu'aucun soit faux : en quoi il marque
quelque retenue. Puisqu'il avait donc une fois fait profession de ne pas
prendre parti à la légère, et de ne pas condamner témérairement les
opinions des anciens, n'était-ce pas à lui à suspendre aussi son jugement
sur la doctrine des prophètes juifs et de Jésus; à douter au moins, en
refusant de croire? Ne devait-il pas considérer qu'il y avait de
l'apparence que des gens qui servaient le Dieu souverain, jusqu à
s'exposer souvent à mille périls et à mille morts, par le respect qu'ils
avaient pour lui et pour les lois dont ils le croyaient l'auteur,
n'étaient entièrement négligés de Dieu ; qu'ils en avaient, eux aussi,
reçu quelques lumières, pour mépriser d'un côté tous les simulacres formés
par l'art des hommes, et pour tâcher de l'autre, d'élever leur entendement
jusqu'à ce grand Dieu lui-même? Il devait sans doute penser que le
Créateur, ce père commun de tous les hommes, qui voit tout, qui entend
tout, qui juge en équité de l'intention qu'on a de le chercher et de vivre
comme la piété le demande, fait recueillir à ces personnes quelques fruits
de son gouvernement ; afin de fortifier en eux l'idée qu'ils ont déjà
conçue de ce qu'il est. Si c'était là le raisonnement de Celse et de ceux
qui ont de la haine pour Moïse et pour les prophètes des Juifs, pour Jésus
et pour ses vrais disciples, à qui sa parole cause tant de travaux, ils ne
parleraient pas mal, comme ils font, de Moïse et des prophètes, de Jésus
et de ses apôtres. Ils n'auraient pas un si grand mépris pour la seule
nation des Juifs comparée à tous les autres peuples du monde : et ils ne
diraient pas qu'elle est pire que les Égyptiens mêmes, qui rabaissent, en
ce qui dépend d'eux, l'honneur qui est dû à la Divinité, jusqu'aux animaux
sans raison; soit qu'ils le fassent par superstition, soit par
quelqu'autre cause ou quelqu'autre erreur que ce puisse être. Nous disons
cela, au reste, non pour conseiller à personne de douter de la religion
chrétienne, mais pour faire voir que ceux qui s'emportent si fort contre
la doctrine des chrétiens feraient mieux de s'en tenir aux simples doutes,
que d'avancer avec tant de hardiesse contre Jésus et ses disciples, des
choses qu'ils disent sans les savoir : n'appuyant leurs décisions, ni sur
ce que les stoïciens appellent une compréhension nette et ferme, ni sur
aucune des espèces de raisonnement dont les autres sectes de philosophes
se servent pour prouver a leur manière ce qu'ils entreprennent de soutenir.
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