[8,4] Τοιαῦτα καὶ περὶ κυρίου καὶ κυρίων διδάσκουσιν ἡμᾶς
ἐξετάζειν καὶ φρονεῖν οἱ θεῖοι λόγοι, ὅπου μὲν λέγοντες·
«Ἐξομολογεῖσθε τῷ θεῷ τῶν θεῶν, ὅτι εἰς τὸν αἰῶνα τὸ
ἔλεος αὐτοῦ· ἐξομολογεῖσθε τῷ κυρίῳ τῶν κυρίων, ὅτι εἰς
τὸν αἰῶνα τὸ ἔλεος αὐτοῦ», ὅπου δὲ ὅτι ἐστὶν ὁ θεὸς
«βασιλεὺς τῶν βασιλευόντων καὶ κύριος τῶν κυριευόντων».
Οἶδε δὲ ὁ λόγος θεοὺς τοὺς μέν τινας λεγομένους τοὺς δὲ καὶ
ὄντας, εἴτε λεγομένους εἴτε μή· τὸ δ´ αὐτὸ διδάσκων καὶ
περὶ κυρίων τῶν ὄντων καὶ μὴ λέγει ὁ Παῦλος· «Καὶ γὰρ
εἴπερ εἰσὶ λεγόμενοι θεοὶ εἴτ´ ἐν οὐρανῶ εἴτ´ ἐπὶ τῆς γῆς,
ὥσπερ εἰσὶ θεοὶ πολλοὶ καὶ κύριοι πολλοί.» Εἶτ´ ἐπεὶ
«ὁ τῶν θεῶν θεὸς» καλεῖ «ἀπ´ ἀνατολῶν» καὶ «δυσμῶν»
ἐπὶ τὴν ἑαυτοῦ μερίδα διὰ τοῦ Ἰησοῦ οὓς βούλεται, κύριος
δὲ ὢν ὁ Χριστὸς τοῦ θεοῦ δείκνυσιν δι´ ὧν ἐπέβη τοῖς πάντων
ὁρίοις καὶ πρὸς ἑαυτὸν ἀπὸ πάντων ὁρίων καλεῖ ὅτι ἐστὶ
πάντων τῶν κυριευόντων διαφέρων· διὰ τοῦτο ταῦτ´
ἐπιστάμενος ὁ Παῦλός φησι μεθ´ ἃ παρεθέμην· «Ἀλλ´
ἡμῖν εἷς θεὸς ὁ πατήρ, ἐξ οὗ τὰ πάντα, καὶ εἷς κύριος Ἰησοῦς
Χριστός, δι´ οὗ τὰ πάντα, καὶ ἡμεῖς δι´ αὐτοῦ.» Θεωρῶν τε
θαυμάσιόν τινα καὶ μυστηριώδη λόγον κατὰ τὸν τόπον
ἐπιφέρει αὐτοῖς· «Ἀλλ´ οὐκ ἐν πᾶσιν ἡ γνῶσις.» Ἐπὰν
δὲ λέγῃ· «Ἀλλ´ ἡμῖν εἷς θεὸς ὁ πατήρ, ἐξ οὗ τὰ πάντα,
καὶ εἷς κύριος Ἰησοῦς Χριστός, δι´ οὗ τὰ πάντα», τὸ
«ἡμῖν» λέγει ἐφ´ ἑαυτοῦ καὶ πάντων τῶν ἀναβεβηκότων
πρὸς τὸν ἐπὶ πᾶσι θεὸν «τῶν θεῶν» καὶ πρὸς τὸν ἐπὶ
πᾶσι κύριον «τῶν κυρίων». Ἀναβέβηκε δὲ πρὸς τὸν ἐπὶ
πᾶσι θεὸν ὁ ἀσχίστως καὶ ἀδιαιρέτως καὶ ἀμερίστως αὐτὸν
σέβων διὰ τοῦ μόνου προσάγοντος ἐκείνῳ υἱοῦ, τοῦ θεοῦ
λόγου καὶ σοφίας ἐν τῷ Ἰησοῦ θεωρουμένου, τοὺς παντὶ
τρόπῳ πειρωμένους ἑαυτοὺς οἰκειῶσαι δι´ ἐξαιρέτων λόγων
καὶ πράξεων καὶ διανοημάτων τῷ τοῦ παντὸς δημιουργῷ
θεῷ. Παρὰ ταῦτα δ´ οἶμαι καὶ τὰ τούτοις παραπλήσια τὸν
μετασχηματιζόμενον «εἰς ἄγγελον φωτὸς» ἄρχοντα «τοῦ
αἰῶνος τούτου» πεποιηκέναι τὸ «Τῷ δὲ ἕπεται στρατιὰ
θεῶν τε καὶ δαιμόνων, κατὰ ἕνδεκα μοίρας τεταγμένη», ἐν
οἷς περὶ ἑαυτοῦ καὶ τῶν φιλοσοφησάντων λέγει τό· «Μετὰ
μὲν Διὸς ἡμεῖς, ἄλλοι δὲ μετὰ ἄλλων δαιμόνων.»
| [8,4] Les saints écrits nous montrent à n'avoir point
d'autres sentiments et à ne former point d'autres idées du Seigneur
des seigneurs. Tantôt ils nous disent : Célébrez le Dieu des dieux, parce
que sa miséricorde dure à jamais; célébrez le Seigneur des seigneurs,
parce que sa miséricorde dure à jamais (Ps. CXXXV ou CXXXVI,2 et 3) :
ailleurs ils nous apprennent que Dieu est le Roi des rois et qu'il est le
Seigneur des seigneurs (I Tim., VI, 15). L'Écriture nous apprend encore
que comme il y a des dieux qui n'en ont que le nom et d'autres qui le sont
effectivement, soit qu'ils en aient le nom ou qu'ils ne l'aient pas, il en
est de même des seigneurs dont les uns le sont en effet, et les autres n'en
ont que l'apparence. C'est ce qui fait dire à Saint Paul: Bien qu'il y en ait
qui soient appelés dieux, soit dans le ciel, soit dans la terre, et
qu'ainsi il y ait plusieurs dieux et plusieurs seigneurs (I Cor., Vlll, 5).
Mais puisque le Dieu des dieux appelle de l'Orient et de l'Occident
par Jésus à se ranger dans son héritage ceux qu'il lui plaît d'y appeler,
et que le Christ de Dieu, qui est aussi le Seigneur, fait voir qu'il est
le plus puissant de tous les seigneurs, en ce qu'il est entré dans les
états de tous les autres, et que de là il a pris pour ses sujets ceux
qu'il a voulu. Saint Paul, qui savait toutes ces choses, ajoute, après ce
que nous venons de rapporter : Pour nous, nous n'avons qu'un seul Dieu,
qui est le Père, duquel toutes choses tirent leur être, et qui nous a
faits pour lui, et nous n'avons qu'un seul Seigneur, qui est Jésus-Christ,
par lequel toutes choses ont été faites, comme c'est aussi par lui que
nous sommes tout ce que nous sommes (I, Cor., Vlll, 6). Ensuite, comme il
remarquait qu'il y avait là dedans quelque chose de fort admirable et de
fort mystérieux, il ajoute encore, Mais tous n'ont pas cette connaissance.
Au reste, quand il dit : Pour nous, nous n'avons qu'un seul Dieu, qui est
le Père, duquel toutes choses tirent leur être, et nous n'avons qu'un seul
Seigneur, qui est Jésus-Christ, par lequel toutes choses ont été faites (I
Cor., VIII,). Ce Nous doit s'entendre tant de lui que de tous ceux qui
s'élèvent jusqu'au Dieu souverain, le Dieu des dieux, et jusqu'au
souverain Seigneur, le Seigneur des seigneurs (Deutér., X, 17). Et pour
s'élever ainsi jusqu'au Dieu souverain, il faut l'adorer d une manière qui
nous unisse à lui constamment et indissolublement, par son Fils, Dieu le
Verbe et la Sagesse, qui s'est manifestée en Jésus. C'est en effet ce Fils
tout seul qui conduit à Dieu, au Créateur de l'univers, ceux qui font tous
leurs efforts pour s'en approcher, par la régularité de leurs paroles, de
leurs actions, de leurs raisonnements et de leurs idées. Je ne doute pas
que ce ne soit sur le modèle de ces expressions et de quelques autres
semblables, que le prince de ce siècle, qui se déguise quelquefois en ange
de lumière, a voulu former celle-ci : A sa suite vient l'armée des Dieux
et des démons divisés en douze bandes (Il Cor., XI, 14). Après quoi, celui
à qui il l'a dictée ajoute, parlant de soi et des autres philosophes ;
Pour nous, nous sommes (ou étions) de la troupe de Jupiter ; et les autres
de celle des autres démons (Platon dans son Phédon).
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