[7,63] Καὶ πρὸς ταῦτα δὲ λεκτέον ὅτι, εἴπερ Σκύθαι καὶ
Λιβύων οἱ Νομάδες καὶ Σῆρες, οὕς φησιν ἀθέους εἶναι ὁ
Κέλσος, καὶ ἄλλα ἔθνη δυσαγέστατα καὶ ἀνομώτατα ἀλλὰ
καὶ Πέρσαι οὐκ ἀνέχονται νεὼς ὁρῶντες καὶ βωμοὺς καὶ
ἀγάλματα, οὐ παρὰ τοῦτο ἴσον ἐστὶ τὸ μὴ ἀνέχεσθαι τούτων
ἐκείνους τῷ καὶ ἡμᾶς μὴ ἀνέχεσθαι αὐτῶν. Ἐξεταστέον γὰρ
τὰ δόγματα, ἀφ´ ὧν ὁρμώμενοι οὐκ ἀνέχονται ναῶν καὶ
ἀγαλμάτων οἱ μὴ ἀνεχόμενοί γε αὐτῶν· ἵν´ εἰ μὲν ἀπὸ
ὑγιῶν δογμάτων οὐκ ἀνέχεται, ἐπαινῆται ὁ μὴ ἀνεχόμενος,
εἰ δ´ ἀπὸ ἐσφαλμένων, ψέγηται.
Δυνατὸν γὰρ τὸ αὐτὸ ἀπὸ διαφόρων δογμάτων γίνεσθαι.
Οἷον ἐπὶ παραδείγματος ἐκκλίνουσι τὸ μοιχεύειν οἱ τὰ τοῦ
Κιτιέως Ζήνωνος φιλοσοφοῦντες ἀλλὰ καὶ οἱ τὰ Ἐπικούρου
τινὲς δὲ καὶ τῶν παντελῶς ἰδιωτῶν. Ἀλλ´ ὅρα ὅση διαφωνία
ἐστὶ περὶ τῆς τοῦ μοιχεύειν ἐκκλίσεως τῶν τοσούτων· οἱ
μὲν διὰ τὸ κοινωνικὸν καὶ τὸ παρὰ φύσιν εἶναι τῷ λογικῷ
ζῴῳ νοθεύειν τὴν ὑπὸ τῶν νόμων ἑτέρῳ προκαταληφθεῖσαν
γυναῖκα καὶ φθείρειν τὸν ἄλλου ἀνθρώπου οἶκον, οἱ δὲ ἀπὸ
Ἐπικούρου οὐ διὰ τοῦτο οὐ μοιχεύουσιν, ὅτε ἀπέχονται τοῦ
μοιχεύειν, ἀλλὰ διὰ τὸ νενομικέναι τέλος τὴν ἡδονήν, πολλὰ
δ´ ἀπαντᾶν κωλυτικὰ τῆς ἡδονῆς τῷ εἴξαντι μιᾷ τῇ τοῦ
μοιχεύειν ἡδονῇ καὶ ἔσθ´ ὅτε φυλακὰς ἢ φυγὰς ἢ θανάτους
πολλάκις δὲ πρὸ τούτων καὶ κινδύνους κατὰ τὸ ἐπιτηρεῖν
τὴν τοῦ ἀνδρὸς ἔξοδον ἀπὸ τῆς οἰκίας καὶ τῶν τὰ ἐκείνου
φρονούντων· ὡς εἰ καθ´ ὑπόθεσιν μοιχεύοντα οἷόν τ´ ἦν
λαθεῖν καὶ τὸν ἄνδρα τῆς γυναικὸς καὶ τοὺς οἰκείους πάντας
αὐτοῦ καὶ τούς, παρ´ οἷς τις ἐκ τοῦ μοιχεύειν ἀδοξεῖ, κἂν
ἐμοίχευσε διὰ τὴν ἡδονὴν ὁ Ἐπικούρειος. Εἰ δὲ καὶ ὁ
ἰδιώτης ποτὲ παρὸν μοιχεύειν οὐ μοιχεύει, εὑρεθείη ἂν ἐνίοτε
διὰ τὸν ἐνεστῶτα ἐκ τοῦ νόμου φόβον καὶ τὰς κολάσεις οὐ
μοιχεύων, καὶ οὐ διὰ τὸ θηρᾶσθαι πλείονας ἡδονὰς ὁ τοιοῦτος
ἀπέχοιτ´ ἂν τοῦ μοιχεύειν. Ὁρᾷς οὖν ὅτι τὸ ἓν εἶναι νομιζόμενον
ἔργον, ἡ τῆς μοιχείας ἀποχή, παρὰ τὰς προθέσεις τῶν
ἀπεχομένων οὐ ταὐτὸν ἀλλὰ διάφορον γίνεται· ἢ γὰρ ἀπὸ
ὑγιῶν δογμάτων ἢ ἀπὸ μοχθηρῶν καὶ ἀσεβεστάτων τῶν ἐν
τῷ Ἐπικουρείῳ ἢ τῷ τοιῷδε ἰδιώτῃ.
| [7,63] On doit répondre à cela
que si les Scythes, les Nomades de Lybie, les Sères qui, à ce que dit
Celse, n'ont point de dieu, et ces autres nations, les plus impies et
les plus barbares du monde, si les Perses, encore, ne peuvent
souffrir les temples, les autels, ni les simulacres, il ne s'ensuit pas
que, parce que nous ne les pouvons souffrir, non plus qu'eux, nous
soyons pour cela les uns et les autres en mêmes termes. Il faut
examiner les dogmes qui portent ceux qui ne peuvent souffrir les
temples ni les simulacres à être dans cette disposition, afin de louer
ceux qui s'y portent par des dogmes conformes à la raison, et de
blâmer au contraire ceux qui le font sur de faux principes; car on
peut faire une même chose par des principes différents. Par
exemple, les philosophes, sectateurs de Zénon, Citien, se gardent
de commettre adultère; les disciples d'Épicure s'en gardent aussi, et
il y a des personnes qui s'en abstiennent sans avoir aucune teinture
des préceptes de la philosophie : mais voyez combien il y a de
différence entre les raisons qu'en ont les uns et celles qu'en ont les
autres. Les premiers considèrent l'intérêt de la société civile,
jugeant que la nature elle-même défend à l'homme, qui est un être
raisonnable, de corrompre une femme que les lois ont déjà donnée
à un autre, et de souiller la maison d'autrui. Les épicuriens ne
raisonnent pas ainsi: et s'ils s'abstiennent de l'adultère, c'est parce
qu'ils regardent la volupté comme le souverain bien, et qu'on se
forme une infinité d'obstacles à la volupté, pour la seule volupté de
l'adultère quand on s'y abandonne. On s'expose souvent à la prison,
à l'exil et à la mort même. On court encore beaucoup d'autres
dangers avant ceux-là, pendant qu'on épie l'heure que le mari ou
ceux qui sont dans ses intérêts sortent du logis. De sorte que si l'on
suppose qu'en commettant adultère on pût se dérober à la
connaissance du mari et de tous ses domestiques, et de ceux dont
on perdrait l'estime, un épicurien suivrait sans doute le conseil de la
volupté qui le solliciterait à celle action. Un homme sans étude qui,
trouvant l'occasion d'un adultère, ne veut pas s'en servir, le fait
ordinairement par la crainte des peines que les lois dénoncent, et
non en vue de jouir d'un plus grand nombre d'autres voluptés.
Ainsi, l'on voit qu'un fait, qui paraît être le même tant qu'on
s'abstient également de l'adultère, n'est pas pourtant le même,
mais est extrêmement différent, si l'on considère les motifs de ceux
qui s'en abstiennent : car on s'en abstient, ou par des bons
principes, ou par des principes pernicieux et détestables, comme
font les épicuriens et ces particuliers de qui nous avons parlé.
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